Texte intégral
Bonjour Marie-Céleste,
Bonjour Mesdames et Messieurs les élus,
Bonjour aux Déterminés et à Moussa [Camara],
Bonjour à vous toutes et à tous, bonjour à Marseille et merci de m'accueillir parmi vous aujourd'hui dans ce palais du Pharo qui domine le vieux port de Marseille. Le Pharo, en occitan, c'est le phare qui guide les navigateurs pour les mener à bon port. À travers la houle et les récifs, il nous aide à garder le cap.
Après Lille, en juin 2024, vous avez, mon cher Moussa, traversé la France en bande organisée, du Nord au Sud, des quartiers prioritaires aux zones rurales, des villages aux métropoles : les Déterminés, vous êtes partout ! Personne ne peut vous canaliser, mais attention, ce n'est pas la capitale ici, c'est Marseille !
C'est Marseille, et Marseille, c'est le premier port de France, un carrefour d'influence, un lieu d'échanges et de métissage. Vous savez ce que disait Albert Londres : la Canebière, c'est le boulevard du monde. Et c'est ici que le Forum Ancrage a posé ses bagages. Alors félicitations à l'association Les Déterminés, à Moussa Camara et tous ceux qui ont contribué à la réussite de cet événement. Vous êtes la France d'aujourd'hui, qui regarde l'avenir avec confiance. La France qui assume ses racines multiples pour mieux se projeter vers le monde. La France qui rayonne grâce à ses diasporas. Vous êtes cette France multiple et unie, cette France en plus grand, cette France en plus beau. Votre double culture est une force. Grâce à elle, vous pouvez être à la fois des entrepreneurs, des ambassadeurs et des bâtisseurs.
Le Président de la République vous a transmis un message ce matin ; à mon tour, je tiens à vous dire combien votre engagement s'inscrit dans ce que la République a de plus prometteur : faire primer le mérite sur toute autre considération.
Je le disais, vous êtes des entrepreneurs entre l'Afrique et la France. Et si je suis venu au Forum Ancrage, c'est d'abord pour vous rencontrer, pour voir l'étincelle qui brille dans vos yeux ou qui ne brille pas encore alors qu'elle le devrait. Quels que soient vos projets, vous avez en France toutes les raisons d'être audacieux. Car vos réussites font honneur à la France. Vos rêves sont une source inépuisable d'inspiration et nous voulons vous donner les moyens de les réaliser.
C'est le rêve de Moulaye Tabouré, né en 1988 à Bamako. Après des études à Paris-Dauphine, il fonde en 2013 une plateforme de vente en ligne dédiée aux créations africaines baptisée ANKA. Pour développer sa plateforme, il bénéficie d'un financement de 5 millions d'euros apporté par le programme Choose Africa. Sa plateforme est aujourd'hui l'un des leaders de l'infrastructure africaine de e-commerce et réalise chaque mois plus d'un million d'euros de transactions. Avec Choose Africa, nous aidons plus de 40.000 entreprises comme celle de Moulaye et des centaines de milliers de micro-entrepreneurs.
C'est le rêve de Pierrick Chabi, cet ingénieur originaire du Bénin qui fait ses études à Télécom Saint-Etienne avant de lancer Wakatoon en 2015. Son idée : transformer des coloriages sur papier en dessins animés grâce à une application mobile. Ça permet aux enfants de développer leur créativité, tout en évitant une surexposition aux écrans. Pour y parvenir, Pierrick bénéficie du dispositif MEET Africa, qui accompagne 250 startups en phase d'amorçage depuis 2020.
C'est le rêve de Messina Guikoume, cette ingénieure franco-camerounaise qui fonde Messibat International en 2008. Son entreprise est spécialisée dans la construction éco-responsable à partir de matériaux en terre crue. Accompagnée quant à elle par le programme Pass Africa, elle vient de conclure un partenariat avec la mairie d'Abidjan. Elle envisage d'ouvrir un centre de formation en Côte d'Ivoire et une usine à Marseille.
C'est le rêve de Teddy Kossoko. Né en 1994, d'un père électricien et d'une mère responsable d'agence bancaire, il passe son bac scientifique en candidat libre au lycée français Charles de Gaulle de Bangui. Il intègre l'IUT Informatique de Toulouse-Blagnac et c'est là qu'il crée son studio de jeux vidéo, Masseka Games Studio. Il y transpose le Kissoro, jeu traditionnel centrafricain, sur une application mobile. Et le résultat est là : plus de 50.000 téléchargements. Pour se développer, Teddy Kossoko peut compter sur le programme Pass Africa porté par BPI France.
Et j'en dis un mot, parce que depuis 2021, Pass Africa accompagne 50 entrepreneurs confirmés. Et je suis heureux de vous annoncer que nous allons lancer cette année la troisième promotion de Pass Africa. L'objectif est clair : faire émerger nos prochains champions franco-africains et leur permettre de réaliser leurs rêves.
Parce que, chers amis, Moulaye Tabouré, Pierrick Chabi, Messina Guikoume, Teddy Kossoko, ce sont les visages éclatants de la réussite. Des talents métissés, noués entre la France et le continent africain. Ils font la fierté de leurs diasporas respectives et la fierté de la France. Ici à Marseille, je suis venu tout d'abord vous inviter à embrasser le même destin.
Et puis, je le disais tout à l'heure, vous êtes des entrepreneurs, mais vous êtes aussi des ambassadeurs. Vous faites partie de ces sept millions de Français, un Français sur dix, qui ont des liens familiaux avec l'Afrique. C'est une chance immense, c'est un atout pour la France, c'est un atout pour notre diplomatie.
En 2030, l'Afrique comptera 1,7 milliard d'habitants. C'est avec les acteurs du continent dans toute leur diversité que se jouera une partie de notre avenir commun. Ensemble, nous devons oser inventer l'avenir, comme l'a dit Thomas Sankara.
Voilà pourquoi, depuis 2017, la France a initié un changement de méthode, un changement d'approche, un nouveau cadre de réflexion et d'action pour les nouvelles générations. Le Président de la République a posé les bases de ce changement à l'occasion de son discours à Ouagadougou, en 2017. Puis à l'occasion du nouveau sommet Afrique-France, le 8 octobre 2021 à Montpellier.
C'est un effort inédit et qui est visible sur tous les plans. Un effort d'abord pour apaiser les mémoires avec le Rwanda, avec le Congo, avec le Cameroun, avec le Sénégal, où je me suis rendu le 1er décembre dernier, pour commémorer le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. C'est un effort pour que les pays africains prennent la place qui leur est due dans la gouvernance mondiale, et notamment aux Nations unies, pour proposer ensemble des solutions nouvelles aux grands défis du siècle : le réchauffement climatique, l'intelligence artificielle, la préservation des océans. C'est enfin un effort pour mobiliser tous les acteurs issus des sociétés civiles autour de projets concrets. C'est le projet ONY, à Madagascar, imaginé et créé par Ahélya Randriambolaina & OrelSan. Un million d'euros a été investi pour ce projet, qui a donné naissance à un incubateur de jeunes talents malgaches dans la musique, le cinéma et l'animation 3D. Et le résultat est là : le premier jeu vidéo produit entièrement à Madagascar sortira en janvier 2026.
C'est l'école de la deuxième chance au Bénin, qui favorise l'insertion professionnelle des jeunes par des formations métiers du numérique. 34 jeunes de Cotonou et de Parakou ont été formés en 2023, puis 38 en 2024, dont 12 femmes.
C'est au programme de Ghodwa Khiren Tunisie, qui soutient des associations promouvant l'engagement citoyen, l'Etat de droit et la cohésion sociale. Il a déjà touché 15.000 personnes dans tout le pays, grâce à 25 projets, dont la moitié sont portés par des femmes.
Et au-delà de tous ces efforts, je n'oublie pas, je n'oublie aucune des crises qui déchirent aujourd'hui le continent africain, et en particulier la guerre meurtrière au Soudan. C'est la crise humanitaire la plus grave du monde par son ampleur : 30 millions de Soudanaises et de Soudanais sont aujourd'hui au bord de la famine. En 2024, le 15 avril, nous avions accueilli à Paris une conférence internationale de soutien qui avait permis de lever deux milliards d'euros d'engagement humanitaire. Et le 15 avril 2025, c'est-à-dire hier, j'étais à Londres pour la seconde édition de cette conférence pour réaffirmer que la France n'abandonnera pas les Soudanaises et les Soudanaises.
La guerre fait rage également dans l'Est de la République démocratique du Congo, avec près d'un million de personnes déplacées depuis le mois de janvier et plusieurs milliers de morts. Là aussi, il y a urgence à agir, et nous agissons.
À cela s'ajoute le fléau du terrorisme qui gangrène le Sahel, qui continue de menacer les pays voisins, et dont les Africains sont les premières victimes.
Partout, tout le temps, la diplomatie française agit en soutien des populations civiles, qui sont les premières victimes de ces crises. La France est aux côtés des pays africains, dans les temps calmes comme dans les tempêtes.
Et puis enfin, et je m'arrêterai là, je vous l'ai dit, vous êtes des entrepreneurs, vous êtes des ambassadeurs et vous êtes des bâtisseurs. Par votre double culture, vous avez un pied de chaque côté de la Méditerranée. Mieux que personne, vous pouvez contribuer à renouveler le regard de l'Afrique sur la France et le regard de la France sur l'Afrique. Avec le Président de la République, le Premier ministre, le Gouvernement, le ministère des affaires étrangères, nous sommes pleinement mobilisés pour vous donner les moyens de parvenir à tisser des liens toujours plus étroits. Alors en 2025, les amis, je compte sur vous, parce qu'après le Forum Ancrages, 2025 sera l'année des diasporas.
Et je vous donne d'ores et déjà quatre rendez-vous. Rendez-vous d'abord à Paris, la capitale, en juin, où nous inaugurerons la Maison des mondes africains MansA. C'était un engagement du Président, grâce à la détermination de Liz Gomis, que je salue. Nous y sommes. Et je veux saluer également le travail de l'Institut français à cet égard. MansA, c'est votre maison. Elle permettra de valoriser la création africaine contemporaine. Ce sera un lieu d'échange, d'innovation et de débat pour tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique et pour tous ceux et celles qui veulent développer des partenariats avec les institutions en Europe, en Afrique et au-delà. Alors vous serez les bienvenus dès que la date de l'inauguration aura été fixée.
Le deuxième rendez-vous que je vous donne pour cette année 2025, c'est à Dakar, puisque du 19 au 22 juin se tiendra la deuxième édition des Assises de la démocratie de la FIDEMO, la fondation de l'innovation pour la démocratie du professeur Achille Mbembe, après la première édition qui s'est tenue l'année dernière au Cap-Vert.
Le troisième rendez-vous que je vous donne en 2025, il est chez moi, au Quai d'Orsay, puisque le 21 juin, pour la Fête de la musique, nous mettrons le Quai d'Orsay en lumière et nous mettrons en lumière les diasporas africaines à l'occasion d'une soirée inédite où leurs talents, leur créativité musicale seront à l'honneur. Bienvenue en Cosmopolitanie !
Et puis le quatrième rendez-vous que je vous donne, c'est un petit peu plus loin, c'est à Lagos, au Nigeria, au mois d'octobre, où nous organiserons la deuxième édition du Forum Création Africa. Vous vous souvenez, la première édition s'est tenue l'année dernière. Ce grand rendez-vous des industries culturelles et créatives permettra de valoriser toutes les initiatives françaises et africaines. Et comme me l'a dit mon cabinet tout à l'heure, on va organiser ça à la bien.
Chers amis, les diasporas donnent des ailes à la France. Elles permettent à la France de réunir en Afrique et dans le monde. Sans elles, la France ne serait pas la France. Le destin de notre pays s'écrit avec elles, avec vous et grâce à vous. Ensemble, bâtissons des ponts et des coopérations dans tous les domaines, pour que vous puissiez porter vos convictions et vos projets toujours plus loin, toujours plus haut.
Alors soyez-en sûrs, nous sommes à vos côtés. Osez, dépassez-vous, accrochez-vous : vos rêves sont à portée de main. Vous avez la volonté et les idées pour réussir, l'énergie du collectif pour y parvenir, et une force que vous ne soupçonnez pas toujours et qui peut tout changer. Cette force, c'est ce que vous êtes au plus profond de vous-même ; c'est votre double culture qui fait de vous des Français avec un supplément d'âme. Alors gardez cette énergie et cette détermination intactes. Bon vent dans tout ce que vous entreprendrez. Et rappelez-vous, l'espoir est le pilier du monde !
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2025