Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques, à BFM TV le 18 octobre 2024, sur les inondations en France, la question climatique, la rénovation énergétique et le budget 2025.

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Média : BFM TV

Texte intégral


APOLLINE DE MALHERBE
Il est 8 h 32, et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Apolline de MALHERBE

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être avec nous, ce matin. Vous partirez juste après cet entretien en direction de l'Ardèche et de la Loire pour aller voir les sinistrés et l'ampleur des dégâts. Vous êtes la ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques. C'est simple, on va parler de tout cela ce matin, du bilan de la situation bien sûr, mais aussi des conséquences, des conséquences pour les Français, des conséquences sur la facture aussi des Français et des moyens qui sont octroyés à la lutte contre ces situations qui se multiplient. Mais d'abord au moment où l'on se parle, Agnès PANNIER-RUNACHER, quelle est la situation en termes de sinistrés, en termes aussi de secours qui ont été apportés ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
D'abord, je veux dire toutes les pensées que j'ai pour les sinistrés. Moi, je viens d'un département, le Pas-de-Calais, qui a été inondé plusieurs fois, donc je sais vraiment le type de situation et de traumatisme que cela représente pour les personnes de se trouver dans cette situation de vulnérabilité, avec de l'eau qui monte dans les caves, avec leurs véhicules qui sont emportés comme des fétus de paille par des cours d'eau. Et je veux leur dire tout mon soutien. Nous avons aujourd'hui 18 départements qui sont en vigilance orange. Cela veut dire que nous n'avons plus de département en vigilance rouge. Ça, c'est une bonne chose, mais les précipitations continuent à tomber. Et pour vous donner une idée, à certains points de l'Ardèche, il est tombé jusqu'à 700 millimètres d'eau en 48 heures, c'est plus que les précipitations en une année à Paris, donc c'est absolument gigantesque. On n'a pas de souvenir de cela.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez dit de mémoire d'homme, ce n'était pas arrivé ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait. Alors les statistiques, elles ne sont pas suivies depuis deux siècles. On a un recul qui est de quelques dizaines d'années, mais néanmoins, on s'aperçoit que là, on est face à quelque chose de massif et qui doit donc nous faire toucher du doigt collectivement, que nous sommes face à des épisodes qui sont liés aux dérèglements climatiques. Des inondations, on en a…

APOLLINE DE MALHERBE
En fait, vous faites immédiatement le lien, il ne s'agit pas d'un épisode qui serait isolé ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, et on le voit ici. Des inondations, on en a connu, des inondations très marquantes. On a tous en mémoire l'épisode de Vaison-la-Romaine qui avait été une meurtrissure pour les Françaises et les Français. Mais la répétition, la diversité des épisodes, on avait trois épisodes climatiques ensemble à la fois sur les Alpes-Maritimes, un épisode méditerranéen sur l'Ardèche, la Loire et le Rhône, un épisode cévenol, et puis cette dépression qui est remontée depuis les Pyrénées-Atlantiques et qui a terminé ou est en train de terminer sur l'Ile-de-France et l'Oise avec les inondations qu'on a connues. C'est la cinétique sur les cours d'eau, c'est-à-dire qu'en quelques minutes, en quelques dizaines de minutes, un cours d'eau qui a l'air d'être relativement tranquille commence à se gonfler, à monter, à déborder et dépasse très largement ce qu'on a connu. Cela, nous devons nous y habituer, ces répétitions cette situation et nous devons nous armer pour y faire face.

APOLLINE DE MALHERBE
Nous devons nous y habituer, nous devons nous armer, on va développer précisément ce que vous entendez par là et voir si vous avez les moyens de faire face. Mais au moment où l'on se parle, on se disait il n'y a plus de vigilance rouge, il y avait six départements hier soir en vigilance maximale. C'était du jamais vu en effet, autant en même temps, il y a certains maires, on avait tout à l'heure en ligne avec nous sur RMC, le maire de Rive-de-Gier qui disait que chez lui, il y avait eu quatre mètres d'eau de haut de la rivière en 12 h, 02 mètres de baisse en 12 h dans l'autre sens, donc ça descend aussi rapidement mais évidemment moins rapidement que ça ne monte. Et il s'inquiétait immédiatement aussi des indemnisations qui allaient être données à ses habitants, on a vu des images de ces voitures qui sont encastrées les unes dans les autres. Est-ce que les assurances suivent ? Est-ce que la situation de catastrophe naturelle va être rapidement dénoncée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait, je crois que nous sommes dans le temps de la gestion de l'urgence. Il faut d'abord sécuriser les gens et je le redis, consigne de prudence absolue lorsqu'il y a des consignes de prudence, des services de secours, c'est pour vous protéger et c'est pour protéger les interventions des services de secours. Donc on ne s'engage pas dans une rue qui est barrée, on a eu quelques cas de gens s'engageant dans des rues barrées et qui se sont retrouvés coincés face à l'eau qui montait, c'est extrêmement dangereux. On ne se rapproche pas des cours d'eau lorsqu'ils montent, évidemment, donc ça je le redis, nous sommes maintenant dans, commence à rentrer dans le paysage, dans le moment où il faut prendre la mesure des dégâts, il faut réparer et nous allons très rapidement traiter le sujet de la catastrophe naturelle, évidemment…

APOLLINE DE MALHERBE
On sait bien que ceux qui sont sinistrés attendent toujours ce verdict pour pouvoir être indemnisés à la hauteur de la catastrophe.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, et vous savez que, par exemple, sur l'épisode d'inondations qui a eu lieu il y a quelques jours en Seine-et-Marne, nous avons très rapidement pris les mesures.

APOLLINE DE MALHERBE
Au moment où on se parle, on sait qu'hier il y a eu 1 000 personnes évacuées sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, des coupures d'électricité. Est-ce que vous avez les tout derniers chiffres ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur le service d'électricité, on a à peu près tout rétabli et il reste encore des sinistrés qui sont plutôt de l'ordre d'une centaine, qui n'ont pas encore retrouvé leur domicile. Mais effectivement, il y a une nette amélioration et pour être, j'en discutais tout à l'heure avec les services, notamment de pompiers du ministère de l'Intérieur, puisque le ministère de l'Intérieur est évidemment mobilisé, c'est eux qui assurent toute la partie sécurité civile. Nous sommes dans les derniers, la nuit dernière a été moins pire que ce à quoi on s'attendait.

APOLLINE DE MALHERBE
Précisément sur cette question, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous êtes aussi ministre, je cite, de la Prévention des risques. Est-ce que les systèmes de vigilance, est-ce que les alertes ont été à la hauteur alors ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, vous avez, vous l'avez d'ailleurs vous-même dit, déclaré très vite la vigilance rouge, et c'était inédit et le système FR-Alert qui est un système de textos qui sont envoyés aux personnes qui sont dans les zones à risque, a été utilisé en Ardèche à plusieurs reprises. Il n'a pas été utilisé dans le Rhône, je crois.

APOLLINE DE MALHERBE
En Ardèche, on a un exemple, on sait qu'à Annonay, par exemple, l'alerte a été donnée à 10 h 10, à 10 h 25, le barrage cédait.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que cela a été suffisamment anticipé ? Est-ce que cela aurait pu être davantage anticipé ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça C'est, je pense, un des enjeux du retour d'expérience qu'on doit faire sur ces épisodes, c'est-à-dire comment se voient les choses…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais il commence, maintenant l'expérience, avec vous, madame la ministre d'expériences.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, c'est pour cela que je vous en parle, on a les bonnes alertes, mais on a une difficulté à prévoir la rapidité de la montée des eaux, c'est-à-dire que le régime d'eau aujourd'hui est beaucoup plus rapide que ce que nous modélisons. Tous les cours d'eau ne sont pas suivis non plus par VIGICRUES.

APOLLINE DE MALHERBE
Les expertes avaient remarqué qu'il y avait une difficulté à préciser que certains cours d'eau n'étaient tout simplement pas surveillés.

AGNES PANNIER-RUNACHER
On n'a pas d'historique. On ne connaît pas leur cinétique parce qu'en fait on n'a jamais eu ce problème. Et donc c'est là où l'adaptation au changement climatique est une priorité absolue.

APOLLINE DE MALHERBE
Et à l'inverse, je veux préciser les choses. On a eu tout à l'heure un auditeur qui nous a appelé sur RMC. Il s'appelle Youssef. Il habite dans le Var. Et il disait que là, pour le coup, les écoles dans son coin du Var ont été fermées alors qu'il n'y a quasiment pas eu de pluies. Il a encore l'une de ses filles sur les bras. J'allais dire aujourd'hui, ce matin, alors qu'il ne pleut plus. Alors qui est ce qu'il n'y a pas un manque de réactivité. C'est-à-dire pour le coup, un excès parfois de zèle ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors il ne faut pas non plus reprocher à certaines autorités de prendre des décisions pour protéger les Françaises et les Français.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais à l'inverse, quand ça se calme, est-ce qu'on ne peut pas plus rapidement mettre un système, je ne sais pas, de SMS aux parents en disant les écoles sont ouvertes ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce qu'on fait. Mais il faut quand même conscient que vu la rapidité avec lesquels les éléments interviennent. Par exemple, le maire d'Annonay a pris des décisions très rapides à 8 heures du matin en disant à ses administrés : « Peut-être que je suis trop précautionneux, mais je ne veux mettre personne en situation de difficulté ». Et vraiment je salue le travail remarquable qu'a fait ce maire pendant tout l'épisode et au travers lui les élus locaux. Il était en première ligne. Il a pris des décisions. Il savait que peut-être il de protéger les enfants et qu'ils restaient à la maison à tort. Et finalement, il a eu raison de le faire parce que l'eau est montée trop vite. Mais nos systèmes de modélisation aujourd'hui notamment des cours d'eau, sont dépassés par les éléments météorologiques. C'est-à-dire que ce qui arrive est tellement inédit que nous n'avons pas le recul historique, le recul scientifique pour correctement les matérialiser, les modéliser et avoir le niveau précis de vigilance.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais précisez Donc, avez-vous les moyens de faire face à cet inédit ? C'est-à-dire, je pense aux moyens financiers. Est-ce que, Agnès PANNIER-RUNACHER, face à la situation telle qu'on la voit depuis hier mais aussi depuis des semaines. Vous dites par exemple que Vigicrues n'est sans doute pas suffisamment présent et n'a pas suffisamment de modèles réajourés. Est-ce que vous allez pouvoir investir, innover à la hauteur de la situation ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il faut un budget qui soit à la hauteur de la situation et ce n'est pas le cas aujourd'hui. Je vous le dis...

APOLLINE DE MALHEBRE
Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Et je vous le dis très clairement. Et je pense qu'aujourd'hui et j'attends de la représentation nationale de se saisir de ce sujet. Je ne sais pas s'il faut encore attendre des drames pour comprendre que c'est une absolue nécessité d'investir dans l'adaptation au changement climatique. D'investir aussi. Je me permets d'insister parce que j'ai lu avec intérêt le contre-projet de budget du Rassemblement national qui coupe tous les crédits à l'écologie. C'est évidemment extrêmement dangereux pour les Françaises et les Français, parce qu'il faut aussi investir dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Faut-il attendre que la situation devienne intenable pour agir ? Je ne crois pas, non. La question de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, premier pilier de notre action. La question de l'adaptation au changement climatique. Comment on équipe les gens en Batardeau.
C'est ce que moi je vis dans le Pas-de-Calais. En Batardeau, on a des digues plus élevées. On a des zones d'expansion de crues ; et on travaille avec, par exemple les agriculteurs pour savoir comment.

APOLLINE DE MALHERBE
On va revenir dans les détails. Mais ce que j'entends Agnès PANNIER-RUNACHER, c'est qu'aujourd'hui, le compte n'y est pas.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Aujourd'hui en matière budgétaire, sur l'adaptation au changement climatique et sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Le compte n'y est pas. Je crois qu'il faut ouvrir les yeux.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais il faut ouvrir les yeux. Ce qui est étonnant, c'est que vous avez l'air d'avoir renoncé à pouvoir convaincre le Premier ministre. Désormais, vous vous tournez vers la représentation parlementaire. Vous espérez au fond, si je vous entends bien, que les députés fassent le job là où Matignon ne l'a pas fait.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je ne partage pas ce point de vue parce que le Premier ministre a été très clair sur l'enjeu de la dette écologique au regard de l'enjeu de la dette financière.

APOLLINE DE MALHERBE
Il en aura immédiatement parlé d'ailleurs. Il a été à votre place il y a quelques années.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il était à mon poste. Il a monté le fonds BARNIER. Il souhaite qu'on revienne sur le fonds BARNIER et justement qu'on y travaille pour hausser le niveau de jeu. Donc je sais que le Premier ministre va prendre la mesure du sujet.

APOLLINE DE MALHERBE
En termes d'intention oui ou en termes de sous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
En termes de sous. Maintenant qu'on discute. Vous savez qu'une partie du budget va être amendé par voie gouvernementale, que la copie, et ça a été très clairement dit, qui a été présentée. Elle a été construite par cette équipe en trois semaines. Donc c'est très court par rapport au temps de construction d'un budget.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous êtes indulgente sur les erreurs qui auraient pu être faites en termes de chiffrage, le fait que le compte n'y soit pas. Et vous vous dites qu'aujourd'hui peut être, enfin, ça va être amélioré, gonflé par l'implantation parlementaire ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Il y a aussi une chose très simple. C'est que sur les catastrophes naturelles, nous sommes aujourd'hui à un niveau inédit de catastrophe naturelle déclarée et nous sommes à peine. Nous avons encore trois mois, deux mois et demi avant la fin de l'année. C'est-à-dire que le gros des catastrophes

APOLLINE DE MALHERBE
Est encore devant nous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Arrive en règle générale, en fin d'année, pas au mois d'octobre. Et c'est là aussi, il faut être extrêmement vigilant. Nous n'avons pas terminé l'année. Donc effectivement, il va falloir se retrousser les manches. Moi, je suis quelqu'un de très responsable d'un point de vue financier.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous ne menacez pas de démissionner si vous n'auriez pas les moyens de votre action ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je veux surtout travailler à avoir les moyens de mon action. C'est comme ça que je vois les choses.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous pensez que ça ne se présentera pas ? Que les moyens, vous les aurez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. En tous cas, je vais me battre pour ça. Si je ne les ai pas, j'en tirerai les conclusions. Mais aujourd'hui, on est sur l'action. Je serai sur le terrain ce matin, avec mon collègue Nicolas DARAGON. Je sais que le Premier ministre suit la situation, qu'il est très près.

APOLLINE DE MALHERBE
…Sécurité au quotidien. Si je ne les ai pas, j'en tirerai les conclusions.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Mais ça, je pense que dans toute l'action d'un ministre, il faut toujours savoir où on habite et pourquoi on est là.

APOLLINE DE MALHERBE
Et c'est donc pour vous essentiel. Il y a, au-delà de la question des enveloppes sur les catastrophes climatiques, il y a aussi des points sur la rénovation énergétique par exemple. Qui dans le budget tel qu'il est, Ma Prime Rénov'. J'ai regardé les chiffres, c'était 1 milliard de plus en 2024 que ce qui est prévu dans le budget 2025. Là, il y a prévu 2,3 milliards pour Ma Prime 2nov'en 2025. C'était donc 1 milliard de plus en 2024. Qui va en faire les frais?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors pour le coup, sur ce sujet-là, la réalité c'est qu'on a qu'on aura consommé. En tout cas, c'est les prévisions, 1,7 milliard, semble-t-il, d'ici la fin de l'année. On est un peu près dans ces eaux-là. Donc en fait, le budget tel qu'il est prévu va au-delà de la consommation 2024. Donc ce n'est pas forcément là que…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc là, vous estimez qu'il y a quand même de la marge et que vous avez les moyens ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je constate aujourd'hui que nous, ne consommons pas le budget de Ma Prime Rénov'. Et donc l'enjeu est ailleurs. C'est probablement un enjeu d'accessibilité à Ma Prime Rénov. De faciliter d'emploi de Ma Prime Rénov'. Et nous devons y travailler. Nous voulons y travailler avec l'aval de l'Etat.

APOLLINE DE MALHERBE
Le Fonds vert, un milliard de moins également dans le projet de loi de finances que l'an dernier.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, il y a clairement deux sujets sur lesquels on a des projets. On a des élus locaux qui se sont mobilisés. On a la possibilité de baisser la facture pour les Français. C'est d'un côté le fonds chaleur, qui est ce fonds qui permet de développer des énergies renouvelables et de baisser le coût du chauffage dans un certain nombre de villes moyennes. Ça, on peut faire des progrès. Et effectivement, vous le mentionnez, le Fonds vert, c'est un fonds qui est plébiscité par les collectivités locales. C'est un fonds qui couvre notamment les financements d'adaptation au changement climatique, c'est à dire tous ces efforts pour faire en sorte de résister à des crues, à des inondations. Et là, pour le coup, il faut être à la hauteur.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous demandez à ce que ce fonds-là soit abondé davantage ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense qu'on en a absolument besoin, effectivement

APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER La taxe sur l'électricité, il y a eu une certaine confusion dans les derniers jours. Et on a compris qu'effectivement le budget prévoyait de récupérer de l'argent, c'est à dire que la baisse soit moindre qu'elle n'aurait pu l'être pour les Français en mettant fin au fameux bouclier tarifaire. Mais donc en remontant les taxes sur l'électricité. Or, hier soir, la commission des finances a fait sauter cette possibilité pour le gouvernement de remonter cette taxe. Est-ce que vous vous en réjouissez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, moi, je ne cache pas qu'aller au-delà de la fin du bouclier énergétique me paraît dangereux au moment où nous avons besoin de développer l'électrification de nos systèmes énergétiques. Puisque ça fait baisser les énergies et ça fait baisser les gaz à effet de serre. Nous sommes producteurs d'électricité, nous ne sommes pas producteurs d'énergies fossiles. Donc c'est bon pour l'économie. C'est bon pour la facture des Français et c'est bon pour le climat. Et je note que sur ce sujet-là, il y a un certain consensus puisque.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est un consensus. Ce n'était pas dans le budget.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon !

APOLLINE DE MALHERBE
On va repréciser bien les choses pour que des Français comprennent parce qu'effectivement il y a eu une certaine confusion. En gros, il y avait un très haut niveau de taxes. Je parle deux avant la crise de l'inflation. Cette taxe a été très largement baissée pour faire face. C'était le fameux bouclier tarifaire. Et alors que les tarifs globaux de l'électricité dans le monde de la fourniture largement baissé, le Gouvernement s'est dit dans ce dernier budget, c'est peut-être l'occasion de remonter les taxes et peut être même de les remonter au-delà du niveau initial pré inflation. C'est cela auquel vous vous opposez.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mon groupe, Ensemble pour la République, a effectivement indiqué qu'il ne souhaitait pas aller au-delà du niveau de taxe qui était présent avant la crise de l'énergie.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous vous réjouissez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc je me réjouis que le débat ait lieu. Vous savez que le texte, lorsqu'il va arriver à l'Assemblée nationale, sera présenté sur, enfin que le débat soit…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Enfin que le débat va avoir lieu.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, alors c'est important aussi de repréciser les choses. Tout cela est complexe et d'ailleurs à la fin, ce sera peut-être tout simplement le 49-3 qui décidera. Donc ce débat, il a lieu aujourd'hui sur le budget, mais la copie telle quelle sera dans sa décision finale. Vous resterez vigilante parce qu'ils peuvent, enfin, on va dire, le Gouvernement dont vous faites partie. Mais enfin, cette situation est quand même un peu cocasse, disons qu'en tout cas, le premier ministre aura le dernier mot et s'il veut remettre cette taxe davantage, il pourra toujours le faire.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, c'est l'Assemblée nationale et le Sénat qui ont le dernier mot dans cette configuration politique et tout le monde l'a compris, c'est-à-dire que…

APOLLINE DE MALHERBE
Et s'il y a un 49-3 ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
… Mais combien, même, il faut à la fin voter un texte même avec un 49-3. Donc ce qu'il faut avoir en tête, c'est que nous devons effectivement porter ce texte. Nous sommes un Gouvernement de coalition, le Premier ministre a dit qu'il serait à l'écoute des groupes politiques. Hier, tous les groupes politiques ont dit qu'aller au-delà des de la taxe intérieure de 32,33 euros, enfin…

APOLLINE DE MALHERBE
Le mégawattheure.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, du mégawattheure, c'était un problème en termes de pouvoir d'achat et c'était aussi un problème…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez eu cette discussion avec Michel BARNIER ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
… Pour la compétitivité des entreprises. Aujourd'hui, compte tenu de la rapidité avec laquelle on a monté le budget, on a eu des échanges, évidemment. Moi, j'ai remis sur la table un certain nombre de propositions, mais il fallait remettre la copie au Parlement. Je crois qu'il faut aussi redire très clairement que lorsqu'on a trois semaines pour préparer, et on l'a dit avec beaucoup d'humilité, ce budget, c'est un document martyre qui est fait pour être discuté…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous espérez donc que le débat à l'Assemblée va garder la suppression, en tout cas le chapeau de cette taxe. Est-ce que vous avez le sentiment parfois que l'écologie, et c'est d'autant plus paradoxal quand on voit l'épisode que traverse la France, que l'écologie est un peu sacrifiée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je ne dirai pas dans ces mots, parce qu'il est normal, lorsqu'on a une situation financière difficile, que tout le monde fasse des efforts. En revanche, il faut avoir soulevé l'oeil de la copie, il ne faut pas avoir une approche brutalement comptable. Lorsqu'on regarde ce qui se passe, aujourd'hui, on va dépenser des dizaines de millions d'euros pour réparer, alors qu'on aurait pu utiliser ces dizaines de millions d'euros pour protéger, ce n'est pas une bonne façon d'utiliser l'argent public. L'enjeu, aujourd'hui, c'est de faire en sorte de prévenir les dégâts du dérèglement climatique pour ne pas avoir à payer des dizaines, voire des centaines de millions d'euros demain du fait de ces dégâts.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci beaucoup, Madame la Ministre, d'être venue donc dans ce studio, ce matin, faire ce premier bilan, Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, de l'énergie et du climat. Juste après cet entretien, vous partez justement en Ardèche et dans la Loire. Je rappelle qu'il y a donc toujours dix-huit départements qui sont en vigilance orange. Il est 8 h 52 sur RMC et BFMTV.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 octobre 2024