Interview de Mme Françoise Gatel, ministre déléguée, chargée de la ruralité, à Public Sénat le 25 février 2025, sur la politique agricole et la ruralité.

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Média : Public Sénat

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Bonjour Françoise GATEL.

FRANÇOISE GATEL
Bonjour.

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation de ministre déléguée chargée de la Ruralité. On est ensemble pendant vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Fabrice VEYSSEYRE-REDON du groupe ÉVRA. Bonjour Fabrice.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Bonjour Oriane. Bonjour Françoise GATEL.

FRANÇOISE GATEL
Bonjour.

ORIANE MANCINI
On va évidemment parler du salon de l'agriculture et de la ruralité. Françoise GATEL, mais d'abord un mot puisque Emmanuel MACRON était donc hier à Washington où il a rencontré le président américain. Vous pensez qu'il a réussi à infléchir à la position de Donald TRUMP ?

FRANÇOISE GATEL
En tout cas, je pense que le président de la République a eu raison d'aller présenter la position des Européens au Président TRUMP. Et je trouve que le président de la République l'a dit. Il a obtenu la prise en compte d'un certain nombre d'éléments, qu'un accord ou une trêve ou un cessez-le-feu puissent intervenir, tout en reconnaissant qu'il peut y avoir de capitulation de l'Ukraine et la reconnaissance du rôle de l'Europe et l'importance d'une solution de paix qui affirme l'importance de l'Europe et le fait que celle-ci ne peut pas être fragilisée à l'issue de cette guerre dont on connaît l'agresseur.

ORIANE MANCINI
On va parler du salon de l'agriculture. Vous avez accompagné, hier, François BAYROU toute la journée. Mais avant de parler agriculture, un mot sur l'affaire Bétharram puisque on a appris qu'une plainte pour non-dénonciation de crimes et délits avait été déposée, vendredi, contre François BAYROU. Est-ce que le Premier ministre peut tenir ou est-ce qu'il doit s'expliquer clairement sur cette affaire ?

FRANÇOISE GATEL
D'abord, je voudrais dire que chacun d'entre nous pensent d'abord aux victimes et à leur famille puisque ce sont des choses terribles et je pense que les victimes portent ça avec une grande douleur qu'il faut reconnaître et il faut leur affirmer notre compassion. Ensuite, aujourd'hui, j'ai effectivement entendu qu'il y avait une plainte qui était déposée, donc la justice va faire son travail. Ensuite, très sincèrement, je trouve toujours délicat de parler de tout ça, en raison même de ce que les victimes ont subi, mais je trouve quand même qu'il y a une concordance des temps qui m'interroge, c'est-à-dire, curieusement, à un moment, cette affaire sort avec une interpellation par des médias, par un certain nombre de gens du Premier ministre au moment où il est devenu Premier ministre. Donc, vraiment, moi, je dis qu'il faut être respectueux des gens et éviter toute instrumentalisation et toute manipulation de quelque chose qui est douloureux et difficile.

ORIANE MANCINI
Mais est-ce que François BAYROU peut continuer à dire, comme il l'a fait hier, " Je ne participe pas au scandale " ? Est-ce que c'est une réponse acceptable ?

FRANÇOISE GATEL
Moi, je pense que François BAYROU, il a raison de dire qu'il ne participe pas à entretenir cette espèce de climat qui est, je pense, qui est douloureux pour tout le monde, y compris pour les victimes. Moi, j'ai entendu le propos du président de l'Association des victimes que François BAYROU a rencontré longuement. Sincèrement, je pense que, en tout cas, les choses sont comme elles sont, mais je pense que dans notre pays, il y a beaucoup d'amalgame de faits et on instrumentalise beaucoup de choses pour faire de la politique. Et encore une fois, vraiment, mes pensées les plus sincères vont à ces victimes parce que c'est quelque chose qui fait plus que bouleverser vos vies.

ORIANE MANCINI
On va parler du Salon de l'agriculture puisque vous avez accompagné hier toute la journée. François BAYROU, dans les allées du Salon, visite dans le calme comme celle d'Emmanuel MACRON. D'ailleurs, est-ce que ce calme, il ne masque pas la détresse et la colère des agriculteurs ?

FRANÇOISE GATEL
Je ne sais pas. Moi, ce que j'ai ressenti, je vais au Salon de l'agriculture tous les ans, c'est effectivement une atmosphère différente de l'année dernière où l'atmosphère était extrêmement tendue. Les agriculteurs avaient exprimé leurs souffrances, leurs attentes, leurs difficultés de faire leur métier, qu'ils ne les rémunèrent pas, sur lesquelles il y a toujours beaucoup de bashing et vraiment, même un mépris parfois pour les agriculteurs et des gens qui donnent des leçons assis dans leur canapé dans le 16e ou dans le 7e. Moi, j'ai ressenti, Dieu sait si on a vu des gens, on a croisé des gens dans les allées, on a discuté avec les représentants et les professions du lait, de la viande et du porc. Ce que je sens, c'est qu'il y a comme un soulagement parce que la loi d'orientation agricole qui vient d'être votée répond à bon nombre d'interrogations et vient vraiment régler un certain nombre de problèmes. Il y a des questions sur le Mercosur, il y a des questions ou des attentes très fortes sur la simplification et Annie GENEVARD et le Premier ministre se sont clairement engagés sur le sujet. Ce sont des professions qui restent extrêmement difficiles. Il faut soutenir nos agriculteurs qui sont confrontés eux aussi à beaucoup de contradictions et je pense que la France doit reconnaître la place de son agriculture. Il n'y a pas d'avenir pour la ville si on ne respecte pas la ruralité qui apporte l'alimentation, l'eau et les énergies renouvelables.

ORIANE MANCINI
Qu'est-ce qu'ils vous ont dit les agriculteurs hier ? Parce que François BAYROU lui-même a reconnu que tous les problèmes n'étaient pas résolus. Est-ce que les Gouvernements ont trop laissé traîner la résolution de ces problèmes des agriculteurs ?

FRANÇOISE GATEL
François BAYROU l'a dit très clairement, il était très à l'aise que lui-même a été éleveur. Il connaît les gens, il connaît le métier et on sentait un profond respect pour lui. Oui, tous les problèmes ne sont pas réglés parce que les problèmes ne se règlent pas d'un coup de baguette magique. Il y a l'interrogation sur le Mercosur, il y a la volonté de retrouver de la raison, notamment sur la tentation française de surtransposer les normes européennes. C'est-à-dire que les agriculteurs disent : « Notre métier, il est difficile, qu'on l'aime, parce que c'est nous qui entretenons les paysages, c'est nous qui faisons vivre cette partie du territoire, dont l'apport est irremplaçable pour notre pays. C'est un métier difficile, soumis à des aléas. Ne rajoutons pas des normes aux normes et surtout respectez-nous, simplifiez-nous la vie ». Aujourd'hui, un agriculteur, il passe trop de temps à faire ce qu'il appelle de la paperasse. Il y a beaucoup de réglementations, on oublie que l'agriculture, c'est un métier où vous travaillez ou avec le vivant, ou avec la météo qui peut bouleverser…

ORIANE MANCINI
Mais ça fait des années, Françoise GATEL, qu'on entend cette demande d'agriculteurs. Pourquoi on n'arrive pas à simplifier ?

FRANÇOISE GATEL
D'abord, je pense qu'on a, à un moment, on a été très heureux d'avoir des agriculteurs qui nous ont nourris pendant des années, qu'ont fait des efforts considérables. Et aujourd'hui, sur ce mode d'agriculture qui s'est développé à un moment, que certains trouvent trop intensif, on est aujourd'hui sur un nouveau modèle, sur lequel les agriculteurs, moi dans ma Bretagne, les agriculteurs sont engagés depuis longtemps dans une démarche différente, qui est une démarche de développement durable, mais on a un agribaching, vous voyez bien le nombre d'associations, le nombre de gens qui crient, qui hurlent sur les agriculteurs, qui ne seraient pas assez écolo, qui pourraient même être écocide, qui maltraitent les animaux alors que personne ne fait le travail que font les agriculteurs. Donc, c'est d'abord un changement de regard, je trouve et puis il faut que la France soit exigeante. On ne peut plus accepter dans notre pays de commercialiser des produits dont on interdit la production en France. Je comprends la colère des agriculteurs, qui sont soumis à des règlements et à des exigences extrêmement fortes. Donc, Annie GENEVARD, comme le Premier ministre, mais c'était le cas aussi, des ministres de l'Agriculture précédents, de Marc FESNEAU, de Julien de NORMANDIE, ils accompagnent les agriculteurs, il faut les aider.

ORIANE MANCINI
Mais ce que vous dites, c'est ce qu'a dit Gabriel ATTAL dès qu'il est arrivé à Matignon, c'est-à-dire, il y a 14 mois. Pourquoi rien n'a avancé depuis ?

FRANÇOISE GATEL
Je vous rappelle quand même quelques épisodes politiques, excusez-moi, mais des, on va dire des intempéries politiques, qui fait que vous n'arrivez pas à faire avancer les choses, parce que soit, à un moment, il y a une dissolution, soit il y a une motion de censure et le Gouvernement est renvoyé. Donc, tout ceci explique aussi cela.

ORIANE MANCINI
Donc, il y a une responsabilité des oppositions si les choses n'ont pas avancé pour les agriculteurs ?

FRANÇOISE GATEL
Enfin, moi, je n'accable pas les oppositions, mais il faut qu'à un moment chacun soit responsable, c'est-à-dire que quand on censure un gouvernement, il ne faut pas après venir s'étonner que les choses n'avancent pas. Il ne faut surtout pas venir reprocher au Gouvernement en place le retard qu'on a pu prendre. Et les agriculteurs, ils expriment aussi, ils nous l'ont dit beaucoup de fois, c'est comme les Français, ils demandent de la stabilité parce qu'ils veulent bosser et qu'ils ont une concurrence étrangère qui est très forte, européenne ou internationale. Et eux disent que leur métier est suffisamment difficile. Il y a une forme de précarité dans l'agriculture et des aléas. Il faut que là, on les accompagne. Et je trouve qu'à mon avis, on a pris le bon chemin.

ORIANE MANCINI
Vous parlez d'écologie. Le Sénat a voté il y a quelques jours une proposition de loi qui autorise la réintroduction de certains néonicotinoïdes dans certains cas. A propos de cette loi, hier, François BAYROU a dit : " On a un équilibre, à mon sens, possible à trouver ". Est-ce que ça veut dire qu'il faut la modifier à l'Assemblée nationale, cette loi ?

FRANÇOISE GATEL
Je pense de manière générale que les choses doivent être dans la raison, c'est-à-dire les excès, qui sont des excès qui peuvent paraître extrêmement vertueux, mais qui conduisent à nous tirer une balle dans le pied parce que nos concurrents, y compris européens, et nos concurrents étrangers, ne produisent pas avec les mêmes conditions. Et on laisse ces produits qui viennent de l'étranger, dont je disais que leurs conditions de fabrication étaient très étranges par rapport à nos pratiques.

ORIANE MANCINI
Donc c'est excessif d'avoir interdit les néonicotinoïdes ?

FRANÇOISE GATEL
Non, je ne dis pas que c'est excessif. Je dis juste qu'il faut qu'on soit dans la raison et qu'il faut trouver un équilibre entre la protection de l'environnement et des espèces. Les agriculteurs sont les premiers à le faire. Et puis on va dire, la capacité pour nos agriculteurs de produire. Et qu'aujourd'hui, on devrait avoir un principe, mais on ne l'a pas fait, c'est ainsi. Moi, je ne juge personne. On ne supprime aucune solution sans en avoir trouvé une autre, c'est-à-dire, il faut vraiment... Et ça, ça a été dit depuis longtemps, y compris sous le Gouvernement de Gabriel ATTAL. Et moi, j'ai toujours entendu, par exemple, Marc FESNEAU le dire. On ne peut pas supprimer aux gens un élément nécessaire à leur activité économique sans avoir trouvé une solution.

ORIANE MANCINI
Mais là, ce texte du Sénat est le bon ou le Gouvernement souhaite qu'il soit modifié ?

FRANÇOISE GATEL
On va voir comment les choses avancent... Moi, je laisse les choses…

ORIANE MANCINI
Mais vous, vous êtes pour la réintroduction de certains néonicotinoïdes dans certains cas. Je dis qu'il faut…

FRANÇOISE GATEL
C'est difficile d'avoir un discours général. J'ai dit à un moment, il faut que l'on voit les interrogations que l'on a. On l'a vu pour certains marchés, y compris de production légumière. Je pense à la betterave où, si on n'autorisait pas de manière, on va dire, ponctuelle et provisoire un certain nombre de produits, le marché pouvait se déplacer totalement en Allemagne et commettre une filière en très grand danger. Donc, encore une fois, ça demande la nécessité d'accélérer en matière de recherche.

ORIANE MANCINI
Fabrice.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Exactement, mais c'est ça qui est surprenant. Depuis le temps qu'on en parle, on n'abandonne pas cette solution tant qu'on n'a pas une autre. Mais depuis le temps qu'on en parle, on n'a pas trouvé de solution. La recherche n'avance pas, c'est quand même assez curieux, au train où elle va.

FRANÇOISE GATEL
Je ne sais pas quel est son train. En tout cas, je pense qu'il doit y avoir un train qui est celui de la volonté de trouver des solutions pour aider notre agriculture à continuer son chemin vers ce mode d'agriculture qui est aujourd'hui celui du développement durable. Et en même temps, moi, je ne connais pas d'activité économique qui ne doit pas conjuguer la rentabilité et aujourd'hui, on a bien un sujet et je pense qu'il faut sans doute... Aujourd'hui, mais je ne suis pas spécialiste de la recherche, donc je me garderais d'être péremptoire. Mais en tout cas, peut-on accepter le principe d'engager des solutions avant de lancer trop d'interdictions ? Il faut mobiliser la recherche, mais peut-être pas qu'au niveau français.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
On a un peu l'impression que c'est toujours le même argument qui revient sans qu'il y ait de nouvelle solution. C'est un argument.

ORIANE MANCINI
On parle ruralité.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Alors oui, mais, moi, je vais vous parler de ruralité. J'ai une petite question préliminaire. Vous êtes ministre déléguée à la ruralité. Comment vous définissez ce poste ? C'est quoi un ministre à la ruralité ?

FRANÇOISE GATEL
Alors d'abord, la ruralité, il faut savoir de quoi on s'occupe. La ruralité, c'est 22 millions de français. Ça n'est pas rien. Et c'est un peu plus de 80% des communes. C'est-à-dire, ce sont ces territoires au-delà de l'hyper ville. Donc, dans la ruralité, il y a la partie agricole, mais il y a aussi une ruralité très différente qui peut être une ruralité résidentielle, une ruralité touristique ou ces ruralités, vous savez, qui sont faites de ces anciens chefs-lieux de canton. Et moi, le ministère que l'on m'a confié est un ministère, mais je crois vraiment à son importance parce qu'aujourd'hui, on a encore, je trouve, une vision un peu monolithique du développement, même si les choses ont changé, notamment depuis les Gilets jaunes, il faut le dire, c'est-à-dire, aujourd'hui, on a un mode de vie qui est un mode de vie assez mondialisé et globalisé, ce qui veut dire qu'un jeune qui habite à Paris, qui habite à Rennes ou à Marseille, il a sans doute spontanément plus de points communs avec un jeune qui est à Sydney qu'avec un jeune qui est de la Corée. Mais il se trouve que dans la ruralité est installée 30% de l'industrie française. Donc c'est une ruralité qui est productive et c'est la ruralité qui nous fournit ce qui nous permet de vivre et qui permet à la ville de vivre. Je le disais tout à l'heure, c'est l'eau et Dieu sait si la ressource en eau est précieuse. C'est l'alimentation et un pays n'est pas souverain s'il n'a pas de souveraineté en matière d'alimentation et toutes les énergies renouvelables. Donc je trouve que cette ruralité est des plus modernes aujourd'hui. Et puis il y a des gens, des tas de personnes, 22 millions de personnes qui vivent en ruralité, parfois qu'on oublie, qui sont invisibles, certains se sentent déclassés. Il faut que nos concitoyens, ces 22 millions de personnes intégrées, partie prenante de la construction de la…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Ça n'est plus ringard la ruralité ?

FRANÇOISE GATEL
Moi, je ne sais pas si j'ai une tête de ringard, mais oui, je vous pose la question. Je veux dire, moi, sincèrement, la ruralité n'est pas ringarde. Moi, je suis née dans un village de 600 habitants.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Moi aussi. Je vous rassure.

FRANÇOISE GATEL
Vous voyez, vous n'avez pas l'air plus ringard que moi. Moi, je pense qu'il y a, vous savez dans la société, il y a toutes sortes de gens. Et vous, vous connaissez les territoires comme moi, vous avez eu Philippe BAS tout à l'heure qui était là. Philippe BAS qui était un sénateur éminent et qui est rentré au Conseil constitutionnel. Il vient de la Manche, je suis allée chez lui, je suis allée en Haute-Saône, il n'y a pas longtemps. Je suis allée dans la Nièvre et il y a des gens formidables qui vivent une vie qui est la leur. Celle qu'ils ont choisie. Parfois, ils ne l'ont pas choisie, mais qui inventent des trucs de fou.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est la nouvelle modernité la ruralité, à vos yeux ?

FRANÇOISE GATEL
Non, moi je dis que la ruralité elle est moderne, ce n'est pas pareil.

ORIANE MANCINI
Françoise GATEL, vous faites beaucoup de déplacements, vous l'avez dit, notamment pour parler du plan France ruralité. Quel bilan vous en faites de ce plan France ruralité ?

FRANÇOISE GATEL
Alors, je rappelle que le plan France ruralité, il avait été proposé après la crise des gilets jaunes. C'est-à-dire que le Gouvernement s'était rendu compte de ce qui n'était même plus une fracture. C'était quelque chose de béant et un appel au secours de nos concitoyens qui vivent dans la ruralité. Elisabeth BORNE avait, il y a deux ans maintenant, elle a lancé un programme très précis. Et moi, je trouve que dans notre pays, c'est bien d'évaluer les choses. On dit toujours que rien ne marche, que moi, j'ai voulu savoir ce qu'on avait dit et ce qu'on faisait. Et donc je fais mon tour de France ruralité pour parler du logement, pour parler aussi des services, pour parler de l'industrie, 30% de l'industrie en ruralité.

ORIANE MANCINI
Les déserts médicaux ? Grosse inquiétude notamment.

FRANÇOISE GATEL
Les déserts médicaux, les services. Et ce que je vois, c'est que là où des choses ont été mises en place comme les maisons France Services, il y en a aujourd'hui 2 800, à vingt minutes de chez vous, vous avez une maison France Services, vous devez gérer votre retraite, votre carte grise, enfin, c'est un truc…

ORIANE MANCINI
Il y a l'ambition d'en faire plus, les maisons France Services ?

FRANÇOISE GATEL
Alors on va en faire cent de plus cette année. Donc en fait à 2 900, l'objectif était 3 000 en 2026, on l'aura atteint et tous les gens qui l'utilisent, il y a eu 31 millions de demandes de traité, tous les gens qui l'utilisent trouvent vraiment que c'est épatant et ça, c'est bien. Ensuite, on a des questions autour de l'accès à la culture, où aujourd'hui, on a vraiment des micro-folies, des tiers-lieux qui ont été soutenus par l'État. Il y a une vie vraiment très dynamique en réalité, on ne la voit pas pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas industrialiser le process. Donc ce que j'ai vu en Haute-Saône avec Stéphane BERNE, c'est différent de ce que j'ai vu dans la Bièvre où il y a de l'industrie.

ORIANE MANCINI
Parce qu'on vous voit aux côtés de Stéphane BERNE, où vous parlez du patrimoine en péril, alors il y a évidemment beaucoup de choses dans le patrimoine, mais je me souviens quand vous étiez au Sénat, vous travailliez notamment beaucoup sur la question des églises, comment sauver les églises. Est-ce que l'idée de Rachida DATI de faire pourri l'entrée de Notre-Dame pour sauver justement nos églises, elle est définitivement enterrée ?

FRANÇOISE GATEL
Je ne sais pas, moi, je trouvais que c'était une idée qui méritait d'être regardée, parce qu'en Italie ça se fait. C'est-à-dire à un moment, on a le choix entre préserver un patrimoine qui est notre histoire, notre identité. Les gens dans nos communes sont attachés à leur patrimoine. Stéphane BERNE fait un travail formidable, on l'a vu, il contribue à soutenir avec sa mission BERNE, une abbaye, que des gens ont entrepris de sauver et de redynamiser, c'est donc une histoire merveilleuse.

FRANÇOISE GATEL
Vous dites : « Il faut relancer cette idée, il faut profiter de l'engouement autour de Notre-Dame pour aider nos églises ». ?

ORIANE MANCINI
Moi, je trouve, à titre personnel, ça ne me choque pas. Il faut que dans les églises, on respecte naturellement cette capacité de recueillement des fidèles, donc il faut bien gérer les choses. Mais si on croit à notre patrimoine, parce que c'est notre culture, il faut qu'on trouve de l'argent.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Exactement, c'était le sujet auquel je voulais vous amener, parce que vous appartenez à un Gouvernement qui demande des efforts aux collectivités locales sur le plan budgétaire. Et quand vous écoutez les maires, les conseillers départementaux, ils vous disent : " On est à l'os ". Elles ont quelle marge de manoeuvre ? Sur quoi elles peuvent gagner ces collectivités locales ?

FRANÇOISE GATEL
D'abord, il faut rappeler qu'il y a cinquante ans, notre pays n'a pas connu d'équilibre budgétaire. Et qu'à force de creuser ce déséquilibre, on est dans la situation… Les Gouvernements successifs de Michel BARNIER, aujourd'hui de François BAYROU, ont construit, on va dire une feuille de route qui est difficile. Ce n'est jamais facile de prôner la frugalité.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Elles ont une marge de manoeuvre ?

FRANÇOISE GATEL
Je pense qu'à un moment, ça nous interroge chacun de nous et l'État en premier sur nos dépenses, nos priorités et la manière dont on va gérer. Je pense qu'à un moment, ça nous interroge chacun de nous et l'État en premier sur nos dépenses, nos priorités et la manière dont on va gérer. Moi, je pense…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Sur le fonctionnement ?

FRANÇOISE GATEL
Non, les collectivités sont… Alors, vous allez toujours trouver un ou deux élus un peu étranges. Mais globalement, les collectivités sont responsables, les élus sont responsables. Ils rendent des comptes à leurs concitoyens et ils savent gérer les choses. Et à un moment, on a besoin d'investir, donc, on engage. Aujourd'hui, il y a une économie qui est plus serrée. Je pense qu'on va tous être amenés à faire des choix, mais que... Je vous le dis très sincèrement, je l'ai toujours dit au Sénat, donc je ne suis pas gêné pour le dire aujourd'hui. Je pense qu'en France, de manière générale, on souffre d'une recherche de solution très rapide, c'est-à-dire qu'on a un problème, on rajoute de l'argent. Regardez l'exemple de l'école. L'école est le premier budget de notre pays. L'école est éminemment importante. Et en même temps, malgré la dépense que l'on y consacre, est-ce qu'on a le résultat que l'on veut ? Donc je pense qu'il y a aussi des interrogations à voir sur la simplification, on en parlait, et des organisations différentes. On peut faire mieux avec l'argent que l'on a.

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup, Françoise GATEL. Merci d'avoir été avec nous. François BAYROU retourne au salon demain ou pas ?

FRANÇOISE GATEL
Franchement, je ne sais pas.

ORIANE MANCINI
Vous ne savez pas. On verra tout ça.

FRANÇOISE GATEL
Regardez son emploi du temps. Merci.

ORIANE MANCINI
Merci, Françoise GATEL d'avoir été avec nous. Merci Fabrice, à la semaine prochaine.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Merci Oriane.

ORIANE MANCINI
On passe au Club des Territoires.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2025