Déclaration à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le conflit au Proche-Orient, à Ramallah le 7 novembre 2024.

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Circonstance : Entretien avec M. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne

Texte intégral

Bonsoir à toutes et tous,

Je suis de retour à Ramallah, quelques semaines après ma première visite et mon échange avec le Premier ministre. J'ai pu aujourd'hui échanger avec le président Mahmoud Abbas, de l'Autorité palestinienne. Ça a été l'occasion de constater ensemble la situation terrible dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est extrêmement critique et où la France appelle à la cessation immédiate des hostilités, au cessez-le-feu immédiat, à la libération inconditionnelle des otages, à l'accès sans entrave de l'aide humanitaire, et à l'élaboration d'une solution durable qui passe par deux Etats, l'Etat de Palestine et l'Etat d'Israël, vivant côte à côte avec des reconnaissances mutuelles et des garanties de sécurité.

Comme je l'avais dit un peu plus tôt dans la journée aux autorités israéliennes, je l'ai rappelé ce soir à Ramallah, la question palestinienne ne disparaîtra pas. La seule solution pour une paix juste et durable dans la région, elle passe par la solution à deux Etats. Et cette perspective politique que la France défend, que la France a défendu au Conseil de sécurité des Nations unies et que la France se mobilise pour pouvoir concrétiser, elle est fragilisée aujourd'hui par une politique agressive de colonisation. J'ai constaté, en m'arrêtant tout à l'heure à Ramallah, les dégâts considérables provoqués par les attaques des colons extrémistes qui se sont déroulées dans la nuit de dimanche à lundi avec des incendies de voitures qui ont conduit un immeuble tout entier à s'embraser, chassant des familles entières avec des enfants au beau milieu de la nuit, des familles qui peinent à rentrer dans leur immeuble, du fait des dégâts occasionnés et des gaz que cet incendie a laissé sur place. Je vous rappelle que nous étions là dans la zone A, qui est une zone de Cisjordanie qui est sous le contrôle de l'Autorité palestinienne, que ces attaques de la part des colons extrémistes et violents sont donc non seulement totalement inexcusables, non seulement contraires au droit international, mais qu'elles fragilisent cette perspective d'une solution à deux Etats et par conséquent elles doivent être unanimement condamnées.


Q - I have two questions. First, you visited the site where the Israeli settlers attacked Palestinian families and torched their vehicles and their properties. What is your take on that and on settlers' violence in general in the Occupied West Bank? And if any actions by the French government to push the occupation Israeli government to curb the settlers and stop their violence against Palestinians?

R - France has already stated very clearly on many occasions that those settlements are not conform to international law, according to Security Council resolutions, according to International Court of Justice decisions and therefore they should stop. And in order to make them stop, France has also made important decisions to sanction at the national level 28 individuals that were involved in settlement activities, illegal settlement activities, but France was also a driving force to establish the first sanction regime at the European level targeting individuals or entities, either actors or accomplice of settlement activities. This regime has been activated two times already and we're working on a third batch of sanctions targeting these activities that again are illegal with respect to international law and threaten the political perspective that can ensure durable peace to Israel and Palestine.

Q - And concerning the incident in Jerusalem today, the Israeli police assaulted French police in a national domain of France, in Jerusalem. And they beat them and dropped them on the ground. Your reaction to that ?

R - Je me suis rendu tout à l'heure sur le Mont des Oliviers pour visiter le domaine de l'Eléona et pour participer symboliquement à la cueillette des olives qui se passe dans cette saison dans ce pays. J'ai refusé d'entrer dans ce domaine qui appartient à la France depuis 150 ans, dont la France assure la protection, car trois policiers israéliens y étaient entrés, armés, sans l'autorisation de la France, ce qui est inacceptable. Quelques minutes après mon départ, la police israélienne a interpellé deux gendarmes sous protection diplomatique, détachés auprès de notre consulat général, et les a retenus jusqu'à ce que j'intervienne et qu'ils soient libérés immédiatement. C'est un acte qui est inacceptable et qui est à dire vrai incompréhensible dans une journée comme celle-ci, où je me suis rendu en Israël pour porter la voix de la France et échanger avec les autorités sur les voies pouvant mener la région vers la paix. Je convoquerai l'ambassadeur israélien à Paris pour qu'il puisse nous fournir des explications sur cet incident qui ne doit plus jamais se reproduire.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2024