Texte intégral
PATRICK ROGER
Il est 8 h 38. Mon invité politique, ce matin, c'est Olga GIVERNET qui est ministre déléguée en charge de l'Énergie. Bonjour Olga GIVERNET.
OLGA GIVERNET
Bonjour.
PATRICK ROGER
Vous étiez avant dans l'Ain, c'est ça ?
OLGA GIVERNET
Députée de l'Ain, voilà.
PATRICK ROGER
Députée de l'Ain. Donc vous venez du terrain, vous connaissez le terrain. Alors vous êtes en charge de l'un des points clé, aujourd'hui, l'énergie, parce que c'est le sujet de notre époque, l'énergie est au centre de tout. Je le disais tout à l'heure gaz, pétrole, électricité, énergies renouvelables et j'en passe. La guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine, ce que nous payons sur nos factures, tout revient à l'énergie, aujourd'hui. Alors parlons très concrètement, quelles seront nos prochaines factures, par exemple d'électricité ? Parce qu'on a du mal à voir les choses entre, d'un côté, on nous annonce que ça va baisser et puis de l'autre, potentiellement, en fait, une taxe, là, dans le cadre du budget 2025.
OLGA GIVERNET
Alors, la bonne nouvelle, c'est, vous parliez des crises tout à l'heure, on en est sorti et on a, aujourd'hui, un marché de l'énergie qui est beaucoup plus stable et donc qui donne plus de prévisibilité. Ce qui nous permet de pouvoir dire aux Français, à nos auditeurs, que nous pouvons baisser leur facture d'électricité. C'est ce que nous prévoyons, d'ici en février, de pouvoir baisser de 9 % la facture d'électricité. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que pour une facture de 300 euros par mois pour un foyer, il sera plutôt à 270 euros, soit moins trente euros sur la facture. Ça, c'est ce qu'on peut dire.
PATRICK ROGER
Pourquoi ça baisse en fait de ce côté-là ? Parce que vous dites qu'on sort de la crise. Oui, on en sort, mais ça ne peut être que provisoire aussi parce qu'il peut y avoir de nouvelles tensions.
OLGA GIVERNET
Il peut y avoir toujours des nouvelles tensions, mais ce qu'on sait, c'est que nous avons mis un gros coup de boost sur notre production d'électricité et notre production d'énergie décarbonée, c'est l'objectif. On sait aussi probablement que cet hiver, ce serait moins rude que ce qu'on pourrait le croire, donc, ce sont les prévisions. Évidemment, on n'est pas à l'abri qu'il puisse y avoir une avarie et qu'il puisse y avoir des tensions géopolitiques, on le sait, mais le travail que je mène aujourd'hui, c'est d'assurer une indépendance, une souveraineté énergétique qui permette aux Français d'être rassurés sur leur capacité à se chauffer, à circuler…
PATRICK ROGER
Grâce au nucléaire, surtout.
OLGA GIVERNET
… Avec le nucléaire d'un côté, puisqu'on le relance évidemment, mais aussi grâce aux énergies renouvelables. On a l'éolien qui se déploie en France, on a des énergies solaires, on a tout ce qui est chaleur, récupération de chaleur et production biomasse.
PATRICK ROGER
La biomasse, etc.
OLGA GIVERNET
Voilà, on ne met pas tous nos oeufs dans le même panier justement pour pouvoir avoir un mix énergétique le plus décarboné possible. On vise la neutralité carbone en 2050 et je crois que les Français sont très attentifs à ce que nous soyons avec une prise en compte écologique importante. Et c'est pour cela que nous avons un programme et une programmation qui va se dérouler sur les mois et les années à venir.
PATRICK ROGER
Olga GIVERNET, alors vous avez dit ça va baisser, mais j'ai cru comprendre que ça allait baisser simplement pour une partie des Français, 60% des Français, c'est vrai ou pas ?
OLGA GIVERNET
80 %
PATRICK ROGER
80 %, qui vont être concerné ?
OLGA GIVERNET
Ce sont ceux qui ont un contrat qui s'appelle TRVE, le tarif réglementé de vente d'électricité. C'est un contrat qui permet d'amortir les fluctuations du prix de l'énergie et donc par rapport à cette baisse du marché, vous savez, l'offre et la demande. Aujourd'hui, on a suffisamment d'offres sur le marché, ça permet de faire baisser les prix de l'électricité et donc il va y avoir cette baisse. Ceux qui sont au prix du marché, qui sont sur des contrats qui dépendent du marché, ils ont déjà vu la baisse. Alors, comme on est en train d'ajuster les taxes. On connaissait la situation de déficit de la France, comme on est en train d'ajuster les taxes, eux reverront une remontée.
PATRICK ROGER
Pourquoi justement, il va y avoir une nouvelle taxe sur l'électricité ?
OLGA GIVERNET
Ce n'est pas une nouvelle taxe, c'est une taxe qui a toujours existé, mais on l'a mis en place avec le bouclier tarifaire…
PATRICK ROGER
Elle va être relevée.
OLGA GIVERNET
… On l'a baissé, on l'a baissé très bas et donc là, on est en train de revenir à une situation d'avant crise. Dans le budget, sur la copie du gouvernement, ce qui a été proposé, c'est d'avoir une part fixe qui est moins que ce qu'il y avait avant crise et une part variable qui permettra d'ajuster et de tenir nos engagements des moins 9% comme je vous le dis.
PATRICK ROGER
Mais attention, parce que si on baisse d'un côté, mais que de l'autre côté, on augmente, finalement, on va se retrouver à zéro ?
OLGA GIVERNET
Et bien, non, c'est le moins 9%, c'est de trouver le juste équilibre entre le faire profiter aux Français cette baisse de prix de l'électricité globale et aussi de pouvoir faire prendre en compte les recettes possibles de l'Etat pour un réajustement.
PATRICK ROGER
Donc vous nous assurez ce matin qu'il y aura, quoi qu'il en soit, une baisse, donc malgré cette taxe qui va être relevée, il y aura quand même une baisse pour les Français.
OLGA GIVERNET
Dans la copie du gouvernement, mais je ne vous apprends pas qu'il y a le Parlement, on débat, aujourd'hui.
PATRICK ROGER
Qu'est-ce que vous redoutez au Parlement qui pourrait changer justement pour vous, pour vos projets, Olga GIVERNET ?
OLGA GIVERNET
Eh bien, écoutez, qu'il puisse y avoir des amendements de suppression de ce projet d'équilibre de prix, qui puisse avoir une copie qui soit différente. Maintenant, il faut laisser le débat parlementaire se faire, avoir un avis du Gouvernement. Mais dans l'état de ce que nous souhaitons au Gouvernement, c'est ce que nous pouvons annoncer aux Français.
PATRICK ROGER
Alors, il y a des associations de consommateurs aussi qui s'interrogent sur une réforme des prix de l'électricité dans les deux années à venir. Est-ce qu'ils ont raison de vous alerter et d'alerter les Français ? Qu'est-ce qu'ils veulent, qu'est-ce qui peut se passer et qu'est-ce qu'ils peuvent craindre ?
OLGA GIVERNET
Ils ont raison qu'il y ait un besoin d'avoir cette discussion puisque la réforme du marché, elle se fait au niveau européen. Et donc qu'est-ce qu'on va décider avec nos autres voisins, sachant que nous avons des politiques énergétiques différentes. Chez nous, nous voulons relancer le nucléaire. En Allemagne, ils ne veulent pas le nucléaire, ils ont encore du charbon, ils ont encore une énergie très carbonée, donc on peut être dépendants. L'objectif pour la France, c'est de bien prendre en compte cette production d'énergie décarbonée et qu'on puisse la faire à bas coût et qu'on l'introduise dans ces mécanismes de marché pour que nous n'ayons pas de surprise. Il faut aussi qu'il puisse y avoir du partage de la valeur…
PATRICK ROGER
Ce sera une bataille dangereuse ?
OLGA GIVERNET
… Un partage de la valeur et lorsqu'il y a une augmentation des coûts, on puisse retrancher sur les factures des Français.
PATRICK ROGER
Ce sera une bataille au niveau européen alors ?
OLGA GIVERNET
Tout à fait. C'est une bataille au niveau européen, moi, je suis avec Agnès PANNIER- RUNACHER, c'est ma ministre de tutelle qui connaît également bien ces sujets-là et nous sommes très présents à l'international pour pouvoir avoir ces discussions et faire valoir nos choix énergétiques qui sont décarbonés, fiables et à bas coût pour les Français.
PATRICK ROGER
Olga GIVERNET. Tiens, puisque vous avez évoqué Agnès PANNIER-RUNACHER, parlons-en justement parce qu'elle avait parlé d'une hausse des taxes sur le gaz. Finalement, elle a été contredite. Qu'en est-il alors pour le gaz justement aujourd'hui ? Est-ce que les achats de chaudières au gaz vont être taxés de 20% au lieu d'une TVA à taux réduite comme c'était le cas jusqu'à présent ?
OLGA GIVERNET
Oui, on arrête le taux réduit de TVA sur les chaudières au gaz, ça, c'est sûr. Mais qu'est-ce que nous voulons ? C'est envoyer les bons messages et les bons messages, c'est d'utiliser de l'énergie décarbonée. Le gaz, c'est une énergie carbonée et on ne peut pas annoncer qu'on ne fait plus d'effort budgétaire sur des énergies carbonées. Il faut envoyer les bons messages aux Français. L'électrification, c'est bon, la sobriété également. L'objectif, c'est que si on peut voir une baisse dans nos factures…
PATRICK ROGER
Mais il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, c'est ce que vous avez dit aussi tout à l'heure. Et donc il faut privilégier le gaz parce qu'il y a une dizaine d'années, on disait aux Français surtout attention à l'électrique, privilégiez le gaz de chez vous, les particuliers et puis également dans les immeubles collectifs, ils ont du mal parfois à s'y retrouver.
OLGA GIVERNET
Il y a une dizaine d'années, on avait une électricité qui était fabriquée à base de charbon. On est, aujourd'hui, sur la fermeture des dernières usines à charbon, d'ici à 2027, on a une électricité qui est produite de manière décarbonée et le gaz, il faut pouvoir trouver un juste équilibre. On a aussi la possibilité de transférer vers du biogaz, donc à partir de méthanisation fait par les agriculteurs. Donc on est vraiment dans une politique très élargie.
PATRICK ROGER
Les professionnels du secteur ne sont pas contents, ils disent le gaz, en fait, c'est fiable, ça marche, on sait le faire, contrairement, par exemple, aux pompes à chaleur qui arrivent progressivement, mais qui ne sont pas encore totalement fiables.
OLGA GIVERNET
Les pompes à chaleur, elles sont fiables, elles ont un coût.
PATRICK ROGER
Ça a un coût, évidemment.
OLGA GIVERNET
… On peut le faire aussi l'électrification des logements. On peut passer aussi avec d'autres, avec du chauffage au sol par exemple. Et donc il faut pouvoir élargir sa gamme. Il y a un autre point sur la décarbonation de notre énergie, c'est l'utilisation dans l'industrie et dans les transports lourds. Là, on est sur du fuel, on est sur du kérosène dans l'aviation, on est sur encore des, et c'est là où il faut mettre vraiment le paquet pour pouvoir changer, transitionner, trouver d'autres systèmes qui utilisent nos énergies décarbonées.
PATRICK ROGER
Est-ce que vous voulez qu'on consomme toujours autant d'énergie ou voir plus ou moins ? Olga GIVERNET.
OLGA GIVERNET
Alors on va consommer plus d'énergie, c'est ce qu'on prévoit puisqu'on veut réindustrialiser la France. On veut ramener les entreprises chez nous, on veut produire et fabriquer…
PATRICK ROGER
Donc, on a besoin de plus d'énergie et vous êtes favorable à cela ?
OLGA GIVERNET
.. Et il faut prendre en compte qu'il va y avoir besoin de plus d'énergie. Donc, c'est pour ça qu'il faut faire attention à utiliser la bonne énergie, l'énergie qui est la moins polluante, qui est basse carbone, qui est décarbonée. Et il faut aussi faire en sorte qu'on ait une production qui aille en même temps en augmentation en fonction des besoins.
PATRICK ROGER
Oui, parce que, Olga GIVERNET, c'est pour ça qu'il y a des spécialistes qui disent : " Attention, ne taxez pas trop, en fait, l'ensemble de l'énergie, parce que quand l'énergie devient trop chère, tout tourne au ralenti dans notre société et ça ne fonctionne plus. Et depuis la crise énergétique de 2022, la consommation d'énergie en France s'est effondrée, elle s'est effondrée et ça provoque beaucoup de problèmes et il y a beaucoup d'inquiétudes. Il y a énormément de petites et moyennes entreprises qui ferment, aujourd'hui, justement.
OLGA GIVERNET
Il y a un besoin de faire attention sur la consommation d'énergie. Avant, on ne faisait pas attention parce qu'elle était disponible, elle était très à faible coût et aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Il faut faire attention à nos ressources, on est dans un monde fini, il faut faire attention à nos ressources. C'est pour cela aussi, on met en place des contrats avec les entreprises. Ce qu'on a demandé avec EDF, c'est un accord qu'on a vu avec lui, avec eux depuis une année qu'il puisse y avoir une négociation sur de la visibilité à cinq ans, à dix ans et d'avoir des contrats sur un prix maîtrisé. Vous savez, on est sur une offre de marché et donc elle peut fluctuer. Et donc c'est de mettre des mécanismes qui protègent nos entreprises et qui leur permettent d'accéder de manière pérenne à une énergie carbonée et fiable.
PATRICK ROGER
Olga GIVERNET, je voudrais faire une petite parenthèse, parce que vous avez parlé tout à l'heure des centrales, notamment sur la centrale de Cordemais qui est en Loire-Atlantique. Il y a des députés qui ont demandé à Emmanuel MACRON de revenir sur la décision de fermeture sèche parce qu'il y aurait des conséquences aussi. Quelle est votre position, vous ?
OLGA GIVERNET
Alors il faut sortir du charbon, le charbon, c'est ce qui envoie du carbone et des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et on est capable, aujourd'hui, on a les talents, les compétences pour pouvoir faire de l'énergie qui est propre et on en est très fiers. Et la France a donné, aussi, l'exemple dessus.
PATRICK ROGER
Donc, il faut fermer quoi qu'il en soit ?
OLGA GIVERNET
… Donc il faut aller vers une fermeture progressive. 2027, moi, je ne veux plus qu'il y ait de charbon dans les centrales à charbon. En revanche, on doit pouvoir transitionner vers d'autres moyens de production. Il faut emmener les employés qui ont ces compétences sur la connaissance de l'énergie à pouvoir travailler sur d'autres moyens de production. Et c'est qui est important. Donc, je crois qu'il faut accompagner ces territoires, être très à l'écoute, comprendre avec l'opérateur, celui qui emploie ces personnels, comment est-ce qu'on peut proposer soit des solutions alternatives, soit justement rediriger vers d'autres besoins de l'industrie ? On va en avoir besoin, notamment sur le nucléaire.
PATRICK ROGER
Alors justement, pour les solutions alternatives sur l'éolien, ça en fait partie des énergies renouvelables. Lors de son discours de politique générale, je me souviens, il y a quelques jours, Michel BARNIER, le Premier ministre, avait critiqué les éoliennes, expliquant notamment qu'il valait mieux en mesurer tous les impacts, bien sûr. Vous connaissez évidemment ce sujet puisque vous êtes une élue, je le disais de l'Ain et que, quand on va dans la région, on voit qu'il y a beaucoup d'éoliennes. Quelle est votre position ?
OLGA GIVERNET
Michel BARNIER a relayé, d'ailleurs, une politique que moi, je mène, une production d'énergie. Sur ses deux jambes, le nucléaire, les énergies renouvelables. Et effectivement, il a dit, en mesurant tous les impacts, mais je ne crois pas que ce soit une critique, je crois que c'est une vraie prise en compte, une vraie prise en compte de ce que je dis.
PATRICK ROGER
Non mais parce qu'il y avait peut-être une politique à marches forcées sans… Il y a des études d'impact qui sont normales.
OLGA GIVERNET
Il y a des études, il y a des impacts et il faut surtout entendre les locaux, les riverains, les élus avec qui je travaille. J'ai été moi-même élu local et la prise en compte de, lorsqu'on installe une éolienne, effectivement, ça, a un impact paysager, ça a un impact pour les riverains. Et moi, j'ai été voir d'ailleurs à Val de Saône des projets qui se sont implantés…
PATRICK ROGER
C'est où Val de Saône ?
OLGA GIVERNET
Alors, c'est dans le Rhône et il y en a d'autres. J'ai entendu dans le Maine-et-Loire qu'il y a un Conseil municipal qui a fait une délibération et qui souhaitait aller de l'avant sur l'éolienne, c'est un travail qui doit être mené en concertation avec les riverains, avec l'opérateur. Il y a aussi des avantages, il peut y avoir des budgets participatifs, c'est de l'énergie qui est moins chère. Pour les riverains potentiellement et donc, je crois qu'il faut avoir cette conscience écologique d'abord, d'amener une capacité d'être indépendant avec notre production d'énergie et l'éolienne le fait et d'ailleurs, j'ai pu annoncer également une programmation sur l'éolien en mer ou identifiée sur toutes les façades maritimes, les lieux où on pouvait avoir une implantation d'éolien en mer. Il faut, il faut avoir en tête que c'est quand même un des coûts les mois importants de fabrication.
PATRICK ROGER
Oui, Olga GIVERNET, je vois que vous avez un chemisier ce matin. Vous êtes ministre de l'Industrie, je me souviens d'un ministre qui avait dit : " À partir du moment où on bascule dans l'hiver, il faut mettre des cols roulés ". Est-ce que… Vous avez lancé une campagne sur la sobriété, en fait, cette semaine, ça passe par quoi vous, votre message et puis la campagne ?
OLGA GIVERNET
Alors, c'est une campagne, c'est la troisième campagne de sobriété, c'est de rappeler les bons gestes, les gestes qui comptent pour pouvoir baisser, éteindre et faire attention à notre consommation d'énergie. Il faut savoir qu'on a baissé de moins 12 % par rapport à 2018-2019 cette année-là et l'année dernière également, donc ça veut dire que la sobriété s'est inscrite…
PATRICK ROGER
Parce que j'éteins, j'éteins, je me souviens plus du slogan. C'est quoi le slogan d'ailleurs, vous avez un slogan ?
OLGA GIVERNET
C'est inscrit, exactement, on a plusieurs… Oui, c'est : " J'éteins, je décale, je baisse, je baisse ".
PATRICK ROGER
Ah, je baisse, ce n'est pas facile à retenir, vous voyez, vous-même, vous avez du mal à retenir.
OLGA GIVERNET
Si, si, si, et vous verrez les petits spots publicitaires, ils sont très très drôles, parce qu'on leur dit : " Oui, c'est bon, je sais ", alors on a le slogan en tête ou on ne l'a pas, mais on connaît les gestes et ça, ce n'est pas le problème.
PATRICK ROGER
Et l'objectif, c'est quoi, Olga GIVERNET ?
OLGA GIVERNET
L'objectif, c'est de…
PATRICK ROGER
Est-ce que vous chiffrez en fait ?
OLGA GIVERNET
L'objectif, c'est de consommer la bonne énergie, c'est de pouvoir maintenir ces moins 12% par rapport à 2019, c'est de pouvoir baisser de 30% notre consommation d'ici 2030, pour pouvoir appréhender nos besoins futurs, notamment au niveau industriel. Donc, l'objectif, c'est de ne pas gaspiller, c'est d'utiliser la bonne énergie, l'énergie qui est décarbonée et l'énergie qui est abordable pour les Français.
PATRICK ROGER
Oui, il y a un autre sujet qui concerne aussi l'énergie, c'est le Gouvernement qui s'attaque aux voitures d'entreprise. Il y avait un verdissement, en fait, des flottes, il va y avoir des sanctions pour les entreprises. Précisez en fait les choses, quelle est votre position ?
OLGA GIVERNET
Alors, dans la loi, les entreprises qui ont des flottes de voitures, plus de cent voitures, ont une obligation au moment du renouvellement de l'achat de leur parc de voitures, de pouvoir intégrer une partie de véhicules propres, donc des véhicules électriques, mais aussi des véhicules hybrides potentiellement et on se rend compte que sur cette trajectoire, ils ne sont pas au rendez-vous. Les Français le sont, les particuliers, eux, ont un achat de 20% de véhicules électriques et on est plutôt autour de 10% pour les professionnels. Il faut savoir quand même que ces flottes professionnelles, c'est de l'achat neuf pour moitié des achats neufs en France et c'est les véhicules d'occasion de demain, pour que les Français puissent avoir accès à des voitures qui soient moins chères et ils ne sont pas là, ils ne sont pas au rendez-vous. Donc, effectivement, moi, j'ai dit que j'étais prête à durcir le ton. Il y a une mission d'information au Parlement qui est en train de se monter pour essayer de comprendre quels ont été les freins, mais on a eu le salon de l'automobile, il n'y a pas très longtemps, nous avons discuté avec les constructeurs, ils sont au rendez-vous de la demande de produire des véhicules, des véhicules qui soient moins chers également, pour pouvoir atteindre notre objectif de l'arrêt de vente de véhicules thermiques en 2035. Arrêt de vente, je dis bien, on pourra encore avoir des véhicules thermiques, mais il n'y en aura plus des neufs sur le marché. Et pour réussir cela, il faut pouvoir massifier et s'approprier le véhicule électrique.
PATRICK ROGER
Mais les professionnels, les loueurs reliés par MOBILIANS notamment, disent : " Attention, vous allez entraîner un ralentissement finalement, ça va être contre-productif, il n'y aura pas d'achat, il va y avoir un manque à gagner également pour les finances publiques ". Qu'est-ce que vous leur répondez ?
OLGA GIVERNET
L'industrie a besoin d'être tirée. Si on veut électrifier, il faut aussi qu'il y ait de la demande, ce n'est pas le coup de produire de l'électricité, de produire des énergies qui nous vont bien s'il n'y a personne qui les utilise derrière, ça ne marche pas. Donc, il faut que par rapport à ces différents secteurs, l'industrie et le transport puissent utiliser ces énergies à bas coût : l'électricité, la chaleur renouvelable également, et les gaz et les biogazs, il faut pouvoir l'identifier, mais si on n'a pas des industriels qui sont volontaires également, c'est un équilibre au sein de notre économie.
PATRICK ROGER
Ils ont des charges aussi quand même, en fait.
OLGA GIVERNET
Oui, mais alors, il faut quand même savoir qu'une voiture électrique, qui est un peu plus chère à l'achat mais de moins en moins, on commence à baisser les prix, c'est quatre à six fois moins le prix au niveau du plein, quand on est sur le secteur à la maison, quand on est avec un contrat d'électricité normal. Ensuite, il y a un vrai intérêt, on ne pollue plus, et on a en plus un confort. Enfin, moi, je n'ai entendu personne qui est passé à l'électrique et qui est revenu au thermique, ce n'est pas vrai. On a des autonomies aujourd'hui qui nous permettent de faire les activités qu'on veut.
PATRICK ROGER
Et puis un plan borne.
OLGA GIVERNET
Et donc la question des frais, elles sont levées. On me dit qu'il n'y a pas assez de bornes, si, on commence à avoir un voyage qui est le meilleur en Europe. Par contre, ce qu'il y a effectivement à faire comme action, c'est de pouvoir électrifier chez soi, quand on a une maison, c'est facile, quand on est dans un appartement en collectif, c'est un peu plus difficile. Et là, moi, je souhaite qu'il y ait vraiment un point d'appui sur l'électrification pour se brancher sa voiture dans le parking de son immeuble.
PATRICK ROGER
Oui, voilà sur l'électrification. Bon, il y a quand même un problème de coût. Vous l'avez vu au Mondial de l'Automobile, même si ça baisse un petit peu, ça coûte quand même très cher, quoi. L'électricité intervient beaucoup d'ailleurs dans la fabrication des voitures aussi. Sur le coup, on le disait, mais le cas des MEOS, je pense, avait poussé un petit coup de gueule. Elles sont chères, les voitures. Est-ce que vous allez essayer de nouveau de soutenir ? Parce qu'il y avait eu le leasing social qui avait été lancé.
OLGA GIVERNET
Et il y aura le leasing social. On veut le relancer dès 2025 pour pouvoir aider les ménages les plus modestes à pouvoir acquérir, via une location longue durée, donc, c'est-à-dire autour de cent euros par mois, un véhicule électrique neuf qui leur permettra de faire leur déplacement du quotidien.
PATRICK ROGER
Oui, et ça, vous allez relancer au début ? Alors les gens qui nous écoutent sont en train de se dire : " J'attends le début de l'année pour acheter une voiture éventuellement. "
OLGA GIVERNET
Alors, le leasing social sera très défini pour les classes plutôt modestes et tout le monde n'est pas forcément dans cette classe-là, mais la question qui va se poser, c'est nous, avec le budget qui nous est attribué et qui est beaucoup plus bas que ce qui est donné, comment est-ce qu'on va répartir cela ? On est encore en train de paramétrer tout cela pour que ceux qui en ont besoin puissent y accéder.
PATRICK ROGER
Oui. Olga GIVERNET en charge de l'industrie, un dernier mot sur le…
OLGA GIVERNET
Non, de l'énergie.
PATRICK ROGER
De l'énergie, qu'est-ce que j'ai dit ? De l'Industrie ? Non, mais puisqu'on parlait d'industrialisation, en fait, à l'instant, bon, vous voyez, un lapsus. Quid justement du chèque énergie en 2025 ? Qu'est-ce qu'il va se passer ? Il y a une réforme qui est en cours ?
OLGA GIVERNET
Oui, il y a une réforme qui est en cours. On laisse se dérouler les débats. Le chèque énergie permet d'accéder à une énergie moins chère pour ceux qui ne peuvent pas. On le sait, on a des retours. On a des appels de gens qui sont en difficulté pour payer leurs factures. Donc oui, il y aura une démarche à faire lorsqu'on se rend compte qu'on ne peut pas payer notre énergie, effectivement, de pouvoir accéder à cette aide.
PATRICK ROGER
Oui, mais ce n'est pas automatique, il faut faire la démarche ?
OLGA GIVERNET
Ce n'est plus automatique. C'est plus automatique. On n'est plus en période de crise, on n'est plus en période d'envolée des prix de l'énergie, donc, il y a une prise en compte des…
PATRICK ROGER
Mais il va y avoir une information auprès des gens potentiellement concernés ?
OLGA GIVERNET
Il faut que les dispositifs, localement, soient pris en charge et qu'on puisse avoir cette information au niveau des communes lorsqu'elles sont confrontées à des foyers qui sont en difficulté.
PATRICK ROGER
Merci, Olga GIVERNET, ministre délégué en charge de l'Énergie.
OLGA GIVERNET
Merci.
PATRICK ROGER
Je l'ai bien dit, évidemment, était l'invité de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 octobre 2024