Texte intégral
Madame la ministre déléguée chargée du tourisme, chère Nathalie Delattre,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureux de vous recevoir ici à Bercy, et d'ouvrir ainsi cette séquence de réflexion sur l'attractivité financière du tourisme français.
Heureux parce que la filière que vous incarnez partout sur notre territoire offre des perspectives plus enthousiasmantes que les équilibres budgétaires ou la guerre commerciale et les droits de douane.
Le secteur touristique est particulièrement porteur dans notre pays. Au-delà même du succès olympique de l'été dernier, c'est un pilier de l'économie française, qui pèse entre 7% et 8% de notre PIB, et qui représente 2 millions d'emplois. Le secteur du tourisme a généré, en 2024, 71 Md€ de recettes touristiques. C'est également la vitrine de tous nos savoir-faire, des paysages de nos régions, du rayonnement de notre identité française.
Et, par-là, sans doute est-ce aussi un atout géopolitique à ne pas négliger, celui d'être une destination si particulière dans le coeur de tous nos interlocuteurs étrangers. J'étais la semaine dernière à Washington pour rencontrer de nombreux responsables politiques et économiques, croyez-moi qu'à leurs yeux la France n'est pas interchangeable avec d'autres pays.
Heureux enfin de recevoir en particulier les acteurs de l'investissement du tourisme. Mes fonctions précédentes à la Caisse des Dépôts m'ont amené à côtoyer nombre d'entre vous et à m'intéresser de près au sujet. L'investissement dans les infrastructures touristiques sur tout le territoire national est une des missions historiques de la Caisse entre les villages vacances famille (VVF), l'aménagement des littoraux, l'accès aux sports d'hiver, etc.
Or plus que jamais, ce secteur fondamental pour notre économie, et pour notre spécificité française, a besoin de vous. Le secteur affronte deux mutations simultanées, son verdissement et sa modernisation, dont je pense que nous n'avons pas encore tiré toutes les conséquences en termes de besoin de financement. C'est donc l'objectif de cette rencontre de commencer à réfléchir ensemble à ce sujet.
Notre objectif, vous le savez, c'est de faire de la France la première destination durable. Cela suppose de mieux répartir les flux touristiques sur le territoire, d'en diversifier les formes, et de verdir leurs infrastructures, de l'agrotourisme, au tourisme culturel, en passant par les sentiers littoraux, les ports de plaisance ou l'oenotourisme. Et cela suppose également de mener à bien leur transition énergétique.
En parallèle, nous menons un chantier de modernisation, pour renforcer l'attractivité de ses métiers, numériser ses acteurs disséminés, et pour y imbriquer les nouvelles technologies, notamment sous l'impulsion du réseau France tourisme tech et de nos belles pépites comme Blablacar ou Staycation.
Sur les 5 dernières années, l'État a investi près de 50Md€ dans l'écosystème touristique avec le plan de relance et au travers des interventions en prêts et en fonds propres de la Banque des territoires et de Bpifrance.
Mais de nombreux acteurs privés français sont aussi positionnés sur ce secteur qu'il s'agisse de fonds généralistes ou spécialisés ou de sociétés de gestion. Notre ambition, avec Nathalie Delattre dans l'optique de Choose France du 19 mai prochain, est également d'attirer des investisseurs étrangers, en capitalisant sur une année record en matière touristique en 2024 avec 100M de visiteurs internationaux, et au regard d'un secteur résilient aux performances solides.
Les grands opérateurs touristiques ne rencontrent pas, je crois de difficultés majeures pour se financer mais la question est plus prégnante pour des acteurs plus petits et de moyenne gamme, moins structurés dont le besoin en capitaux pour maintenir leur compétitivité est réel.
Certains sous-segments caractéristiques de l'offre touristique française - comme le thermalisme ou le tourisme social - peinent à financer leur nécessaire adaptation aux évolutions du marché et de la demande. D'autres filières, comme le tourisme de patrimoine - domaine dans lequel la France dispose d'un patrimoine exceptionnel - sont encore insuffisamment exploitées, le développement des projets étant particulièrement contraint par les contraintes réglementaires et des équations économiques complexes à trouver.
Pour prendre un seul exemple, le secteur du patrimoine classé, particulièrement riche en France, a un temps de rentabilité assez long et des contraintes réglementaires fortes. Il y a pourtant un grand potentiel, avec de beaux projets de monastères médiévaux réhabilités en restaurants par exemple, à la réalisation duquel nous pouvons collectivement oeuvrer, État, institutionnels, investisseurs privés.
C'est probablement ici - au-delà d'un cadre facilitant pour l'accès au financement - que l'action de l'État est la plus attendue.
Je ne serai pas plus long, pour ne pas empiéter sur les tables rondes qui vont nous succéder. Tout le monde a reconnu le soutien sans faille de l'État notamment pour travers l'épreuve inédite de la crise sanitaire, mais il est logique que nos outils d'intervention s'adaptent. Je crois qu'il est temps de s'interroger de marnière structurelle sur les besoins de financement de l'économie du tourisme pour être au rendez-vous des défis qui sont devant elle et c'est ce que j'ai demandé à Nathalie Delattre de faire et qui commence avec ce petit déjeuner.
Enfin, je sais qu'avec la mobilisation de toutes nos énergies publiques comme privées, les acteurs du tourisme français peuvent accroître leur compétitivité et la durabilité d'un modèle qui fait notre prestige à l'international. Je vous remercie, et Madame la ministre, chère Nathalie, je vous cède la parole.
Source https://www.economie.gouv.fr, le 30 avril 2025