Texte intégral
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Bienvenue sur ce plateau, vous êtes ministre démissionnaire des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, les Jeux paralympiques qui débutent demain évidemment. Vous êtes face à nos experts comme tous nos invités politiques chaque matin dans le « 6/9. » Juste avant de nous pencher sur les Jeux paralympiques, un mot de réaction sur ce qui s'est passé à Mougins, un gendarme qui a été tué dans un refus d'obtempérer hier sur les hauteurs de Cannes, le suspect a été interpellé ce matin, on sait que cet homme était père de deux enfants, 16 ans, 12 ans, qu'il était gendarme depuis 30 ans.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Beaucoup d'émotion, un drame, et je m'associe complètement aux propos qui ont été ceux de Gérald DARMANIN, et je veux d'ailleurs saisir cette opportunité pour vraiment tirer un grand coup de chapeau à nos forces de l'ordre. Evidemment ce gendarme, une pensée pour sa famille, mais au-delà de cela l'engagement des forces de sécurité intérieure qui font un travail absolument exceptionnel, essentiel, et dont on a vu d'ailleurs, dans des épisodes récents, plus joyeux, je pense à notre aventure olympique, à leur capacité au contraire de fraterniser avec la population et d'être respectés pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils font, donc voilà, c'est une tragédie, une grande tristesse.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Madame OUDEA-CASTERA, les Jeux paralympiques débutent donc demain, et cette perspective, il faut le dire, rend tout le monde joyeux. Alors, nous allons y revenir parce que les Jeux olympiques ont été un succès internationalement salué, est-ce que tout est prêt pour demain ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument, tout est prêt, cette cérémonie d'ouverture sur la Place de la Concorde, qui va être à nouveau placée sous la direction artistique de Thomas JOLLY, à la musique on aura Victor LE MASNE, on a ce chorégraphe suédois Alexander EKMAN, ils nous préparent un spectacle de toute beauté, ça va être des messages forts, autour de l'inclusion, 500 artistes qui sont mobilisés, dont 150 danseurs, une vingtaine d'entre eux qui sont en situation de handicap, des compositions musicales qui vont être à nouveau formidables, on va retrouver cette vasque tant aimée…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ah oui !
AMELIE OUDEA-CASTERA
De très belles images, donc, oui, profitons de ce moment qui sera à nouveau un moment de fierté.
SOAZIG QUEMENER
Alors, ce qui a beaucoup marqué évidemment la cérémonie d'ouverture et la cérémonie de clôture des Jeux olympiques, c'est les surprises, est-ce qu'il y a des surprises demain ? Alors, on sait que Jackie CHAN va être présent lors de la cérémonie d'ouverture, si je ne me trompe pas, est-ce qu'il y a des surprises internationales de cet ordre-là ou… ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Il y a des surprises, et par définition, vous l'avez dit, comme ça a fait partie du succès de ces deux cérémonies, pour la troisième il faut les préserver, donc, voilà. Mais, des éléments ont déjà été partagés par Thomas JOLLY, il a indiqué sa volonté de passer d'un moment, un petit peu mis en scène, de discorde, à un moment de concorde, sur cette place qui la symbolise, et la volonté de déranger un petit peu, de porter des messages forts, de casser certains clichés de super héros pour au contraire montrer cette dimension d'égalité qui est au cœur de ce que nous devons aux personnes en situation de handicap.
SOAZIG QUEMENER
Il a été très très attaqué Thomas JOLLY, alors pas en France, mais il y a eu des réactions très vives après la cérémonie d'ouverture, est-ce que ça a amené à repenser certains éléments de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques, ou bien vous vous dites de toute façon, quoi qu'on fasse, il y a des critiques et puis on avance et… ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Il a été en effet attaqué, d'une manière tout à fait inadmissible. Moi je veux le redire, le cyberharcèlement dont il a été l'objet, et d'ailleurs d'autres artistes, je pense à Barbara BUTCH, qui a d'ailleurs été mise à l'honneur par Rock en Seine dimanche soir, c'était important aussi qu'elle le soit. Et je pense qu'au contraire, cette parole autour de la liberté, cette audace à la française, qui est peut-être un petit peu impertinente, mais qui est profondément respectueuse, il s'est expliqué sur les choix artistiques qu'il avait faits, et en même temps respecter le fait que chacun puisse y voir ce qu'il a voulu y voir. En tout cas, il y a une seule intention artistique, c'est celle du directeur artistique, de Thomas JOLLY, et il a été très clair sur le fait qu'il n'avait jamais voulu porter autre chose qu'un message de réconciliation, il a aussi l'inclusion.
PASCAL PERRI
Madame la ministre, dans « Les Echos » du jour vous écrivez que les Jeux ont été un grand succès, c'est incontestable, et puis il y a quelques mois vous utilisiez, de l'ambition, de la cohésion, une gouvernance agile et puis la confiance, autant de choses qui n'existent pas en politique. Comment se fait-il que nous soyons capables, parce que je pourrais dire ambition, désenchantement, cohésion, division, gouvernance agile, lourdeur, voyez, il y a toujours des contrepoints, comment se fait-il qu'on soit incapable de faire durer ces moments qui sont des moments de transcendance, des moments d'affirmation de la Nation au sens où RENAN l'entendait ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
En tout cas, cet épisode olympique montre qu'on a tout ça en nous…
PASCAL PERRI
Alors, qu'est-ce qui manque là ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Et même cette voix collective. Moi, justement, j'ai fait ce papier ce matin pour qu'on puisse essayer de capitaliser dans la durée sur ce qui a marché avec ces Jeux olympiques, et vous l'avez dit, c'est le signe d'une action politique, mais aussi d'une action beaucoup plus large avec la société civile, avec le mouvement sportif, où on a eu des résultats, où il y a eu de la cohésion, et pourtant les difficultés n'étaient pas mineures.
PASCAL PERRI
Mais en politique on a parfois des résultats.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Mais bien sûr, c'est justement l'occasion de le redire et de garder confiance. Moi c'est d'ailleurs là-dessus que je termine, je termine sur la confiance qui doit prévaloir dans l'excellence française. Donc, cette France qui gagne, puisque les résultats sportifs ont été absolument exceptionnels, cette France avec des savoir-faire organisationnels, ceux de nos 2000 entreprises qui ont été mobilisées derrière le succès de cet événement, depuis parfois des années, la qualité des ressources humaines au cœur de notre administration, et la faculté d'une classe politique à surmonter ses divergences, ses tensions, ça n'a pas été facile tous les jours, mais au nom de l'intérêt supérieur du projet ça existe, ça a été démontré…
PASCAL PERRI
On ne peut pas faire ça en politique, on ne peut pas faire ça pour le pays, du 1er janvier au 31 décembre ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Justement, je pense qu'à un moment où le pays cherche… c'est utile de rappeler ces événements-là.
PASCAL PERRI
Ah bon !
AMELIE OUDEA-CASTERA
Et je pense que les Français nous en sont gré.
FRANÇOIS CLEMENCEAU
Ce qui est intéressant Madame la ministre, c'est qu'effectivement les Français, avant, pendant, un peu moins après, ont été effectivement sceptiques, ou parfois râleurs, ou parfois un peu ronchons…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Un peu Français quoi !
FRANÇOIS CLEMENCEAU
Oui, Français, mais la presse aussi, et puis une partie des commentaires, y compris d'ailleurs des commentaires politiques, en revanche la presse internationale, et notamment la presse anglo-saxonne, je vais citer juste de façon très rapide ce que disait le « New York Times » américain à propos du succès des J.O 2024 à Paris, « c'est un triomphe de l'ambition française », et le « Washington Post » disait « on ne reverra peut-être jamais un tel mariage entre des athlètes qui méritent d'être soutenus et une ville qui élève et inspire. » Comment se fait-il que, vu de l'étranger, on a la capacité d'être meilleur et que vu de France on se dévalorise ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense qu'il y a plusieurs éléments qui sont intéressants dans ce que vous dites. Je crois que le premier, et au fond moi je n'ai pas envie de le fustiger cet aspect-là, c'est que, oui, il y a eu de la crainte qu'on ne soit pas au rendez-vous, mais c'est aussi parce qu'il y a cette envie française de réussir, cet orgueil, on n'avait pas envie de perdre la face aux yeux du monde entier, et moi, d'une certaine façon, presque paradoxalement, je considère que la focalisation médiatique, toutes les questions dont on a été l'objet, et d'ailleurs aussi au sein de la classe politique… nous ont, au fond, obligé aussi à un surcroît de vigilance, d'excellence, de se dépasser, etc. Donc, cette espèce d'envie de bien faire, qui s'exprime mal, parce qu'elle s'exprime d'une manière négative, mais les ressorts ne sont pas si mauvais, mais je pense en tout cas…
FRANÇOIS CLEMENCEAU
Vous voulez dire que c'est la fin de l'arrogance à la française ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense en tout cas qu'il y avait, oui, beaucoup d'humilité, peut-être un petit peu de peur de décevoir, et qu'elle a pu, à certains moments, être un moteur. Après je pense…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Alors, ça a été un succès colossal, Madame la ministre…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je voudrais juste rebondir sur un deuxième aspect, il y a une autre chose que vous dites et qui, à mon sens, est très importante. Vous vous souvenez de la couverture de « Time Magazine », qui s'émerveillait du chantier de la baignabilité de la Seine, c'est quelque chose d'extraordinaire à l'heure du réchauffement climatique, offrir cette évolution du cadre de vie, permettre de renouer, en plus, avec la biodiversité d'un fleuve, ce sont des transformations exceptionnelles, avec des budgets maîtrisés…
PASCAL PERRI
1,4 milliard pour se baigner.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Qui ont forcé l'admiration totale du monde entier, ça fait un siècle que la Seine n'est pas baignable, ça fait 50 ans que la Marne ne l'est pas. Donc, à l'inverse, ce qu'on a entendu, c'est bien sûr…gnagnagna sur, la baignabilité, la glissade d'untel, le rendez-vous manqué d'un autre… non, il y a une transformation profonde qui a été menée par des équipes extrêmement organisées, au cœur de l'État, avec les collectivités locales, et un plan pour assurer une transformation.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Madame OUDEA-CASTERA, ces J.O ont été un succès, c'est clair, François l'a rappelé, d'un point de vue international, dans l'organisation, mais aussi dans la performance sportive de nos athlètes…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument, bilan historique.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Historique, nous avons battu tous les records. Est-ce qu'il y avait un petit parfum de revanche pour vous qui avez été éreintée de critiques au moment de votre passage à l'Education Nationale, qui avait fait la Une de la presse pendant des jours et des jours et des jours pour dire que vous aviez tout raté là où avant vous aviez tout réussi, est-ce que vous vous êtes dit « ah, voilà, j'ai aussi réussi ma mission et ça me fait un peu de bien » ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, j'étais heureuse que l'objectif du Top 5 soit atteint, bien sûr, et puis j'étais heureuse que les moyens qui ont été mobilisés par l'Etat, très importants, depuis plusieurs années, à peu près 300 millions d'euros, ce qui était une progression importante, près de plus de 70 % pour l'aide aux fédérations, aux athlètes, aux coachs, par rapport aux cycles précédents, que tout ceci ait de l'impact. Et quand on regarde l'étude…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Il n'y a pas un petit soulagement personnel ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
A laquelle vous faites référence, c'est d'ailleurs ce qui ressort le plus dans le feedback des Français, ce qu'ils nous disent, à 89 % ils sont extrêmement satisfaits du bilan sportif de ces Jeux, même devant la qualité de l'organisation. Et je suis hyper admirative des athlètes, je suis hyper contente…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Est-ce que c'est compliqué de le dire Madame OUDEA-CASTERA, parlons franchement, est-ce que c'est compliqué de dire… ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non mais, parce que c'est un succès collectif, je ne veux pas du tout donner l'impression que je tire la couverture à moi. Ce que je sais c'est que, voilà, j'ai contribué à ce qu'on aligne les énergies, à ce que les moyens soient non seulement mobilisés, mais soient assortis d'objectifs précis, j'ai été aux côtés des athlètes, tout le temps, dans les bons jours comme dans les mauvais jours, et j'ai fait en sorte qu'ils puissent avoir de la sérénité, c'est-à-dire qu'ils puissent avoir un accompagnement global, sportif, technique bien sûr, mais médical, sur la gestion de leurs enjeux de vie de famille, de maternité pour celles de nos championnes qui sont dans cette situation, qu'ils aient un accompagnement pour leur future reconversion…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Donc c'est en partie votre succès aussi.
AMELIE OUDEA-CASTERA
En tout cas, oui, j'ai été un acteur de ça.
SOAZIG QUEMENER
Est-ce qu'il n'y a pas un formidable regret, après ce succès incroyable des Jeux olympiques, à justement être une ministre démissionnaire, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, s'il n'y avait pas eu la dissolution, vous seriez ministre de plein exercice, vous vous apprêteriez, après ce succès, à vous lancer dans les Jeux paralympiques, et tout irait plutôt bien pour le gouvernement aujourd'hui ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi je suis aujourd'hui engagée dans ces Jeux paralympiques, avec absolument toute mon énergie, tout mon cœur, tout mon engagement, je veux dire, je ne ressens pas un statut démissionnaire, aujourd'hui on est à fond, un gouvernement qui est mobilisé, on a tout à l'heure une réunion sur la préparation finale en matière de transports, j'étais hier matin à l'INSEP avec les athlètes, j'étais sur le relais de la flamme paralympique, donc je suis totalement engagée et il n'y a pas une once de mon énergie ou de mon action qui est aujourd'hui entravée par le statut qui est le mien.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Malgré tout nous filons dans le record du gouvernement démissionnaire le plus durable, cette expression est même lunaire, 42 jours aujourd'hui, et à gauche, eh bien à gauche on est très en colère. Je vous fais écouter Lucie CASTETS, elle s'est révélée cet été comme étant la personnalité voulue par la gauche pour mener un nouveau gouvernement, c'est au micro LCI ce matin, écoutez.
(…) Extrait intervention Lucie CASTETS.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Est-ce qu'Emmanuel MACRON refuse tout compromis, comme le dit Madame CASTETS, puisqu'il a donc dit hier soir « il n'y aura pas de gouvernement du NFP » ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que c'est l'inverse qui se passe. Je pense qu'on a eu différentes étapes depuis le résultat des élections législatives, il y a d'abord eu cette lettre, le 10 juillet je crois, où Emmanuel MACRON s'était exprimé et avait demandé aux partis de travailler ensemble pour faire émerger des propositions viables, en se centrant d'abord sur le fond, sur les idées, avant de se centrer sur les personnes. Il y avait eu ensuite, autour du 18 juillet, si ma mémoire est correcte, toute une série d'élections à la tête de l'Assemblée nationale, sur les différents postes qui l'ont composée, et ensuite différentes étapes par lesquelles certaines forces politiques ont produit un certain nombre de papiers, de positions, je pense notamment à la droite républicaine avec son pacte législatif, je pense aussi le 12 août à Ensemble pour la République avec…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais est-ce que vous comprenez, Madame OUDEA-CASTERA, est-ce que vous comprenez le point de vue de Lucie CASTETS, si vous-même vous étiez en position, comme la gauche, en tête…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ce que je veux dire c'est qu'il y a eu des étapes…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
C'est-à-dire si vous, vous faisiez d'un parti arrivé avec le plus de députés à l'issue des législatives ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui mais, le Nouveau Front Populaire a été, incontestablement, la formation avec le plus de députés élus, elle n'a pas pour autant à elle seule, et comme bloc, une majorité viable…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Personne n'en a.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Pour gouverner ce pays ; personne n'en a, la situation est complexe. Emmanuel MACRON a reçu en premier le Nouveau Front Populaire, il a laissé chacun s'exprimer et aujourd'hui, il l'a indiqué dans le communiqué qui est sorti hier soir, ce dont chacun doit se rendre compte c'est que ce bloc-là, le Nouveau Front Populaire, n'est pas en situation de ne pas être censuré aussitôt par le reste des…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ce n'est pas une entorse à une forme de tradition républicaine, Madame OUDEA-CASTERA, de dire la majorité doit choisir le Premier ministre, enfin, le parti qui a le plus d'élus ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, la Constitution est claire, l'article 8 dit que c'est le président de la République qui choisit le Premier ministre, de la même manière que…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
C'est pour ça que j'ai parlé de tradition républicaine.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non mais… donc, aujourd'hui, les consultations se poursuivent, il n'est pas en train de perdre du temps puisqu'il a aussitôt indiqué qu'elles se poursuivaient, ces consultations, aujourd'hui, à la fois avec un certain nombre de forces politiques, mais en plus en essayant d'élargir à des hommes et des femmes d'expérience qui ont fait la preuve de leur engagement, de leur capacité…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Comme qui par exemple ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Sur le plan de l'administration, ou de la République… Vous savez, c'est un des autres éléments que je mentionne dans ce papier des « Echos » ce matin, nous avons en France de nombreux talents, féminins, masculins, capables d'être à la hauteur de ce moment, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, il faut qu'il y ait aussi un travail mené avec davantage de transversalité entre les partis politiques pour que cette situation dans laquelle on est aujourd'hui…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous avez envie de continuer vous par exemple, Madame OUDEA-CASTERA ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Elle se défossilise, et pour ça chacun doit faire un pas dans la direction de l'autre.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous avez envie de continuer votre action, vous, dans un gouvernement transversal mené par une personnalité… ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi, vous savez, cette question elle m'est maintenant posée depuis le tout premier jour des Jeux olympiques…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Oui, mais c'est normal.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument, et je redis les choses telles que je les vis depuis le premier instant que cette question se pose, je suis au quotidien engagée dans ma mission, et j'y donne tout, voilà, c'est au moins quelque chose – vous évoquiez les critiques – que personne ne m'a jamais retiré, je suis à bloc, au service du pays, au service du projet de la mission qui m'a été confiée.
PASCAL PERRI
Madame OUDEA-CASTERA, dans ce pays tous ceux qui ont vocation à être président de la République ne pensent qu'à 2027, est-ce que vous y croyez sérieusement à cette idée, là, d'une majorité qui rassemblerait les hommes et les femmes de bonne volonté, vous connaissez la formule, un peu à droite, un peu à gauche, quelques socialistes, des Républicains, des démocrates du Centre, qui formeraient une majorité relative, en tout cas supérieure aux 193 du Nouveau Front Populaire ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, absolument…
PASCAL PERRI
Non mais… on est incapable de faire ça, on est incapable de faire ce que font nos voisins !
AMELIE OUDEA-CASTERA
On évoquait les leçons tirées des Jeux olympiques, ça a été possible pour les Jeux olympiques, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible pour des enjeux plus importants, pour le pays, que les Jeux olympiques…
PASCAL PERRI
Parce qu'il s'agit de leur avenir politique personnel. Monsieur MELENCHON y joue son avenir. Monsieur WAUQUIEZ y joue son avenir. Ces gens sont obsédés par 2027.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Dans le communiqué, hier, de l'Elysée, il est par exemple fait référence aux banques centrales en indiquant que les parties constitutives de ce bloc central expriment un accord pour soutenir un Gouvernement dont le leader ne serait pas issu de leur rang. Donc la capacité à se hisser à la hauteur du moment sans s'enferrer dans des sujets de personnes, certains en font preuve et je pense que cela devrait être plus largement.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Deux points encore s'il vous plaît. Alors, je voudrais revenir aux Jeux paralympiques qui débutent demain ; 100 000 athlètes, 168 délégations. Il y a une parade, un défilé de 1h30. Je vous cite ces chiffres parce que j'adore ça. Je veux regarder les athlètes défiler. Les billets... Alors, ça, c'était un enjeu. Il faut dire les choses avec honnêteté ; les Jeux paralympiques mobilisent toujours moins de spectateurs, moins de téléspectateurs que les Jeux olympiques. Or, il se trouve qu'il y a eu un formidable engouement à l'issue des JO. Vous nous confirmez que les ventes de billets ont explosé ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
On est à combien ? A 1,9 million, c'est ça ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
1,9 million, absolument. Et vous l'avez dit, au départ, le démarrage a été lent. On évoquait tout à l'heure les polémiques, parfois certaines polémiques stériles assises sur des contrevérités. Et tout cela, évidemment, n'a pas joué en faveur d'une dynamique sur les Jeux paralympiques. C'était déjà compliqué avec les JO. En revanche, quand les Français ont vu ce que c'était pour de vrai, là, ils expriment maintenant un enthousiasme. Et nombre de Parisiens, de Franciliens ont à cœur de vivre ces moments au Grand Palais, à Versailles, au stade tour Eiffel.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Oui, il y en a beaucoup qui ont regretté d'être partis.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Exactement. Et donc, on a, en moyenne, depuis le début des JO, plus de 30 000 billets chaque jour qui s'écoulent avec un record le week-end du 15 août. Donc on est optimiste. Il reste, en même temps, de très belles opportunités de découvrir en plus certains sports qui sont assez fascinants, de tactique, de stratégie. Je pense à la boccia, je pense au goalball. Ce sont des athlètes exceptionnels. Il y a toujours beaucoup de records qui sont cassés au moment des Jeux paralympiques. Cette performance, soyons à la hauteur…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous leur donnez un objectif, madame la ministre, à la délégation française ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Top huit.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Top huit ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ça veut dire combien de médailles ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ce qui voudrait dire revenir à un niveau qu'on n'a plus connu depuis 2000 et les Jeux de Sydney. Donc, vous le savez, le tableau des médailles, il est construit sur l'or, le nombre de médailles d'or. Pour atteindre cet objectif-là, ça veut dire à peu près doubler notre nombre de titres par rapport à Tokyo. On en avait eu onze ; là, il faudrait viser, allez, entre 22... peut-être de 22 à 25, selon ce que font les autres parce que tout ça est évidemment en terme relatif. C'est possible, c'est très ambitieux. Et puis, on a encore plus d'ambition sur le moyen terme parce que l'objectif sera, comme pour les Jeux olympiques et la délégation olympique, avoir une entrée dans le top cinq. Ce qui veut dire continuer à ancrer cet effort exceptionnel qu'on a fait pour le mouvement paralympique, fois quatre en termes de moyens qui leur sont dédiés dans la durée.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Evidemment, on souhaite beaucoup de réussite à nos athlètes qu'on suivra avec attention. Il nous reste une minute. Il y a un dernier sujet que je voulais absolument évoquer avec vous. Vous savez que les supporters de football sont très en colère parce que les droits du football français ont été distribués à un nouvel opérateur qui a mis en place un nouvel abonnement qui est coûteux. Est-ce que c'est... Ce qui paraît, pour beaucoup de supporters, comme des magouilles, des discussions un peu sombres, opaques, ne pénalisent pas avant tout les supporters et les téléspectateurs de ce sport qui reste le sport le plus populaire au monde ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense qu'il y a eu beaucoup de volontarisme dans ces discussions, pour essayer d'aboutir à un accord. Il y a eu un appel d'offres. Il y a eu ensuite des discussions qui se sont prolongées avec énormément d'allers-retours, énormément d'efforts. Aujourd'hui, le résultat auquel on est arrivé, y permet quand même de sécuriser l'essentiel, c'est-à-dire une retransmission dans de bonnes conditions techniques et éditoriales, une couverture satisfaisante à la fois de la Ligue 1 que vous évoquez en sous-jacent, mais aussi de la Ligue 2 avec un autre diffuseur complémentaire. Oui, il y a un prix de l'abonnement qui est assez élevé…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
30 euros.
AMELIE OUDEA-CASTERA
...qui suppose un peu de sacrifice financier, des arbitrages en tout cas. Ça, je pense qu'il ne faut pas le nier, il ne faut pas le sous-estimer…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Est-ce que ce modèle doit perdurer, madame la ministre ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Et en même temps la nécessité... Je crois que c'est la leçon qu'on tire de tout cela, d'avoir un travail de fond mené sur les modèles économiques du sport français, du sport professionnel, du foot en l'occurrence. Ce que je veux dire, s'agissant des discussions autour de la Ligue 2, du multiplex, des matchs le vendredi, le samedi, le lundi et ça, c'est important, que d'ailleurs chacun des acteurs assume ses responsabilités, mais qu'on rappelle qu'il ne peut pas y avoir de discussion autour de la table constructive s'il y a des violences, des insultes ou des dégradations. Ça ne peut pas marcher.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Merci beaucoup. Merci d'avoir été avec nous à la veille du lancement des Jeux Paralympiques de Paris. Ce sera une fête, c'est sûr et certain. Merci d'avoir été avec nous, les amis. A demain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 septembre 2024