Texte intégral
Q - Bonjour.
R - Bonjour.
Q - Avant de parler de la situation politique en France, quelques mots sur ce qui se passe aux Etats-Unis. Cette nuit, Kamala Harris a reçu assez de soutiens démocrates pour quasiment être la nouvelle candidate officielle du camp démocrate contre Donald Trump. Est-ce que selon vous - vous qui êtes effectivement bien en pointe sur les affaires étrangères - c'est une bonne nouvelle ?
R - Je crois qu'il faut souhaiter à Kamala Harris bonne chance dans cette campagne qui s'ouvre pour elle, qui lui permettra peut-être de devenir la première présidente des Etats-Unis d'Amérique. Je crois qu'il faut rappeler aussi que le président Joe Biden a été un excellent président, qu'il a un excellent bilan de ces quatre années passées à la Maison-Blanche et que par sa décision de retrait, il a fait la démonstration de sa hauteur de vue, de sa dignité, de son abnégation. Une abnégation, d'ailleurs, qui a forcé l'admiration d'un très grand nombre de dirigeants du monde entier.
Q - Mais Jean-Noël Barrot, pourquoi les Français devraient suivre avec attention les élections américaines ? Donnez-nous exactement... Par exemple, si Donald Trump gagne les élections américaines en novembre prochain et revient à la Maison-Blanche, qu'est-ce que ça pourrait changer pour l'Europe et changer pour la France ?
R - Il faut d'abord rappeler que l'amitié entre les Etats-Unis et la France est historique et qu'elle est indéfectible. Et pour s'en convaincre, il suffit de se souvenir, il y a quelques semaines, des cérémonies du 80ème anniversaire du Débarquement. Maintenant, la perspective d'une victoire de Donald Trump valide la vision qu'a portée la France ces dernières années en Europe, celle d'une Europe plus souveraine et libérée de ses dépendances excessives vis-à-vis d'un certain nombre de régions du monde, dont les Etats-Unis, pour certains approvisionnements critiques. Et c'est vrai notamment pour ce qui concerne la défense de l'Union européenne. Nous sommes alliés avec les Etats-Unis dans le cadre de l'OTAN, mais il nous faut bâtir un pilier européen de l'OTAN, c'est-à-dire une capacité à nous approvisionner et à nous défendre dans un monde où nous sommes, si l'on peut dire, de plus en plus seuls.
Q - Mais d'un mot, si Donald Trump arrive à la Maison-Blanche en novembre, avec Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, toujours à la tête de l'Union européenne en novembre, ça veut dire que le sort de l'Ukraine pourrait se jouer à ce moment-là ?
R - Je crois que l'Union européenne a démontré son soutien dans la durée et son soutien le plus intense possible à l'Ukraine et que ce n'est pas la présidence hongroise qui changera la donne. Ceci étant dit, je le répète, l'élection ou la perspective d'une élection de Donald Trump valide la position que nous avons toujours défendue : celle d'une Europe forte, souveraine et indépendante.
(...)
Q - Et c'est utile, ce soir, que le Président s'explique ? Ce soir, Emmanuel Macron sera sur France 2, sur France Info. Il va répondre à des questions sur la situation politique. Il était temps que le Président revienne devant les Français pour expliquer un petit peu son dessein ?
R - Nous sommes à la veille des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. C'est un événement qui se produit dans notre pays une fois par siècle. Il est donc bien naturel que le Président de la République puisse s'adresser aux Français, alors que nous accueillons le monde entier dans notre pays et que le reste du monde nous regardera pendant ces semaines de compétitions.
(...)
Q - Merci beaucoup, Jean-Noël Barrot, d'avoir été l'invité ce matin de France Info.
R – Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2024