Texte intégral
INTERVENANTE
Thomas BIET. Le Salon de l'agriculture se tient jusqu'à la fin de la semaine à Paris.
THOMAS BIET
Un Salon marqué cette année encore par des débats sur la question de la souveraineté alimentaire, celle des normes ou des pesticides. Et en marge de ce Salon, la ministre chargée de la Ruralité est en Bretagne. Bonjour Françoise GATEL.
FRANÇOISE GATEL
Bonjour.
THOMAS BIET
Vous visitez ce matin une exploitation d'oignons à Roscoff. Visite axée notamment sur le bien vivre entre les agriculteurs et leurs voisins. Et on va y revenir avec la présentation de cette charte d'installation en milieu rural qui a été érigée par le Conseil départemental. Mais avant de parler de votre déplacement, et puisqu'il est question de bien vivre, un mot d'abord sur ce nouveau départ d'incendie criminel dans les locaux d'une coopérative dans le Finistère, EUREDEN, à Mellac, alors, un mois après celle d’EVEL’UP à Plouédern. Les coopératives qui semblent ciblées. Quelle est votre réaction ce matin ?
FRANÇOISE GATEL
Ma réaction est aussi celle qu'a eue le président de la région Bretagne, c’est-à-dire prendre pour cible des entreprises agroalimentaires en Bretagne, c'est juste mettre en péril notre alimentation, notre économie, l'emploi de centaines de personnes. Donc c’est un acte inacceptable. Il est dangereux, il est criminel et surtout il est très large. Donc c'est juste inadmissible. Et j'espère que l'enquête permettra de retrouver les coupables et que ces gens comprennent qu'on peut ne pas être d'accord avec un certain nombre de choses mais on débat, on ne met pas le feu d'une manière aussi large que cela a été fait encore avec cet incendie.
THOMAS BIET
Alors vous avez passé quasiment tout le début de votre semaine au Salon de l'agriculture. Vous avez d'ailleurs inauguré le stand de la région Bretagne hier.
FRANÇOISE GATEL
Absolument.
THOMAS BIET
Ils vous ont dit quoi, les agriculteurs ou les acteurs bretons que vous avez vus ? Dans quel état d'esprit ils sont cette année ?
FRANÇOISE GATEL
Alors moi, j'ai trouvé que le Salon de l'agriculture où j'ai été trois jours, j'ai vu des filières du lait, des filières de la viande et notamment du porc, j'ai trouvé que les agriculteurs étaient soulagés d'avoir vu cette loi d'orientation agricole enfin votée, ce qu'ils attendaient depuis longtemps. Donc ce sont des mesures qui reconnaissent non seulement leur travail, la valeur de leur travail qui doivent être justement rémunérés mais qu’il y a aussi un enjeu de souveraineté alimentaire et que la France ose aujourd'hui affirmer que c'est un enjeu majeur et qu'on doit positionner l'agriculture comme vraiment un enjeu essentiel pour le pays. Parce que, encore une fois, c'est un enjeu de souveraineté alimentaire et on sait aujourd'hui que l'alimentation devient parfois une arme de grande importance.
THOMAS BIET
Alors vous parlez de la rémunération. Certains agriculteurs pointent tout de même que dans le projet de loi d'orientation agricole, il n'y ait pas grand-chose sur les salaires, sur la question des salaires et de l'autre côté, on pointe aussi dans cette loi un recul sur les pesticides. Vous avez sans doute vu cette tribune, cet article dans le journal LE MONDE ce week-end, de ces chercheurs qui sont très nombreux à s'en inquiéter alors que notamment la population d'oiseaux s'effondre en Europe, ils ont l'impression qu'ils ont perdu la bataille, qu'ils n'arrivent plus à parler au monde agricole sur ce sujet, on a deux mondes qui s'affrontent aujourd'hui.
FRANÇOISE GATEL
Alors, un, je pense que l'application de la loi EGALIM va permettre d'affirmer encore une fois que l'agriculture doit avoir son juste prix. C'est très important. Et puis enfin dans cette loi, il n'y a pas du tout de régression environnementale. Je pense qu’on a effectivement une incompréhension totale et que les agriculteurs ont été aussi victimes d'un agribashing qui est très dur à... comment dire ? À supporter, que ça peut générer de l'incompréhension mais qu’en France en général, on surtranspose les normes, c'est-à-dire on met de la surnomme par rapport aux normes européennes notamment. Et ça veut dire que dans notre pays aujourd'hui on autorise la vente de produits dont on n'autoriserait pas la production en France. Donc il faut que les agriculteurs se battent à armes égales et qu’il y a un équilibre très important à trouver entre la production, l'économie, le fait de nourrir les gens de produits français de grande qualité et puis la protection de l'environnement. Moi je pense qu’il ne faut pas se lancer des défis aussi radicaux. Chacun doit progresser. Et puis il faut surtout que la recherche fasse son travail. C'est-à-dire que les agriculteurs, ils doivent aussi avoir des solutions qui sont des solutions sans doute plus vertueuses. C'est déjà le cas, mais il faut vraiment aller plus loin.
THOMAS BIET
Il faut aller plus loin. Alors, un mot quand même sur cette charte départementale du bien vivre entre agriculteurs et riverains. Vous allez en parler ce matin. Alors, ce n'est pas contraignant, mais en gros, l'idée du Conseil départemental, c'est de mettre un peu de l'huile pour éviter les conflits de voisinage. Vous soutenez, j'imagine, cette initiative ?
FRANÇOISE GATEL
Oui, parce que je la trouve, je la trouve extrêmement originale. Il faut faire connaître cette bonne pratique parce que la ruralité, c'est 22 millions de Français. Il y a dans ces 22 millions de Français un certain nombre d'agriculteurs, de personnes qui vivent des métiers de l'agriculture. Et puis on accueille dans nos campagnes des personnes qui viennent de la ville, des personnes qui viennent d'ailleurs. Et vous savez comme moi, les gens sont heureux de venir à la campagne et quand ils voient un tracteur où il y a de l'épandage d'oliviers, ils ont un peu de mal à comprendre. Parfois, c'est même le son des cloches qui les dérange.
THOMAS BIET
Ou du coq.
FRANÇOISE GATEL
Et donc il faut apprendre à vivre ensemble et que c'est un territoire que l'on partage entre les agriculteurs qui entretiennent le paysage, qui font vivre toute une économie et qui nous nourrissent et des gens qui viennent d'ailleurs, de la ville qui ont un autre mode de vie. Mais il faut qu'on s'apprivoise les uns et les autres. Et moi, j’ai trouvé très original qu'un département ait cette idée de bien vivre ensemble et que ça veut dire que les notaires qui sont aussi très impliqués, ce n'est pas mal.
THOMAS BIET
Oui. Ils vont le proposer.
FRANÇOISE GATEL
Et puis ils sauront aussi parler aux acquéreurs de ce qu’il a dit dans la campagne avec ses charmes. Et puis comme en ville, il y a de la pollution, il y a du bruit, il y a des embouteillages. Ben voilà. À la campagne.
THOMAS BIET
Ouais. C’est la même chose en...
FRANÇOISE GATEL
On a d’autres charmes.
THOMAS BIET
Exactement. Et on en avait parlé de cette charte. On l’avait présenté. Vous retrouvez d’ailleurs notre article sur Icibreizhizel.fr sur le sujet notamment les notaires qui seront mis à contribution pour proposer ce document qui, rappelons-le, n’est pas contraignant. Merci beaucoup Françoise GATEL, ministre déléguée chargée de la Ruralité, d’avoir été avec nous ce matin. Bonne journée !
FRANÇOISE GATEL
Merci. Au revoir.
source : Service d'information du Gouvernement, le 10 février 2025