Extraits d'un entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, avec BFM TV le 31 décembre 2024, sur la situation au Liban et en Syrie.

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Circonstance : Déplacement au Liban

Média : BFM TV

Texte intégral

(...)

Q - Bonjour Jean-Noël Barrot.

R - Bonjour

(...)

Q - C'est la même question que je vous pose, Jean-Noël Barrot, c'est de savoir si tout le monde joue le jeu. Moi, j'avais des questionnements dans mes analyses sur la capacité d'Israël à jouer le jeu sur le terrain militaire, mais évidemment, revenir à un statu quo politique pour les Libanais, je ne parle pas du gouvernement libanais, mais des Libanais, la population qui a vécu des guerres depuis quasiment 40 ans, qui vit sans président depuis plusieurs années désormais, quelle est là aussi la situation ?

Est-ce qu'on a l'impression d'être à mi-chemin ? Est-ce que vous avez l'impression que ça avance du côté des politiques libanais ?

R - Alors d'abord, ce cessez-le-feu que la France a porté, a mis fin à une situation qui menaçait de précipiter le Liban dans le chaos.

La première des priorités, c'était l'aide humanitaire parce que cette guerre avait déplacé des centaines de milliers de personnes loin de chez elles. C'est pourquoi, sous l'impulsion du Président de la République, c'est à Paris que nous avons accueilli la première grande conférence internationale de soutien au Liban qui a permis de lever plus d'un milliard de dollars au profit de l'aide humanitaire au Liban.

La deuxième priorité, c'est de pérenniser ce cessez-le-feu. On arrive à mi-chemin et c'est tout l'objet de notre visite avec Sébastien Lecornu : renforcement des forces armées libanaises, puis soutien à l'action des casques bleus de la FINUL.

Et puis la troisième priorité, c'est le redressement économique, social et politique du Liban. Et la première étape de ce redressement, c'est l'élection d'un président qui, comme vous le dites, est attendue depuis deux ans et demie. Un président qui pourrait rassembler les Libanais pour incarner l'unité du Liban dans sa diversité. Et de ce point de vue-là, le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, a pris ses responsabilités et il a convoqué, le 9 janvier prochain, le Parlement. Il appartient donc aux forces politiques libanaises de prendre leurs responsabilités et de saisir cette occasion pour élire ce président et qu'on puisse engager le Liban sur une trajectoire qui lui permet de reprendre son destin en main.

D'abord le président, puis un gouvernement, puis des institutions qui fonctionnent, et puis l'effort colossal de reconstruction qui est devant le Liban aujourd'hui, puisque cette guerre a provoqué plusieurs milliards d'euros de dégâts et de dommages. On parle de plusieurs millions de tonnes de gravats à nettoyer.

Q - Vous les avez vus, Monsieur le Ministre, en descendant ?

R - On les a vus en descendant le sud du Liban, absolument. Et donc tout ça, c'est un effort considérable qui suppose, c'est la première étape, une élection, celle du président.

(...)

Q - Un dernier mot Jean-Noël Barrot, justement, là aussi, nous passons à une nouvelle année. Cette nouvelle année pour la Syrie, et évidemment pour ce Proche-Orient, il suffit de le voir, la Syrie est juste là, alors que la mer est juste ici, on est dans une zone très petite, mais qui a des répercussions énormes.

Comment vous évaluez la suite, les gages qui ont été donnés notamment aux représentants de la diplomatie française qui se sont rendus à Damas ? Comment vous voyez la suite tout simplement ?

R - D'abord, une nouvelle fois, ce qui se passe en Syrie nous concerne très directement, nous, Françaises, Français et nos enfants. En 2015, fuyant l'oppression du régime de Bachar al-Assad, ce sont des centaines de milliers, plus d'un million de Syriens qui ont fui vers l'Europe, provoquant l'une des vagues migratoires les plus importantes que nous ayons connue.

Et puis ensuite, comme ça vient d'être rappelé, c'est le terrorisme islamiste en partie instrumentalisé par le régime criminel de Bachar al-Assad qui a touché de nombreux pays européens.

Et c'est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de la chute de ce régime criminel. Et c'est pourquoi nous pouvons cultiver l'espoir que dans cette nouvelle page qui s'ouvre dans l'histoire de la Syrie, d'abord les communautés de la Syrie dans leur diversité puissent être représentées dans le futur gouvernement, que ce futur gouvernement lutte activement contre le terrorisme islamiste qui a prospéré pendant de trop nombreuses années, que soit mis fin au trafic ou encore à la prolifération des armes chimiques qui avaient été conçues par le régime et que le régime a tourné contre son propre peuple.

Bref, que plutôt que d'être un foyer d'instabilité dont les conséquences se sont faites sentir jusqu'en Europe, la Syrie redevienne un pôle de stabilité pour la région.

Q - Merci beaucoup.

R – Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 janvier 2025