Texte intégral
Monsieur le Commissaire général,
Monsieur le Sous-Préfet,
Officiers,
Sous-officiers,
Officiers mariniers,
Militaires du rang et personnel civil du Service du Commissariat des Armées,
Servir en soutenant, rendre possible l'action en fournissant les moyens qui sont nécessaires à son accomplissement, c'est tout simplement l'esprit du commissariat. Nos militaires savent bien qu'ils trouveront toujours et partout un appui salutaire grâce au commissariat des Armées.
Je suis donc très heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui, à l'occasion de la Saint Martin, Saint Patron de votre service.
Cette visite m'offre l'opportunité de vous rendre un hommage appuyé, pour trois raisons au moins.
Pour votre utilité jamais démentie, pour la capacité d'adaptation dont vous avez toujours fait preuve, enfin parce que je vous sais prêts pour servir les armes de la France.
Le commissariat des Armées s'enracine dans un passé lointain.
Au XIIIe siècle, avec Philippe le Bel ouvre son premier arsenal.
Pour son bon fonctionnement, une administration, ancêtre de la vôtre, se met en place.
Sous Charles V puis François Ier, des structures et des officiers sont ensuite chargés de réaliser les approvisionnements, de gérer les magasins et de veiller aux intérêts du Roi.
Leur travail, parce qu'il touche aux finances, est stratégique.
Comme l'écrivait François Rabelais : " (…) guerre faite sans bonne provision d'argent, n'a qu'un soupirail de vigueur. Les nerfs des batailles sont les pécunes ".
Depuis 8 siècles, le monde a changé mais cette vérité demeure et, avec elle, votre mission.
Fort de ses 24 000 hommes, le commissariat des Armées agit au sein et pour les armées.
Souvent dans l'ombre, peut-être, mais les actions souterraines ne sont pas les moins décisives.
Le soutien matériel, financier et juridique assuré en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances par votre service est une condition sine qua non pour que nous soyons au rendez-vous de nos objectifs opérationnels.
J'ai pu moi-même, lorsque je servais comme officier de Marine de réserve, apprécier l'utilité et la qualité du rôle de " Legad " que vous assurez sur le terrain et auprès des décideurs militaires.
Je pourrais donc, pour reprendre une expression de Pierre Brossolette, vous qualifier de " soutiers de la gloire " : " La gloire est comme ces navires où l'on ne meurt pas seulement à ciel ouvert mais aussi dans l'obscurité pathétique des cales. C'est ainsi que luttent et meurent les hommes du combat souterrain de la France. Saluez-les, Français ! ", s'exclama-t-il en septembre 1942 au micro de la BBC.
Oui, saluons ces membres du commissariat des Armées qui ont servi la France avec autant de dévouement que de bravoure, parfois jusqu'au prix du sang versé.
Leur nom est entré dans la lumière, la postérité.
Ayons ainsi une pensée pour le commissaire de troisième classe Etienne Rosenberg, disparu en mer en février 1942 avec le reste de l'équipage du croiseur sous-marin Surcouf, rallié aux Forces navales françaises libres.
Une pensée, aussi, pour le commissaire en chef de deuxième classe André Grégoire, mort en déportation en 1945, après s'être opposé aux exigences allemandes alors qu'il était détaché au Service de répartition des carburants du ministère.
Oui, saluons ces Hommes, Français, car notre personnel du commissariat des Armées a toujours su démontrer une impressionnante résilience.
En 8 siècles, l'esprit de la mission est resté le même mais les Hommes qui la portent ont dû faire face à de nombreux défis.
Pour ne parler que de votre histoire récente, on peut évoquer ceux de l'intendant général Le Coguiec qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, fut nommé directeur central de l'intendance et s'évertua, pendant douze ans, à reconstruire un corps mis à mal par les vicissitudes de l'Histoire.
Ses réformes consistèrent à recréer un sentiment d'unité entre les Hommes, à moderniser la structure et à adopter des mesures de rationalisation et de simplification.
Bien plus récemment, d'autres réformes, dans ce même esprit, vous ont de nouveau touchés.
Je veux parler de la spécialisation des soutiens dans les années 2000 et de l'embasement qui vous a été demandé dans les années 2010.
Deux réformes particulièrement complexes qui ont bouleversé à la fois vos statuts et votre travail.
C'est à cette aune que je mesure l'effort accompli et votre résilience, car je sais à quel point tout ceci a pu vous déstabiliser.
Malgré ces restructurations, malgré les déflations auxquelles le Ministères des Armées et des Anciens combattants a pu être confronté, vous avez tenu bon et les effets s'en ressentent.
Bien sûr, il y aura toujours des esprits chagrins mais je suis bien placé pour faire un constat simple : la qualité des effets techniques n'a aujourd'hui plus rien à voir avec celle des équipements que nous percevions lorsque je portais l'épaulette dans la Royale au début des années 90. Je pense à la TPB en particulier.
Pour tout cela, merci.
Votre capacité à encaisser les chocs et à vous réinventer avec agilité me donne enfin la conviction que vous serez toujours prêts.
Prêts à faire face aux nouveaux défis qui ne manqueront pas de s'imposer sur votre route, comme vous l'avez fait jadis face au logiciel Louvois ou pendant la crise du COVID.
La résilience dont vous avez fait preuve avec le malheureux logiciel Louvois est exceptionnelle.
Alors député, membre de la commission défense, j'avais un bon capteur : le nombre de lettres que je recevais.
D'un coup, je n'en ai plus reçu.
La preuve que la mission avait été accomplie, que le redressement était là.
La citation récente du commissariat des Armées pour son engagement dans les opérations Serval puis Barkhane montre bien la pertinence du modèle qui est le vôtre aujourd'hui.
Un modèle qui s'exporte aussi, comme le prouve la formation à laquelle vous avez contribué pour la brigade ukrainienne Anne de Kyiv.
Vous avez su vous adapter aux réformes successives ; vous savez aussi innover dans vos pratiques.
La révolution numérique que nous amorçons depuis plusieurs années, vous saurez vous l'approprier et vous avez déjà commencé.
J'en veux pour preuve e-habillement, qui permet aux militaires de compléter leurs paquetages grâce à internet.
Nul doute que saurez trouver d'autres manières encore de faire bouger les lignes pour que l'armée de Terre, l'armée de l'Air et de l'espace et la Marine nationale puissent continuer à s'appuyer sur vous, de la préparation opérationnelle jusqu'à la conduite des missions.
Chers " soutiers de la gloire ", vous avez choisi Saint Martin pour protecteur.
Ce jeune soldat qui, par un rude hiver, offrit une partie de son manteau à un miséreux afin de l'aider à se réchauffer.
Une partie de son manteau seulement, non par égoïsme, mais pour conserver celle sur laquelle figurait le numéro de la légion romaine à laquelle il appartenait.
Initiative, humanité, mais aussi respect des normes et sens de l'intérêt supérieur de la mission : pas de doute, je retrouve bien là ce qui fait votre force depuis 8 siècles.
A l'image de cette cape qui donne chaud, les missions que vous assurez sont capitales pour que nos soldats, prêts à aller jusqu'au sacrifice ultime s'il le faut, puissent se concentrer sur l'essentiel.
On se souvient de 1914-1918, de l'importance du " jus ", le café, du " rata chaud " autour de la roulante.
C'était déjà vous qui apportiez cette chaleur au coeur du soldat.
On a le bras plus ferme, lorsqu'on se sait soutenu.
Je vous remercie donc de veiller, comme vous le faites, sur le quotidien de nos Armées.
Et par Saint Martin, vive le commissariat !
Vive la République,
Vive la France.
Source https://www.defense.gouv.fr, le 18 novembre 2024