Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques, à France Inter le 5 novembre 2024, sur les inondations, le dérèglement climatique, le budget consacré à son ministère et les voitures électriques.

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Média : France Inter

Texte intégral

NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME, nous recevons ce matin, dans " Le Grand entretien ", la ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques. Vos questions et réactions au 01 45 24 70 00 et sur l'application de Radio France. Agnès PANNIER-RUNACHER, bonjour.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Nicolas DEMORAND.

LEA SALAME
Bonjour.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Léa SALAME.

NICOLAS DEMORAND
Et bienvenue à ce micro. Pas mal de mauvaises nouvelles pour la biodiversité et le climat, en ce moment, avec la COP16 qui s'est achevée sur un bilan très mitigé. Samedi dernier, une COP29 qui commence lundi prochain et s'annonce compliquée comme toutes les COP, sans parler du drame espagnol. Et on va commencer par ça. Plus de 200 morts ; bilan loin d'être définitif dans de gigantesques inondations dans la région de Valence. On a vu des scènes de colère inédites par leur violence contre le roi d'Espagne, sa femme, le Premier ministre espagnol, le Gouverneur de la région, hués et jets de boue. Comprenez-vous ces sinistrés, Agnès PANNIER-RUNACHER ? Comprenez-vous cette colère contre les pouvoirs publics et ceux qui les incarnent ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez, moi, je suis élue dans le Pas-de-Calais et j'y habite. J'ai vécu au plus près la répétition d'inondations toute l'année dernière. Ça avait commencé courant du mois d'octobre et à quatre, parfois cinq reprises, les habitants de mon département ont été inondés. Beaucoup, en tout cas, certains ont perdu leur maison. La maison, c'est là où vous mettez vos économies. C'est aussi tous les souvenirs d'une vie. Certains habitent désormais dans des endroits dont ils savent qu'ils pourraient faire l'objet d'inondations à répétition. Pas tous les 20 ans, mais peut-être tous les cinq ans. Et donc c'est un traumatisme, c'est une souffrance très forte auxquelles sont confrontés, aujourd'hui, les habitants et les habitants. Et ils le sont confrontés dans des pays tempérés, dans des pays où la question des catastrophes naturelles était quelque chose de très extraordinaire. Et c'est effectivement la prise de conscience que le dérèglement climatique n'est pas une chose abstraite. Ça nous concerne tous et toutes. Toutes les dernières semaines… Moi, ça fait quatre semaines maintenant… cinq semaines que je suis dans ce nouveau Gouvernement. J'ai déjà fait trois déplacements sur les inondations. J'ai dû activer deux fois des cellules de crise dans des circonstances majeures. J'étais dans le Rhône et dans l'Ardèche où sont tombées une année de précipitations ; une année de précipitations en 24 à 48 heures.

LEA SALAME
Justement, quand vous faites ce tableau-là, vous connaissez, Agnès PANNIER-RUNACHER, la défiance contemporaine à l'égard des politiques. Est-ce que vous croyez qu'un jour, un jour prochain, on leur reprochera, on vous reprochera durement l'inaction climatique ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je crois surtout qu'il faut agir c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut aussi dire tout ce qui a été fait et tout ce que nous devons encore faire. Je donne juste un chiffre parce qu'on a tendance à l'oublier. La Commission européenne annonçait le bilan de ces dernières années d'action climatique. Nous avons baissé nos émissions de gaz à effet de serre collectivement de 37%. Ce n'est pas l'épaisseur du trait ; 37% par rapport à 1990. L'année dernière, la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 5,8%. Nous sommes sur la trajectoire.

LEA SALAME
C'est vrai mais vous savez que l'hiver a été particulièrement doux et que ce cela, ça explique aussi le bon chiffre que vous avez annoncé. C'est-à-dire que là, si l'hiver est rude, est-ce que vous tiendrez vos engagements ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais l'enjeu, c'est de les tenir. C'est-à-dire qu'en fait, ces dix dernières années, nous avons tenu nos engagements. Ça, c'est factuel. L'objectif que nous nous étions donnés de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030, c'était 40%. On est déjà à 30%. Et c'est pour ça qu'on le réhausse.

LEA SALAME
Jean-Luc MELENCHON a estimé, la semaine dernière que- je le cite - les inondations en Espagne préfigurent ce que va produire la perturbation totale du cycle de l'eau sous l'effet du changement climatique sur la Méditerranée, mais aussi toutes les aberrations de la gestion des territoires et de notre civilisation. En France, on continue de ne rien prévoir, rien organisé à l'avance. Le Macronisme est un système à courte vue sur tous ces sujets-là. Qu'est-ce que vous lui répondez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je lui réponds que nous venons d'annoncer, il y a deux semaines, le plan national d'adaptation au changement climatique, que c'est le Premier ministre qui le porte personnellement, que c'est un plan qui est interministériel. On le présentera en Conseil des ministres demain et plusieurs ministres interviendront parce que ce n'est pas qu'un sujet de la ministre de la Transition écologique, c'est un sujet de la ministre du Travail. Comment on s'organise par rapport à des canicules ? C'est un sujet de la ministre de l'Education nationale. Comment on organise les examens pendant des périodes de canicule ? C'est un sujet de la ministre des Collectivités locales. Comment elle accompagne les collectivités locales dans l'adaptation des villes, mais également de la ruralité à des vagues de chaleur, à des inondations ? Comment on rehausse notre capacité à affronter le risque ? Comment on change notre façon d'aménager la ville et d'aménager la campagne ?

NICOLAS DEMORAND
Le plan est actuellement en phase de consultation. C'est une concertation voulue par Michel BARNIER. Les écologistes vous reprochent d'avoir baissé les bras dans la lutte contre le changement climatique et d'avoir renoncé à tout faire pour éviter les fameux 4% et les températures brûlantes et de ne penser qu'à s'adapter à ce nouveau monde-là. Là encore, quelle est votre réponse ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nicolas DEMORAND, c'est exactement le contraire qu'on fait. C'est-à-dire que dans le même temps où je travaille à adapter la France au dérèglement climatique, qui est une réalité que nous vivons aujourd'hui, et c'est pour ça qu'il est important, par exemple, d'équiper les Français contre des inondations, je continue à travailler. Et nous annoncions hier, avec Olga GIVERNET, qui est la ministre déléguée à l'Energie, et François DUROVRAY, qui est le ministre délégué aux Transports, notre stratégie nationale bas carbone, précisément pour aller encore plus loin dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre.

LEA SALAME
On va en parler.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc vous voyez que nous avons deux piliers dans cette politique. Et moi, je regrette que les écologistes soient dans la polémique, parce qu'aujourd'hui, on agit sur le terrain, on agit dans les collectivités locales, et on agit au plan national. Ils devraient plutôt nous aider, de manière très concrète, à faire en sorte que tous les investissements qui sont aujourd'hui portés par les collectivités locales, soient bien adaptés, effectivement, au dérèglement climatique. Qu'on ne construise pas une école qui n'ait pas intégré, je dirais, le fait qu'elle aura à vivre des canicules.

LEA SALAME
Vous parlez des polémiques des écologistes, Agnès PANNIER-RUNACHER. Mais quand on lit L'Opinion ce matin, qui n'est pas un journal écologiste aux dernières nouvelles ; regardez la Une : " Pacte vert européen, la France appuie sur le frein. Les récentes déclarations du Gouvernement BARNIER laissent présager un recul des ambitions environnementales européennes, alors que Paris était moteur, jusque-là, au sein de l'Union Européenne. " Il parle, L'Opinion, journal libéral, parle d'un recul des ambitions environnementales.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon, sur quoi se fonde L'Opinion ?

LEA SALAME
Probablement sur les déclarations que... Je vais vous dire, c'est sur des chiffres, probablement. Le contexte budgétaire est ce qu'il est, et il est très tendu, c'est vrai. Mais tout de même, le budget 2025, quand on le regarde, il est nettement moins ambitieux pour l'environnement que celui de 2024. Il y a près de 2 milliards d'euros de moins sur les investissements verts, 1 milliard en moins sur la rénovation énergétique des logements, 400 millions en moins sur les aides aux collectivités locales, 500 millions en moins sur le verdissement du parc automobile, la PrimeRénov' est moins forte que prévu. Il y a des chiffres qui sont à la baisse. Alors vous allez me dire qu'on est dans un contexte budgétaire compliqué, mais vous allez…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais vous dire deux choses, Léa SALAME. D'abord, tout le monde, tous les ministres, contribuent effectivement dans une situation où la question qui nous est posée c'est : est-ce qu'on préfère laisser dériver la dette et devoir payer plus d'intérêt à nos financeurs parce qu'ils considéreront qu'ils ont moins confiance dans notre capacité à rembourser notre dette et du coup, ils nous feront payer des taux d'intérêt plus élevés ? Donc est-ce que cet argent va aller à nos financeurs ou est-ce qu'on est suffisamment responsable pour faire en sorte de garder cet argent pour financer des politiques publiques ? C'est ça dont il est question. Ensuite, je vais quand même remettre en perspective les chiffres. Si vous prenez MaPrimeRénov', le budget dépensé en 2024 devrait s'établir aux environs de 1,7-1,8 milliards. Ce qu'il y a aujourd'hui dans le budget, c'est 2,3 milliards. La réalité c'est que c'est une augmentation par rapport au consommé de 2024.

LEA SALAME
Elle devait être plus dans les prévisions initiales.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais oui, mais parce que nous avions fait un budget 2024 qui était effectivement très ambitieux sur le volet écologique que, malheureusement, les rentrées fiscales ne nous ont pas permis de faire cela et qu'en réalité, on est dans la continuité de 2023. C'est ça la réalité. Alors, moi, comme ministre de la Transition écologique, évidemment je préférerais avoir plus de moyens.

LEA SALAME
C'est ce que j'allais vous dire. Est-ce que c'est vrai que vous avez menacé de démissionner, Agnès PANNIER-RUNACHER ? Pardon parce que c'est… Est-ce que c'est vrai qu'il y a quelques jours, vous avez menacé de démissionner craignant de voir votre budget ratiboiser ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je me suis permise d'alerter sur le fait… Mais ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Premier ministre, qui dit que la dette financière et la dette écologique doivent être mises au même niveau. Et j'observe que le Premier ministre a complété l'enveloppe sur notamment la lutte… enfin, l'adaptation au changement climatique, le fonds BARNIER. Il a fait remettre 75 millions d'euros. Et on le voit, c'était nécessaire. Les inondations à multiplication, le fait de devoir réparer tous ces dégâts appellent effectivement des financements complémentaires. Et nous l'avons pris en compte. Mais l'enjeu que j'ai maintenant, c'est aussi d'aller chercher l'argent là où il est, c'est-à-dire à l'Europe. On n'a pas suffisamment, aujourd'hui, d'argent européen. On n'est pas suffisamment agressif dans les montages que l'on fait pour bénéficier du soutien européen. Il faut aller le chercher aussi auprès des entreprises. Les entreprises sont prêtes à investir dans la transition écologique. En revanche, elles demandent d'avoir un cadre qui soit stable pour pouvoir investir dans un environnement stabilisé. Donc là aussi, c'est ce que nous allons faire.

NICOLAS DEMORAND
Agnès PANNIER-RUNACHER, vous êtes là ce matin aussi pour nous parler de la feuille de route pluriannuelle climat-énergie qui doit dire secteur par secteur - formulons les choses simplement - où faire des économies d'énergie, des efforts de sobriété d'ici à 2050. La feuille de route est très attendue par les acteurs économiques. Dans le détail, vous renforcez l'objectif de baisse des émissions brutes de gaz à effet de serre de 40 à 50% entre 90 et 2030. Et sur l'énergie, la part des énergies fossiles dans la consommation doit passer de 60% en 2022 à 42% en 2030 et 30% en 2035. Voilà les objectifs, voilà la trajectoire. La France peut-elle les tenir ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien sûr, et c'est tout l'objectif.

NICOLAS DEMORAND
C'est un horizon.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un horizon. Ce sont des objectifs qui sont ambitieux. Mais aujourd'hui, la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre, la tendance baissière de nos émissions à gaz à effet de serre permet de tenir ces trajectoires. Alors, chaque année qui passe est plus difficile puisqu'on commence par le plus facile, évidemment. Mais je le disais un instant, au niveau européen, nous avons baissé nos émissions de gaz à effet de serre de 37% par rapport à 1990. La performance de la France ces 12 derniers mois, c'est 4,8% de baisse des émissions de gaz à effet de serre, ces 12 derniers mois glissants. C'est-à-dire ce qu'il faut précisément pour arriver à des objectifs en 2030. Et lorsqu'on regarde sur le chapitre de l'énergie, on a à la fois été capable de baisser notre consommation d'énergie, je pense notamment à l'électricité. On a été capable de produire plus d'énergie nucléaire. On est quasiment au trait de ce qu'on ambitionne de faire pour 2030. Et on a été capable d'accélérer massivement la production d'énergie renouvelable. Donc, il faut continuer. C'est cet effort que nous prenons et nous assumons de continuer à être très ambitieux pour la planète et pour les Français.

LEA SALAME
Très ambitieux dites-vous. Sur l'automobile, l'Union Européenne a de grosses ambitions aussi pour promouvoir les voitures électriques, quitte à mettre à l'amende, dès l'an prochain, les constructeurs qui n'en vendent pas assez. Votre collègue de l'Economie a annoncé, ce dimanche, dans Les Echos qu'il souhaitait que les amendes ne commencent pas l'an prochain. Il a votre soutien plein et entier ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il a totalement mon soutien pour une raison très simple. C'est que nos producteurs ont fait l'effort de se lancer dans la production de voitures électriques. C'est qu'ils ont multiplié les nouveaux modèles de voitures électriques. Et si effectivement les aides au niveau européen - je pense notamment aux aides en Allemagne - ont fait qu'il y a eu moins d'achats de voitures électriques françaises en Allemagne par exemple, et que nous-mêmes, nous sommes dans un moment où, effectivement, nous allons un peu réduire les budgets d'accompagnement d'achat français et d'achats de voitures électriques. Ce n'est pas la responsabilité de RENAULT ou de STELLANTIS.

LEA SALAME
Dans ce plan, vous avez un objectif, c'est que les constructeurs vendent 2 tiers de voitures électriques en 2030. Aujourd'hui, on est à 17% cette année. 17% des voitures vendues sont électriques. 2030 c'est demain, c'est dans 6 ans. Vous voulez arriver à un objectif, à une ambition qui est grande, et en même temps, quand il s'agit de sanctionner comme c'était prévu, c'est-à-dire dès 2025, les constructeurs qui ne vendent pas assez d'électriques, vous dites « non, là, ce n'est pas le moment de les sanctionner. » J'entends économiquement…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais parce qu'ils ont fait.

LEA SALAME
Mais à ce moment-là, comment on obtient ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas économiquement, c'est une question de principe. À partir du moment où les constructeurs ont investi massivement dans l'électrique, où ils ont sorti des modèles électriques, ils ne peuvent pas avoir la double peine de, un, ne pas avoir suffisamment de ventes de voitures électriques, parce qu'à un moment, les acheteurs n'ont pas complètement les moyens ou préfèrent d'autres modèles que ceux qui sont produits par des marques françaises. Et en plus, on leur demanderait de reverser de l'argent à des constructeurs qui, aujourd'hui, font le plein en termes de ventes, et qui sont souvent des constructeurs qui produisent à l'autre bout du monde.

LEA SALAME
Donc vous allez les défendre devant l'Union Européenne, qui ne veut pas ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc je vais les défendre bec et ongle, parce qu'ils ont fait l'effort de passer à l'électrique, parce qu'ils ont pris le risque de produire des voitures, y compris en France. Moi, je rappelle que RENAULT produit la R5 en France ; ce qui est une prise de risque importante.

NICOLAS DEMORAND
Alors, il y a énormément d'auditeurs qui souhaitent dialoguer avec vous ce matin. On va donner la parole à Jean-François qui nous appelle de Toulouse. Bonjour, bienvenue.

JEAN-FRANÇOIS, AUDITEUR
Bonjour. Je m'excuse par avance parce que, madame la ministre, a déjà partiellement répondu à ma question de savoir que vu l'état de nos finances, la faiblesse de notre… enfin la grande puissance de notre endettement, il faut se retourner vers l'Europe. Et effectivement, c'est vers l'Europe que l'on peut éventuellement financer cette transition écologique. C'est ce que préconise Mario DRAGHI dans son rapport qu'il a remis à la présidente de la Commission Européenne, en disant qu'il fallait prévoir justement un grand plan d'investissement au niveau de la transition écologique. Et aussi, un élément très important, mettre en accord la politique énergétique au niveau européen.

NICOLAS DEMORAND
Merci Jean-François pour cette double question. Réponse rapide, Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je vous confirme qu'effectivement, nous Français, nous soutenons très fortement les préconisations du rapport DRAGHI, de même que nous souhaitons que la politique énergétique continue à être très ambitieuse au niveau européen. Et surtout, qu'elle intègre une dimension de neutralité technologique, c'est-à-dire qu'elle traite les soutiens aux énergies renouvelables au même niveau que les soutiens au nucléaire et je crois que ce sera des questions qui seront posées aujourd'hui aux commissaires qui sont auditionnés par le Parlement européen.

NICOLAS DEMORAND
Patrick nous appelle du Pas-de-Calais. Bonjour, bienvenu.

PATRICK, AUDITEUR DU PAS-DE-CALAIS
Bonjour - Patrick - Bonjour Madame la Ministre, bonjour Monsieur DEMORAND, bonjour Madame SALAME.

LEA SALAME
Bonjour.

PATRICK
J'habite Wizernes (phon), un village en amont des villes d'Arc et de Blendecques, trois kilomètres au bord de l'Aa. Le village a été inondé l'hiver dernier, deux fois. Et je ne comprends pas que le maire ait signé des permis de construire sur des terrains inondables, puisque ces terrains ressemblaient à des piscines, et que le maire a signé des permis de construire sur ces terrains.

NICOLAS DEMORAND
Merci Patrick pour cette question. Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, vous savez que le dérèglement climatique va rendre certains endroits effectivement inconstructibles. Mais il faut avoir en tête que ce qui est tombé sur le Pas-de-Calais, en eau, en précipitation, ça correspond à 1,5 fois la référence de crue centennale, c'est-à-dire qu'on a explosé tous les référentiels historiques de précipitation. Donc, c'est un des enjeux de l'adaptation au changement climatique, c'est-à-dire comment on rehausse le niveau de risque pour aménager autrement notre pays, et effectivement ne pas construire dans des zones qui sont en train de devenir régulièrement inondables.

LEA SALAME
Vous n'imaginez pas le nombre de questions qu'on a sur l'appli d'Inter. On a rarement eu autant de questions, comme quoi les auditeurs ont vraiment beaucoup de questions à vous poser, donc je vais vous les poser. C'est très précis. Si vous pouvez faire des réponses…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Très courtes.

LEA SALAME
Très courtes, merci. Laurent : " Comment prétend-on lutter contre le dérèglement climatique et promouvoir les JO d'hiver 2030 en France, qui sont une aberration écologique ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je rappelle que les JO de 2024 ont été les JO de l'histoire, qui sont les moins carbonées de l'histoire. On va prochainement en faire…

LEA SALAME
Ce n'est pas une aberration écologique, les JO d'hiver ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
En fait, ça dépend comment on travaille. C'est comme toujours. Est-ce que, de manière intégrée, on baisse les émissions sur ces JO ? C'est un objectif et effectivement, c'est une de nos priorités.

LEA SALAME
Brigitte et Véronique vous posent la même question. Pourquoi maintenir les investissements sur des projets autoroutiers tels que l'A69 qui détruisent la biodiversité ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais là aussi, sachons ce que contient notre droit de l'environnement, nous avons un des droits de l'environnement les plus contraignants qui exige systématiquement, projet par projet, d'éviter, de réduire et de compenser toute atteinte à la biodiversité. Je crois que très peu de pays ont ce même niveau d'exigence. Au niveau européen, c'est une exigence partagée, mais ailleurs dans le monde, on n'a pas ce niveau d'exigence.

NICOLAS DEMORAND
Dominique : " Bonjour France Inter, bonjour Madame la Ministre. Quelles mesures de prévention face aux déluges, avez-vous mise en place pour nettoyer les ruisseaux, les rivières, les fleuves ? Nos vies en dépendent. Merci de nous parler de ces mesures de prévention. Karine, sur le même thème : " Quelle serait la réponse - Alors ça c'est après une catastrophe éventuelle - quelle serait la réponse des secours si une même tragédie que celle de Valence se passait en France, avec de vraies données, un plan, pas de discours dans le vent s'il vous plaît ? "

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, nous avons eu l'équivalent d'une année de précipitations qui sont tombées sur le Rhône et l'Ardèche. Nous avons eu des précipitations correspondant à une demi-année sur la région PACA, donc, on a quand même des exercices, je dirais pratiques assez réguliers. Quel est le plan ? Un, renforcer nos capacités de prévision, c'est-à-dire que tous les cours d'eau doivent avoir un système de vigie crue, notre objectif, c'est de l'avoir mis en place d'ici 2030. Deux, équiper les zones qui sont à risque, par exemple de bâtard d'eau, c'est ce que nous faisons dans le Pas-de-Calais, et faire les travaux de protection à la fois en urgence, on a fait dans le Pas-de-Calais plus de 600 travaux en urgence de nettoyage des fossés, de préparation de zone d'expansion pour permettre de gérer des inondations en urgence et nous sommes maintenant dans des travaux structurants. Donc je peux multiplier les exemples, mais c'est effectivement très concret et un plan territoire par territoire.

LEA SALAME
Il reste une minute trente, Emmanuel : " Pouvez-vous interroger la ministre sur la suppression du budget du plan vélo en 2025 ? "

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, on a aussi, je pense que c'est très important de l'avoir en tête, les certificats d'économie d'énergie. Les certificats d'économie d'énergie, c'est hors budget, c'est six milliards d'euros, et c'est évidemment pour nous un élément majeur de notre politique écologique, donc par les certificats d'économie d'énergie, on peut continuer à soutenir un certain nombre de politiques, notamment le plan vélo.

LEA SALAME
Yovann : " Les autorisations de pesticides, de produits toxiques, que ce gouvernement a permis de continuer d'utiliser, on en parle ? "

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je rappelle que le plan éco-phyto, il a été publié au mois de mai, qu'il a un objectif de baisse de 50 % de l'usage et des risques des phytosanitaires, et que nous sommes plutôt un pays qui réduisons l'utilisation des phytos. Les phytosanitaires qui sont aujourd'hui classés comme dangereux, c'est-à-dire la catégorie 1, nous les avons réduits, de plus de 98% dans notre pays.

LEA SALAME
Vous vous êtes Dit favorable à une hausse de la fiscalité sur le gaz, pour trouver de l'argent, toujours la même question, c'est non, a décidé Michel BARNIER, vous avez perdu l'arbitrage ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, en l'occurrence, ce n'était pas un arbitrage, c'était une hypothèse qui figurait dans le dossier de presse du budget, et qui a été éclaircie dans les jours qui ont suivi le budget.

NICOLAS DEMORANS
Une dernière question rapide de Nathalie, sur le chèque énergie, il n'y aura plus l'automaticité, est-ce vrai pour 2025, comment faire dans ce cas-là pour l'avoir ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, effectivement, il n'y a plus d'automaticité, parce que ce qui nous permettait de faire cette automaticité, c'était les bases de la taxe d'habitation, plus de taxes d'habitation, plus de bases pour payer, nous sommes en train de reconstruire des bases avec un autre système d'information, nous avons une partie des bénéficiaires de ce chèque qui vont l'avoir automatiquement, mais pour les autres, il faudra le demander, et moi, je compte sur les médias pour relayer le site sur lequel il faudra demander ce chèque, ce n'est pas tout de suite, je rassurais nos auditeurs.

LEA SALAME
Un mot sur l'écologiste Paul WATSON détenu au Groenland depuis juillet dernier, le Japon demande son extradition, Paul WATSON a demandé la nationalité française, où en est-on ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous avons réitéré à plusieurs reprises notre soutien, le président de la République est actif, je vais moi-même évoquer le sujet avec le ministre, mon homologue, notre principal enjeu, c'est de libérer Paul WATSON.

LEA SALAME
Pas de nationalité française, donc ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour qu'il puisse demander la nationalité française, il faut qu'il puisse aller sur le territoire français, c'est la loi française. Le vrai enjeu, c'est que Paul WATSON soit libéré.

LEA SALAME
Merci.

NICOLAS DEMORAND
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la transition Écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. Merci encore.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2024