Texte intégral
Q - Concernant la réélection de Donald Trump, ça inquiète énormément, ça légitime la colonisation, quelle position française vis-à-vis de ça ?
R - Vous connaissez les positions de la France, elles ne vont pas changer, parce qu'elles ne sont pas indexées sur la vie politique américaine. Ce sont celles qui consistent à défendre le droit international, le droit international humanitaire et la justice, c'est la raison pour laquelle nous appelons au cessez-le-feu immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages, et en particulier de nos deux otages français dont j'ai rencontré les familles aujourd'hui. Nous appelons à la préservation des civils, au respect des organisations des Nations unies, de leur secrétaire général et bien évidemment au respect des casques bleus de la FINUL au Liban. J'ai pu rappeler ces principes simples à mes interlocuteurs aujourd'hui à Jérusalem, et travailler avec eux, en ayant à l'esprit l'arrivée de cette administration américaine, sur les conditions d'un règlement durable du conflit israélo-arabe, à Gaza comme au Liban.
Q - Il y a une situation humanitaire dramatique à Gaza. L'UNRWA a été suspendue par les autorités israéliennes, ça a fait l'objet d'une loi la semaine dernière, vous vous êtes entretenu notamment avec Ron Dermer et avec votre homologue israélien, qu'est-ce que vous leur avez dit à ce sujet ?
R - Je les ai appelés à ne pas appliquer ces lois. Car l'UNRWA joue aujourd'hui à Gaza le rôle d'une ligne de vie pour des dizaines, peut-être des centaines de milliers de Gazaouis, qui sinon n'auraient pas accès aux soins les plus élémentaires, qui n'auraient pas accès d'ailleurs à l'aide humanitaire, puisque l'UNRWA apporte non seulement de l'aide humanitaire par elle-même, mais sert aussi de plateforme pour que les autres organisations humanitaires puissent le faire. Nous arrivons tout doucement au moment de l'hiver, le risque épidémique est avéré. La situation des civils est désastreuse. Et c'est pourquoi, comme je le fais chaque fois que j'en ai l'occasion, j'ai rappelé aux autorités israéliennes aujourd'hui la nécessité absolue, après leurs succès militaires incontestables, après la mort de Yahya Sinouar, de tourner la page de la guerre à Gaza, et de permettre l'entrée massive de l'aide humanitaire dans l'enclave.
Q - Est-ce que les autorités israéliennes vous ont parlé d'une alternative à l'UNRWA ? Il y a 90 jours pour la mise en place de cette interdiction effective, est-ce qu'ils y ont déjà pensé ? On leur a déjà posé la question, on n'a pas eu la réponse, est-ce que vous vous avez une réponse ?
R - D'abord, nous avons nos propres analyses, qui sont fondées sur le travail de notre ambassadeur, de nos consuls, du consul général ici à Jérusalem, de toutes nos équipes que je remercie pour le travail remarquable qu'elles font, et qui nous permettent d'affirmer qu'il n'y a pas de substitut possible à court-terme à l'UNRWA, ce qui justifie les propos que j'ai pu tenir à mes interlocuteurs aujourd'hui.
Q - Vous avez dit aujourd'hui que la colonisation ne servait pas la sécurité d'Israël, on sait que la France est assez moteur sur la question des sanctions, est-ce qu'il va bientôt y avoir des annonces ?
R - Vous avez raison de rappeler que la France a toujours considéré que la colonisation fragilisait la perspective d'une solution politique de deux Etats, un Etat d'Israël, un Etat de Palestine, vivant côte à côte, en paix et en sécurité. C'est la raison pour laquelle nous avons toujours appelé les autorités israéliennes, et singulièrement depuis deux ans, à mettre fin à ce qui s'apparente, on a pu le voir dans nos discussions ici au Mont des Oliviers, à une politique agressive de colonisation à l'est de Jérusalem et en Cisjordanie. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons décidé à titre national de prendre des sanctions à l'encontre de certains colons extrémistes et violents. C'est la raison pour laquelle nous avons été à l'initiative de la création d'un mécanisme de sanctions européen qui a permis d'acter deux trains de sanctions visant des personnes et des entités coupables ou complices de faits de colonisation agressive, et nous travaillons actuellement à l'adoption d'un troisième train de sanctions visant les actes de colonisation. Je crois qu'il ne faut rien lâcher sur ce terrain, parce que c'est vraiment la sécurité d'Israël, la sécurité de la région qui est en jeu.
Q - I have a question about your visit. What (inaudible) ?
R - It was important for me to be back in Israel and in Palestine today, a few weeks after I came on October 7, one year after the horrific massacre perpetrated by the Hamas of Yahya Sinwar. Important because after the tactical successes, the military successes of Israel, we believe that it's time to turn the page of the war in Gaza and in Lebanon. And this is needed for humanitarian reasons, but also in the interest of the security of Israel itself. And because we care about Israel, because we care about the security of Israel, because Israel is our close ally, because we stand for the security of Israel, we believe that the time has come for brute force to be replaced by diplomacy and negotiation. And that's why I came to discuss with Israeli authorities about peace in Lebanon and in Gaza.
[Déclaration devant l'Eléona]
Q - Racontez-nous ce qui se passe à l'intérieur, et quelle est la parole de la France par rapport à cette situation ?
R - Je suis venu au Mont des Oliviers pour entrer visiter le domaine de l'Eléona, devant lequel je me trouve à cet instant, qui est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l'entretien, avec énormément de soin. Je ne vais pas entrer dans le domaine de l'Eléona aujourd'hui parce que les forces de sécurité israéliennes y sont entrées, de manière armée, sans obtenir auparavant une autorisation de la France, sans accepter d'en sortir aujourd'hui. Je veux le dire, avec beaucoup de fermeté et avec beaucoup de gravité, cette situation est inacceptable et cette atteinte à l'intégrité d'un domaine placé sous la responsabilité de la France est de nature à fragiliser les liens que j'étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix.
Q - Est-ce qu'elle aura des conséquences Monsieur le Ministre ?
R - Je vous ai déjà répondu, cette situation est inacceptable. L'intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2024