Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Le plastique dans notre cantine, stop ou encore ? Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, vous êtes la ministre de la transition écologique. Merci d'être dans ce studio, ce matin, parce qu'on a besoin de comprendre ce qu'il va se passer. C'est une question qui intéresse tous les parents qui nous écoutent. Depuis le 1er janvier, officiellement, le plastique est interdit dans nos cantines, dans toutes les cantines de nos enfants, de la crèche jusqu'à même l'université. La semaine dernière, vous avez annoncé que finalement, les couverts et les assiettes en plastique allaient être réautorisés. Je ne comprends plus rien. Qui décide qu'est-ce qui va se passer, plastique ou pas plastique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je vais être très claire. D'abord, il n'a jamais été question, comme je l'ai entendu ici ou là, de réautoriser le plastique à usage unique. Ensuite, il n'a jamais été question de réautoriser ce que prévoit la loi, c'est-à-dire les plats de réchauffe et de service en plastique. En revanche, vous le savez et vous l'avez très bien expliqué sur ce plateau, le décret de mise en oeuvre de la loi est allé plus loin que la loi, c'est-à-dire qu'il a englobé dans l'interdiction la vaisselle et les couverts. Et en fait, un décret ne peut pas aller plus loin que la loi, c'est une fragilité juridique et c'est du pain béni pour le lobby des plastiques qui attaque systématiquement nos textes.
APOLLINE DE MALHERBE
La véracité, la juridicité, j'allais dire, presque de la loi. C'est-à-dire qu'en fait, l'attaque n'est même plus sur le fond, mais uniquement sur une erreur de forme.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Et donc, nous avons essayé de corriger cela pour ne pas fragiliser le texte et bien interdire tout ce qui était déjà interdit et qu'on veut interdire. Ce n'est pas la ministre de la Transition…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est-à-dire les assiettes en plastique, les verres en plastique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, la loi, elle dit " Plats de réchauffe et plats de service ", en fait. Comptant de réchauffe et comptant de service.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est-à-dire qu'en fait, on peut quand même continuer à manger dans des assiettes et des couverts.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais aller jusqu'au bout. La loi, elle a donné une interdiction qui n'allait pas jusqu'au bout et qui était ambiguë. Le décret a tout interdit. Mais le décret ne peut pas être plus ambitieux que la loi. Et donc, vous avez deux façons de faire.
APOLLINE DE MALHERBE
Le problème, c'est le décret ou c'est la loi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le problème, aujourd'hui, et moi je le dis, c'est qu'on va interdire tout. Mais pour interdire tout, il faut une loi et ça ne peut pas être un décret qu'il décide dans son coin. Et pour tout interdire, je remercie les députés Véronique RIOTTON et Graziela MELCHIOR qui, dans ce moment un petit peu de confusion, on va le dire très clairement, se sont mobilisés et se proposent de déposer une proposition de loi qui va corriger et permettre d'interdire les couverts, les assiettes…
APOLLINE DE MALHERBE
Les verres en plastique, les assiettes, les plats de réchauffe, tout !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout ce qui est en plastique dans les cantines de nos enfants.
APOLLINE DE MALHERBE
Elle arrive quand cette proposition de loi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le plus vite possible. Et pendant ce temps-là, moi je n'ai plus besoin de modifier le décret. On va adapter la loi au décret. C'est un peu particulier, mais ce qui est très clair…
APOLLINE DE MALHERBE
Pardon, je vous repose la question sur aujourd'hui. Aujourd'hui, on est mardi, les enfants vont aller à la cantine, les directeurs de cantine et directeurs d'établissement font quoi avec le plastique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, le décret prévoit que tout est interdit.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc ils suivent le décret, là ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils suivent le décret. Et tant que le juge ne constate pas qu'éventuellement, il y a un problème avec le décret et qu'il ne l'annule pas, c'est le décret qui fait foi.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais qui s'est planté ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En fait, ce n'est pas le sujet.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais si.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais non, Apolline DE MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Pardon, Agnès PANNIER-RUNACHER. J'ai compris, le sujet, c'est d'interdire. Il n'y a pas de problème. Tout le monde a compris votre objectif.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le sujet, c'est que le législateur a changé d'avis. Le sujet, c'est qu'il y a deux ans, quand cette interdiction est décidée, elle porte sur les plats de réchauffe et elle porte sur les plats de service. Et qu'en fait, la société va plus loin. Aujourd'hui, les Françaises et les Français se sont mobilisés. Les associations des maires se sont mobilisés en nous disant " Mais nous, c'est bon, c'est terminé, on ne veut plus le plastique. "
APOLLINE DE MALHERBE
Qui écrit un décret ? Qui l'écrit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous le redis. La loi, elle n'allait pas assez loin. Et le décret, on l'a porté parce qu'il y a eu une consultation.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous saviez qu'un décret ne pouvait pas aller plus loin qu'une loi ? C'est la règle ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, vous avez raison.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez quand même tenté le coup.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ce qu'on est en train de voir, c'est cette modification. Les Français sont profondément écologiques. Cette mobilisation, nous, on a eu 15 000 contributions.
APOLLINE DE MALHERBE
Je ne vous parle pas du fond. Je ne vous parle pas du fond.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que c'est important de parler du front pour les Françaises et les Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Je l'ai parfaitement compris, Agnès PANNIER-RUNACHER. Mais on se dit quand même, quand on vous écoute, pardon, que c'est franchement un truc de bras cassés. Ce n'est pas possible, en fait, de se retrouver dans une situation si absurde.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qui est très intéressant dans ce qui se passe, c'est qu'on voit que par rapport à il y a quatre ans, lorsque la loi passe…
APOLLINE DE MALHERBE
En fait, la loi est trop lente, quoi.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que la loi, elle a pris une première décision qui apparaissait très difficile. Et aujourd'hui, les Françaises et les Français, aujourd'hui, les cantines, les collectivités locales nous disent " C'est terminé, nous, le plastique. On est déjà passé de l'autre côté. Alors, allez plus loin ". Et c'est exactement ce que les députés vont faire, c'est-à-dire présenter une proposition de loi. Et je pense que de manière transpartisane, ça va être très largement…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez fait la charrue avant les boeufs, quoi. C'est-à-dire que le décret, finalement, va plus loin que la loi. La loi va finalement mourir derrière le décret.
AGNES PANNIER-RUNACHER
On est plutôt dans une logique de progrès. C'est-à-dire que la loi, elle date d'il y a quatre ans. Et aujourd'hui, les Françaises et les Français, aujourd'hui, les gens dans les cantines, aujourd'hui, les élus locaux disent " Nous, on a fait l'effort. C'est terminé. Plus de plastique. Ne nous embêtez pas. Faites un décret hyper clair, une loi hyper claire ".
APOLLINE DE MALHERBE
On interdit tout, quoi. Tout le plastique, effectivement, pour tout, les couverts, les plats, les verres. Mais, Agnès PANNIER-RUNACHER, tout de même, je me dis... Excusez-moi, mais pour une fois que le décret est rapide, tant mieux, j'ai envie de vous dire. La plupart du temps, c'est exactement l'inverse. La plupart du temps, on a des lois qui sont votées et ça met des plombes avant qu'il y ait un décret qui, en effet, rende la chose opérationnelle. Là, vous avez fait un peu l'inverse. C'est-à-dire, vous avez été plus vite avec le décret.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Surtout plus ambitieux.
APOLLINE DE MALHERBE
Dans un sens. Et plus vite et plus fort avec le décret qu'avec la loi. Mais, ce n'est pas tellement mieux, si je puis me permettre. C'est-à-dire qu'en fait, on se dit qu'il y a quand même un problème d'organisation dans ce pays. Comment c'est possible que quelqu'un vous ait écrit un décret dont il savait qu'il était attaquable par les lobbies ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, moi, je vous réponds très simplement. En fait, ce que montre ce décret, c'est la manifestation. Parce qu'un décret, c'est toujours concerté. C'est la manifestation qu'on n'a plus eu la même idée qu'il y a 4-5 ans. En fait, les politiques écologiques, tout le monde nous parle de backlash écologique, aujourd'hui. Mais, tout le monde est en train de changer ses habitudes. Vous faisiez un sujet tout à l'heure sur les habitudes en matière de consommation de viande. On est sur la journée internationale du recyclage.
APOLLINE DE MALHERBE
Les malheureux qui témoignaient, c'était la plupart du temps parce qu'ils n'avaient pas les moyens de s'acheter de la randonnée.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais pas que. On avait aussi quelqu'un qui disait pour des raisons environnementales. Et d'autres pour des raisons de santé. Et très bien, si vous voulez. Mais ce qui est en train de se passer, c'est qu'on est tous en train de changer nos habitudes. Et qu'en 4 ans, le monde a changé. Et qu'est-ce qu'il y a 4 ans qui paraissait très difficile, qui était l'interdiction du plastique dans les cantines. Et on avait dit, d'accord, mais seulement sur les plats de réchauffe. Seulement sur les plats de service. Eh bien, aujourd'hui, ça paraît idiot de ne pas tout interdire le plastique. C'est l'attente des groupes politiques. C'est l'attente des élus locaux. Et c'est l'attente des Françaises et des Français qui se sont mobilisés.
APOLLINE DE MALHERBE
Et cette loi qui permettra d'être en conformité à la fois décret et loi que vous nous annoncez ce matin sur RMC. Merci à vous, Agnès PANNIER-RUNACHER, d'être venue défendre cette interdiction totale, on l'a bien compris, du plastique dans les cantines. Vous qui êtes ministre de la Transition écologique. Merci à vous.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2025