Texte intégral
Q - Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous pensez de la proposition de madame von der Leyen ?
R - Elle correspond parfaitement à ce qu'on se dit depuis ce matin et à ce que j'étais venu vous dire. Je vais d'abord réaffirmer que nous sommes contre cette guerre commerciale uni en européen. Et je tiens d'abord à dire que toutes les prises de parole qui ont été faites ici ce matin vont dans le même sens. Nous voulons d'abord la désescalade et trouver les meilleurs points de négociation pour cela, tout en défendant nos intérêts et en ayant des outils de rétorsion si cela était nécessaire. La proposition de la présidente de la Commission européenne va d'abord dans le sens de la désescalade, ce dont on doit se féliciter.
Q - Quels sont les résultats concrets de cette réunion ?
R - De ce matin, d'abord la convergence qu'on a besoin de rester unis. Et que la priorité c'est de négocier, la priorité c'est la désescalade. C'est ce que je disais ce matin devant vous. Et je suis extrêmement heureux de voir qu'il y a une vraie convergence de l'ensemble des pays de l'Union européenne en ce sens-là. Savoir défendre ses intérêts, savoir démontrer que nous avons des outils de réponse forte, c'est aussi une manière de créer un rapport de force et donc d'avoir ce niveau de négociation qui doit toujours pour nous aller vers une désescalade. Car nous le rappelons et nous le rappellerons toujours sans aucune ambiguïté, ce vers quoi nous nous dirigeons avec cette volonté de guerre commerciale américaine n'a que des effets négatifs. Cela a été dit unanimement ce matin et ça on doit s'en féliciter.
Q - Et à l'inverse des actions fortes, on sait que Ursula von der Leyen a proposé par exemple à Donald Trump une exemption totale sur les biens industriels.
R - La désescalade c'est quoi sinon revenir effectivement à un état de commerce libre tel que nous le voulons ? Ce que dit la présidente de la commission, c'est ce que nous disons depuis maintenant plusieurs semaines, c'est que nous voulons cette désescalade commerciale qui n'apporte rien de bon, ni pour l'Europe ni pour les États-Unis. En revanche ce que nous avons dit aussi c'est que rien ne doit être exclu pour défendre nos intérêts s'il n'y avait pas de réponse en face. Et donc que la présidente de la commission effectivement fasse un pas vers une sorte de discussion et de négociation pour la désescalade commerciale, effectivement ça va dans le bon sens. Mais il faut aussi expliquer à nos partenaires américains que si cela n'était pas négociable de leur côté nous avons de quoi riposter.
Q - Alors c'est quoi l'état d'esprit de la journée ? Parce que ce matin vous nous disiez éventuellement réponse agressive, mais en même temps il ne faut pas d'escalade. Qu'est-ce qui a été décidé ? Qu'est-ce qui a été dit aujourd'hui ?
R - Exactement ce que vous dites, nous cherchons la désescalade et c'est exactement dans ce sens-là que j'ai tenu mes propos également ce matin. Nous voulons d'abord la désescalade mais nous devons défendre nos intérêts. Nous sommes l'Europe, nous avons une très forte puissance commerciale et donc s'il faut qu'il y ait des mesures de rétorsion en face parce qu'il n'y a pas de possibilités de négociation, nous saurons les mettre en place. Mais ce matin nous avons dit d'abord que nous étions d'accord sur ce statement. Après il y a la suite, c'est-à-dire d'abord la potentielle réponse à mettre en place sur acier-aluminium, ça c'est à la mi-avril. Et puis peut-être, nous ne le souhaitons pas, mais peut-être d'autres types de réponses d'ici la fin du mois. Mais ça dépendra de l'état de la discussion que la commission aura avec les États-Unis.
Q - Et quelle réponse vous attendez pour considérer que Donald Trump accepte ?
R - Je souhaiterais toujours, soyez très à l'aise avec ça, je souhaiterais toujours la désescalade, toujours. Tout simplement parce que je pense à l'économie européenne et à l'économie française d'abord, mais aussi à l'économie américaine. Et je considère que de toute façon, ce vers quoi nous allons par l'escalade et par la guerre commerciale n'aura que des effets néfastes et négatifs. Donc je serai toujours du côté de ceux qui veulent trouver des réponses à la désescalade. Le zéro pour zéro, comme on dit en termes techniques, est toujours quelque chose que j'ai souhaité. Mais si vous ne montrez pas que vous avez une possibilité de riposte s'il n'y a pas de volonté en face de désescalade, effectivement, vous ne rentrez pas dans la négociation avec les bonnes armes et les bons moyens. C'est ça que j'ai dit ce matin.
Q - C'est l'annulation du tarif douanier américain ? C'est le retour à la norme ?
R - Ah mais si vous me posez la question de faut-il revenir en arrière, je pense que la réponse est oui. Je ne vois pas en quoi ce serait un aveu de faiblesse de démontrer qu'il est beaucoup plus positif d'être pour le libre-échange et pour le commerce tel que nous connaissons depuis des dizaines d'années qui a permis de la croissance, qui a permis de l'emploi, qui a permis justement à nos industries de se développer. Ce n'est certainement pas un aveu de faiblesse, c'est plutôt un aveu assez concret de ce vers quoi nous devrions aller entre l'Union Européenne et les États-Unis. J'ai dit depuis des semaines qu'il n'était jamais interdit de croire à la désescalade commerciale là-dessus. Évidemment, ce n'est pas le propos du président américain de ces derniers jours et de ces dernières semaines. Mais je crois qu'il faut aussi le démontrer et d'ailleurs, je crois que les bourses mondiales aujourd'hui ont démontré quand même une alerte, pour le dire de façon assez euphémistique, qu'on a besoin à mon avis d'être plutôt dans la désescalade. Parce que quand vous négociez avec un partenaire comme les États-Unis, mais que vous montrez aussi ce que vous pouvez faire justement en termes de riposte, je crois que la raison peut l'emporter.
Q - À quelle échéance vous envisagez-vous de réévaluer la situation et de savoir si Donald Trump va réduire ?
R - Ça, c'est quelque chose que nous devons voir avec l'ensemble des États membres et avec le commissaire Maros Sef?ovi?, qui sera dans les prochains jours et les prochaines semaines.
Q - Et pour les consommateurs européens, je me dis que ça faisait partie aussi des discussions aujourd'hui ?
R - Oui, bien sûr. Mais de toute façon, tout ce dont nous parlons, c'est pour l'économie et les consommateurs européens, mais aussi américains, mais aussi mondiaux. Donc on a tous le même agenda, c'est un agenda positif, commandé en termes techniques, de désescalade pour le bien de notre économie, de nos consommateurs, de nos pouvoirs d'achat, respectif.
Q - Est-ce qu'il y a une réticence à se concentrer sur les objectifs techniques américains ?
R - On n'est pas entrer dans tous ces détails-là aujourd'hui. Nous sommes d'accord, encore une fois, pour dire que d'abord la négociation, mais après se mettre d'accord justement sur la liste des contre-mesures possibles. Merci beaucoup.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 2025