Déclaration de Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt, sur la future PAC et l'accord avec le Mercosur, à Bruxelles le 9 décembre 2024.

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  • Annie Genevard - Ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

Circonstance : Arrivée au Conseil "Agriculture et Pêche" (Agriculture)

Texte intégral

Bonjour Mesdames, Messieurs. Ce Conseil revêt une importance particulière. D'abord c'est le début du mandat du nouveau commissaire à l'agriculture, Christophe Hansen, que je vais rencontrer dans un entretien bilatéral. C'est également le début des mandats du commissaire Varhelyi et de la commissaire Roswall. C'est un Conseil extrêmement important puisque nous allons aborder à nouveau la future PAC où la France insistera sur plusieurs points : l'importance d'un budget ambitieux, le maintien du revenu, l'importance du sujet du revenu des agriculteurs et puis également la question de la simplification. Nous allons aborder aussi les négociations d'un certain nombre de règlements qui revêtent là aussi une importance certaine aux yeux des Français, notamment ce qui touche aux NGT [nouvelles techniques génomiques], au matériel de reproduction végétal et forestier, et la question du bien-être animal. Beaucoup de sujets vont nous occuper pendant deux jours et nous y attachons une importance évidemment particulière.

Et puis il sera question naturellement de la question du Mercosur et de l'accord récemment parafé à Montevideo par la Commission. Vous savez que la France s'est prononcée très clairement et de façon très résolue et très déterminée contre la conclusion de cet accord, qui entame un parcours qui n'est pas terminé. Nous sommes évidemment hostiles à ce projet d'accord parce qu'il va impacter très profondément des productions nationales en matière d'élevage, élevage bovin, élevage de volaille et puis également la filière sucrière. Opposés à cet accord parce qu'il ne garantit aucunement la réciprocité des normes qui sont imposées à nos propres producteurs et c'est la raison pour laquelle la France est très hostile à la scission de l'accord qui priverait les parlements nationaux d'expression, et je crois que ça affecterait très durablement et très profondément la confiance que non seulement les parlements mais les populations nationales peuvent avoir dans l'Union européenne. Donc j'alerte sur ce danger qu'il y aurait à scinder l'accord de façon à permettre d'échapper à l'expression des populations et des parlements nationaux.

Voilà quelques-uns des sujets sur lesquels je voulais mettre l'accent mais je suis prête à répondre à vos questions mesdames et messieurs.


Une question sur l'accord Mercosur. Il y a des circonstances dans lesquelles vous seriez prête à approuver l'accord ?

Mme Annie Genevard : Tel que je vous ai décrit les incidences que ça aurait sur l'agriculture française, il y a la question de la réciprocité des normes, et qui pose la question du contrôle. Nous n'avons pas confiance dans la capacité à contrôler véritablement la réciprocité des normes. Donc beaucoup, beaucoup de choses nous rendent extrêmement sceptiques sur la pertinence de cet accord. Également parce que ces accords de libre-échange concernent toujours les mêmes productions : c'est toujours l'élevage, très souvent l'élevage, et de façon générale nous percevons que dans ces accords de libre-échange, l'agriculture est trop facilement et trop souvent la variable d'ajustement. Ça ne peut pas être agriculture, industrie contre agriculture. Ça ne marche pas. Donc il faut revoir la philosophie même de ces accords de libre-échange.

Est-ce que vous avez plus d'informations sur le fonds de compensation de la Commission, qu'ils ont proposé aux politiciens à trouver au mois d'octobre ?

Mme Annie Genevard  : Pas d'informations précises et puis une interrogation sur le principe même des compensations. Parce que compenser des filières qui seraient durablement abîmées par un tel accord, ça ne remplacera pas la vigueur de production nationale. La compensation ne répond que très imparfaitement à la question de la préservation des filières.


Source https://ue.delegfrance.org, le 13 décembre 2024