Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je suis de retour à Jérusalem, pour la deuxième fois en un mois. Le 7 octobre, j'étais sur le site du festival Nova, un an après le pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah, pour rendre hommage à toutes les victimes, Françaises et Israéliennes. Jamais je n'oublierai la dignité de leurs familles et de leurs proches.
Jamais je n'oublierai l'héroïsme de ces jeunes gens qui ont donné leurs vie ce matin-là pour que d'autres puissent sauver la leur. Parce que ce jour-là, il y a un peu plus d'un an, le peuple d'Israël, le peuple juif, a été frappé dans sa chair par le terrorisme. C'est un traumatisme très profond, très violent, qu'il est interdit de sous- estimer, ou de minimiser. Une horreur indicible qui a été vivement ressentie en France, et qui a réveillé les souvenirs effroyables de l'Hypercacher et du Bataclan
Aujourd'hui, je suis revenu à Jérusalem, parce que je crois que s'est ouverte une perspective pour mettre fin à la tragédie dans laquelle Israéliens, Palestiniens et la région toute entière sont plongées depuis ce 7 octobre.
D'une part, les succès tactiques très significatifs obtenus par Israël, et en particulier l'élimination de Yahya Sinouar, architecte de cet ignoble massacre, favorisent la fin des opérations militaires.
D'autre part, un nouveau président américain a été élu. Il n'a jamais fait mystère de sa volonté d'en finir avec les guerres interminables au Moyen-Orient.
Les conditions me semblent donc réunies pour aller, dans les semaines qui viennent, vers une solution diplomatique aux conflits en cours. Car la force seule ne peut suffire à garantir la sécurité d'Israël, et encore moins celle de la région que ces guerres ont amené au bord de l'abîme ; les succès militaires ne sauraient se substituer à une perspective politique. C'est la position de la France, c'est la position du président de la République.
Au Liban, d'abord. Avec plus de 3000 morts, plus de 10.000 blessés, et plus d'un million de personnes déplacées, la guerre risque de précipiter ce pays fragile dans un chaos durable menaçant davantage encore qu'aujourd'hui la sécurité d'Israël.
Nous devons donc rechercher une solution diplomatique qui permette le retour de tous les déplacés, Israéliens comme Libanais, et garantisse la sécurité des deux pays. Notre horizon doit être celui d'un Etat libanais fort, souverain, et disposant du monopole de la force légitime, qui pourra vivre en sécurité à côté d'Israël.
Je suis venu discuter de façon détaillée et concrète, avec les ministres Israel Katz à l'instant, et tout à l'heure Ron Dermer, des paramètres d'un accord permettant la cessation des hostilités et la pleine mise en oeuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
La France continuera de jouer un rôle central dans les efforts diplomatiques en vue d'un règlement, comme nous l'avons fait le 24 octobre à Paris en rassemblant plus de 70 pays et organisations internationales, ce qui a permis de mobiliser plus d'un milliard de dollars pour l'aide humanitaire à la population du Liban et l'appui aux forces de sécurité de ce pays.
À Gaza, ensuite. J'ai rencontré tout à l'heure les familles des deux otages français encore retenus dans l'enfer de la captivité à Gaza, depuis plus d'un an, comme des dizaines d'Israéliens : Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi.
Leurs familles, qui je le rappelle, comptent des enfants qui ont été libérés il y a quelques mois dans les larmes, et qui tentent péniblement aujourd'hui de se reconstruire, après l'épreuve terrible qu'ils ont dû traverser.
Il est temps d'aller vers un accord qui permette la libération de tous les otages, le cessez-le-feu et l'entrée massive d'aide humanitaire à Gaza, et de préparer le "jour d'après".
Je le dis en ami : Israël a le droit de se défendre, dans le respect du droit international. Mais la poursuite des bombardements à Gaza-Nord contre des populations et des infrastructures civiles, les restrictions à l'accès de l'aide humanitaire, les violences des colons extrémistes en Cisjordanie, l'accentuation rapide de la colonisation, l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne, la délégitimation des Nations unies et de leur principale agence sur le terrain, sont non seulement contraires à tous les principes du droit international, mais aussi aux intérêts et à la sécurité d'Israël.
La question palestinienne ne va pas disparaître, quelle que soit l'administration américaine aux responsabilités.
Tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux, il faudra s'engager dans une perspective politique pour y apporter une réponse juste et durable, qui garantisse la sécurité de tous et l'intégration régionale d'Israël.
Je me rendrai tout à l'heure auprès du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de son Premier ministre Mohammed Moustafa, pour aborder toutes ces questions.
Ces efforts pour trouver une solution diplomatique aux conflits régionaux ne sauraient faire l'impasse sur l'Iran, principal soutien du Hamas et du Hezbollah. L'attaque iranienne perpétrée le 1er octobre, que nous avons contribué à parer, comme celle d'avril était inacceptable. Israël était en droit de riposter : il l'a fait avec force, mais aussi avec mesure. L'escalade doit désormais cesser. Et l'Iran doit mettre fin à sa course vers l'arme nucléaire, qui menace les intérêts fondamentaux d'Israël comme ceux de la France. Il doit renoncer à ses activités de déstabilisation régionale et à son soutien à la guerre d'agression russe en Ukraine.
Le temps est venu d'apporter un nouvel espoir à cette région, après plus d'une année d'horreur. Et le recours à la force doit céder la place au recours à la négociation.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2024