Texte intégral
PATRICK ROGER
Il est 8 :36 sur Sud Radio. Mon invitée ce matin, Annie GENEVARD, ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Bonjour Annie GENEVARD.
ANNIE GENEVARD
Bonjour Patrick ROGER !
PATRICK ROGER
Vous êtes très attendue par les agriculteurs qui vous écoutent là ce matin. Parce qu'il y a un nouveau vent de colère qui souffle dans les campagnes depuis déjà quelques jours. Surtout avec deux syndicats, la FNSEA et des jeunes agriculteurs qui appellent à de nouvelles manifestations à partir du 15 novembre prochain. Alors il y a plusieurs motifs des promesses de l'hiver dernier qui ne sont pas tenues, disent-ils. L'Accord qui pourrait être signé avec les pays sur le Mercosur mi-novembre, c'est à dire l'entrée en France et en Europe de certains produits moins contrôlés. Et puis tout un tas de problèmes structurels également de notre agriculture. Alors qu'est-ce que vous répondez ce matin, justement à l'inquiétude des agriculteurs.
ANNIE GENEVARD
Mais d'abord, moi, une forme de colère qui résulte d'attentes qui sont nombreuses. Ils font référence aux mouvements d'il y a quelques mois. Et puis les conditions météorologiques sont épouvantables. Trop d'eau ici, pas assez là. Les productions sont en baisse. Les trésoreries souffrent. Donc tout ça se combine pour évidemment susciter beaucoup d'attentes, beaucoup d'interrogations, beaucoup d'inquiétudes. Moi ce que je voudrais dire c'est que j'ai démontré ma capacité à dénouer les crises dès mon arrivée, à prendre les dossiers qui étaient en souffrance, à tenir les engagements de l'Etat. Mon obsession, c'est d'agir vite et d'être, de tenir aussi, de répondre aux engagements qui ont été pris et des engagements qui ont été pris. Je suis une femme de parole et d'action.
PATRICK ROGER
Alors.
ANNIE GENEVARD
Donc je voudrais évoquer très rapidement quand même.
PATRICK ROGER
Oui
ANNIE GENEVARD
Toutes les mesures d'urgence qu'il a fallu prendre par rapport aux épidémies animales, les épizooties, fonds d'urgence, élargissement de la vaccination, les actions structurelles que j'ai lancées, l'arrachage des vignes pour répondre à la surproduction, le lancement du Plan Méditerranée. Hier, j'étais à Luxembourg où j'ai engagé une coordination pour traiter ensemble toutes ces maladies animales qui portent préjudice aux éleveurs et ou cheptels. Et une vingtaine de pays me suivent dans cette approche. Les mesures budgétaires. Tout le monde s'accorde à reconnaître que le budget de l'agriculture a été préservé dans le contexte budgétaire si difficile que connaît la France. Le budget de l'agriculture pour 2025 est une réponse précise à toutes leurs demandes, avec des allégements de charges avec des mesures fiscales. Peu de budget bénéficie d'une telle.
PATRICK ROGER
Oui. Alors les jeunes alors. Pourquoi.
ANNIE GENEVARD
Les retraites agricoles sont basées sur les 25 premières années meilleures années. Eh bien, cette mesure très importante, très attendue, les 25 meilleures années, c'est extrêmement important. Ce sera mis en oeuvre comme je m'y étais et comme nous nous y étions engagés au 1er janvier 2026. La loi d'orientation agricole reprendra son parcours au Sénat avant la fin de l'année. Je tiens mes ambitions.
PATRICK ROGER
Alors la loi d'orientation agricole, ça avait été suspendue parce qu'il y a eu la démission. Alors, ça, c'est certain, ça va être examiné, quand.
ANNIE GENEVARD
Ça commence. L'examen commencera en décembre.
PATRICK ROGER
Oui. L'examen commencera.
ANNIE GENEVARD
Dès que le Sénat me donne un créneau. En décembre, ce sera.
PATRICK ROGER
Mais alors quand on va dans le détail, tout de même. Annie GENEVARD, pour Gabriel ATTAL, était allé sur une botte de paille et fait des promesses. Bien sûr. Votre prédécesseur également Marc FESNEAU.
ANNIE GENEVARD
Les engagements sont tenus. Les engagements sont…
PATRICK ROGER
Alors, parce que. Mais les agriculteurs disent : "Ça met trop de temps à venir. On réclamait de la simplification, on n'en a pas. Les aides n'arrivent pas parfois". Qu'est-ce que vous leur dites. Ça c'est vrai ou pas alors.
ANNIE GENEVARD
Alors ils sont en attente de beaucoup de choses et je le comprends. Il y a des tas de choses qui compliquent leur métier. Donc la simplification, c'est quelque chose qu'ils attendent. Et par rapport à ça, je voudrais dire que, prenons l'exemple des contrôles par exemple.
PATRICK ROGER
Oui.
ANNIE GENEVARD
C'est une question très sensible. Quand les contrôles se multiplient. Qu'ils sont en permanence empêchés dans leur dans leur métier, quand il fait beau et qu'il faut aller sur le terrain, ils ont autre chose à faire que répondre à des contrôleurs. Surtout quand ils se multiplient. Voilà un exemple de simplicité
PATRICK ROGER
Mais est-ce que vous avez du pouvoir pour justement simplifier un peu les choses.
ANNIE GENEVARD
Oui, exactement. La réponse est imminente. On est en train de finaliser un dispositif qui répondra je pense à leurs attentes. Moi, j'essaie. Moi, je suis la ministre de l'Agriculture.
PATRICK ROGER
Oui.
ANNIE GENEVARD
Mais je suis aussi la ministre des agriculteurs. Ce que je veux. Je les fréquente depuis longtemps. Je travaille avec eux depuis longtemps. Je sais ce qu'ils vivent et je sais ce qu'ils attendent. Et ce que je veux dans ma fonction ministérielle, c'est répondre à leurs attentes, c'est faciliter leur vie professionnelle. Et sur cette question de la simplification, on doit avancer et avancer vite.
PATRICK ROGER
Alors, il devait y avoir un dispositif. C'est ça pour qu'il y ait moins de contrôle et de la simplification, ça va arriver quand ça.
ANNIE GENEVARD
On est, c'est imminent. On est en train de
PATRICK ROGER
C'est quoi ça imminent ? C'est avant la mi-novembre.
ANNIE GENEVARD
Eh ben largement.
PATRICK ROGER
Oui.
ANNIE GENEVARD
C'est quelques heures.
PATRICK ROGER
Quelques heures. Aujourd'hui, il va y avoir des annonces.
ANNIE GENEVARD
Quelques heures. Quelques jours. Je ferai une annonce en matière.
PATRICK ROGER
Qu'est-ce que vous allez annoncer en deux mots tout de même.
ANNIE GENEVARD
Non.
PATRICK ROGER
Mais bien sûr! Mais attendez, vous êtes interrogée à ce micro.
ANNIE GENEVARD
Je veux.
Patrick ROGER
Ils vous écoutent les agriculteurs.
ANNIE GENEVARD
Ils m'écoutent et…
PATRICK ROGER
Alors dites-leur. En quelques mots. Le schéma.
ANNIE GENEVARD
Mais non mais le schéma. C'est que par exemple, sur cette question des contrôles, j'ai entendu ce qui leur complique parfois même leur pourrit la vie. Et il ne s'agit pas de supprimer les contrôles, il s'agit de veiller à une meilleure organisation qui ne lie d'une part qui qui leur facilite la vie et puis qui ne leur donne pas le sentiment qu'ils sont l'objet d'un soupçon permanent. Quand vous contrôlez, c'est une profession qui est hyper contrôlée.
PATRICK ROGER
Oui.
ANNIE GENEVARD
Et donc, et ils ont le sentiment qu'ils sont en permanence soupçonnés de mal faire. C'est insupportable. Les agriculteurs travaillent dur, ils doivent être reconnus dans une fonction qui est essentielle, qui consiste à nourrir la population. Et je suis la ministre de la souveraineté alimentaire. Ça veut dire qu'aujourd'hui il faut veiller à ce que les agriculteurs puissent produire pour nourrir et dans des bonnes conditions.
PATRICK ROGER
Oui. Et donc sur la souveraineté alimentaire et l'alimentation. Est-ce que c'est une bonne idée de taxer certains produits, des produits trop sucrés par exemple, etc. Là, il y a eu des propositions qui ont été faites et l'argent qui serait récolté pourrait aller vers l'agriculture. Vous y êtes favorable à ça.
ANNIE GENEVARD
Alors moi, tout ce...
PATRICK ROGER
Je schématise.
ANNIE GENEVARD
Tout ce qui permet d'améliorer les aides aux agriculteurs, je prends. Maintenant, il faut veiller à ne pas stigmatiser le sucre et le gras puisque
PATRICK ROGER
Oui c'est ça. C'est une taxe sur les produits sucrés.
ANNIE GENEVARD
Je te rappelle quand même que ce sont des filières importantes en France. Maintenant, on verra le détail des choses. La taxation des sodas semble être une hypothèse émise au niveau budgétaire. On verra ce qu'il en est. Mais en tout état de cause, moi...
PATRICK ROGER
Là aussi il y aura des annonces bientôt autour de ça. Sur ces taxes et par exemple. Limitation peut être, comme le proposent certains aussi de la publicité audiovisuels pour certaines boissons sucrées.
ANNIE GENEVARD
Ecoutez, ça, c'est en cours d'examen. Il appartiendra au Parlement de se prononcer.
PATRICK ROGER
Non, mais vous êtes la ministre aussi de la souveraineté alimentaire.
ANNIE GENEVARD
Tout à fait mais ça c'est un point majeur. Donc oui, la taxe sur les sodas est une taxe qui est qui est envisagée très sérieusement au niveau du Gouvernement, et il appartiendra au Parlement de s'en saisir.
PATRICK ROGER
Oui. Annie GENEVARD, vous êtes ministre de l'Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Vous avez parlé de contrôle justement tout à l'heure. Il y a quelque chose qui est assez important, c'est l'accord sur le Mercosur. Et ce que demandent en fait beaucoup d'agriculteurs. S'il devait y avoir eu une signature de cet accord. C'est qu'il y ait des contrôles dans les pays concernés les autres, c'est les fameuses clauses miroirs. Qu'est-ce que vous pourriez dire aux agriculteurs ce matin. Déjà est ce qu'il y aura une signature de cet accord Mercosur ou pas à la mi-novembre.
ANNIE GENEVARD
Alors moi je voudrais dire que ce projet d'accord avec le Mercosur, nous y sommes opposés et de façon constante. Dans ma famille politique, nous y sommes opposés. J'ai entendu ce que disait le Premier ministre. Nous y sommes opposés pour deux raisons. D'abord parce que, moi comme vous le dites, je suis garante de la souveraineté alimentaire et ça passe par la compétitivité de nos exploitations. Donc déstabiliser des filières entières en important des produits. Je rappelle que ça touche la production de viande bovine, la volaille, le sucre, la filière éthanol sont des filières très importantes. Donc ça déstabiliserait nos propres productions, nos propres filières. Et surtout, ces produits ne seraient pas assujettis à nos propres méthodes de production.
PATRICK ROGER
Voilà, c'est ça. On contrôle quoi
ANNIE GENEVARD
Donc pour ces deux raisons. Mais je dis bien ces deux raisons. D'abord parce que ça importerait massivement des productions qui concurrencera les nôtres, et en plus elles sont produites selon des conditions qui ne correspondent pas aux nôtres. Nous sommes assujettis à un certain nombre de règles, donc c'est un sujet qui est suivi de très près par le président de la République et le Premier ministre…
PATRICK ROGER
Oui, parce que c'est le président au niveau européen qui porte sa voie.
ANNIE GENEVARD
.. Moi, je leur fais confiance…
PATRICK ROGER
Il est sur quelle ligne d'ailleurs, le président de la République, vous le savez ou pas Annie GENEVARD, Emmanuel MACRON ?
ANNIE GENEVARD
Il est sur la ligne de défense, défend les intérêts de la France et moi, je fais confiance au président et au Premier ministre pour défendre les intérêts de la France. Je l'ai fait moi-même, hier à Luxembourg, nous avions une réunion des ministres de l'Agriculture européens. Vous savez, les inquiétudes des agriculteurs français sont partagées par beaucoup d'agriculteurs en Europe.
PATRICK ROGER
Oui, et pourtant certains en Europe, certains pays, l'Allemagne, l'Espagne et il y en a d'autres sont plutôt favorables, quand même à cet accord MERCOSUR, en disant que justement, ce sont des débouchés également pour nos produits, y compris de l'agriculture, mais qu'il faut simplement imposer des règles claires, quoi non ? Vous ne pourrez pas vous opposer à cet accord.
ANNIE GENEVARD
Moi, je pense que les conditions d'un accord avec le MERCOSUR ne sont pas remplies, elles ne sont pas réunies. Ce n'est ni équitable commercialement, ni conforme aux engagements de la France en matière environnementale et climatique. Donc, pour ces deux raisons, moi, je suis absolument hostile à ce projet d'accord avec le MERCOSUR et j'observe, d'ailleurs, que de nombreux pays européens se posent exactement les mêmes questions, il en va de la défense de notre agriculture.
PATRICK ROGER
Oui, donc, mais ça, la balle est dans le camp du président de la République au niveau européen et vous pouvez le…
ANNIE GENEVARD
Oui, mais pas que, les parlements nationaux, et j'espère que la Commission n'évincera pas la voix des parlements nationaux. Il faut que les parlements nationaux se prononcent…
PATRICK ROGER
Oui, c'est une question de négociation, Annie GENEVARD, négociation, c'est-à-dire qu'il peut y avoir un accord et vous pouvez obtenir un certain nombre de choses. Est-ce que vous y seriez favorable pour avoir des contreparties ?
ANNIE GENEVARD
… Ecoutez, mais les contreparties n'effacent pas le risque de déstabilisation des productions nationales. Qu'est-ce que ça veut dire la souveraineté alimentaire ? Ça veut dire qu'il faut veiller à ce que nos agriculteurs soient en capacité de produire suffisamment pour nourrir la population. Vous voyez bien que le conflit russo-ukrainien, à quel point l'alimentation est devenue une arme, une arme de guerre, une arme stratégique.
PATRICK ROGER
Les céréales, notamment d'Ukraine.
ANNIE GENEVARD
C'est majeur de conserver la maîtrise de l'alimentation de son pays. Moi, je voudrais que chaque Français en soit vraiment convaincu. Aujourd'hui, cette autonomie, cette souveraineté alimentaire, elle est clairement menacée et il faut la restaurer, il en va de l'intérêt national.
PATRICK ROGER
Oui. Est-ce que vous allez rencontrer les organisations agricoles ? Il y a deux syndicats, les jeunes agriculteurs, la FNSEA, qui appellent justement à cette mobilisation à partir de mi-novembre. Vous avez prévu de les voir, vous avez déjà des discussions avec eux ?
ANNIE GENEVARD
Dès la première semaine de mon arrivée, j'ai rencontré toutes les organisations syndicales agricoles. Ça a été mes premiers rendez-vous, j'ai rencontré tous les syndicats, évidemment, la FNSEA, évidemment, les Jeunes agriculteurs, évidemment, la Coordination rurale, la Confédération paysanne, le MEDEF, je les ai tous rencontrés. J'ai rencontré les principales filières, je continue à le faire en plus de mon travail qui est d'être sur le traitement de l'urgence, le budget, les rencontres stratégiques, les visites de terrain, les réunions internationales, les sommets internationaux sur le vin, sur le lait à l'Europe. Avec mes collègues ministres de l'Agriculture, je suis sur tous les fronts, je suis une femme d'action, voilà.
PATRICK ROGER
Vous vous appuyez aussi sur ceux qui ne sont pas forcément au sein des syndicats ? Je pense par exemple à Jérôme BAYLE, le leader de la première révolte agricole, vous êtes en contact avec lui ou pas ?
ANNIE GENEVARD
Oui, j'ai eu des contacts avec lui, moi, je suis une femme de dialogue, vous savez, je parle avec tout le monde. Donc bien sûr, il a cherché à me joindre, je ne vois pas pour quelles raisons je ne l'aurais pas fait. C'est un homme qui défend, à la fois, son territoire et son activité agricole. Moi, je suis aux côtés de tous ceux qui veulent avancer et je suis très à l'écoute lorsqu'ils m'ont dit nous faut un fonds d'urgence pour les élevages.
PATRICK ROGER
Touchés par les maladies, notamment.
ANNIE GENEVARD
Touchés par les maladies. Quand ils m'ont dit nos trésoreries souffrent, j'ai dit : « On va imaginer un dispositif de soutien aux trésoreries, on est en cours de finalisation du dispositif ». Je sais leurs attentes en matière de simplification. On est à la dernière phase de la production…
PATRICK ROGER
Oui, mais vous pouvez comprendre qu'on leur dit ça à chaque fois et puis…
ANNIE GENEVARD
Non,
PATRICK ROGER
Depuis des années avant vous.
ANNIE GENEVARD
Non, mais effectivement, il faut des preuves d'amour, je suis d'accord avec vous. Moi, je travaille… Moi ma méthode de travail c'est aller sur le terrain, écouter et puis produire, et puis agir, parce qu'écouter pour écouter, ça ne suffit pas, évidemment. Mon budget est la première traduction de l'action que je conduis auprès d'eux, le fonds d'urgence en est une preuve. Le lancement de toutes les actions structurelles en est une preuve également. Et je vais continuer à dérouler, je veux que très régulièrement, je puisse faire une annonce qui corresponde à leurs attentes.
PATRICK ROGER
Vous êtes passé, par exemple, dans les Pyrénées-Orientales sur le problème de l'eau, l'autre jour. Après votre passage, il y a eu comme un peu de déception des agriculteurs sur place. Pourquoi selon vous, qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ?
ANNIE GENEVARD
C'est un déplacement qui, globalement, s'est très bien passé. J'ai été très bien accueilli. La presse s'est fait l'écho d'une réaction épidermique, mais il faut comprendre ce que vivent les agriculteurs des Pyrénées-Orientales en particulier, mais de toute l'Occitanie. Franchement, ce que j'ai vu en Occitanie est terrible. Des vergers calcinés de soif, comme s'ils avaient été brûlés par le feu. Il n'y a pas d'eau quand il n'y a pas d'eau, il n'y a pas de vie, il n'y a pas d'agriculture. Et donc moi, je dis à tous ceux qui s'opposent à tout projet relatif à l'eau…
PATRICK ROGER
Des retenues, des réserves, des méga bassines, par exemple.
ANNIE GENEVARD
… Des retenues, des réserves, je leur dis attention, ce que vous compromettez là, c'est l'existence même d'une agriculture de ces territoires.
PATRICK ROGER
Donc vous y êtes favorable ?
ANNIE GENEVARD
Moi, je suis favorable aux projets qui permettent d'avoir de l'eau pour pouvoir cultiver. On ne peut pas cultiver sans eau. Donc j'ai toujours été très clair, les retenues collinaires, elles n'affectent pas l'environnement…
PATRICK ROGER
Donc, vous allez dans leur sens quoi ?
ANNIE GENEVARD
… Je vais dans leur sens parce que c'est le bon sens, tout simplement. Et je dis associations environnementales : " Faites bien attention, vous êtes des défenseurs de l'environnement. " Je le suis aussi, mais quand il n'y a plus d'agriculture, ça porte préjudice à l'environnement. Ça veut dire que les territoires sont plus entretenus, qu'ils peuvent être soumis à toutes sortes de désastres, de crises, d'attaques sanitaires, de feu…
PATRICK ROGER
Vous écoutez les écolos, mais vous ne tenez pas forcément compte de toutes leurs recommandations.
ANNIE GENEVARD
Non, moi, j'ai dit…
PATRICK ROGER
Non mais vous avez dit, tout à l'heure : " Moi, je suis la ministre des agriculteurs ".
ANNIE GENEVARD
Oui, bien sûr.
PATRICK ROGER
Annie GENEVARD.
ANNIE GENEVARD
Non mais les agriculteurs, leur premier outil de travail, c'est l'environnement, c'est la nature. Donc moi, je n'oppose pas, je pense que c'est une impasse que d'opposer l'environnement à l'agriculture, c'est une impasse.
PATRICK ROGER
Deux questions très concrètes, Annie GENEVARD, sur le vin, par exemple, les producteurs demandent une fiscalité allégée pour garder les vignes dans le giron familial parce qu'on sait qu'il y a des coûts de successions énormes. Qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ?
ANNIE GENEVARD
Alors, ça, c'est un énorme sujet, en effet, parce que…
PATRICK ROGER
Sur la transmission, en général.
ANNIE GENEVARD
Oui, bon, certains appellent un nouvel engagement du type pacte Dutreil parce que c'est un vrai sujet et la transmission des exploitations, l'accaparement des terres, donc, et des allégements fiscaux, notre budget en comprend beaucoup. Très peu de budget, pour ainsi dire aucun n'a autant, ne bénéficie d'allégements fiscaux de cette nature. Donc, la question de la transmission des entreprises, ça, c'est vrai pour la viticulture, parce qu'évidemment, ce sont des terres qui sont, qui portent une valeur considérable, mais c'est vrai pour toute sorte d'entreprises. Quand il faut, pour payer des droits de succession, démanteler les entreprises, c'est dramatique.
PATRICK ROGER
Ouais, bon, on a parlé du vin, en fait, à l'instant, le cognac taxé en Chine, ça vous inquiète ?
ANNIE GENEVARD
Énormément, j'ai reçu la profession très vite. Là, pour le coup, beaucoup de pays européens s'insurgent contre les mesures de rétorsion envisagées par la Chine. Donc il y a le COGNAC, L'ARMAGNAC, les BRANDY. Le COGNAC est très largement exportateur et la Chine est un très gros client. Il y a aussi des menaces qui pèsent sur le lait, sur la filière porcine, donc on est très mobilisé au niveau européen.
PATRICK ROGER
Donc il faut passer les accords commerciaux quand même.
ANNIE GENEVARD
Oui, mais il faut passer des accords commerciaux. Mais l'agriculture ne peut pas toujours être la variable d'ajustement de ces accords commerciaux. Ça, ce n'est pas possible. Et les accords commerciaux, bien sûr, il en faut. La France est une grande nation exportatrice. Les industries agroalimentaires, c'est très important dans notre pays et elles exportent. Et c'est bien, mais pas à n'importe quel prix.
PATRICK ROGER
Annie GENEVARD. On a évoqué tout à l'heure le Sud-Ouest avec Gironde Bail. Il y a une inquiétude avec le loup arrivé en Gironde.
ANNIE GENEVARD
Oui.
PATRICK ROGER
Est ce qu'il faut une régulation.
ANNIE GENEVARD
Bien sûr qu'il faut une régulation... Aujourd'hui, quasiment toute la France est touchée.
PATRICK ROGER
Oui.
ANNIE GENEVARD
Près de 70 départements connaissent la présence du loup qui attaque le cheptel ovin, mais pas seulement ovins. Moi, chez moi, le loup attaque les bovins, c'est-à-dire des gros animaux.
PATRICK ROGER
Dans le Jura vous.
ANNIE GENEVARD
Dans le massif du Jura. Dans des conditions de souffrance animale absolument abominable. Donc aujourd'hui, il ne s'agit pas d'éradiquer le loup. Personne ne le dit, pas même les agriculteurs. Il dit simplement il faut réguler la population du loup qui aujourd'hui n'est plus une espèce menacée pour permettre au pastoralisme et à l'élevage d'exister, tout simplement
PATRICK ROGER
Annie GENEVARD, est-ce que vous pouvez calmer les agriculteurs d'ici mi-novembre. Certains disent aussi il y a une forme de surenchère parce qu'il y a des élections professionnelles à la Chambre d'agriculture au mois de janvier. Vous croyez que ça influe en fait pour ces manifestations.
ANNIE GENEVARD
Le climat préalable à une élection professionnelle, évidemment, tend un peu les relations d'abord entre eux, entre les syndicats eux-mêmes qui sont objectivement en compétition. Et puis ils ont à coeur de montrer qu'ils sont les meilleurs défenseurs de l'agriculture et disent.
PATRICK ROGER
Donc vous les appelez à la raison.
ANNIE GENEVARD
Moi, j'appelle à deux choses. D'abord, pas de violence parce que la violence est toujours une impasse, même si j'entends vraiment très nettement leurs revendications, et je m'efforce d'y répondre point par point. Je veux répondre point par point ce qu'ils demandent. Je veux tenir les engagements de l'Etat. Moi je suis une femme de parole. Je ne veux pas qu'on dise l'Etat n'a pas tenu ses engagements. Le Gouvernement n'est pas au rendez-vous des engagements pris. Je veux leur dire clairement ma porte est ouverte. Le dialogue est là et les engagements pris seront tenus, sont tenus dès aujourd'hui.
PATRICK ROGER
Et vous pouvez peut-être éviter ces manifestations.
ANNIE GENEVARD
Mais écoutez ! La liberté de manifester est constitutionnelle. Donc les agriculteurs sont des gens de responsabilité. Je leur fais confiance
PATRICK ROGER
Oui. Encore deux mots. Annie GENEVARD. C'est un écologiste, Jérémy IORDANOFF, qui vous succède à l'Assemblée nationale au poste de vice-président, vous étiez vice-présidente. Normalement, ça devait revenir, ce poste, puis tout à la coalition droite et macroniste. Comment vous interprétez ça.
ANNIE GENEVARD
J'espérais en effet que ma collègue Virginie DUBY-MULLER, puisse bénéficier de la mobilisation du socle commun qui s'est mobilisé. Mais voilà, ce n'est pas un bon signal, je ne vais pas vous dire le contraire. Je le déplore.
PATRICK ROGER
Oui. Andy KERBRAT, est-ce qu'il devrait démissionner ? Qui a été pris avec de la drogue. Le député Il y a la France Insoumise.
ANNIE GENEVARD
Il y a clairement un devoir d'exemplarité. Quand on est élu, un élu national, on a le devoir de se comporter comme il faut. Comment on doit le faire.
PATRICK ROGER
Et donc là.
ANNIE GENEVARD
Donc, moi, je pense qu'il appartient au député. Il a fait acte de contrition. J'ai lu sa déclaration. Il est sincèrement désolé. Il lui appartiendra d'en tirer les conclusions. Moi, je ne suis pas là pour dire il doit faire ceci ou cela, mais clairement, on doit être exemplaire. Les Français l'attendent.
PATRICK ROGER
Merci Annie GENEVARD, ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la forêt, était l'invité de Radio ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 octobre 2024