Texte intégral
BENJAMIN FONTAINE
Bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
BENJAMIN FONTAINE
La grippe aviaire a fait son retour la semaine dernière dans un élevage d'Ille-et-Vilaine, le premier cas depuis janvier dernier. La France a été le premier pays européen à vacciner les canards l'automne dernier. Est-ce que vous allez relancer une grande campagne de vaccination pour éviter que l'épidémie de reparte ?
MARC FESNEAU
On va relancer une grande campagne de vaccination, parce qu'elle a démontré son efficacité, même s'il y a le vaccin et puis il y a parfois la virulence qui peut expliquer des années bonnes ou des années moins bonnes. Mais nous avons eu 10 cas l'an dernier, nous en avions eu 300 l'année précédente, et dans la période la pire, on avait eu 1 400 cas, 1 400 foyers.
BENJAMIN FONTAINE
Oui. Donc elle va commencer à partir de quand, cette campagne ?
MARC FESNEAU
Et donc, on va commencer, comme l'an dernier, et à date à partir du 1e octobre pare que c'est la période des migrations, la période où le risque est le plus fort, avec une prise en charge en partie par l'Etat. L'an dernier, nous avions pris en charge à hauteur de 85%…
AURELIE HERBEMONT
Ça avait coûté 100 millions d'euros.
MARC FESNEAU
Ça avait coûté 100 millions d'euros, la vaccination, la campagne complète, sachant qu'il y a le vaccin, et puis il y a le suivi, puisqu'on est sur un dispositif qui est particulièrement suivi, à la fois en France mais à l'extérieur aussi parce que c'est un dispositif qui a l'air de fonctionner et qui intéresse un certain nombre de pays. Donc il y a un suivi vétérinaire qui est assez lourd, et donc on va recommencer cette année avec une prise en charge qui sera à hauteur de 70%…
BENJAMIN FONTAINE
Pourquoi moins ?
MARC FESNEAU
De la vaccination. Parce qu'il faut que dans le temps ça puisse être pris en charge par la filière. On ne peut pas en permanence appel à l'Etat. Je rappelle que sur la grippe aviaire, l'Etat a pris en charge pour près d'un milliard d'euros, un milliard d'euros les pertes, et c'est bien normal, de cette filière, qui sinon aurait disparu en France. On va dire les choses comme elles sont. On est le seul pays à avoir pris à cette hauteur là en charge les pertes des agriculteurs et des éleveurs, singulièrement. Là, on est dans une phase de vaccination, en espérant qu'en faisant baisser la prévalence de la maladie en faune, en faune domestique, si je peux dire, ça permettra petit à petit de réduire la pression sur les élevages et sur les éleveurs.
AURELIE HERBEMONT
Et combien va coûter la campagne de vaccination, cette fois ?
MARC FESNEAU
C'est de même nature…
AURELIE HERBEMONT
C'est de même nature, avec le même nombre de volailles vaccinées ?
MARC FESNEAU
C'est à peu près de même nature et à peu près le même nombre. On ajustera en fonction dans l'année, mais c'est à peu près de même nature. Je pense que c'est un geste important pour les éleveurs. Ça leur permet aussi d'avoir en entrée de campagne une forme de réassurance. On sait qu'il y a beaucoup d'inquiétudes et qu'il y a eu beaucoup de drames économiques et de drames humains derrière, derrière la maladie de la grippe aviaire. Et donc c'est très important qu'on continue cette oeuvre-là. C'est un travail de long terme. Vous comprenez bien que c'est un travail de long terme. C'est d'abord il fallait trouver un vaccin, il fallait qu'on puisse l'expérimenter, il fallait qu'on ait les autorisations européennes. Enfin bref, tout ça a été obtenu, il fallait qu'on puisse se produire. Enfin bref, on a quelques expériences désormais en termes de vaccination, collectivement, malheureusement. Et donc on est bien dans cette phase-là, c'est d'ailleurs la même chose que l'on a, sur d'autres maladies animales, mais moi je me réjouis qu'on puisse continuer à accompagner les éleveurs.
AURELIE HERBEMONT
Alors, justement, il y a une autre épidémie qui inquiète la filière agricole, c'est la filière, la grippe, la fièvre catarrhale ovine.
MARC FESNEAU
La fièvre catarrhale ovine.
AURELIE HERBEMONT
La FCO, Fièvre Catarrhale Ovine. Là aussi, il y a un nouveau, il y a des 63 foyers qui ont été confirmés la semaine dernière en France, essentiellement dans le Nord du pays. Là aussi, il va y avoir la vaccination, prise en charge par l'Etat ?
MARC FESNEAU
La vaccination a démarré. Alors, d'abord, la fièvre catarrhale ovine, ce n'est pas quelque chose qui n'est pas connu.
AURELIE HERBEMONT
Non, ça fait plusieurs années, effectivement, que c'est…
BENJAMIN FONTAINE
Ça retourne.
MARC FESNEAU
C'est endémique d'ailleurs pour ce sérotype le sérotype 8, pardon de rentrer dans le détail. Là, on a un variant qui…
AURELIE HERBEMONT
On est habitué aux variants, avec le Covid et tous ses variants.
MARC FESNEAU
Là on a un variant qui est beaucoup plus virulent, qui nécessite et sur lequel nous avons un vaccin qui permet de réduire les effets, notamment en termes de mortalité sur les ovins, et les effets en termes de maladie sur les bovins, parce que c'est fièvre catarrhale ovine, mais elle touche aussi les bovins. Et donc on avait, en avance de phase, voyant arriver cette maladie d'Allemagne et de Belgique, puisque c'est de là que les foyers sont apparus, dès le mois de juillet, j'avais demandé à ce qu'on puisse préparer un certain nombre de vaccins, les commandes, et puis là, on a repris une commande pour 1 million pour les ovins et 5 millions pour les bovins, qui sont pris en charge par l'Etat et qui seront mis à disposition. Ce n'est pas seulement le coût d'ailleurs dans cette affaire-là, c'est de pouvoir assurer la production suffisante en vaccins, pour qu'il puisse être mis à disposition, notamment effectivement dans le Nord. On a pris la zone Hauts-de-France, Grand-est, Normandie, Ile-de-France, région Centre. Pourquoi ? Parce qu'on sait que la dernière fois qu'il y a eu cette émergence sur un autre variant, c'est plutôt dans cette zone-là, venant de la frontière, que s'est répandue l'épidémie, et donc c'est pour ça qu'on le fait.
BENJAMIN FONTAINE
Vous envisagez d'élargir cette zone ?
MARC FESNEAU
S'il y a besoin, on élargira. On ajustera nos dispositifs. Là aussi, je voudrais saluer la mobilisation des services du ministère de l'Agriculture cet été, en central et en local, et puis des vétérinaires, et puis des éleveurs, et de la filière, et des filières concernées, pour essayer de trouver des solutions.
BENJAMIN FONTAINE
Sur la mise à disposition des vaccins, justement, j'ai vu des témoignages d'éleveurs du Nord et du Pas-de-Calais qui se plaignent de retard dans les livraisons de vaccins. Vous en avez été informé ?
MARC FESNEAU
Oui, alors, j'ai lu ça, enfin, vous avez lu les mêmes éléments que moi. Certains disent qu'ils ont eu le vaccin entre 24 et 72 heures…
BENJAMIN FONTAINE
D'autres plus d'une semaine.
MARC FESNEAU
Oui, une semaine. Ça ne me paraît pas démentiel, quand vous savez ce que c'est que la production de vaccins. Donc on est tout à fait dans les…
BENJAMIN FONTAINE
Non, mais il faut comprendre qu'ils aient une crainte, parce qu'ils…
AURELIE HERBEMONT
L'épidémie flambe dans certains pays. Donc ça peut susciter une inquiétude…
MARC FESNEAU
Non mais qu'il y ait des inquiétudes et qu'il y ait des impatiences, c'est normal. Qu'on parle de retard, ça me paraît un peu excessif par rapport à ce qu'est la réalité des choses. Dans l'article ou les articles que vous mentionnez, on est sur 24 à 72 heures en moyenne. Des éleveurs qui disent " non, moi ça a pris une semaine ". On est quand même dans un étiage où il y a des vaccins à disposition et en moins de trois semaines, on a mis à disposition un certain nombre d'outils qui permettent aux éleveurs. Mais je comprends, et c'est bien logique à la fois l'impatience, et l'impatience elle nourrit surtout, elle est surtout la source de l'inquiétude des éleveurs. Parce qu'évidemment, quand la maladie touche les élevages, il y a beaucoup de pertes et donc c'est assez dramatique pour eux. Et donc c'est normal qu'il y ait cette impatience. En tout cas, on continue à faire en sorte qu'ils puissent bénéficier de vaccins pour protéger leurs ovins et leurs bovins.
AURELIE HERBEMONT
Il y a un autre problème pour l'agriculture française cet été, c'est la FNSEA notamment qui alerte là-dessus, ce sont les mauvaises récoltes de blé. D'après les derniers chiffres que vous avez, donc des mauvaises récoltes à cause de la pluie abondante et du manque de soleil ensuite. Est-ce que d'après les chiffres consolidés que vous avez, on se dirige vraiment vers la plus faible production de blé en France depuis 40 ans ?
MARC FESNEAU
Oui, oui…
AURELIE HERBEMONT
On est de cet ordre-là ?
MARC FESNEAU
... c'est sans doute vers ça qu'on se dirige. Alors, pour deux raisons. Un, parce que le rendement est plus faible. Alors, ce n'est pas le rendement pour ceux qui se souviennent de 2016, on avait eu un énorme épisode de pluie sur le Bassin parisien, la région Centre, j'en sait quelque chose. Donc on est sur une moyenne plutôt très basse, 15% de moins on va dire, pour faire une vilaine moyenne, si je peux dire. Et par ailleurs, on a moins de surfaces qui ont été plantées en blé. Pourquoi ? Parce que là aussi il avait plus.
AURELIE HERBEMONT
Parce qu'il faisait mauvais à l'automne.
MARC FESNEAU
Et donc les agriculteurs se sont reportés sur le maïs, sur le tournesol, sur d'autres cultures parfois plus spécialisées. Et donc tout ça explique qu'effectivement nous ayons une récolte qui soit plus faible. Alors, ça couvre largement les besoins français, puisque nous sommes une puissance exportatrice, mais nous avons effectivement une production qui va être la plus faible depuis 40 ans, liée à un assolement en céréales, blé en particulier, moins fort, et à des conditions météorologiques qui ont fait qu'il y a une production qui est moins grande.
BENJAMIN FONTAINE
Alors justement, on va parler de cette production en baisse, des aides qui sont mises en place avec vous, Marc FESNEAU, Juste après le Fil Info de 08h40 avec Marie MAHEUX.
Fil Info
AURELIE HERBEMONT
Nous sommes toujours avec Marc FESNEAU, ministre démissionnaire de l'Agriculture. Juste avant le fil info, on parlait de ces baisses de récoltes de blé. Est-ce que vous avez déjà une idée de l'ampleur des pertes financières que cela va représenter pour les agriculteurs français ?
MARC FESNEAU
Non, c'est difficile d'évaluer à date, sachant que d'abord, la vie agricole est ponctuée de bonnes années et de mauvaises années. Je veux dire, personne ne découvre aujourd'hui, à ce micro, que c'est la réalité. Et par ailleurs, on annonce plutôt des récoltes correctes en maïs sans doute, en tournesol probablement, en betteraves, en pommes de terre... Enfin bref, c'est comme cela qu'on pourra évaluer. Evidemment, celui qui n'a fait que du blé cette année, il est beaucoup plus impacté…
AURELIE HERBEMONT
...sera forcément beaucoup plus impacté.
MARC FESNEAU
...que celui qui a beaucoup plus diversifié. D'ailleurs, ça doit nous interroger collectivement dans la résilience que nous devons avoir face aux dérèglements climatiques. Plus on a des productions diversifiées, plus on limite le risque.
AURELIE HERBEMONT
On a des chances que sur certaines années, on perd sur une récolte et pas sur une autre culture.
Tél : 01 42 75 54 43
MARC FESNEAU
On perd sur une récolte et on gagne sur une autre. Donc c'est comme ça qu'on pourra évaluer. Ceci étant et sans plus attendre, on a décidé de mobiliser un certain nombre de dispositifs. D'abord, il fallait faire des expertises. Elles sont faites, elles sont en cours pour regarder précisément la perte. Ça permettra d'activer dans des délais assez records, je pense, les mécanismes assurantiels qu'on a rénovés en 2022-2023 qui permettra de prendre en charge - ce qui n'était pas le cas avant - les pertes sur récoltes de céréales pour ceux qui ne sont pas assurés ; et puis, pour ceux qui sont assurés, évidemment, d'enclencher les mécanismes assurantiels. C'est là qu'on voit que le mécanisme assurantiel d'ailleurs a toute sa pertinence et tout son intérêt. Donc, premier élément, c'est celui-là. Deuxième élément, le foncier non bâti ; on permettra aux préfets, on va leur donner toute latitude pour exonérer les agriculteurs qui seront les plus touchés. Là aussi, il faut faire un travail fin. On travaille aussi avec la MSA. J'ai eu le président de la MSA il y a quelques jours…
AURELIE HERBEMONT
La Mutualité sociale agricole.
MARC FESNEAU
La Mutualité sociale agricole, vous avez raison, il faut éviter les acronymes... Pour regarder avec lui quels sont les dispositifs qu'on peut avoir et activer. Et puis, on verra si à l'automne, mais ça, peut-être un autre gouvernement pourra le prendre en charge aussi et regarder... Il faudra regarder à l'automne s'il y a des besoins de trésorerie. C'est une demande assez récurrente des syndicats agricoles pour ceux qui sont les plus impactés pour pouvoir passer ce mauvais cap, pour ceux qui ont une vraie difficulté de trésorerie.
BENJAMIN FONTAINE
Est-ce qu'on pourrait mobiliser la réserve agricole européenne ? C'était ce mécanisme de 450 millions d'euros qui peut soutenir les agriculteurs en difficulté ?
MARC FESNEAU
Oui. Simplement, il faut... Quand on va à Bruxelles, il faut avoir des arguments…
BENJAMIN FONTAINE
Un dossier ?
MARC FESNEAU
Il faut avoir un dossier. Donc, il ne suffit pas de dire " la récolte a été mauvaise. " Ils vont nous dire " la récolte a été mauvaise, vous allez cibler quels agriculteurs ? "
AURELIE HERBEMONT
Il y a aussi des d'expertise bilans chiffrés ?
MARC FESNEAU
Ça ne se fait pas en claquant des doigts au coeur de…
AURELIE HERBEMONT
Mais c'est une possibilité ?
C'est une hypothèse sur laquelle il faut travailler aussi, sachant qu'on a les sujets de grande culture, on a parlé de l'élevage où il y a quelques difficultés aussi. Il y a la viticulture qui nécessite aussi qu'on l'accompagne avec attention. Enfin, bref…
BENJAMIN FONTAINE
Avec des vendanges compliquées aussi.
MARC FESNEAU
Oui. Alors, avec des vendanges... Sans doute des rendements un peu plus faibles, mais c'est surtout la question des prix et des volumes qu'on n'arrive pas à commercialiser qui est la plus importante. Donc il y a tout cela devra faire l'objet d'un paquet. Alors, j'aurais des échanges avec le commissaire européen à l'agriculture qui est encore en place pour évoquer toutes ces questions-là, parce que, comme vous le voyez, l'été a été bien chargé d'un point de vue agricole avec toutes ces crises.
AURELIE HERBEMONT
Vous parlez des prix. Une question, pour le consommateur, est-ce que le fait que les récoltes de blé soient mauvaises peut avoir un impact au final sur le prix de la baguette de pain, par exemple ?
MARC FESNEAU
Non.
AURELIE HERBEMONT
Non ?
MARC FESNEAU
En bonne logique, non. Parce que les prix mondiaux, et c'est d'ailleurs une partie de la difficulté que nous avons... Les prix mondiaux sont plutôt à la baisse, ce qui est des bonnes récoltes sur le continent américain et les récoltes s'annoncent plutôt bonnes côté ukrainien ou côté russe, puisqu'on sait que c'est des grands pourvoyeurs de céréales et que c'est eux qui font en partie les prix avec nous. Donc pour l'instant et à date, non, il n'y a pas de risque. Et ceux qui joueraient à cela, je ferais un mauvais sort à l'idée que, au fond, il y a de quoi nourrir les Français donc on n'est pas en pénurie.
BENJAMIN FONTAINE
Face à toutes ces crises, Marc FESNEAU, vous engagez beaucoup d'aide, on l'a entendu, on l'a compris.
MARC FESNEAU
Ce sont des aides de crise, oui, classiques.
BENJAMIN FONTAINE
Bien sûr. Vous êtes ministre démissionnaire. Est-ce que tout cela vous est permis ? Vous n'êtes entravé à aucun moment dans vos actions ?
MARC FESNEAU
Mais c'est la logique même des affaires courantes que de faire en sorte que nous puissions continuer à agir quand il y a des crises. Là, je ne parle que de sujets qui sont des sujets de crise ou des dossiers qui étaient en cours et qui avaient été budgétés en 2024.
AURELIE HERBEMONT
Donc, vous aviez toute latitude pour agir…
MARC FESNEAU
Toute latitude... On vérifie quand même qu'on est bien dans ce registre-là. Mais enfin, je serai devant vous ce matin, je dirai " je ne peux rien faire. Excusez-moi, je n'ai pas les moyens. " là, vous avez des maladies animales qui nécessitent d'agir en urgence. Je ne vais pas dire " on attend d'avoir un Premier ministre ou un Gouvernement pour décider de faire de la vaccination ", parce que les agriculteurs qui nous écoutent diraient " C'est quand même un drôle de pays. " On a parlé, ces derniers jours, d'incendies de forêt ; on n'attend pas quand même d'avoir un Gouvernement pour envoyer des canadairs pour faire de la prévention des incendies, de feux, qui changent en partie des forêts.
AURELIE HERBEMONT
Non, heureusement.
MARC FESNEAU
Donc on travaille. On a eu un été particulièrement chargé. Par ailleurs, je le répète, il y a un budget qui a été voté en 2024. Nous sommes en 2024 et donc on exécute aussi un budget. Et donc, on continue à travailler et c'est bien normal.
AURELIE HERBEMONT
Ces crises de cet été s'ajoutent à la crise du monde agricole et la colère qui s'était exprimée en début d'année. Il y avait une loi que vous aviez préparée pour répondre à la crise. Elle a été votée par les députés depuis la dissolution. Qu'est-ce qui va se passer ? C'étaient des mesures qui étaient attendues par les agriculteurs.
MARC FESNEAU
Moi, je pense qu'il faut reprendre le fil. Après, il appartiendra au Premier ministre (ou à la Première ministre) choisi, nommé par le Président de la République, de le faire. Mais il me semble que nous avions, dans ce texte, des réponses. Et je dis tout autant comme ministre que comme parlementaire ou responsable politique, on a besoin de ce texte, que ce texte apportait des simplifications, des orientations de l'installation. C'est très attendu aussi par les jeunes agriculteurs et pas seulement par eux... Mais enfin par eux, parce que s'ils en avaient été un peu les générateurs, si je peux dire, et donc on a besoin de reprendre le fil. Le texte a été voté, il peut poursuivre son chemin après au Sénat…
AURELIE HERBEMONT
Au Sénat, éventuellement.
MARC FESNEAU
Il avait d'ailleurs été rapporté au Sénat. J'avais même été devant les sénateurs, la commission des affaires économiques pour présenter le texte.
AURELIE HERBEMONT
Marc FESNEAU, est-ce que vous savez jusqu'à quand vous serez ministre ?
MARC FESNEAU
Non, mais ce n'est pas une nouveauté dans la vie d'un ministre de ne pas forcément savoir jusqu'à quand vous êtes ministre. On verra, et c'est… Mais moi, je suis assez à penser qu'il faut respecter les institutions. Les institutions, c'est que c'est le Président de la République qui nomme le Premier ministre, et sur la proposition du Premier ministre qui nomme un Gouvernement.
BENJAMIN FONTAINE
Alors justement, vous allez le rencontrer, le Président.
MARC FESNEAU
Vendredi.
BENJAMIN FONTAINE
Vendredi, en tant que président du groupe MoDem à l'Assemblée. Vous allez être reçu comme tous les autres responsables de parti et de groupe à l'Assemblée nationale. Quelle sortie de crise vous allez, vous, lui proposer ?
MARC FESNEAU
Alors d'abord, je pense que ce n'est pas principalement une affaire de nom. Alors j'entends beaucoup qu'on a occupé notre été à des affaires de nom. Je pense que le sujet n'est pas celui-là. Le sujet, c'est est-ce qu'il y a une volonté, un chemin de gens qui pensent que les affaires partisanes, les affaires de querelles de groupe, les affaires de " J'ai gagné, pas toi " ou " Tu as gagné, j'ai perdu ", enfin bref, sont à mettre de côté au profit d'une seule cause qui soit ?
AURELIE HERBEMONT
Il faut bien un nom pour un Premier ministre qui constitue un Gouvernement.
MARC FESNEAU
Non, mais il faut quand même que des gens se mettent autour de la table un moment et se disent : " Est-ce qu'on a envie de travailler ensemble au service des Français ? " Parce qu'après, le nom, on peut se mettre d'accord ; mais si vous avez des gens qui s'enferment dans la logique de " Nous et rien que nous. Notre programme et rien que notre programme ", ben vous êtes sûr que vous allez de toute façon…
AURELIE HERBEMONT
Vous faites allusion au Nouveau Front Populaire ?
MARC FESNEAU
Ben en particulier au Nouveau Front Populaire. Parce que depuis le début - Je pense que le compte n'a pas changé - ils sont 193. 193, c'est quasiment une centaine de députés qui montent pour atteindre la majorité absolue.
AURELIE HERBEMONT
Il en faut 189.
MARC FESNEAU
Oui. C'est quasiment une cinquantaine de moins que ce que nous étions en majorité relative. A l'époque, ils nous disaient : " Vous ne pouvez pas gouverner ". Et ils nous disent : " On va gouverner ". Non, ils ne peuvent pas gouverner seuls. Bon.
BENJAMIN FONTAINE
Vous avez des contacts avec eux pour gouverner ?
MARC FESNEAU
Non, on a des contacts individuels avec un certain nombre de gens. On a des contacts, François BAYROU aussi, avec des responsables d'un certain nombre de ces formations politiques, on a des contacts aussi avec les gens de Droite. Il faut qu'on arrive à sortir de cette difficulté qui est simplement de penser soit à son camp, soit aux élections présidentielles de 2027 qui sont un peu lointaines. Il y a un pays à gouverner, un budget à voter, des orientations à prendre, on a parlé des sujets agricoles, la transition…
BENJAMIN FONTAINE
Donc vous allez dire quoi au Président vendredi ?
MARC FESNEAU
Eh ben qu'il faut qu'on essaye de trouver les voies et moyens, et qu'il me semble que le…
BENJAMIN FONTAINE
Ce Premier ministre…
MARC FESNEAU
Le gouvernement qu'on doit nommer, qui doit être nommé, il doit être dans le registre d'un rassemblement large, et qu'il ne soit pas d'enfermer un camp contre un autre, puisque personne n'a la majorité absolue.
AURELIE HERBEMONT
Sauf que, Marc FESNEAU, on vous entend, mais le discours de tous les camps n'a pas changé finalement depuis le 7 juillet, le second tour des législatives. Le Nouveau Front Populaire dit : " Ça doit se faire autour de nous avec un Premier ministre et notre programme plus ou moins ". La Droite de Laurent WAUQUIEZ, à l'Assemblée, vous dit : « Nous, on veut éventuellement un pacte législatif, mais pas de coalition et pas participer à un Gouvernement ». On a l'impression que rien n'a bougé.
MARC FESNEAU
Mais c'est pour ça que je continue à prêcher. Mais je ne suis pas sûr que, à la fin, la raison ne l'emporte pas. Parce qu'il y a un moment, devant les Français… Il y a des gens qui ont des responsabilités, on ne peut pas à la fois nous dire : " On a besoin d'un gouvernement ", et venir devant les Français expliquer qu'on vient présenter une équipe qui n'a pas de majorité, qui ne peut pas disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale. Donc il faudra bien que la raison l'emporte ; et en tout cas, c'est ce à quoi on va employer notre temps dans les jours et les semaines qui viennent.
BENJAMIN FONTAINE
Bon, eh bien, écoutez, on suivra ces réunions en tout cas à partir de vendredi avec Emmanuel MACRON. Merci Marc FESNEAU d'avoir été l'invité du 8:30 France Info ce matin.
MARC FESNEAU
Merci à vous !
BENJAMIN FONTAINE
Peut-être la dernière fois en tant que ministre, l'avenir le dira
source : Service d'information du Gouvernement, le 21 août 2024