Texte intégral
Monsieur le député Richard Ramos, président du groupe d'amitié France-Palestine,
Nous sommes aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les députés, le 6 mai. Et cela fait maintenant deux mois et quatre jours qu'aucune aide humanitaire n'est entrée à Gaza. Le résultat, c'est que Gaza est au bord de l'effondrement, au bord du chaos et, vous l'avez dit, Monsieur le Député, au bord de la famine. Les Gazaouis manquent de tout. Ils sont affamés, ils sont assoiffés. Et nous ne pouvons pas, personne ne peut rester sourd aux cris d'alarme de la Croix-Rouge et des Nations unies. Personne ne peut détourner le regard des souffrances des familles palestiniennes qui ont été décimées telles que celles que nous avons rencontrées avec le Président de la République, il y a quelques jours, à El-Arich en Égypte, à 30 km de la bande de Gaza. Et c'est pourquoi la France, inlassablement, appelle comme vous l'avez fait à un cessez-le-feu immédiat, à l'accès sans délai et sans entrave de l'aide humanitaire à Gaza, et à la libération immédiate de tous les otages du Hamas, qui doit être désarmé pour qu'un avenir politique puisse se dessiner pour la Palestine comme pour Israël. Parce que oui, au-delà de l'urgence, au-delà des dénonciations et des condamnations, la France entend oeuvrer activement à une solution politique, une solution à deux Etats, seule susceptible de ramener la paix et la stabilité dans la région et à répondre à l'aspiration légitime des Israéliens comme des Palestiniens à vivre en sécurité. C'est dans ce sens que nous travaillons pour préparer cette conférence des Nations Unies que la France coprésidera aux côtés de l'Arabie saoudite, à la préparation de laquelle je souhaite que le groupe d'amitié entre la France et la Palestine, que le groupe d'amitié entre la France et Israël, puissent contribuer très activement.
Madame la députée [Gabrielle Cathala],
J'entends votre indignation face au sort catastrophique des civils à Gaza. Mais où est votre indignation, Madame la Députée, face aux crimes abjects du Hamas, qui dans la nuit du 7 octobre 2023 a assassiné froidement 1.200 personnes, dont 48 de nos compatriotes ? Sachez le dire ! C'est aussi ça que de porter la parole de la France ! C'est de reconnaître le terrorisme, c'est de reconnaître l'antisémitisme, c'est de reconnaître un pogrom là où il y a un pogrom.
Pour le reste, Madame la Députée, vous avez à plusieurs reprises fait état du crime de génocide. Comme vous le savez, c'est une qualification juridique qui appartient à la Cour internationale de justice ou à la Cour pénale internationale d'établir. C'est la raison pour laquelle la France n'utilise pas ce terme qui n'a pas été qualifié en droit.
Enfin, vous parlez d'un silence de la France, d'une inaction de la France. Mais c'est la France qui la première a accueilli, un mois après le 7 octobre, la Conférence internationale de soutien humanitaire à Gaza. C'est la France qui, premier pays occidental à le faire, a accueilli à bord du Dixmude les blessés palestiniens pour qu'ils y soient soignés. C'est la France qui a été motrice, au niveau national comme au niveau européen, des sanctions à l'encontre des colons extrémistes et violents. Et c'est la France qui, aujourd'hui, aux côtés de l'Arabie saoudite, porte le projet d'une solution politique à deux États, avec le moment venu, une reconnaissance de l'État de Palestine. Tout cela, Madame la Députée, quand la France le fait, quand la France illustre, sachez le reconnaître !
Madame la députée Ayda Hadizadeh,
Vous avez raison. Lorsque hier, les autorités israéliennes ont dévoilé leur projet de conquête de Gaza, elles ont ainsi porté une triple atteinte. Une atteinte d'abord à la dignité humaine, parce que chacun a le droit de pouvoir vivre dans son pays, sur le sol qui l'a vu grandir. Une atteinte au droit international, parce que toute forme de colonisation, de déplacement forcé de population, sont des violations manifestes de la Charte des Nations unies. Une atteinte enfin à l'espoir qui demeure et que nous voulons entretenir d'une solution politique pour cette région, qui ramène durablement la paix et la stabilité.
La paix et la stabilité, mais aussi la sécurité pour les Israéliens. Parce que nous avons parlé tout à l'heure du 7 octobre, dont on ne peut pas sous-estimer à quel point c'est un traumatisme profond pour le peuple israélien. Mais ce n'est pas faire offense au peuple israélien que de rappeler à son gouvernement que les décisions qu'il prend mettent en cause durablement la sécurité d'Israël. Car on ne construit pas de sécurité durable sur des décombres, sur des déplacements de population et sur de la colonisation. C'est pourquoi, à plusieurs reprises déjà, nous avons, à titre national, pris des sanctions contre les colons extrémistes et violents. Et qu'au niveau européen, par deux reprises, la France a été à l'origine de deux trains de sanctions. Et je ne m'interdis pas de proposer à nouveau des désignations, que ce soit au niveau national ou au niveau européen, si nous devions voir la colonisation se poursuivre dans les faits en Cisjordanie comme à Gaza.
Et ensuite, sur la solution politique que nous pouvons rendre possible grâce à la décision qui est entre les mains du Président de la République, qui est celle de la reconnaissance de l'État de Palestine, pour laquelle il a montré sa disponibilité, eh bien c'est tout ce qui va nous occuper d'ici le mois de juin, pour faire en sorte que cette conférence que la France coprésidera avec l'Arabie saoudite soit un jalon décisif dans le chemin vers un État palestinien.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 2025