Déclaration de M. Michel Barnier, Premier ministre, à l'occasion de la cérémonie d'hommage aux victimes et de soutien aux otages du Hamas, Paris le 7 octobre 2024.

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Merci, cher Yonathan ARFI, non seulement de m'avoir donné la main à l'instant, mais aussi de m'inviter à m'exprimer devant chacune et chacun d'entre vous. Ce soir, je prends cette parole avec humilité, avec gravité et, naturellement, avec solidarité. D'abord, pour saluer, comme vous l'avez fait vous-même, les Présidents Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE, saluer la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël BRAUN-PIVET, les Premiers ministres, Manuel VALLS et Gabriel ATTAL, les ministres très nombreux, membres du Gouvernement, qui sont à mes côtés, beaucoup de parlementaires de toutes sensibilités, d'élus, locaux, régionaux, chère Valérie PÉCRESSE, ou même aussi, évidemment, Monsieur le grand rabbin Haïm KORSIA, Monsieur le président du Consistoire Élie KORCHIA.

Chacune et chacun d'entre vous, Mesdames et Messieurs, chers amis. On l'a vu sur les images que vous nous avez projetées, jusqu'au 6 octobre 2023, les kibboutz de Kfar Aza, de Nir Oz, de Be'eri d'autres encore, des localités voisines, étaient des endroits pleins de vie. Et le 7 octobre, au petit matin, la vie a laissé place à la détresse, aux pleurs, à l'horreur, au carnage, au vide, au désespoir aussi. J'étais, au mois de février, cher Yonathan ARFI, avec beaucoup de parlementaires qui sont ici, avec Pierre-François VEIL, que je salue, avec des élus, des responsables en Israël, à l'invitation du CRIF, simplement comme citoyen.

Avec votre équipe formidable, nous sommes allés à Be'eri, puis dans la ville voisine d'Ofaqim. Et je veux dire que cette visite nous a tous profondément et durablement marqués. Nous n'oublierons pas, je n'oublierai pas, notre échange dans le restaurant du kibboutz, de Be'eri, avec les survivants, les familles des victimes. Je n'oublierai pas la cérémonie au lendemain sur la Place des Otages à Tel-Aviv. Plus de 1 200 personnes, vous l'avez rappelé, femmes, hommes, parfois très âgés, des enfants, ont été massacrés dans une attaque terroriste massive, décidée, perpétrée par le Hamas. Et parmi eux, 48 de nos compatriotes. Je veux redire simplement, mais fortement à leurs familles, aux dizaines de Français qui ont été blessés, à tous les autres, à l'ensemble de la communauté franco-israélienne, que notre pays se tient et se tiendra à leurs côtés.

Une centaine de personnes sont toujours retenues en otage par le Hamas. Parmi elles, il y a deux otages français, Ohad YAHALOMI et Ofer KALDERON. Je veux aussi témoigner, comme je l'ai fait tout à l'heure en recevant leurs familles, mon soutien personnel et l'engagement, qui est aussi celui du président de la République, à tout mettre en œuvre pour les faire libérer.

La France n'abandonne jamais ses enfants. Face à l'horreur de cette attaque terroriste, de cette barbarie que la France a condamnées dès le premier jour, face aux attaques récentes du Hezbollah et de l'Iran, je veux dire et redire, je veux dire et redire que la sécurité de l'État d'Israël n'est pas et ne sera jamais négociable.

La sécurité du peuple d'Israël, le plus vieux peuple persécuté du monde, confronté à la plus vieille de toutes les haines, avez-vous écrit Bernard-Henri LÉVY, cette sécurité-là n'est pas négociable. Et voilà pourquoi j'ai dit, et je le répète devant vous, que ce peuple se trouve aujourd'hui, et depuis le 7 octobre en particulier, en situation de légitime défense.

Il faut aussi, comme nous le faisons ce soir, ensemble, que chacun puisse parler du 7 octobre et briser le silence qui a été trop pesant dans les semaines et les mois qui ont suivi cette tragédie. En présentant son album "Nous vivrons", "Nous vivrons", Joann SFAR disait, il y a quelques mois : "le tissu de conversations qu'on a noué depuis des décennies, entre communautés, est déchiré depuis le 7 octobre". Il faut donc réparer, il faut donc recoudre ce tissu de conversations, et pour cela, il faut aussi que chez nous, ici, les Français juifs puissent s'exprimer ouvertement, sans craindre de réactions hostiles.

Mesdames et messieurs, chers amis, aujourd'hui, la situation des civils palestiniens à Gaza et en Cisjordanie heurte aussi notre conscience, comme vous l'avez rappelé, cher Yonathan. Je sais que beaucoup de Français juifs pensent à ces victimes comme aux victimes civiles des deux côtés de la frontière avec le Liban.

Trop d'hommes, de femmes, d'enfants sont morts. Il faut d'abord, d'abord, que tous les otages soient libérés, que la guerre cesse, que l'aide humanitaire entre à Gaza. Alors la France participera avec l'Union européenne, avec les États-Unis, avec un certain nombre de pays de la région, à toute initiative permettant, dans le strict respect de l'existence et de la sécurité d'Israël, comme je viens de le dire, d'avancer vers une solution à deux États qui est la clé d'une paix durable.

Mesdames et Messieurs, chers amis, ici, chez nous, en France, nous devons aussi regarder en face, condamner, combattre toutes les formes d'antisémitisme, alors même qu'il s'aggrave. Il y a eu, ces dernières années, des actes d'une grande violence. Je pense aux attentats de Toulouse et de Paris, aux assassinats sauvages de Sarah HALIMI et de Mireille KNOLL.

Et nous n'oublions pas non plus Dominique BERNARD. Il y a aussi un antisémitisme plus quotidien, dans la rue, au travail, à l'école et sur les réseaux sociaux, où il se répand d'ailleurs parfois presque par mimétisme. J'ai une pensée particulière pour nos plus jeunes compatriotes qui en sont victimes. Comme je l'ai déjà dit, Mesdames et Messieurs, dans ma toute première intervention, la semaine dernière devant l'Assemblée nationale, nous ne laisserons rien passer.

Nous continuerons à défendre à combattre l'antisémitisme par tous les moyens, en confortant les moyens mobilisés pour lutter contre la violence antisémite sous l'autorité du ministre de l'Intérieur. En progressant sur la détection de ces actes qui ne sont pas toujours signalés et parfois difficiles à quantifier, le garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur, qui sont tous les deux présents ce soir, en font une priorité.

En continuant de protéger les écoles et les synagogues, particulièrement en cette période de fêtes, nous avons tous à l'esprit l'attaque de la synagogue de la Grande-Motte, le 24 août dernier. Plus de 800 sites sont aujourd'hui couverts par un dispositif de surveillance assuré par la police, la gendarmerie, les armées, que je remercie pour leur engagement sans faille.

Mais au-delà, Mesdames et Messieurs, chers amis, au-delà de la protection, la lutte contre l'antisémitisme passe aussi par l'éducation des élèves, dans nos écoles, par le dialogue constant avec les associations que vous animez, avec les associations antiracistes, les cultes, les syndicats. C'est un combat que vous avez engagé avec résolution, cher Yonathan, mais aussi avec vous-même, monsieur le grand rabbin, ou monsieur le président KORCHIA, avec vos équipes, que je veux remercier. C'est un combat que nous continuerons de mener à vos côtés. Chers amis, je vous le dis, pour finir, ce soir simplement, avec gravité, solennellement, vous pouvez compter sur le président de la République, sur le Premier ministre.

Vous pouvez compter sur le président de la République, sur le Premier ministre, sur tous les membres du Gouvernemeent pour protéger nos compatriotes de confession juive. C'est le message qu'a porté en notre nom, aujourd'hui même, à Tel Aviv, le ministre des Affaires étrangères. Ce message est celui du respect et de la fraternité, comme vous l'avez dit, Yonathan, à plusieurs reprises. Ce message, c'est simplement celui de notre République. Ainsi, plus que jamais, des atrocités comme celles du 7 octobre ne devront plus se reproduire. Et j'en prends l'engagement devant vous, au nom du Gouvernement.

J'en prends l'engagement aujourd'hui devant vous, au nom du Gouvernement. Nous n'oublierons jamais.


Source https://www.info.gouv.fr, le 25 novembre 2024