Déclaration de Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants, sur Solidarité Défense, à Paris le 22 janvier 2025.

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  • Patricia Mirallès - Ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants

Circonstance : Cérémonie des voeux de l'association Solidarité Défense

Texte intégral

Monsieur le ministre, cher Jean-Marie,
Monsieur le chef d'état-major des Armées, Général,
Monsieur le délégué général pour l'armement, cher Emmanuel,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, Général,
Messieurs les président des partenaires de Solidarité Défense, Général,
Monsieur le délégué général, Général,
Mesdames et messieurs les membres du bureau exécutif et du conseil d'administration de Solidarité Défense,
Mesdames, messieurs,


En vous voyant ici, aujourd'hui, je vois 30 ans de liens indéfectibles avec nos forces, où qu'elles soient déployées, 30 ans de chaleur humaine prodiguée avec la même générosité, le même instinct presque maternel ou paternel que celui des marraines de guerre en 14-18.

Je vois des montagnes de lettres et de dessins, de colis, qui disent à nos soldats les pensées et la tendresse que l'on a pour eux, un élan qui les entoure, les soutient et les rassure : non, loin des yeux, ils ne sont pas loin du coeur.

Je vois une famille.

Ce soutien chaleureux, c'est l'intuition que porte Solidarité Défense depuis sa création. Une intuition née, comme souvent, de la rencontre entre la grande histoire, l'histoire de nos armées et de l'évolution de ses engagements, et des histoires singulières, des drames personnels aussi.

Je pense à ses fondateurs, je pense notamment à l'amiral Lanxade, qui en tant que chef d'état-major des armées savait ce que c'est qu'envoyer de jeunes Françaises et de jeunes Français en mission au péril de leur vie.

Solidarité Défense naît en 1994, dans un contexte où la guerre fait déjà son retour en Europe : nos soldats déployés en ex-Yougoslavie se retrouvent confrontés à des combats d'une dureté extrême, dont le reste de la population est souvent inconsciente. Je n'oublie pas que nous commémorerons le 27 mai prochain la reprise, il y a 30 ans, du pont de Vrbanja.

C'est alors que se sont manifestés, largement issus de la société civile, des hommes et des femmes de bonne volonté, qui n'ont pas accepté que la solitude et l'oubli puissent s'ajouter aux traumatismes vécus : François Léotard, alors ministre de la défense, Jean-François Deniau, l'amiral Lanxade, pour ne citer qu'eux.

Depuis, les générations se sont succédées, sur des théâtres d'opérations toujours changeants, pour porter l'action de la France au sein de la communauté internationale et assurer notre sécurité en dehors de nos frontières.

L'engagement en Afghanistan, en particulier, a constitué pour nos forces une épreuve dans laquelle votre association a montré pleinement sa raison d'être.

La relève s'est assurée également parmi vos membres : je veux saluer d'une manière toute spéciale votre président, monsieur le ministre, cher Jean-Marie, vous dont l'engagement public et la vie ont été si étroitement liés à l'histoire nationale.

La conscience aiguë de la condition militaire qui est la vôtre vous a amené à vous engager sur des questions qui ne sont pas forcément celles qui apportent le plus de voix, ou d'audience médiatique, mais qui sont d'une importance cruciale pour nos armées, nos soldats et la force morale. Merci pour votre dévouement si fidèle.

Ce dévouement, c'est aussi, bien sûr, celui de tous les membres de Solidarité Défense, et de tous les bénévoles qui rendent possibles vos actions.

Parmi ces accomplissements, il y a eu ces dernières années la réalisation de projets de long cours au bénéfice des soldats blessés et de leur famille : l'action en reconstruction des veuves de militaire, qui ont vu toute une vie de projets et d'amour en commun emportée par la mort de leur conjoint. La mise en place d'un accompagnement pour les mères de militaires tués en opérations, cette douleur si terrible, trop souvent négligée.

Il y a, évidemment, l'action d'accompagnement des soldats blessés, dans la chair et dans l'esprit, avec les visites dans les hôpitaux à Percy, Bégin, Brest, Toulon ou aux Invalides, la mise en place de la Maison des blessés et des familles, l'accompagnement des maisons Athos.

Vous savez que c'est un sujet dont j'ai souhaité faire l'axe prioritaire de mon action avec le Plan blessés 2023-2027 : je suis heureuse de pouvoir inaugurer la semaine prochaine, dans le Lauragais, en Occitanie, une nouvelle maison Athos.

Vous avez su également investir les dispositifs de reconstruction par le sport, montrant la force de la volonté et l'esprit de combativité de ceux qui y prennent part malgré les épreuves traversées. Oui, pour reprendre un passage du poème qui a donné son nom aux Invictus Games, un poème écrit par un auteur qui a lui-même dû subir une amputation du pied à 25 ans : " Meurtris par cette existence, ils sont debout bien que blessés " (" Invictus ", William Ernest Henley, 1875. Poème écrit après avoir lui-même dû subir une amputation du pied à 25 ans) . Ils sont invaincus, c'est pourquoi je serai sur place, à Vancouver, pour encourager nos sportifs le mois prochain.

Mais Solidarité Défense c'est aussi un engagement pour tous nos soldats en opérations, une ligne de vie les reliant à la Patrie et leur montrant qu'ils ne sont pas seuls lorsqu'ils sont « loin de chez eux, en Afrique » ou ailleurs. C'est aussi cela, participer à la consolidation des forces morales du pays : faire bloc derrière nos soldats.

Vous rendez visible ce lien de solidarité qui fait des armées le coeur de notre Nation : arrimer chaque soldat, en particulier les plus éprouvés, à la Nation. Telle est la grandeur de votre mission, mission qui incarne l'esprit de cohésion et de défense si nécessaire, si vital aujourd'hui pour notre pays. Je pense aux dizaines de milliers de colis de Noël expédiés depuis 1995, pour nos soldats déployés en opérations : près de 14 000 rien qu'en 2024.

Je pense aux dessins de Noël, qui permettent à chaque destinataire de recevoir un peu de la chaleur des fêtes qu'il ne peut pas vivre en famille. En 2024, grâce à plusieurs centaines d'écoles partenaires et à leurs enseignants, 40 000 dessins ont été envoyés, et 40 000 sourires se sont esquissés sur les visages de nos militaires.

Une action collective, enfin, je le sais, à travers le Comité d'Entraide Défense — et je n'oublie pas les autres associations qui s'engagent dans ce cadre, ni tous les autres acteurs dont l'action est précieuse : les cellules d'aide aux blessés, l'ONaCVG, l'UBFT, Ad Augusta…

Oui, selon la formule fameuse et si juste de Clémenceau, tous nos soldats blessés ou tués, ainsi que leur famille, " ont des droits sur nous =". Par votre action, vous contribuez à leur rendre ce que nous leur devons collectivement.

Il me reste à vous adresser tous mes voeux de succès dans cette mission pour l'avenir -- au moins pour les 30 ans qui arrivent -- en commençant par vous souhaiter une bonne année 2025, à toutes et à tous.


Source https://www.defense.gouv.fr, le 27 janvier 2025