Texte intégral
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Bonjour Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Vous êtes l'invité politique de la matinale, ministre délégué, auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, de la Décentralisation et donc, chargé de la Ville. Et vous répondez aux questions de Daïc AUDOUIT. C'est parti.
DAÏC AUDOUIT
Bonjour madame, merci d'être avec nous.
JULIETTE MEADEL
Bonjour.
DAÏC AUDOUIT
Est-ce qu'après huit mois de tâtonnement, post-dissolution, vous considérez qu'hier, Emmanuel MACRON a réinvesti son mandat présidentiel, à l'occasion de son allocution ?
JULIETTE MEADEL
On a eu, hier, un Président de la République qui est le vrai commander-en-chef, comme on dit, commander-in-chief, avec vraiment une vision équilibrée et effectivement, dans les habits d'un Président de la Vème République, tel que De Gaulle l'avait conçu, c'est-à-dire, engagé sur le domaine réservé, fort, unitaire, et un Gouvernement, auquel j'appartiens, qui est au travail sur son…
DAÏC AUDOUIT
Qu'il n'était plus depuis huit mois ?
JULIETTE MEADEL
On était dans une crise, quand même. Ça ne date pas que d'aujourd'hui, la crise en Ukraine. Donc, il était déjà, évidemment…
DAÏC AUDOUIT
Oui, mais la crise politique qu'il a provoquée en décidant de la dissolution de l'Assemblée nationale, il en est le seul responsable, et c'est vrai qu'il a eu du mal à exister. Il s'est affaibli. Là, il se renforce.
JULIETTE MEADEL
En attendant, il a aussi eu l'habitude de gérer des crises profondes, parce que la guerre en Ukraine, vous vous souvenez, est arrivée au moment de l'élection présidentielle de 2022. Et donc, on avait déjà un second quinquennat où on avait un Président qui était déjà, et pour la première fois sur le territoire européen, depuis au moins 35 ans, on avait un Président de la République qui devait déjà faire face à une menace de guerre sur le sol européen.
DAÏC AUDOUIT
Vous évoquez le début de la guerre en Ukraine, on était en pleine campagne présidentielle, on n'a pas beaucoup parlé d'effet drapeau dont avait bénéficié Emmanuel MACRON pour l'élection. Est-ce que là, il n'en a pas fait un peu trop sur l'Union nationale, en parlant d'engagement pour la patrie, de la force d'âme de la nation ? On a l'impression qu'il veut retrouver une popularité grâce à cette crise en Ukraine.
JULIETTE MEADEL
Non, je ne vois pas les choses comme ça, parce qu'on a vraiment basculé dans un autre monde, c'est-à-dire que l'élection de Donald TRUMP, cette humiliation qui a été imposée à ZELENSKY dans le bureau Oval, ce sont des images qui ont profondément marqué le monde entier, l'Europe, la France. Et les Français savent qu'il n'est plus possible de ne rien faire, et que la locution du Président de la République hier montre que, non seulement, il est là, il agit pour protéger les Français, pour protéger l'Europe, mais il l'avait déjà commencé 15 jours avant, notamment en réunissant ce mini-sommet européen à l'Elysée. Donc, moi, ce qui m'aurait inquiétée, c'est qu'il n'y ait pas d'anticipation des événements d'hier, et qu'il n'y ait pas surtout de prise de décision et de mobilisation collective.
DAÏC AUDOUIT
Mais est-ce que vous pensez, à cause de ce contexte international, que dans les prochains mois, il va y avoir une stabilité politique en France ? C'est-à-dire que les oppositions ne vont pas prendre la responsabilité de renverser le Gouvernement, parce que ça affaiblirait le pays. Est-ce que vous pensez que là, votre Gouvernement a un peu de tranquillité sur la scène intérieure ?
JULIETTE MEADEL
Je crois qu'il faut rester prudent et modeste, et que la démocratie doit fonctionner, évidemment, comme elle doit l'être, telle que les règles le prévoient. Et donc, le Parlement…
DAÏC AUDOUIT
Si les oppositions veulent censurer François BAYROU, elles peuvent le faire ?
JULIETTE MEADEL
Les oppositions sont parfaitement libres, et tant mieux.
DAÏC AUDOUIT
C'est responsable, quand même.
JULIETTE MEADEL
Maintenant, chacun sera face à ses responsabilités. Et j'espère qu'on n'a pas attendu d'avoir une menace sur le sol français pour avoir un sens des responsabilités des oppositions. Du reste, dans les oppositions, la gauche, le Parti socialiste, n'a pas voté la censure au Gouvernement BAYROU, parce qu'ils savent que les Français avaient besoin d'un budget et avaient besoin d'avancer au-delà même du contexte international.
DAÏC AUDOUIT
Voilà. Là, on est sur le contexte international. Ça affaiblirait Emmanuel MACRON, donc, ça affaiblirait le pays. Donc, vous pensez qu'il n'y a pas de risque ?
JULIETTE MEADEL
Moi, je ne dis pas ça. Je dis que chacun doit être modeste, chacun doit rester à sa place, que les oppositions seront responsables. Ça n'est pas à moi de leur donner des leçons, c'est à elles de prendre leurs décisions en conscience.
DAÏC AUDOUIT
Alors, Emmanuel MACRON, il s'est adressé, hier, aux oppositions, il s'est adressé à vous également, ministre, quand il a dit que pour mettre en oeuvre le réarmement nécessaire pour lutter face aux menaces que constitue la Russie, il faudrait que les solutions de demain ne soient pas les habitudes d'hier. Comment vous traduisez cela ?
JULIETTE MEADEL
Ça fait déjà, quand même, un certain temps, et notamment depuis, au moins, un an, que la France est très endettée. Vous le savez, on est au-delà de 110% du PIB en dette. Donc, ça veut dire que pour les ministres, pour les Gouvernements, pour l'organisation globale de l'État, il faut être plus efficace, c'est-à-dire qu'il faut aller plus loin dans la satisfaction des usagers, mais réfléchir quand même à la façon dont nous dépensons l'argent public. Moi, je suis issue de la Cour des comptes, et donc, mon ambition, c'est un service public de qualité. Mais on peut toujours faire des progrès dans notre organisation, et peut-être des économies.
DAÏC AUDOUIT
Donc, ça traduit que les efforts budgétaires, ce n'est pas des coups de rabot ici ou là, mais c'est des réformes.
JULIETTE MEADEL
Certainement pas.
DAÏC AUDOUIT
Simplement, pour mener des réformes, il faut avoir une assise politique solide, ce qui n'est pas le cas au Parlement actuellement.
JULIETTE MEADEL
Mais il faut avoir une volonté. Et la volonté du Premier ministre, nous y avons travaillé déjà depuis un mois et demi, c'est déjà que chacun réfléchisse à ses missions profondes. C'est ce que nous sommes en train de faire. Pourquoi ? Parce qu'il faut que l'argent soit dépensé pour servir des objectifs politiques. Le mien, l'objectif politique, c'est que dans les quartiers politiques de la Ville, on revienne à un fonctionnement normal, pour que la vie quotidienne soit normale.
DAÏC AUDOUIT
Justement, vous aviez rendez-vous avec François BAYROU hier. Il y a, en préparation, un comité interministériel de la Ville sur le modèle du comité interministériel sur le handicap qui a lieu aujourd'hui. Néanmoins, pour financer le budget de la Défense, il va falloir faire des arbitrages. Peut-être que des budgets vont être sacrifiés ou qu'il va y avoir des économies sur d'autres ministères. Et en général, c'est souvent sur le ministère de la Ville que ça arrive. Vous n'avez pas peur pour votre budget ?
JULIETTE MEADEL
Depuis plus de cinq ans, et même depuis dix ans, le budget de la Ville n'a cessé d'augmenter. Le budget a été multiplié par deux depuis dix ans. C'est-à-dire qu'on est passé de 300 millions d'Euros à 610 millions d'Euros aujourd'hui. Et pourtant, ça fait trois ans que nous sommes menacés par la guerre en Ukraine. Nous avons aussi une augmentation des prix et de l'inflation. Donc, c'est un budget qui est un budget qui est préservé. Mon budget a été très peu diminué par rapport à 2024. Donc, c'est un budget préservé, parce que c'est un budget qui, sur le plan du symbole, dit qu'aucun territoire ne doit échapper à la République.
DAÏC AUDOUIT
Et si on a évoqué l'affaire Nahel d'un point de vue judiciaire, cette semaine, mais on a très peu évoqué les conséquences des émeutes. Il devait y avoir une réponse politique. Elle n'a pas forcément été apportée, en-tout-cas, de façon très visible pour l'opinion publique. C'est quoi l'enjeu de ce comité interministériel de la Ville que vous préparez ?
JULIETTE MEADEL
C'est de tirer les leçons du passé. Qu'est-ce qui a marché ? Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Et rassembler nos priorités. J'énoncerais quelles sont mes priorités politiques.
DAÏC AUDOUIT
Ce qui n'a pas marché, c'est le saupoudrage de l'argent public un peu partout et qu'on ne priorise peut-être pas les dossiers.
JULIETTE MEADEL
Ce qui n'a pas fonctionné, c'est qu'il y avait effectivement 84 mesures. C'est beaucoup. Vous savez, quand on veut être efficace et clair sur le plan politique, il ne faut pas 84 mesures, il en faut moins. Mais en même temps, c'est un exercice difficile, parce qu'il y a de tels besoins dans les quartiers politiques de la Ville, en matière de santé, en matière d'éducation, en matière d'accompagnement individuel, en matière de soutien, ce que ce soit sur le plan scolaire ou encore sur le plan éducatif et sanitaire. De tels besoins qu'évidemment, la tentation, c'est d'avoir plusieurs dizaines de mesures. Moi, je souhaite que nous orientions notre action principalement sur la jeunesse, sur l'enfance et sur l'adolescence, parce que c'est en intervenant sur les enfants que nous lutterons le mieux contre les souffrances, contre les inégalités et surtout, y compris dans le contexte douloureux que nous vivons, que nous forgerons une nation apaisée, fière et surtout unie.
DAÏC AUDOUIT
Mais dans ce cas-là, c'est des budgets, c'est des budgets pour l'emploi de personnes ?
JULIETTE MEADEL
Tout monsieur, je vais vous dire, tout ne se règle pas par de l'argent. Ce qui est très important, d'abord, c'est de la volonté politique, c'est-à-dire que c'est de la mise en mouvement. Vous voyez, par exemple, en ce moment, je suis en train de travailler avec les bailleurs sociaux pour améliorer les conditions de vie dans les logements. Et je ne dépense pas un sou de plus.
DAÏC AUDOUIT
Voilà, vous avez demandé aux Préfets de vous faire un rapport, ils le rendront demain, sur les bailleurs qui jouent le jeu et ceux qui ne le jouent pas. Par exemple, quand il y a un ascenseur cassé, combien de temps on met à le réparer ou pas ?
JULIETTE MEADEL
Par exemple, je saurais demain.
DAÏC AUDOUIT
Les bons et mauvais élèves.
JULIETTE MEADEL
Demain, j'aurai un bilan qui me dira, partout en France, quelles sont les zones où c'est vraiment très, très, mal entretenu, où il faut donc intervenir publiquement avec les bailleurs sociaux. L'idée n'est pas de les clouer au pilori. Mais en même temps, si d'ici quelques mois, ils n'ont pas redressé le tir et s'ils n'ont pas réparé, s'être mieux occupés de la propreté, il y aura effectivement une diminution des aides publiques dont ils bénéficient.
DAÏC AUDOUIT
Merci beaucoup madame. Bonne journée à vous.
JULIETTE MEADEL
Merci à vous.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Merci, Juliette MEADEL, d'avoir été avec nous ce matin, sur France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mars 2025