Extraits d'un entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, avec France Info le 25 octobre 2024, sur le soutien de la France au Liban, le conflit en Ukraine, l'élection présidentielle aux États-Unis et le cas Paul Watson.

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Média : France Info

Texte intégral

Q - Bonjour Jean-Noël Barrot.

R - Bonjour.

Q - La conférence internationale sur le Liban à Paris, hier, a donc permis de récolter autour d'un milliard de dollars, 800 millions d'aide humanitaire, 200 millions pour l'armée. Il faudrait 20 milliards, disent certains experts libanais. Est-ce que un milliard, ce n'est pas finalement trop peu ?

R - Le Liban avait besoin de la communauté internationale. Et hier, à Paris, la communauté internationale ne lui a pas fait défaut. C'est un résultat inattendu, très largement au-dessus de ce qu'on pouvait espérer. Et je suis très heureux que ce soit la France qui, hier, un mois après le début de l'escalade au Liban, ait accueillie cette conférence internationale de soutien à la population et la souveraineté du Liban, qui va permettre de répondre à l'urgence à laquelle les Libanais font face aujourd'hui dans le domaine sanitaire, dans le domaine du logement, dans le domaine éducatif et qui a permis aussi de passer un certain nombre de messages.

Q - 100 millions d'euros pour la France, c'est la contribution. Il se trouve que 100 millions d'euros, c'est déjà aussi la somme qui avait été donnée par la France en 2020-2021, après l'explosion du port de Beyrouth. Et à l'époque, Emmanuel Macron s'était dit inquiet de la bonne arrivée, on va dire, de l'aide jusqu'au citoyen libanais, on va dire. Est-ce que, aujourd'hui, vous avez des assurances que ça va fonctionner ?

R - Absolument. Parce que ce milliard de dollars que nous avons levés hier, il sera mis entre les mains, d'une part, du centre de crise et de soutien, qui dépend de mon ministère et qui a cultivé et qui entretient avec des acteurs libanais des relations de confiance. C'est le cas de la Croix-Rouge libanaise par exemple. Et par ailleurs, cette aide, elle arrivera chez les Libanais par l'intermédiaire des agences de l'ONU. Et ces agences de l'ONU ont mis en place des mécanismes de traçabilité, de redevabilité, comme on dit dans le jargon, pouvoir rendre des comptes aux donateurs. Et donc, il n'y a aucun sujet de confiance. Cet argent sera mis à profit.

Q - Cela suffit à garantir que cet argent n'ira pas, notamment au Hezbollah qui est - c'est la particularité de ce mouvement - qui est aussi au gouvernement provisoire du Liban ? Une question qui s'était un peu posée pour Gaza et le Hamas.

R - Evidemment. Et d'ailleurs, je le dis aux acteurs français, entreprises, fondations, collectivités qui voudraient aujourd'hui prendre leur part et aider le Liban, ils peuvent se tourner vers mon ministère, se signaler. Puisque nous avons conçu deux fonds : un fonds pour les collectivités, un fonds pour les entreprises, qui leur permettent de soutenir le Liban en toute confiance, puisque l'argent ira à des acteurs avec lesquels nous entretenons des liens de grande confiance.

Q - Là, hier, c'est de l'argent privé ? C'est de l'argent... C'est les collectivités ? Il y a des grosses entreprises qui sont mobilisées ? C'est quoi ?

R - Ce milliard de dollars a été levé auprès des Etats. Mais vous avez raison de signaler que 3 millions d'euros ont été apportés par des entreprises françaises, et notamment CMA-CGM, BNP Paribas ou Engie, qui ont décidé d'accompagner cet élan de solidarité. Je les en remercie et j'appelle les autres entreprises françaises à prendre leur part.

Q - Alors vous évoquiez l'instabilité politique au Liban. Enfin, vous l'évoquiez en creux. Rappelons que c'est un pays qui n'est plus vraiment gouverné et ça dure depuis un certain nombre d'années. Est-ce que pour vous, aujourd'hui, il y a un risque de guerre civile au Liban, comme cela a pu être le cas par le passé ?

R - Le Liban est un pays pluriel et il doit le rester. Qu'est-ce que j'entends par pays pluriel ? C'est un pays où coexistent, cohabitent des communautés, des confessions différentes, une mosaïque confessionnelle avec des musulmans chiites, des musulmans sunnites, des chrétiens maronites, des Druzes. Aujourd'hui, depuis le début des opérations terrestres au Liban, vous avez des déplacements de populations massifs. Vous avez autour d'un million de personnes qui ont quitté le Sud pour fuir les combats, et qui se retrouvent, aujourd'hui dans des villages, qui se retrouvent à passer la nuit dans des écoles... Ce qui crée des tensions très fortes.

Q - Justement, pardon Jean-Noël Barrot, on a entendu sur France Info des reportages avec des citoyens, des Libanais qui disent que "nous, on ne veut pas avoir des chiites chez nous. Ils viennent, on ne veut pas les accueillir, parce qu'on a aussi peur de se faire bombarder par Israël." Tout ça est un facteur de tension.

R - On a peur de se faire bombarder, mais plus simplement, on voudrait que nos enfants puissent retourner dans les écoles. Puisqu'aujourd'hui, une grande partie des écoles sont fermées pour pouvoir accueillir ces déplacés. C'est pourquoi la France appelle aujourd'hui au cessez-le-feu. Parce que si cette situation devait perdurer, ces tensions pourraient s'aviver, et effectivement, soulever le risque d'une guerre civile qui précipiterait le Liban vers le chaos et l'effondrement.

Q - On a beaucoup de questions sur la relation entre la France et Israël. La charge très violente d'Emmanuel Macron, hier, "on ne défend pas une civilisation en semant soi-même la barbarie" est une réponse à Netanyahou, qui avait évoqué sur CNews une guerre pour la civilisation, justement. Qu'espère Emmanuel Macron avec ce type de déclaration ?

R - La question c'est plutôt qu'espère Benyamin Netanyahou avec ce type de déclaration, lorsqu'il dit que c'est une guerre de la civilisation contre la barbarie ?

Q - Alors, on va le pousser dans l'autre sens peut-être pour commencer ?

R - Lorsque l'on se revendique de la civilisation, comme le fait Benyamin Netanyahou, eh bien, il faut montrer l'exemple. Et il faut respecter le droit international et le droit international humanitaire. Entendons-nous ; le peuple Israël, le peuple juif, a été frappé dans sa chair par un attentat terroriste, le pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah. C'est un traumatisme qu'il est interdit de sous-estimer et qu'il est interdit de relativiser. Mais ceci étant dit, ça n'est pas faire offense au peuple d'Israël et au peuple juif de rappeler constamment - et c'est la position de la France - le gouvernement d'Israël à ses obligations au regard du droit international.

Q - C'est ça ! Rappeler en permanence cette attaque du terroriste terrible du 7 octobre, justifie... Enfin je veux dire, est-ce que cette attaque justifie sans cesse cette guerre sans limite, de faire sauter six immeubles d'habitation en plein Beyrouth pour aller toucher le bunker d'Hassan Nasrallah en tuant 50 civils du quartier chiite ?

R - Ce que nous disons, c'est que la violence engendre la violence. Qu'en semant la violence, on récolte la violence, et parfois, on crée un mal pire que celui auquel on voulait remédier. Je donne un exemple. Pour le Liban, en 1982, le nord d'Israël, comme aujourd'hui, était menacé, dans sa sécurité, par une organisation qui s'appelait l'OLP. L'armée israélienne a chassé l'OLP. Mais à force de destruction, à force de déplacement de population, que s'est-il passé ? Eh bien cela a créé un terreau propice à l'émergence de qui ? Du Hezbollah. Alors ne répétons pas les erreurs du passé. Cessons le feu et cheminons vers la paix.

Q - Mais le Hezbollah... Précisément, vous parlez au Hezbollah ? La France parle au Hezbollah ?

R - La France parle à tous les acteurs de la région.

Q - Que leur dites-vous ?

R - Nous appelons à un cessez-le-feu, tout simplement. Nous leur rappelons que leur responsabilité dans la situation actuelle du Liban est très lourde, parce qu'ils ont décidé de faire pleuvoir le feu de leurs roquettes sur Israël dès le 8 octobre de l'année dernière, au lendemain du 7 octobre. Et que se faisant, ils ont entraîné le pays dans une guerre qu'il n'avait pas choisie. Et qu'aujourd'hui, leur responsabilité et la seule chose à faire, c'est de baisser les armes.

Q - Voilà. Précisément, c'est vrai que depuis un an, les Israéliens disent qu'ils vont riposter. Que peut faire la France ? Est-ce que la France peut quelque chose pour stopper le bras du Hezbollah ?

R - La France peut faire un certain nombre de choses. La première, c'est d'apporter son aide au Liban. Et c'est ce que nous avons fait hier, un mois après le début de l'escalade, comme nous l'avons fait pour Gaza l'année dernière, un mois après le 7 octobre.

Q - Mais ce n'est pas stopper le bras du Hezbollah ?

R - Ensuite, effectivement, la responsabilité de la France, c'est de faire avancer les négociations et la diplomatie. C'est ce que nous avons commencé à faire il y a un mois, avec les Américains, en présentant une proposition, une formule de trêve de trois semaines, suivie de la mise en oeuvre de ce qu'on appelle la résolution 1701, c'est-à-dire les règles permettant de garantir à la fois la sécurité au nord d'Israël, et puis l'intégrité et la souveraineté du Liban.

Q - C'est-à-dire que le Hezbollah se retire au-delà d'un fleuve au Liban ?

R - C'est ça. Le Hezbollah se retire du sud du Liban, et Israël se retire aussi. Et ce sont les forces armées libanaises et les casques bleus qui assurent la pacification et la stabilisation de la zone. C'est une proposition qui a été présentée par Emmanuel Macron et par Joe Biden. C'est la base à partir de laquelle nous continuons à engager les deux parties au conflit, pour les amener, le plus rapidement possible, au cessez-le-feu.

Q - Concernant ce qui se passe à Gaza, Jean-Noël Barrot, les otages : des négociations doivent reprendre au Qatar, dont on connaît le rôle d'intermédiaire, négociations qui impliquent leur libération. C'est ce que dit Israël. D'abord, est-ce que vous avez de l'espoir concernant ces nouvelles négociations ? On sait qu'il y en a eu beaucoup et qu'elles n'ont pas abouti jusque-là.

R - Vous parlez des otages qui ont été retenus et qui sont parfois décédés dans l'enfer noir de la captivité à Gaza. Je pense aux quatre otages, des adolescents, qui ont été libérés en fin d'année dernière, dans les larmes, mais dans la joie. Je pense aux deux otages français qui ont été assassinés. Et je pense effectivement à nos deux otages qui sont encore retenus, Ofer Calderon et Ohad Yahalomi...

Q - Sur lesquels vous avez des informations ?

R - Evidemment que je cultive un espoir, mais je suis très inquiet. Je souhaite que la mort de [Yahya] Sinouar soit un tournant dans cette guerre à Gaza.

Q - Mais vous le voyez venir, le tournant, là, avec ces initiatives ou pas ?

R - Je ne peux que me réjouir que les discussions se poursuivent. Je souhaite qu'Israël, après avoir accumulé les succès tactiques, les succès militaires ces dernières semaines, tourne la page de la guerre à Gaza, obtienne la libération inconditionnelle de tous les otages, permette l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire qui est attendue et vitale pour que les populations puissent avoir accès à des réponses à leurs besoins les plus essentiels.

Q - Juste pour finir là-dessus, les dernières traces de vie des deux franco-israéliens, elles datent de quand ?

R - Nous suivons cette situation au jour le jour. Je ne peux pas évidemment communiquer sur toutes ces informations. Mais les dernières manifestations de ces otages à leur famille datent d'un certain nombre de mois déjà. C'est pourquoi nous sommes très inquiets et c'est pourquoi nous ne pouvons pas perdre espoir, parce que c'est la priorité de la France, libérer nos otages.

Q - Un mot du sommet des BRICS autour de Vladimir Poutine qui a rassemblé, chez lui, une vingtaine de dirigeants étrangers dont les présidents chinois, iraniens, turcs, le Premier ministre indien ; c'était à Kazan. Quel regard portez-vous sur ces échanges ?

R - Je crois que ces échanges, c'est un appel au sursaut de la communauté internationale. Puisque ce qui se passe à Kazan...

Q - Certains parlent de basculement possible du monde.

R - De basculement ou de fractionnement de la communauté internationale, entre d'un côté, et je mets des guillemets, l'Occident, et puis de l'autre, les grandes puissances émergentes. Je constate que beaucoup de pays se sont rendus à Kazan à l'invitation des BRICS et de Vladimir Poutine. Qu'est-ce que cela nous dit ? Cela nous dit que beaucoup de pays du monde considèrent, aujourd'hui, que la protection de l'ONU, du droit international, n'est pas suffisante et qu'il convient de se placer sous la protection de grands pays comme la Russie ou la Chine. C'est un appel au sursaut. Ce que la France défend, ce que le Président de la République défend aujourd'hui, c'est une réforme de l'ONU pour permettre au Brésil, à l'Inde, mais aussi à des pays comme le Japon, l'Allemagne et à l'Afrique d'être mieux représentés au Conseil de sécurité pour que les décisions de l'ONU soient plus légitimes.

Q - Et il faut un sursaut quand vous voyez Antonio Guterres qui va serrer la main de Vladimir Poutine, un meurtrier, comme dit la veuve d'Alexeï Navalny ? Ça vous choque, vous aussi, ça ? Antonio Guterres qui était donc à Kazan.

R - Ce qui me désole, c'est précisément que ce qu'on appelle un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, un membre fondateur de l'ONU, la Russie, aujourd'hui viole délibérément le droit international en s'en prenant à son voisin, l'Ukraine, mais aussi en se rendant coupable de crimes de guerre avec la déportation des enfants de l'Ukraine.

Q - Pardon mais Antonio Guterres, il doit serrer la main de Vladimir Poutine dans un contexte pareil ?

R - Je vous dis que quand je vois le secrétaire général des Nations unies aux côtés d'un membre permanent du Conseil de sécurité qui viole tous les jours le droit international, eh bien, je suis inquiet.

Q - Jean-Noël Barrot, une toute dernière question sur les troupes nord-coréennes en Ukraine... Ça a été confirmé notamment par les Américains, par l'OTAN. J'imagine que la France le confirme aussi, cette présence de troupes ?

R - C'est une information qui n'est pas tout à fait une surprise, dans la mesure où on sait que la Corée du Nord...

Q - Pardon... Ma question était sur les conséquences que ça peut avoir. Est-ce qu'il faut une réponse de la communauté internationale ?

R - Les conséquences que cela peut avoir, elles émanent du fait que cette information, lorsqu'elle sera avérée et documentée, constituera une nouvelle étape escalatoire dans ce conflit. C'est aussi, d'une certaine manière, une exportation de ce conflit vers l'Asie.

Q - Mais est-ce qu'il faut répondre ?

R - Et c'est évidemment très grave. Maintenant, ce que cela souligne aussi, c'est la grande fragilité de la Russie de Vladimir Poutine, qui est obligé d'aller chercher de l'aide auprès de la Corée du Nord pour continuer son agression contre le peuple ukrainien.

Q - Donc on ne saura pas s'il faut répondre, ou pas, à la présence de troupes nord-coréennes ?

R - Mais nous répondons à l'agression de la Russie depuis deux ans et demi, sur le plan militaire, sur le plan financier, sur le plan humanitaire et sur le plan civil. Et nous allons continuer de le faire. Parce que ce qui se joue aujourd'hui sur la ligne de front, elle nous concerne tous. Elle concerne tous les Français. Elle concerne nos enfants. C'est l'intégrité territoriale de l'Ukraine, certes, mais c'est aussi la sécurité des Européens.

Q - Jean-Noël Barrot, vous restez avec nous. Ce 8h30 France Info se poursuit juste après le Fil Info de 8h47.

(...)

Q - Et ce matin, Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe des affaires étrangères, vice-président du MoDem. On l'entendait. On est à dix jours de l'élection américaine qui n'a jamais été et peut-être aussi cruciale. La dynamique est plutôt du côté de Trump. Vous allez nous dire "la France ne s'immisce pas dans un vote souverain", mais quand on entend les dernières déclarations de Donald Trump sur son adversaire, sur l'Europe, sur la justice américaine, sur Hitler qui aurait fait des bonnes choses même si, on l'entendait à l'instant, il faut peut-être être prudent. Mais néanmoins ça ne va pas être simple quand même si Donald Trump est élu.

R - Ça n'est jamais une bonne nouvelle lorsque la radicalité et l'outrance s'invitent dans le débat démocratique. Ceci étant dit, l'amitié entre la France et les Etats-Unis dure maintenant depuis deux siècles. Elle a survécu à 59 élections présidentielles américaines. Je suis confiant qu'elle puisse survivre à une soixantième.

Q - Amitié américaine-européenne peut être pas idyllique. Il compare l'Union européenne a une mini-Chine sur le plan commercial : "ils ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles, ils ne prennent rien", dit-il.

R - La France n'indexe pas ses positions sur la politique américaine, mais l'Europe non plus. Puisque depuis sept ans et sous l'impulsion de la France et du Président de la République, l'Europe a décidé de prendre son destin en main. C'est ce que nous avons fait tout dernièrement lorsque nous avons décidé, lorsque la Commission européenne a décidé d'infliger des droits de douane sur des véhicules électriques chinois. Pourquoi ? Parce que ces véhicules électriques étaient subventionnés par la Chine au détriment des industries françaises. Donc oui, l'Europe se réveille. Elle considère qu'elle doit être autonome. Elle considère qu'elle doit être souveraine. Peut-être que ça déplaît à M. Trump, mais il faudra qu'il s'y habitue.

Q - À tel point que certains disent, y compris dans votre camp, c'est le cas de l'eurodéputé Bernard Guetta, ce ne serait pas finalement une si mauvaise nouvelle que Donald Trump soit élu. Ça nous permettrait de resserrer les rangs sur des domaines cruciaux.

R - Comme je vous le disais, après deux siècles de relations entre la France et les Etats-Unis, on s'est adapté à des administrations démocrates, des administrations républicaines...

Q - Mais de là à dire que c'est une force pour l'Europe, c'est un autre pas...

R - Nous allons continuer à défendre notre vision du monde et la manière dont nous voulons que l'Europe se renforce.

Q - Jean-Noël Barrot, l'affaire et le cas Paul Watson, qui est toujours en prison, détenu au Groenland. Il a demandé hier à Emmanuel Macron la nationalité française. Est-ce que c'est une hypothèse à laquelle vous êtes favorable ?

R - Paul Watson défend une cause qui est juste et qui est noble. Et d'ailleurs je la partage. La France d'ailleurs la partage puisque, comme vous le savez, sur la protection des océans, nous sommes en première ligne. Nous avons protégé un tiers de notre espace maritime, ses 3,4 millions de kilomètres carrés. Paul Watson a été arrêté au mois de juillet au Groenland. Nous avons, depuis le début de sa captivité, si je puis dire, suivi la situation de jour en jour et nous avons adressé tous les messages en direction des autorités du Danemark et des autorités japonaises...

Q - Qui réclament son extradition.

R - Son extradition est entre les mains du gouvernement danois. Il a été question d'une demande d'asile.

Q - Qui n'est pas faisable.

R - Mais qui ne peut être octroyé en droit français que lorsque la personne formule sa demande sur le territoire national. Paul Watson a demandé à pouvoir être naturalisé. C'est une option que nous sommes en train d'examiner.

Q - Alors d'autant que ça peut se faire pour le coup à distance. Il n'est pas obligé d'être sur le sol français. Est-ce que, de votre point de vue, c'est une bonne chose ou ce n'est pas une bonne chose d'examiner... ?

R - Je ne veux pas préempter une décision qui ne dépend pas de mon ministère ou pas uniquement de mon ministère. Ceci étant dit, si cette possibilité était ouverte, j'y serais plutôt favorable.

(...)

Q - Merci beaucoup. Merci Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, d'avoir été l'invité de France Info ce matin.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 octobre 2024