Déclaration de M. Michel Barnier, Premier ministre, sur le lancement du troisième Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), Éveux (Rhône) le 25 octobre 2024.

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Mes premiers mots sont d'abord pour vous remercier pour la diversité de vos responsabilités. J'y inclus d'ailleurs de très nombreux journalistes qui... Peut-être que vous n'avez jamais vu autant de journalistes ici. En vous priant de m'excuser pour la perturbation de vos emplois du temps, aux un et aux autres, vous remercier très saintement de votre présence, de vous retrouver ici, pour moi, c'est un très grand plaisir, à Éveux, dans cette communauté de l'Arbresle, avec la ministre de la Transition écologique, du Climat et de la Prévention des risques, c'est le cas d'en parler aujourd'hui, chère Agnès, et la ministre déléguée chargée de la Coordination gouvernementale, parce que quand on parle des risques, évidemment, il y a un ministre principalement qui en est chargé, mais il y a aussi beaucoup d'autres administrations qui doivent être associées.

J'étais tout à l'heure à Givors, j'étais très ému et très frappé par, on en parlait à l'instant, la détresse des familles, des chefs d'entreprise qui sont noyés, qui sont envahis par l'eau. Et je sais que cette détresse est indicible, comme d'ailleurs celle que provoquent aussi des incendies. La ministre elle-même était avec Monsieur DARAGON, ministre délégué, la semaine dernière à Chavanay, dans la Loire, à Limony, à Annonay, et on pourrait multiplier les lieux, les drames qui se sont produits la semaine dernière, comme il y a quelques mois dans le nord de la France, le Pas-de-Calais, comme malheureusement, Mesdames et Messieurs, nous en reverrons beaucoup. C'est aussi le sens de cette visite et de ce que je veux vous dire maintenant.

Avec ces fortes pluies, ces inondations, ces orages cévenols qui nous tombent dessus de plus en plus souvent, et pas seulement chez nous. J'ai aussi en mémoire ce qui s'est passé de l'autre côté de la Méditerranée, où de tels accidents se produisaient que très rarement. On voit donc se multiplier ce genre de catastrophes.

Mes premiers mots ici, à Éveux, c'est de dire, comme je l'ai fait tout à l'heure à Givors, la solidarité personnelle et collective du Gouvernement, de l'État qui est et va rester, Madame la préfète région, aux côtés des communes et de tous ceux qui sont touchés. L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle de toutes les communes concernées sera publié la semaine prochaine et ouvrira ainsi le processus qui va commencer et qui doit commencer, sur lequel je compte beaucoup, je le dirai d'ailleurs [coupure] sur les compagnies d'assurance pour le mener avec le plus d'humanité, le plus de précision. On connaît les règles, on connaît les textes. Il y a une manière de faire des choses et je souhaite que les compagnies d'assurance soient à la hauteur de leurs responsabilités aussi pour traiter tous ces cas de catastrophes et d'indemnisation, je le rappelle, à 100 % qui s'attache aux biens touchés par de telles catastrophes. Les préfets de départements sont très fortement mobilisés pour accompagner aussi, avec les moyens dont ils disposent, notamment la dotation de solidarité, les collectivités touchées, parce qu'il y a beaucoup de biens qui ne sont pas assurables, la remise en état des infrastructures, des équipements publics, et Agnès, CEREMA apportera aussi son appui technique. C'est le centre d'études et d'expertise sur les risques d'environnement, la mobilité et l'aménagement.

Je veux, au moment de ces remerciements, Mesdames et Messieurs, dire au nom du Gouvernement mes remerciements aux forces de sécurité, aux sapeurs-pompiers, aux élus locaux, à tous les agents qui ont permis d'éviter que ces inondations provoquent des atteintes graves aux personnes. L'autre jour, j'étais avec Bruno RETAILLEAU, le ministre de l'Intérieur au Centre de gestion des crises interministérielles, où nous avons vu que l'hélitreuillage, l'intervention des pompiers ou des secours par hélicoptère, a évité beaucoup de risques et sans doute sauvé des vies. Voilà. Je voulais dire cela en vous demandant – je le dis aux députés qui sont ici, aux sénateurs, aux élus locaux – de bien vouloir – départementaux, régionaux – transmettre ces remerciements du Gouvernement à tous ceux qui les accompagnent face à de telles crises.

Mesdames, Messieurs, ces violences [coupure] fréquentes, s'il en était besoin – et je sais qu'il y a eu ici ou là, des gens qui doutent, qui contestent, qui ferment les yeux sur les aspects du changement climatique et la vulnérabilité de nos territoires face à des phénomènes extrêmes et de plus en plus fréquents – il faut, comme dans tous les autres domaines, dire la vérité et regarder cette vérité en face. Je ne suis pas scientifique, je n'ai pas la science infuse, mais j'écoute. Je racontais tout à l'heure à la ministre, puisque j'ai eu la chance et l'honneur d'être à sa place il y a quelques années, en 93, 94, 95, que je m'étais rendu à des réunions interministérielles en Amérique latine où on traitait déjà un peu de changement climatique et j'étais allé rendre visite aux chercheurs de l'Orstom – à l'époque ça s'appelait l'Orstom, maintenant ça s'appelle l'IRD, je crois – qui sont des chercheurs français qui travaillent sur les glaciers tropicaux en Amérique latine, là où j'étais, sur l'Altiplano en Bolivie, les mêmes travaillent en Afrique, en Indonésie et ces chercheurs m'ont dit – et je les ai beaucoup écoutés, nous sommes en 95 – "selon nos observations", celles des glaciers que nous observons depuis 30 ou 40 ans, les mêmes chercheurs, les mêmes instituts, les mêmes instituts, "nous sommes certains que le climat désertique atteindra le sud de la France au milieu du siècle prochain". Nous sommes en 95, le milieu du siècle prochain c'est 2050, c'est dans quelques années, et nous y sommes. Nous y sommes.

L'année 2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, et je pense que chacun d'entre nous peut en observer les conséquences qui ne vont faire que s'aggraver. Des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses, mais aussi des gels tardifs, et des canicules qui duraient deux jours, un jour, trois jours, et qui maintenant vont durer des semaines l'été, des précipitations extrêmes et des sécheresses extrêmes, la hausse du niveau de la mer qui entraîne le recul du trait de côte, l'intensification des cyclones en outre-mer, la fragilisation de la biodiversité. Et tant de gens qui sont touchés par ces catastrophes, je veux dire un mot en particulier, au-delà des personnes, des familles, des entreprises, j'en ai vu beaucoup ce matin, aussi des agriculteurs qui sont gravement touchés. D'ailleurs, pas seulement par des sécheresses extrêmes ou des trombes d'eau, mais aussi en ce moment par des accidents et des pandémies assez graves comme la FCO.

En agissant sur les causes du changement climatique pour tenter d'en atténuer les effets au niveau national, je veux rappeler, puisqu'il faut aussi rendre des comptes, que nos émissions de gaz à effet de serre ont à nouveau diminué de 3,6 % au premier semestre 2024, après une baisse, en 2023, on en parlait avec la ministre, de 5,8 % l'année précédente, en 2023. Et donc, les efforts publics et collectifs qui sont faits, pas seulement par le Gouvernement ou les gouvernements successifs, mais aussi par les agences de l'eau, les élus locaux, les collectivités territoriales à tous les niveaux, les entreprises, c'est la preuve que ces efforts collectifs portent leurs fruits et que la France est et restera résolument engagée sur la voie de la décarbonation, parce que c'est l'intérêt général que de décarboner.

Nous allons poursuivre ces efforts, notamment avec la publication très prochaine des projets de Stratégie nationale bas-carbone et de programmation pluriannuelle de l'énergie. Mais la France, je le répète, doit se préparer à un réchauffement moyen qui va être de + 0,5 % [sic] entre maintenant et 2030, après-demain, et de 1,5 degré de plus d'ici 2100. Et ma conviction, je le dis comme quelqu'un qui a présidé une collectivité territoriale comme la Haute-Savoie, nos économies, dans les départements voisins de cette grande région, très grande région, reposent pour 30 % sur la neige. Et 1,5° de plus d'ici 2100, on sait ce que ça veut dire chez nous. Les agriculteurs, les viticulteurs nombreux ici autour de Lyon savent aussi ce que ça veut dire dans l'accélération du temps des vendanges, la destruction de la biodiversité un peu partout. J'étais, il y a quelques mois, au nord de la France, où je rencontrais [coupure] des pêcheurs qui, d'ailleurs, pêchent habituellement et traditionnellement des eaux britanniques. C'est un sujet que j'ai traité aussi, il y a quelque temps. Ils me disaient : "On ne trouve plus les mêmes poissons. On trouve des thons, on ne trouve plus de sardines", à cause du réchauffement climatique. Les conséquences sont multiples et je pense [coupure] les journalistes qui sont ici, grâce à la parole qui est la vôtre, Mesdames et Messieurs les élus, c'est très important d'expliquer.

Nous devons nous préparer et je pense aussi que tout le travail qui a été fait par les gouvernements précédents, je veux dire que ce qui a été bien fait sera continué, nous ferait preuve de persévérance dans les domaines où il y a des résultats, c'est notamment le travail qui a été conduit par le précédent ministre Christophe BECHU, que je salue, là où il est, dans sa commune d'Angers, en 2023, et une trajectoire qui a fait l'objet d'un vote positif à l'unanimité du [coupure] de la transition écologique, et c'est assez rare pour être souligné.

Ce réchauffement, il va concerner toutes les régions de France, et selon les études dont nous disposons, rappelant le souvenir de ces chercheurs qui m'ont interpellé il y a quelques années, Marseille aura le climat de Séville. Et Lille aura le climat de Bilbao, sans parler de nos outre-mers qui devraient être particulièrement touchées. Ce changement, il a, il aura des conséquences très concrètes pour notre santé, pour notre agriculture, pour la pêche, pour nos logements, pour nos infrastructures, pour notre économie, pour notre patrimoine. Un degré et demi ou deux degrés de plus, ça change tout.

Et c'est notre responsabilité de le dire. Voilà pourquoi j'ai mis sur un pied d'égalité, dans ma toute première déclaration devant l'Assemblée nationale, la dette financière, dont je ne vais pas trop parler aujourd'hui parce que ce n'est pas le sujet, mais je pourrais vous en parler, et la dette écologique. Ces changements, ces risques, ces coûts, nous devons y faire face ensemble en travaillant collectivement pour préparer et adapter notre pays. J'ai une très ancienne conviction, et je disais tout à l'heure, vous m'avez montré les cartes. Vous êtes là. Et j'aime beaucoup les cartes. Je trouve que les cartes, ça vaut largement des discours, quelquefois. J'ai donc publié quelques atlas. Mais dans cette vieille conviction que j'ai, pour avoir eu l'honneur de travailler bien avant d'être ministre, d'ailleurs, dans le tout premier ministère de l'Environnement, Mesdames et Messieurs, créé par Georges POMPIDOU en 71. C'était Robert POUJADE, le maire de Dijon, qui avait été nommé ministre à ce poste. J'ai eu l'honneur d'être tout modeste chargé de mission dans son cabinet. J'ai appris dès cette époque l'importance de travailler ensemble, d'écouter tout le monde, et j'ai appris aussi très tôt que la prévention coûte moins cher que la réparation. Et que lorsqu'on est obligé de réparer, vous avez vu ici en 2003, une réparation préparée, une réparation organisée est plus efficace et coûte moins cher qu'une réparation désordonnée.

Donc, voilà les convictions qui sont les miennes aujourd'hui au moment où j'ai l'honneur d'être Premier ministre. Et voilà pourquoi le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, sur lequel nous ouvrons aujourd'hui une très grande consultation, Agnès, est tellement important à mes yeux. Cette consultation, qui sera ouverte cet après-midi, doit permettre de répondre à quatre exigences essentielles, que je vais télégraphiquement rappeler.

La première, c'est que notre plan d'adaptation doit mettre en cohérence tous les leviers de l'action environnementale. Un exemple, nous savons que ces évolutions climatiques vont modifier significativement le cycle de l'eau. Il est donc essentiel que notre plan d'adaptation tienne pleinement compte [coupure] sur l'eau, traduite par le plan Eau. Nous sommes près de 60 ans après la première loi sur l'eau, de 63, la création des agences des bassins, et nous allons organiser ensemble avec vous une grande conférence nationale sur l'eau pour faire un bilan, une évaluation, et puis tracer les [coupure], j'espère pour les dizaines d'années qui viendront.

De même, notre plan national d'adaptation devra tenir compte de nos stratégies en termes de biodiversité, d'air protégé, de zones humides, de la question de la santé liée à l'environnement, ou encore des démarches engagées pour l'agriculture et pour la forêt, avec les agriculteurs, pas sans eux ni contre eux, avec eux, et pour la protection des forêts. Tous ces sujets sont en réalité très interdépendants. Par exemple, je pense – et on l'a vu dans beaucoup de villes, ici et ailleurs – que ramener de la nature en ville, se réapproprier l'eau, quelques fois, des rivières qu'on a couvertes, dans beaucoup de communes, certains ports qui sont construits contre la mer, ramener la nature en ville permet de rendre les sols moins imperméables et de réduire le risque d'inondation tout en améliorant le cycle de l'eau et en faisant baisser la chaleur en ville, ce qui est naturellement utile pour la santé publique. Au-delà [coupure], l'État doit aussi montrer l'exemple en ne finançant plus, en finançant moins, j'espère plus du tout, d'investissements qui ne sont pas ou mal adaptés à l'évolution du climat en France et aussi en prenant l'engagement d'intégrer d'ici à 2030 notre trajectoire de réchauffement dans les politiques publiques comme les programmes d'aménagement ou les normes techniques pour les infrastructures, les matériels de longue durée de vie. Ça, c'est la première exigence.

La deuxième exigence, c'est de prendre en compte les spécificités de nos territoires. Vous m'avez entendu et vous m'entendrez beaucoup parler de décentralisation, de déconcentration vers les préfets, de simplification, de territorialisation, d'expérimentation. Le Gouvernement va être [coupure] sur ces questions dans les semaines qui viennent pour [coupure] représentation et de la diversité des territoires français. Mais elles ne sont pas de la même manière. Et donc on va décliner cette planification nationale avec les élus, avec les responsables, avec les préfets, en tentant de s'adapter à chaque territoire. À partir de 2025, plusieurs opérateurs de l'État mutualiseront leurs moyens et leurs expertises dans le cadre de missions d'adaptation pour accompagner une centaine de territoires dans leur démarche propre d'adaptation au changement climatique, pour identifier leurs besoins et élaborer une stratégie d'adaptation en mettant en œuvre, autant qu'il sera possible, des solutions spécifiques à chacun. Ça demande, Madame la préfète de région, que dans chaque département, les préfets, qui vont d'ailleurs bénéficier de ces pouvoirs de déconcentration et de responsabilités écoutent – je ne dis pas se mettent à écouter, mais écoutent les élus qui ont des choses à dire. Les COP territoriales, [coupure] jusqu'à présent sur la thématique du changement climatique, seront invitées à décliner sur leur territoire le plan national et à travailler à des diagnostics d'adaptation de leur territoire pour agir dès la fin 2025.

Juste un mot de territoires qui sont très [coupure] qu'on ne doit pas oublier parce que je pense qu'ils sont une chance pour la nation, ce sont nos outre-mer. Il y a beaucoup de problèmes dans ces outre-mer, notamment la vie chère, l'éloignement, des problèmes spécifiques comme on le voit en Nouvelle-Calédonie. Mais je pense que ces outre-mer sont aussi une chance, notamment dans le domaine dont nous parlons aujourd'hui. Quand vous regardez [coupure] à partir des atouts qu'ont ces outre-mer en termes de biodiversité marine ou terrestre, d'énergies renouvelables, et pas seulement le soleil, l'espace en Guyane, la canopée, cette forêt immense qui est notre forêt nationale, en Guyane, où se trouve une partie des médicaments du futur, dans la canopée, dans les arbres, je pense qu'on doit mettre ces outre-mer ensemble dans un plan qui les associe à tous ces changements et qui nous permette de nous appuyer sur les recherches et les innovations que permettent ces atouts qu'ils ont en propre, puisqu'ils sont dans tous les océans.

Ça, c'est la deuxième exigence. La troisième, c'est de pouvoir s'appuyer sur des moyens financiers adéquats – je pense que vous m'attendiez aussi sur ce sujet. Alors je ne vais pas vous faire de longs discours sur le contexte budgétaire dans lequel nous sommes, qui est extrêmement contraint. Je suis Premier ministre depuis un mois et trois semaines, le Gouvernement est en place depuis quatre semaines, et nous devons faire face à une situation d'urgence, d'extrême urgence sur le plan budgétaire pour éviter une perte de crédibilité de notre pays au plan international. Et quand je dis ça, ce n'est pas des mots. J'ai été Commissaire européen pendant cinq ans chargé des services financiers donc je sais, sur ce sujet, de quoi je parle. Je n'oublie pas ces gens qui sont des spéculateurs, des opérateurs, des fonds d'investissement. Il n'y a pas beaucoup de cadeaux dans ce monde-là, et qui n'aime pas d'ailleurs beaucoup la lumière, et donc nous sommes sous observation. Et si nous dégradons cette crédibilité française, alors nous payerons encore plus cher nos intérêts.

Mesdames et Messieurs, la France paye, les Français, les contribuables français paient cette année, en 2024, 56 milliards d'euros d'intérêts. Cette année, 56 milliards d'intérêts cette année. Simplement l'intérêt, les intérêts que nous payons à d'autres pour payer nos emprunts. Ça ne peut pas continuer comme ça. Parce qu'on parle de dette écologique. Là, nous parlons aussi de chèques en blanc ou en bois qu'on tire sur la tête de nos enfants et nos petits-enfants. Donc voilà, je vous rappelle ce contexte qui nous oblige à contraindre et à tenter de mieux gérer l'argent public alors même qu'il y en a moins.

Cela dit, le coût de cette adaptation au changement climatique doit être vu aussi comme un investissement. Agnès me disait tout à l'heure qu'un euro investi dans la prévention, la protection de l'environnement, c'est probablement 7 à 8 euros qu'on économise en dégâts qu'on évite, en réparation qu'on évite. Donc, ayons ça aussi en tête quand on dépense ensemble de l'argent public, de l'argent privé. Ici, dans cette communauté des communes de l'Arbresle, vous avez, ensemble, décidé de renaturer, dites-moi si je me trompe, 10 000 mètres carrés au total. C'est des mètres cubes. Ce n'est pas la même chose ! 9 hectares. C'est ça la surface que je voulais… Vous avez sorti 10 000 m3 pour renaturer 9 hectares. J'ai bien fait de venir, oui ! Pour corriger les papiers que j'ai sous les yeux. Dans la prévention de cette crue qui se produit souvent de la Brévenne, de tels chantiers ont un coût. L'État y a participé à travers le fonds qu'on appelle le fonds BARNIER. C'est assez intéressant quand, je le disais, en un parti, quand vous êtes Premier ministre, et même quand vous n'êtes pas Premier ministre, ce qui était mon cas il y a un mois et demi, de se dire que quelque chose qu'on a fait quand on était ministre 30 ans plus tôt est utile et fonctionne, même s'il faut adapter et actualiser.

Afin d'accompagner le déploiement du plan d'adaptation, d'accroître la prévention, nous proposons d'augmenter ce fonds de 75 millions d'euros en 2025 pour arriver à 300 millions d'euros d'engagement de ce fonds l'année prochaine. Nous veillerons également à ce qu'une part substantielle du Fonds vert, même s'il est contraint, ce Fonds vert, plus substantiellement soit consacré à l'adaptation au changement climatique et à mobiliser des financements européens qui existent, mieux solliciter et mobiliser ces financements européens.

La quatrième exigence, et j'en termine, c'est que cette adaptation doit être l'affaire de tous. Les Français voient dans leur vie quotidienne maintenant, et pas seulement à la télévision, les effets de ce réchauffement, les conséquences de ce réchauffement, les inondations, mais aussi l'impact du changement climatique qui est beaucoup plus large. Il pourra conduire à adapter nos quartiers, adapter nos lignes de chemin de fer, nos réseaux d'énergie. Dans la vallée où j'étais tout à l'heure, nous visitions ce matin le paysage qui a changé au fil des siècles, au fil des révolutions industrielles, des chemins de fer, des autoroutes ; à notre tour, nous devrons faire évoluer ce paysage pour l'adapter au changement climatique. Et donc nous entrons, comme vous l'avez très bien démontré ici – et je voulais vous en féliciter, c'est pour ça que j'étais très heureux de faire ce parcours un peu bucolique avec vous – dans une époque où il faudra davantage parler de ménagement du territoire. C'est une idée d'ailleurs que j'avais initiée lorsque j'étais ministre de l'Environnement en m'occupant sur ce sujet de la prévention de ce très grand fleuve qu'est la Loire. Et nous avions, avec mon équipe à l'époque – je parle sans nostalgie mais ça me donne des souvenirs et des leçons – tenté d'abord d'aller voir tous les problèmes qui se posaient. Il y a des gens qui ne se parlaient plus. Monsieur ROYER, le maire de Tours à l'époque, qui était sur la logique de faire des digues et de construire derrière les digues – les chasseurs, les écologistes, les agriculteurs.

Et donc, on a initié une méthode dont j'ai fait une méthode pour le Gouvernement qui est celle du dialogue et on avait décidé tous les jeudis, pendant 10 mois, d'aller dans un des départements, un des endroits où se posait un blocage, un problème pour [coupure] des auditions publiques où des gens qui ne se parlaient plus entre eux étaient dans la même salle, ils s'écoutaient au moins et donc de rétablir le dialogue et le respect avec des gens qui ont toujours des choses à dire. J'ai toujours observé une chose que j'ai dit [coupure] le temps qu'on passe [coupure] d'ouvrage ou élu parfois à écouter les gens, c'est rarement du temps perdu. On avait fait ces auditions publiques, et ensuite on avait fait ce projet de Loire grandeur nature, qui a permis de faire ce très grand chantier écologique d'aménagement du territoire tout au long de la Loire. On va ainsi devoir continuer et amplifier.

À côté de notre patrimoine naturel, c'est aussi notre héritage culturel que nous devons protéger, nos racines culturelles et patrimoniales, beaucoup de bâtiments historiques, religieux ou industriels, jusqu'à des monts emblématiques [coupure] qui font notre fierté. Je voulais juste dire que ce risque concret, qui est devant nous, qui est chez nous, nous devons le prévenir sans le nier et nous adapter à ce changement en protégeant ce que nous avons de plus cher. Les jeunes sont d'ailleurs souvent les premiers à prendre la responsabilité, à faire évoluer les mentalités. Nous allons les mobiliser davantage, notamment en faisant de l'adaptation [coupure] la mission du service civique écologique qui sera proposée à 50 000 jeunes d'ici 2027.

Cette mobilisation de tous les Français doit aussi prendre la forme d'une participation la plus large possible à la consultation publique, à l'audition publique qui est engagée sur le plan national d'adaptation et qui s'ouvre aujourd'hui sur Internet et à laquelle tous ceux qui m'écoutent peuvent participer en disant ce qu'ils ont sur le cœur et leurs idées.

L'avis de tous les citoyens compte. Je pense que chaque citoyen est important et que chaque citoyen a quelque chose à dire et est une valeur ajoutée. C'est cette écologie des solutions, très loin d'une écologie théorique, punitive, idéologique, que je veux inscrire à l'action du Gouvernement et parce que j'y suis depuis longtemps particulièrement attaché. Nous devons ensemble continuer à faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre, ensemble continuer à protéger et à préserver notre biodiversité, aménager notre territoire, et encore une fois, s'adapter, ce n'est pas se résigner, ce n'est pas renoncer, c'est ouvrir les yeux et avec l'intelligence qu'on a, les moyens qu'on a, les mandats qu'on a, ensemble, améliorer les choses. Si possible, ensemble. C'est ce que je voulais vous dire en vous remerciant beaucoup de vous être dérangés et de m'avoir accueilli ici.

[Applaudissements]


Source https://www.info.gouv.fr, le 25 novembre 2024