Déclaration de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur les relations commerciales avec les États-Unis d'Amérique, à l'Assemblée nationale le 1er avril 2025.

Prononcé le 1er avril 2025

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Circonstance : Question au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Monsieur le président Bruno Fuchs,

D'abord je veux vous remercier de vous être déplacé aux États-Unis avec Franck Riester et Nathalie Oziol pour porter la voix de la France. J'étais pour ma part en Chine, avec des parlementaires, où nous avons franchi une étape importante vers le règlement du différend qui nous oppose sur les cognacs et les armagnacs, sujet sur lequel nous sommes mobilisés avec la ministre de l'agriculture, le ministre de l'économie, sous l'autorité du Premier ministre.

Je vous réponds sur les aspects commerciaux parce que, comme vous, je souhaite vivement que les Etats-Unis puissent reconsidérer, réexaminer leur décision d'appliquer demain des droits de douane sur l'ensemble de leurs partenaires. D'abord parce que ces droits de douane sont un impôt sur les classes moyennes, et que les classes moyennes américaines, si ces droits de douane étaient appliqués, verraient se renchérir le prix de leur plein d'essence, le prix de leur panier de courses. En deux mots, elles s'appauvriraient.

Ensuite, parce que l'économie américaine a un besoin vital de l'économie européenne. Les GAFAM réalisent 25% de leurs revenus en Europe. C'est plusieurs centaines de milliards d'euros chaque année. Et l'Europe finance l'économie américaine ainsi que son déficit public. Les pays de la zone euro financent à hauteur de 3.000 milliards d'euros l'économie américaine nette des investissements américains en Europe. Pour donner un ordre de grandeur, c'est l'équivalent de la taille du PIB français.

Et puis enfin, parce que si les États-Unis appliquaient de tels droits de douane, la Commission européenne n'aurait d'autre choix que de répliquer et de mobiliser pour cela tous ses instruments de dissuasion, et en particulier l'instrument très puissant anti-coercition, qui lui permet non seulement de taxer les importations et les exportations, mais aussi de restreindre l'accès à nos marchés publics, de restreindre l'accès aux services numériques, aux services financiers... Bref, des mesures extrêmement puissantes auxquelles nous n'avons pas intérêt. C'est pourquoi, dans nos échanges avec l'administration américaine, nous privilégierons toujours la coopération sur la confrontation.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2025