Texte intégral
Mesdames les ambassadrices, messieurs les ambassadeurs
Monsieur le directeur national de l'ordre de la libération,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris,
Monsieur le gouverneur des Invalides,
Mon général,
Madame la directrice générale de l'office national des combattants et victimes de guerre,
Madame la conseillère régionale,
Madame la présidente, Monsieur le président,
Madame la directrice, monsieur le directeur, monsieur le directeur adjoint,
Madame la conseillère, monsieur le conseiller
Monsieur le chef de mission adjoint,
Mesdames et messieurs,
Il y a 80 ans, la France se libérait des chaînes de l'Occupation. Par les côtes normandes, à partir du 6 juin 1944 ; en son coeur, grâce à la Résistance intérieure ; par le front méditerranéen, à compter du 15 août 1944.
La France se libérait de ses chaînes grâce à une coalition internationale et je suis heureux de voir tant de nations alliées représentées ce soir. Cette mémoire, nous l'avons en partage. Cette mémoire, c'est celle de la Liberté.
Depuis 80 ans, ces grands moments de l'Histoire, de notre Histoire, sont montrés sous toutes les facettes, racontés, commentés, analysés. Peut-on dire pour autant que nous commençons à avoir fait le tour de la question ? Evidemment pas.
L'exposition " Revivez la Libération de 1944 ", ici au musée de l'Armée, en constitue la preuve éclatante. Oui, nous avons tous vu les photos prises à Omaha Beach ou sur la plage Alpha de Cavalaire-sur-Mer ; oui, nous avons tous regardé nombre de documentaires nous montrant alors la vie dans les villes et les campagnes ; oui, nous avons tous lu pléthore de romans et de témoignages sur la période. Mais non, nous ne nous sommes pas immergés dans ce quotidien.
Je gage que les visiteurs n'auront jamais vu la Libération de 1944 comme le Musée de l'Armée la leur présente grâce au travail conjoint des sociétés Microsoft et Iconem, qui semblent illustrer cette amitié franco-américaine qui traverse les siècles. Elle a commencé avec la guerre d'Indépendance, à Chesapeake, ou Yorktown, s'est poursuivie pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde, puis jusqu'en Corée.
Je commencerai mon propos en vous rappelant que l'innovation est dans l'ADN du Ministère des Armées et des Anciens combattants.
Elle permet ici de constituer un passé recomposé, au service de la mémoire car les peuples sans mémoire sont les peuples sans avenir.
Un travail nécessaire, qui me conduira, enfin, à quelques remerciements de rigueur ce soir.
Les activités militaires sont un puissant vecteur d'innovation. Souvenons-nous pour preuve que la navigation par satellite, que nous utilisons désormais tous par le biais de nos GPS, a d'abord été développée pour localiser les bâtiments de combat déployés en mer. Il en va de même d'internet et des efforts de l'armée américaine.
Ce constat est vrai partout et notamment en France puisqu'en 1961, c'est autant par souci de souveraineté nationale que dans un esprit pionnier que le général Charles de Gaulle décide de doter l'armée française d'une direction générale de l'armement, qu'une partie du monde nous envie.
Sébastien Lecornu l'a récemment rappelé à l'occasion d'une visite à la Direction générale de l'armement, la DGA. Celle-ci doit avoir pour essence, disait-il, " (…) la quête d'audace, de transgression, de prise de risque qui ont engendré quelques échecs mais qui ont été la condition de tous les grands succès ".
En conséquence, notre ministère s'intéresse depuis plusieurs années à cette innovation capitale qu'est l'intelligence artificielle.
En 6 ans, il a lancé pas moins de 400 projets en lien et a créé l'Amiad, une agence dédiée qui devrait regrouper 300 chercheurs et militaires.
Objectif : développer une intelligence artificielle française, dans une logique souveraine et pionnière.
La terrible guerre d'annexion de la Russie contre l'Ukraine nous le montre : l'intelligence artificielle peut aider à faire face, même en cas de désavantage numérique sur le terrain.
Nous pouvons tous avoir une pensée aujourd'hui pour ceux qui se battent en Ukraine pour la Liberté du monde, sur le Dniepr ou aux différentes frontières.
Dès son titre, l'exposition " Revivez la Libération de 1944 " formule au visiteur une promesse et elle la tient : grâce à l'intelligence artificielle, le voici plongé au coeur de l'été 1944.
La France est pleine de balafres, ses habitants sont épuisés par des années de guerre, soldats et
résistants sentent que l'acte final doit se jouer.
Oui, nous avons tous eu connaissance de la pesanteur de cet été 1944, avant que les opérations Overlord et Dragoon ne parviennent à faire reculer l'ennemi. Des images et des films en noir et blanc nous l'ont montré. Leur colorisation, il y a quelques années, nous avait donné le sentiment d'une plus grande familiarité.
Aujourd'hui, l'intelligence artificielle vient nous offrir des perspectives inédites.
Entre les murs du Musée des Armées, l'Histoire n'a jamais été aussi présente et c'est un avantage stratégique pour garantir la mémoire et améliorer sa transmission.
Notre jeunesse a l'habitude qu'on lui propose de vivre des expériences : en voici une qu'elle ne pourra pas oublier.
Dans " Le Pâtre et le lion ", Jean de la Fontaine affirme qu'« Une morale nue apporte de l'ennui ; le conte fait passer le précepte avec lui ».
La forme, ici au musée des Armées, vient aider à faire passer le message de manière plus prégnante.
Devant ce travail aussi impressionnant que nécessaire, je tiens à formuler quelques remerciements. Tout d'abord à la Mission Libération, qui fait un travail remarquable depuis le début du cycle commémoratif et à qui il reste tant à faire jusqu'aux célébrations de la Victoire de 1945. Merci à son président, Monsieur l'Ambassadeur Philippe Etienne, d'avoir eu l'idée de mobiliser Microsoft dans cette mission, notamment autour du projet interactif « Le fil de la Mémoire ».
Voilà qui m'amène naturellement à remercier Microsoft, et notamment Monsieur Brad Smith, d'avoir une nouvelle fois oeuvré à la valorisation de notre patrimoine, aux côtés de l'entreprise française Iconem, dont je salue l'expertise et la créativité.
Le mécénat de compétence que Microsoft a offert à la Mission Libération est d'une valeur inestimable car, au-delà de toutes considérations matérielles ou techniques, il contribue à la préservation d'une mémoire qui doit se perpétuer.
Enfin, je tiens à adresser de vifs remerciements au Musée de l'Armée, qui fait véritablement honneur au ministère des Armées et des Anciens combattants.
Bien que familier des lieux, cette inauguration correspond à ma première visite en qualité de ministre et j'avoue, Monsieur le général Gravethe, que nous mesurons là à quel point nos armées conjuguent traditions et innovation, la force du passé et la puissance du présent pour rendre l'avenir possible.
Lors de sa visite à l'Ecole polytechnique le 8 mars dernier, Sébastien Lecornu affirmait que « Le saut technologique que représente l'intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre ».
En découvrant l'exposition " Revivez la Libération de 1944 ", je peux affirmer qu'il révolutionnera aussi un autre champ important pour notre ministère : celui de la mémoire qui fonde les ambitions communes.
Qu'il s'agisse de l'art de la guerre, de la culture, de notre commune civilisation, c'est le défi de l'intelligence humaine que nous portons ensemble.
Source https://www.defense.gouv.fr, le 18 novembre 2024