Déclaration de M. Thani Mohamed Soilihi, secrétaire d'État, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux, sur la francophonie et l'aide au développement, à l'Assemblée nationale le 20 novembre 2024.

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  • Thani Mohamed Soilihi - Secrétaire d'État, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux,

Circonstance : Audition devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale

Texte intégral

La France a accueilli le XIXe sommet de la Francophonie, précédé par la XLVe conférence ministérielle de la Francophonie que j'ai eu l'honneur de présider.

Le sommet de Villers-Cotterêts a pleinement répondu aux défis posés pour faire rayonner la Francophonie, en se révélant historique à plus d'un titre. D'abord, par sa rareté : l'accueil de la plus haute instance de la Francophonie multilatérale que nous avons coconstruit avec l'Organisation internationale de la Francophonie - l'OIF - a constitué une première depuis trente-trois ans. Ensuite, le sommet a été historique par son décor : la cité internationale de la langue française du château de Villers-Cotterêts et le grand palais à Paris, tous deux fraîchement rénovés et récemment ouverts au public. Il a été historique, enfin, par son ambition : les Etats et gouvernements membres de la Francophonie ont relevé le défi de proposer aux francophones, en particulier les jeunes, des occasions concrètes et inédites pour créer, innover et entreprendre en français.

En marge du sommet, le festival Refaire le monde s'est tenu dans divers lieux culturels en France et dans une cinquantaine de pays. Grâce à notre réseau culturel, 350 000 personnes y ont assisté entre le 20 mars et début octobre. Je souligne aussi le succès du premier salon des innovations en français, FrancoTech, qui a rassemblé à la Station F plus de 2.500 participants de près de cent pays. Ces événements ont incarné une Francophonie de proximité, active, dynamique et inspirante. Ils ont suscité un engouement du public et des professionnels. Les retours des chefs d'Etat et de gouvernement, comme des ambassadeurs, sont positifs. Ce sommet était aussi un rendez-vous politique, avec la participation d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sur une centaine de délégations. L'OIF s'affirme plus que jamais comme une enceinte singulière et attractive : en témoignent le retour de la Guinée, l'adhésion de l'Angola, du Chili, de la Sarre, de la Nouvelle-Écosse et de la Polynésie française, ainsi que le rehaussement du statut de Chypre et du Ghana.

Le sommet de la Francophonie s'est également inscrit dans une actualité immédiate. J'en veux pour preuve l'adoption d'une résolution sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l'espace francophone, dont plusieurs paragraphes portent sur le Moyen-Orient, l'Ukraine, l'Arménie et le Sahel.

Par ailleurs, une déclaration de solidarité avec le Liban a appelé à un cessez-le-feu immédiat et annoncé la conférence internationale présidée par le chef de l'État à Paris, deux semaines seulement après le sommet. Au-delà des aspects politiques, la volonté du président de la République - partagée par la secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo - était de tenir un sommet utile, opérationnel et concret. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont ainsi adopté une déclaration thématique incluant les priorités de la France, y compris sur les enjeux globaux et les prochaines échéances internationales. Cette déclaration a aussi fixé un cadre pour l'émergence de nouveaux projets, dont certains portés par la France, à l'instar de l'appel de Villers-Cotterêts pour la régulation des plateformes en ligne ou la création d'un collège international pour la formation des enseignants et des cadres éducatifs et celle des traducteurs-interprètes.

Le Président de la République a annoncé seize engagements, parmi lesquels un soutien au programme international mobilité et employabilité francophone (PIMEF), à l'initiative de l'agence universitaire de la Francophonie, ainsi qu'au programme Volontaires unis pour la Francophonie et à la chaîne TV5 pour la jeunesse au Maghreb. Je citerai aussi la nouvelle Alliance féministe francophone.

Dans les mois à venir, avec le concours des services du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, je m'attacherai à assurer le suivi de ces engagements, de ces projets et de l'utilisation des fonds alloués à la France. FrancoTech a vocation à être pérennisé et, dans chacun de mes déplacements, je défends les objectifs de la Francophonie du réseau pour l'égalité et les droits des femmes, que nous avons lancés avec la ministre québécoise. Par ailleurs, en sa qualité de pays hôte du sommet, la France en garde la présidence jusqu'à la prochaine édition en 2026 au Cambodge. Quant à la prochaine conférence ministérielle, c'est le Rwanda qui l'accueillera à l'automne 2025.

La France est, par ailleurs, le premier bailleur de la Francophonie multilatérale. Nous continuerons de soutenir les efforts de modernisation et d'élargissement de l'OIF pour en faire un acteur incontournable et influent du système multilatéral. Le soutien à cette organisation dans son rôle d'espace de concertation sera aussi une priorité et pourra s'illustrer lors des prochains rendez-vous internationaux, parmi lesquels le sommet pour l'intelligence artificielle de Paris en février, la conférence des Nations unies sur les océans en juin à Nice ou celle sur le financement du développement à Séville cet été, dans le prolongement du sommet pour un nouveau pacte financier mondial.

Dans notre dialogue bilatéral avec nos partenaires, je soutiendrai tous les efforts nécessaires pour faire rayonner la Francophonie. Je l'ai déjà fait en me rendant au Caire début novembre pour identifier, avec le ministre égyptien de l'éducation, des pistes opérationnelles permettant de maintenir l'apprentissage du français.

Puisque vous m'y invitez, je souhaite également dire un mot de nos partenariats internationaux et de notre politique d'aide au développement. Dans le contexte budgétaire que vous connaissez, le ministère a pris une part significative dans les annulations et gels de crédits décidés en février et en juillet pour un montant total de 800 millions d'euros, soit 12,5% du budget. Pour apporter notre contribution à l'objectif de maîtrise des finances publiques fixé par le premier ministre, nous avons été conduits à faire des choix pour que ces réductions ne remettent pas en cause nos projets prioritaires. Notre boussole, fixée par Jean-Noël Barrot qui vous l'a exposée le 23 octobre, est de préserver d'abord les chantiers et actions qui nous permettent de porter la voix singulière de la France dans le monde, et ensuite les actions qui agissent directement sur le quotidien des Français et qui permettront de rendre notre diplomatie plus innovante, créative et efficace.

L'enveloppe du programme 209, Solidarité avec les pays en développement, connaît une baisse de 47 % de ses autorisations d'engagement. Toutefois, je rappelle la tendance haussière du programme depuis 2017. De surcroît, plusieurs outils ont vocation à être préservés. Nos outils bilatéraux seront ainsi les moins affectés. Les ambassades pourront continuer de lancer des projets grâce au fonds Equipe France, qui a fait la preuve de son efficacité et de sa réactivité. Nous continuerons à augmenter le nombre des experts techniques internationaux, qui sont un levier important d'influence. En matière humanitaire, avec 500 millions, nous préserverons une capacité à intervenir rapidement. C'est un gage de crédibilité politique dans les nombreuses situations de crise auxquelles nous sommes confrontés. Les crédits délégués à l'Agence française de développement (AFD), qui constituent le bloc le plus important du programme, seront nécessairement touchés par les réductions budgétaires. Je reviendrai sur nos efforts pour optimiser l'efficacité des aides. Enfin, les moyens destinés aux agences des Nations unies ainsi qu'aux autres organisations multilatérales et régionales seront affectés par la baisse de crédits. Nos partenariats devront donc être réévalués et rendus prioritaires à l'aune de l'influence qu'ils nous permettent.

Je me suis entretenu au sujet de ces perspectives avec Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies pour le développement. Dans le cadre de nos efforts d'application du pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), la mobilisation de financements innovants de la finance privée ou des banques multilatérales de développement est une autre de nos priorités.

J'ai travaillé avec les membres exécutifs de la Banque mondiale et de la plupart des banques régionales de développement lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, en octobre. Leur mobilisation sera nécessaire lors du One Water Summit co-organisé par la France à Ryad le 3 décembre, comme elle l'est pour le sommet pour la nutrition que la France accueillera en mars.

Au-delà des grands rendez-vous de 2025, j'aurai à cœur d'incarner l'agenda du renouveau de nos partenariats avec le continent africain, dont le Président de la République a brossé les contours, dès 2017 dans son discours de Ouagadougou et lors du nouveau sommet Afrique-France de 2021. Il s'agit de mettre la jeunesse et la culture au cœur de nos relations bilatérales, dans un partenariat d'égal à égal, gagnant-gagnant, sans peur du passé et tourné vers l'avenir. J'ai commencé ce travail en me rendant en Côte d'Ivoire en octobre, pour signer des conventions de prêt qui permettront de soutenir 60.000 jeunes entrepreneurs, et je le poursuivrai au Kenya la semaine prochaine.

Nos priorités s'inscrivent dans le cadre des dix objectifs politiques prioritaires établis au Comité interministériel de la coopération internationale et du développement - le CICID -, qui consacrent une attention essentielle aux enjeux du climat, à la promotion de nos intérêts économiques avec 50% minimum de projets assurés par des entreprises françaises, à l'éradication de l'extrême pauvreté et à la lutte contre les migrations irrégulières. J'inclus dans chacune de mes mobilisations à l'étranger une thématique relative aux droits des femmes car je porte une attention particulière à ce sujet. D'ici 2025, 75% de nos projets devront répondre à cette priorité.

J'évoquerai aussi l'importance accordée au pilotage de notre aide et à une évaluation fine de l'impact de nos projets. Nous continuerons à mesurer et à améliorer l'impact réel de nos efforts dans un objectif de redevabilité que nous devons aux Français. Je me félicite de ceux qui ont permis de faire aboutir la création de la commission d'évaluation de l'aide publique au développement. Je tiendrai le mois prochain un comité trimestriel interministériel de l'investissement solidaire et durable.

J'en viens aux crédits consacrés, au travers du programme 185, à notre diplomatie culturelle et d'influence. En dépit d'une baisse de 6%, ils sont maintenus à un niveau élevé - à 674,4 millions d'euros. Ce budget permettra de financer des actions essentielles au rayonnement international de la France. Nous réaffirmons ainsi le soutien aux Instituts français, relais d'influence indispensables à l'étranger. Nous avons besoin d'attirer les meilleurs dans nos centres culturels, pour l'organisation d'événements de qualité et pour convaincre nos partenaires et les mécènes.

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R - Je suis sincèrement désolé de cette déconvenue.

Je me félicite de la remise de la nouvelle version du Dictionnaire de l'Académie française. C'est une séquence mémorable. Notre position est claire, concernant l'écriture inclusive. Notre objectif est que la langue française soit agile mais lisible, en phase avec son temps. Le nombre de mots a ainsi doublé. Par ailleurs, le président Fuchs a rappelé mes origines : le français, qui n'est pas ma langue maternelle et que j'ai commencé à apprendre à l'âge de six ans, est un bien précieux. Vous pouvez compter sur ma détermination pour le protéger.

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R - Votre première question dépasse le cadre de mon portefeuille mais j'observe que, en l'état, le projet d'accord commercial avec le Mercosur est inacceptable pour la France.

Vos interrogations m'amènent à aborder le sujet de la malnutrition, qui touche toutes les nations et dont les conséquences sont d'ampleur, puisque 145 millions d'enfants souffrent d'un retard de croissance, 45 millions d'émaciation et 37 millions de surpoids. Nous devons investir massivement en faveur d'une transition vers des systèmes alimentaires plus durables, équitables et résilients. C'est dans cette optique que je continuerai à être présent partout et à faire entendre la voix de la France pour tenter de relever le défi universel de la lutte contre la malnutrition.

Le contexte international nous oblige en matière de défense du multilatéralisme. Ma feuille de route consistera à porter notre voix lors des temps forts que la France accueillera en 2025 - nous avons le temps d'affiner la préparation et nos contributions, y compris la vôtre, car je sais quel a été votre engagement dans ce domaine -, mais aussi au sommet de Séville.

Une conférence a été consacrée au climat et accueillie à Paris il y a dix ans, dans le cadre de la COP21. En juin, celle de Nice sera la plus grande conférence internationale jamais organisée autour des océans et la plus ambitieuse sur le plan politique. Co-préparons cette échéance, nous en avons le temps.

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R - J'ai trop de respect pour le travail parlementaire pour ne pas m'en inspirer.

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R - Les chiffres sont probants : plus de 321 millions de personnes parlent le français dans le monde, qui est la cinquième langue la plus parlée après l'anglais, le chinois, l'hindi et l'espagnol. C'est aussi la langue officielle de trente-deux pays et, avec l'anglais, c'est la seule à être présente sur les cinq continents. Par ailleurs, le français est la quatrième langue la plus utilisée sur internet et la deuxième langue étrangère la plus apprise, avec 150 millions d'apprenants dans le monde. Enfin, le nombre de francophones pourrait atteindre 750 millions d'ici 2050, dont une grande part sur le continent africain.

Partout où je suis allé depuis ma nomination, j'ai constaté une demande de France et du français. L'OIF, qui fait un travail formidable, a d'ailleurs accueilli cinq nouveaux membres cette année, preuve de l'attractivité de la Francophonie.

Je me suis rendu au Canada et au Québec avec le président de la République. À mon retour, j'ai signé avec le sénateur Jeremy Stine le renouvellement de l'accord de coopération relatif au Conseil pour le développement du français en Louisiane (Codofil).

J'ai assisté au lancement de l'Alliance de la propriété intellectuelle francophone, portée par l'Institut national de la propriété industrielle - l'INPI -, avec une dizaine de ses homologues.

Ces programmes montrent que nous ne baissons pas les bras. Nous ne sommes pas seuls au monde et l'anglais est agressif - si vous me permettez cette expression. Les personnes désireuses de réagir face aux risques qu'elles constatent pour la Francophonie sont des modèles dont nous pourrions nous inspirer pour éviter que le pire que vous décrivez arrive.

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R - Nos lycées français demeurent attractifs et l'objectif du doublement des effectifs reste prioritaire, tandis que le budget alloué aux lycées est globalement préservé. À New York, j'ai visité l'école d'Harlem qui bénéficie du programme French for all pour le financement de programmes d'enseignement bilingues aux Etats-Unis. L'avenir est le multilinguisme. En mettant l'accent sur sa promotion, nous contribuons à répondre aux défis que vous évoquez.

Il faut aussi mentionner la création du collège international de Villers-Cotterêts, à la cité internationale de la langue française. Dès 2025, ce laboratoire d'excellence pour améliorer la qualité de l'éducation francophone aura vocation à accueillir des enseignants et des cadres éducatifs. Il y aura aussi un centre de formation continue pour les traducteurs et interprètes des organisations internationales.

Encore une fois, je suis navré pour les déconvenues que certains d'entre vous ont rencontrées à l'occasion du sommet de la Francophonie. Retenons les annonces qui en ont découlé, qui vont dans le sens de vos propos et que je me ferai fort de concrétiser. Ne baissons pas les bras. Le français est mis en question mais nous allons tout faire pour sauver et préserver le français !

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R - Je suis dans un gouvernement qui a fait des choix. Le premier ministre a fixé un cap. Je suis rattaché au ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Vous comprendrez la solidarité que je dois à cette ligne politique. Quant à vous, parlementaires, ne négligez pas votre rôle. Vous disposez de marges de manœuvre jusqu'à la commission mixte paritaire. Je pense que nous ferons au mieux, collectivement, pour sauvegarder ce qui peut l'être.

S'agissant des baisses de crédits, j'ai précisé dans mon propos liminaire quelles étaient nos priorités. Nos outils bilatéraux seront les moins affectés. Les ambassades pourront continuer à lancer des projets grâce au fonds Equipe France et nous continuerons à augmenter le nombre d'experts techniques internationaux. En matière humanitaire, nous avons dû supprimer la provision pour crises majeures mais, avec 500 millions d'euros, nous préservons une capacité à intervenir rapidement. C'est un gage de stabilité politique.

Les crédits délégués à l'AFD seront touchés par les réductions budgétaires, avec l'objectif de nous centrer sur nos priorités géographiques et thématiques et d'optimiser l'efficacité de l'aide. Les moyens destinés aux agences et organisations multilatérales des Nations unies et régionales seront les plus affectés. Le ministère souhaite engager un dialogue inclusif avec les parlementaires pour établir les axes prioritaires de nos engagements multilatéraux.

Concernant les Comores, nous procéderons à une évaluation fine de ce qui s'est fait, en fonction de laquelle nous améliorerons ce qui peut l'être et arrêterons ce qui n'est pas efficace.

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R - Depuis 2017, la France a fait de la restitution des biens culturels une priorité dans ses relations avec ses partenaires africains. La cérémonie de signature de la convention du dépôt du "tambour parleur", qui s'est tenue le 18 novembre au ministère de la culture, en présence des ministres de la culture ivoirienne et française et de membres de votre commission et du Sénat, est symptomatique de cet engagement et a permis d'enclencher le processus de retour du tambour Djidji Ayôkwé. Les sénateurs présents ont annoncé le dépôt d'une proposition de loi visant la restitution à la Côte d'Ivoire, seul moyen juridique qui permettra la sortie du tambour des collections publiques françaises. Par cette étape, la France et la Côte d'Ivoire se sont engagées dans un dialogue étroit dans le domaine culturel et patrimonial, qui s'est traduit par plusieurs projets emblématiques comme la modernisation du musée des civilisations de Côte d'Ivoire, qui accueillera à terme le tambour, ainsi que la numérisation de ses collections. Le "tambour parleur" a été restauré, numérisé en 3D et présenté en janvier dans sa version numérique lors de la coupe d'Afrique des nations de football à Abidjan.

Notre coopération se poursuit, avec des actions visant à structurer la politique muséale ivoirienne, à valoriser le patrimoine ivoirien et à développer une filière professionnelle dans le secteur du patrimoine et des outils numériques. C'est ainsi tout un programme de coopération qui s'est enclenché entre deux pays francophones et membres de l'OIF. Je me suis engagé dans ce dossier en me rendant à Abidjan, après avoir fait connaissance de la ministre ivoirienne lors du sommet de la Francophonie. Ce processus participe aux relations nouvelles, d'égal à égal et de respect avec nos partenaires, en particulier africains.

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R - Le principe d'une loi-cadre n'est pas abandonné mais il est de notre devoir de permettre certaines restitutions lorsqu'elles ne sont pas compliquées. Puisqu'il a été aisé d'obtenir une unanimité, il aurait été dommage de ne pas enclencher le processus de restitution du "tambour parleur" alors que passer par une loi-cadre aurait été plus long.

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R - J'attache une importance particulière à ce que les collectivités puissent participer à toutes les politiques publiques, y compris lorsque la Francophonie et les partenariats internationaux sont concernés.

Au Caire, lors du Forum mondial urbain, la délégation française comptait plus de 135 personnes et les élus locaux venus témoigner de leur expérience et de leur expertise se sont fortement engagés. La semaine prochaine, j'irai au Kenya pour signer une convention entre la chambre de commerce et d'industrie de ce pays et le département de Mayotte. Ce sont des exemples parmi d'autres de l'implication nécessaire des collectivités. J'ajoute que les collectivités d'outre-mer sont aux avant-postes des pays avec lesquels nous nouons des partenariats. Je compte sur l'expertise des élus locaux et des territoires pour œuvrer ensemble à faire avancer nos politiques publiques.

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R - Le périmètre national de l'apprentissage du français échappe à mon portefeuille. Aussi laisserai-je à ma collègue qui en a la charge le soin d'y répondre.

Le budget de la Francophonie a vocation à ne pas mettre en péril nos priorités. Nous sommes dans une période difficile et les efforts à consentir nous engagent tous. Ils visent à mieux nous armer pour rebondir et revenir au premier plan.

S'agissant de la lutte contre les inégalités de genres, la diplomatie féministe me tient à cœur. C'était le principal sujet de mon récent déplacement au siège de l'Organisation des Nations unies. Par ailleurs, après le sommet de la Francophonie, nous avons lancé l'Alliance féministe francophone afin de soutenir les organisations féministes, dont les activités ont un effet transformateur sur les normes sociales et les politiques publiques.

Je viens de prendre mes fonctions et la seule garantie que je peux apporter est d'avoir à l'esprit tous ces sujets et toutes ces priorités. La défense de l'égalité entre les femmes et les hommes est ancrée en moi, compte tenu du statut matriarcal de mon territoire, Mayotte. C'est viscéral ! Je n'ai pas besoin d'être convaincu et je déploierai toute mon énergie pour faire avancer ce sujet avec vous.

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R - Le sommet de la Francophonie a été l'occasion de nombreuses annonces, preuve de sa richesse. La Francophonie mobilise au plus haut niveau, parce qu'elle sait être force de proposition, d'action et de transformation. Ce sommet, coconstruit avec l'OIF, s'est montré à la hauteur des enjeux en matière multilatérale. Au sein de l'espace francophone, qui représente plus de 300 millions de citoyens, faut-il le rappeler, nous savons nous concerter et converger. En témoigne la solidarité francophone exprimée envers le Liban, au travers d'une déclaration adoptée à l'unanimité des membres de l'OIF, et les efforts conjoints de ces derniers pour peser dans les crises qui secouent le monde et pour s'organiser face aux défis globaux.

Après les constats, l'heure est à l'action. Nous devons nous préparer au doublement des locuteurs francophones d'ici vingt à trente ans. Le sommet a permis d'engager cette préparation, par la formation au français ou par la mobilité des jeunes. Je me fais fort de traduire en actes les annonces du sommet de Villers-Cotterêts. Au-delà du budget, des rapports, des relations et des partages d'expériences pourront servir d'exemple.

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R - J'ai rencontré la dirigeante de France Médias Monde pour aborder ces questions à l'aune du budget et nous avons convenu de travailler en étroite collaboration et de tout faire pour préserver les moyens d'action de ce groupe. Des actions que je ne peux pas détailler ici seront engagées pour rappeler la nécessité de préserver et de développer cet outil médiatique. Je m'engagerai aussi dans la lutte contre la désinformation. Nous affronterons collectivement ces défis.

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R - Chaque euro investi dans la nutrition génère 23 euros de richesse : un retour sur investissement sans égal. La France s'est engagée à faire de la nutrition une priorité mondiale. Vous l'avez dit, elle accueillera le sommet Nutrition for growth les 27 et 28 mars, qui réunira à Paris des gouvernements, des organisations internationales, des philanthropes, des acteurs du secteur privé, des organisations non gouvernementales et des universités. J'en parle dans tous mes déplacements, comme à New York et à Washington, car c'est collectivement que nous le préparerons. Mes contacts, notamment les banques de développement, laissent penser que ce sommet sera une réussite. Je ne peux pas m'engager mais nous pourrions en faire collectivement un succès grâce à la prise de conscience que 1 euro investi dans la nutrition génère 23 euros de richesse. Ce rapport motive. À l'inverse, l'inaction produit plusieurs centaines de millions de dégâts chaque année.

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R - Je serai clair, court et bref : vous connaissez la position de la France et son engagement inconditionnel dans la lutte contre l'antisémitisme et toutes les formes de haine. Cet engagement ne saurait être remis en question. Je ne commenterai pas les propos des uns et des autres. Nous sommes dans un pays de liberté de propos. J'ignore si une suite a été donnée à ceux que vous évoquez mais permettez-moi de m'arrêter là en réitérant l'affirmation forte selon laquelle notre détermination est sans faille dans la lutte contre l'antisémitisme.

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R - J'y ai tenu le séminaire de mon cabinet vendredi dernier. La cité internationale de la langue française a déjà reçu 250.000 visiteurs. C'est à nous de faire vivre ce site magnifique !

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R - L'objectif de la recherche de financements innovants est de faire coïncider le partenariat dit "4P" avec le sommet de Séville de juin 2025. J'en fais la promotion dans tous mes déplacements. Pour le moment, soixante-dix Etats y ont adhéré, sous l'impulsion de Macky Sall que j'ai pu rencontrer. Les conditions pour adhérer au 4P sont peu nombreuses et c'est collectivement que nous le ferons vivre et que nous trouverons les ressorts d'un changement d'architecture du financement des aides au développement.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 décembre 2024