Déclaration de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur la rupture du cessez-le-feu et la reprise des frappes israéliennes à Gaza, à l'Assemblée nationale le 1er avril 2025.

Prononcé le 1er avril 2025

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Circonstance : Question au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Madame la députée Sabrina Sebaihi,

Vous l'avez dit, la rupture du cessez-le-feu et la reprise des frappes israéliennes à Gaza constituent un retour en arrière dramatique. Dramatique pour les populations civiles à Gaza. Dramatique pour les otages et leurs familles. Dramatique pour la stabilité dans la région. Dramatique aussi parce que le bilan humain de ces frappes est considérable : c'est plus de 1.000 personnes qui ont perdu leur vie. Le 9 mars dernier, un bâtiment des Nations unies a été frappé, un employé des Nations unies a perdu la vue et deux de nos compatriotes ont été grièvement blessés. Et puis des tirs israéliens sur des ambulances ont tué 15 secouristes, dont des secouristes du Croissant-Rouge, de la protection civile palestinienne et des employés des Nations unies. C'est tout simplement inacceptable. Les travailleurs humanitaires ne devraient jamais être pris pour cible.

Dramatique aussi parce que demain, cela fera un mois que le gouvernement israélien, après l'avoir réouvert, a fermé l'accès de l'aide humanitaire à l'enclave. Je rencontrerai ce jeudi mon homologue israélien et je lui dirai trois choses. La première, c'est qu'Israël, comme le Hamas, doit respecter les engagements qui ont été pris le 19 janvier dernier, date du cessez-le-feu : libération des otages, cessation des hostilités. Deuxième élément, et au-delà du cessez-le-feu, le plan des pays arabes pour la reconstruction, la gouvernance et la sécurité à Gaza doit être soutenu. C'est un plan qui prévoit que le Hamas ne puisse ni participer à la gouvernance de l'enclave ni constituer une menace pour Israël. Et troisième élément, je dirais qu'au-delà de Gaza, la seule solution susceptible de garantir la sécurité et la paix, la sécurité pour les Israéliens comme les Palestiniens, c'est la solution à deux États qui sera l'objet de la Conférence des Nations unies que la France présidera avec l'Arabie saoudite cet été.

Nous n'hésitons pas à prendre des sanctions : nous l'avons fait sur un sujet qui nous préoccupe particulièrement, qui est celui de la colonisation extrémiste et violente en Cisjordanie. Si besoin, nous le ferons à nouveau.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2025