Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Madame la Secrétaire générale,
Mesdames et Messieurs les Ambassadrices et les Ambassadeurs,
Chers collègues,
Je remercie sincèrement la Secrétaire générale, chère Mme Grynspan, pour son invitation à intervenir pour l'ouverture de la 5ème édition du Forum de l'océan de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Avec le Costa Rica, la France a pour ambition de faire de la troisième conférence des Nations Unies sur l'océan, qui se tiendra à Nice en juin 2025, le plus grand Sommet consacré aux enjeux de la mer.
Le sujet à l'ordre du jour, la décarbonation de l'économie de l'océan, ou "économie bleue" est d'importance capitale pour notre avenir commun. À l'aube de l'UNOC, il est essentiel de réaffirmer notre engagement collectif en faveur de la préservation de l'océan et d'une transition écologique durable et résiliente. Nul besoin de vous rappeler l'état d'urgence que connait l'océan, tous les jours plus pollué, surexploité et réchauffé. Ni vous redire combien l'océan recèle de solutions pour une économie bleue, prospère et juste.
L'océan joue un rôle crucial dans la régulation du climat, la production d'oxygène et la biodiversité. Pourtant, il est menacé par les activités humaines, en premier lieu par les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de la planète et à l'acidification des océans. La décarbonation de l'économie de l'océan est une priorité vitale pour pour les générations futures.
Pour y parvenir, le commerce international notamment doit s'adapter pour être plus économe en énergie. La CNUCED, agence internationale de premier plan, accompagne cette transition en promouvant les chaînes d'approvisionnement responsables et un commerce équitable. Madame la Secrétaire générale, chère Rebeca, la France se tient à vos côtés et appelle à des actions globales audacieuses pour répondre à l'urgence climatique tout en soutenant la croissance économique. Nous plaidons pour un modèle solidaire, qui encourage des pratiques respectueuses de l'environnement et améliore les conditions de vie des communautés côtières, en première ligne face aux défis environnementaux. C'est particulièrement vrai pour les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés qui dépendent du transport maritime.
L'UNOC sera une étape clé de mobilisation. Et la France a décidé, avec le Costa Rica, de conjuguer nos efforts et mobiliser l'ensemble des acteurs – gouvernements, entreprises, scientifiques et société civile – pour mettre en œuvre de l'Objectif de développement durable 14 sur la vie marine. Vos réflexions et recommandations pendant ces événements sont importantes. Elles alimentent les décideurs politiques. Je pense notamment Forum sur l'économie bleue et les finances, co-présidé par M. Pascal Lamy que je salue, qui permettra la levée de financements en faveur de l'océan.
La décarbonation de l'économie bleue sera un pilier de l'UNOC. Nous y dresserons des solutions concrètes pour réduire les émissions de carbone dans le secteur maritime, promouvoir les énergies renouvelables en mer et encourager des pratiques de pêche et d'aquaculture durables. Un Panel pour l'action océanique sera dédié aux économies durables fondées sur l'océan, le transport maritime durable et la résilience des communautés côtières.
Sous l'impulsion de la France et ses partenaires, l'Organisation maritime internationale (OMI) a adopté une stratégie ambitieuse visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur maritime. Elle définit une trajectoire claire pour la décarbonation du secteur : l'objectif est d'atteindre zéro émission nette d'ici 2050, avec des réductions intermédiaires significatives : au moins 20% d'ici 2030. J'appelle tous les Etats à rehausser l'ambition pour que les discussions qui se poursuivent pour mettre en place des mesures contraignantes afin de garantir la réalisation de ces objectifs aboutissent d'ici l'UNOC.
La protection et la restauration de la biodiversité marine est aussi une priorité de l'UNOC. Les écosystèmes marins, tels que les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins, jouent un rôle crucial dans la capture et le stockage du carbone. Je rappelle aussi l'importance de l'entrée en vigueur de l'accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales, dit " BBNJ ", qui permettra la protection d'espaces de haute mer par l'établissement d'aires marines protégées. Nous avons l'objectif d'atteindre au moins 60 ratifications de l'accord BBNJ d'ici l'UNOC afin de valider son entrée en vigueur à Nice. J'appelle ainsi tous les Etats à procéder très rapidement au dépôt de leurs instruments de ratification.
Mesdames et Messieurs, la décarbonation de l'économie de l'océan est un impératif écologique, mais aussi une opportunité économique. En investissant dans des technologies vertueuses pour l'océan et en adoptant des pratiques durables, nous pouvons créer de nouveaux emplois, stimuler l'innovation et renforcer la résilience de nos économies face aux défis climatiques. Il nous faut redoubler d'efforts pour que les solutions innovantes de l'économie bleue soient mises au service de leur développement durable et inclusif. Nous aurons l'occasion de souligner les enjeux particuliers des petits Etats insulaires qui subissent de manière disproportionnée l'aggravation de l'état de l'océan lors d'un Forum mondial des îles que j'aurai l'honneur de présider.
La France et le Costa Rica sont fiers de porter cette ambition et de travailler main dans la main avec vous pour faire de cette vision une réalité. Je souhaite que nos échanges, aujourd'hui et dans les prochains jours viennent nourrir les livrables qui feront partie des Accords de Nice, 10 ans après l'Accord de Paris pour lutter contre le changement climatique. Ensemble, avec détermination et solidarité, nous pouvons construire un avenir durable pour nos océans.
Je vous remercie.
Source https://onu-geneve.delegfrance.org, le 17 mars 2025