Déclaration de Mme Élisabeth Borne, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la recherche, de l'innovation et du numérique, sur les mesures déployées à la rentrée 2025 pour l'enseignement scolaire, Paris le 17 janvier 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Élisabeth Borne - Ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la recherche, de l'innovation et du numérique

Circonstance : Déclaration avant le Comité social d'administration ministériel.

Texte intégral

Mesdames et messieurs les représentants des organisations syndicales, 
Monsieur le Secrétaire général, 
Madame la Directrice générale, 
Monsieur le Directeur général, 
Madame la Directrice, 
Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de vous retrouver aujourd'hui pour ce Comité social d'administration ministériel.

En ce début d'année, je forme des vœux sincères de réussite pour l'action que nous allons mener, ensemble, au service du progrès des élèves et de l'épanouissement de l'ensemble de la communauté éducative.

Je souhaite également, à quelques jours de leur rentrée, avoir une pensée particulière pour nos équipes à Mayotte.

Je leur adresse, en notre nom à tous, notre plein soutien face aux difficultés qu'elles rencontrent.

Alors que nous examinerons demain au Sénat les crédits dévolus pour 2025 à l'enseignement scolaire, notre réunion revêt une importance toute particulière.

Permettez-moi tout d'abord de remercier chaleureusement l'ensemble des équipes du ministère pour leur engagement sans faille et leur travail remarquable.

Je tiens à saluer particulièrement la DGESCO pour sa rigueur dans la préparation de nos priorités éducatives, la DAF et la DGRH pour leur indispensable expertise, ainsi que le Secrétariat général pour son accompagnement constant.

Avant d'aborder les grandes lignes des mesures que nous déploierons à la rentrée 2025, il me semble important de rappeler le contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui.

Depuis mon arrivée à la tête de ce ministère, et naturellement dans le cadre de mes précédentes fonctions, j'ai eu l'occasion d'écouter les préoccupations et les attentes des personnels de notre institution.

Ce dialogue constant est au cœur de ma méthode : il doit nous permettre de construire, ensemble et en confiance, des solutions adaptées et ambitieuses pour l'École, vous le savez mieux que quiconque.

Le projet de loi de finances pour 2025, tel qu'élaboré initialement, prévoyait une réduction de 4 000 emplois d'enseignant dans un contexte de baisse démographique continue depuis 2017 : moins 97 000 élèves à la rentrée 2024, au moins autant en septembre prochain.

En 2028, nous aurons perdu l'équivalent d'une génération.

Mais avec le Premier ministre, j'ai souhaité revoir cette trajectoire.

Là où des suppressions de postes semblaient inévitables, nous avons fait un choix clair : celui de maintenir et même de créer des emplois pour accompagner nos priorités éducatives.

C'est un choix fort, dans une période que vous savez marquée par le poids de nos contraintes budgétaires.

Ce choix reflète notre ambition de réduire les inégalités entre les élèves et les territoires, d'élever le niveau et de donner à chacun les moyens de réussir.

Aujourd'hui, la situation démographique nous offre une opportunité unique : celle de mieux accompagner les territoires et les élèves les plus fragiles.

Reprendre 4 000 postes d'enseignants aurait fragilisé notre politique éducative.

C'est pourquoi, et en dépit de la contrainte budgétaire, nous avons fait le choix de préserver l'ensemble de ces postes.

Cette décision témoigne de ma volonté d'améliorer, dans l'ensemble des académies, l'encadrement des élèves et de tenir compte des spécificités géographiques et sociales.

Cette décision nous permettra, tout d'abord, de faciliter le dialogue dans l'élaboration de la carte scolaire et de renforcer les brigades de remplacement.

Vous pourrez observer, dans les documents qui vous auront été transmis, que le maintien des postes dans un contexte de baisse démographique entraîne une progression historique des taux d'encadrement.

Cela doit nous permettre de réduire les écarts de réussite.

Au collège, à la rentrée 2025, nous intensifierons également nos efforts en faveur de l'apprentissage des fondamentaux, pour élever le niveau des élèves.

En 6e et en 5e, nous ne reviendrons pas sur l'organisation des groupes de besoins qui viennent de se déployer, selon des modalités variables d'un établissement à l'autre, et pour lesquels nous aurons une première évaluation en juin.

En 4e et en 3e, nous créerons 542 postes supplémentaires pour poursuivre la dynamique installée, et permettre aux équipes de concevoir des dispositifs d'approfondissements.

J'insiste sur un point : l'initiative des mesures qui seront mises en œuvre doit relever des établissements, en coordination avec les corps d'inspection et en cohérence avec les priorités éducatives nationales.

Ces mesures visent également à accompagner les élèves dans la préparation du brevet, qui ne sera pas rendu obligatoire pour accéder à la classe de seconde.

Mais ce brevet, le niveau d'exigence en sera renforcé, par la suppression des correctifs académiques et sa nouvelle pondération.

Je veux également renforcer les moyens alloués aux dispositifs "Devoirs faits" pour les classes de 4e et 3e, et aux stages de réussite de la 4e à la seconde.

Enfin, j'insiste sur l'impératif d'évaluer nos politiques éducatives avant de prendre toute nouvelle décision.

C'est pour cela que les classes prépa 2nde existantes, dont l'objectif est d'accompagner les élèves ayant échoué au brevet, seront maintenues, le temps d'une évaluation approfondie de leurs effets.

Pour ces élèves, je souhaite dans le même temps que nous réfléchissions ensemble à la mise en place de nouveaux dispositifs de soutien pour accompagner leur entrée seconde.

J'en viens maintenant à l'accompagnement des élèves en situation de handicap.

C'est à mes yeux une exigence essentielle.

A la rentrée prochaine, nous créerons 2 000 postes d'AESH, portant à près de 36 000 emplois le nombre de postes créés depuis 2017.

C'est un effort considérable.

Mais il ne suffira pas si nous ne repensons pas également notre modèle.

Nous devons pouvoir garantir à chaque élève, à chaque famille, et à chaque enseignant un diagnostic rapide et précis des besoins.

C'est le rôle des pôles d'appui à la scolarité (PAS), dont je souhaite que nous poursuivions le déploiement.

Comme vous le savez, ces pôles doivent permettre à des professeurs, accompagnés de professionnels du secteur médico-social, d'apporter toute leur expertise au sein de nos écoles et de nos établissements.

Ces personnels pourront proposer des aménagements pédagogiques, mettre à disposition des outils adaptés, et soutenir les professeurs dans la prise en charge des besoins éducatifs particuliers des élèves.

Pour permettre leur mise en œuvre effective, je demanderai dans les prochains jours à chaque recteur d'élaborer un plan pluriannuel de déploiement des PAS.

Par ailleurs, nous continuerons d'intensifier nos efforts en faveur des dispositifs ULIS et des unités pédagogiques pour nos élèves allophones, car chaque élève mérite une réponse pédagogique adaptée.

Ces dispositifs sont essentiels pour construire une école plus inclusive et plus juste.

Au-delà de l'accompagnement des élèves, je veux également faire de l'amélioration des conditions d'enseignement une priorité de mon action.

Cela passe par des mesures concrètes pour apaiser le climat scolaire.

Je m'inscris, à ce titre, dans la continuité de mes prédécesseurs, tout en apportant une attention particulière aux solutions éprouvées sur le terrain.

Ainsi, dans le cadre du plan Tranquillité scolaire annoncé en novembre 2024, 170 CPE et 600 AED supplémentaires seront recrutés en 2025 dans le second degré.

Ce renfort est une réponse directe aux besoins exprimés par les équipes éducatives, que je continuerai d'écouter avec attention pour identifier et déployer les solutions les plus adaptées.

Enfin, l'amélioration des conditions d'exercice des professeurs suppose que nous les préparions mieux à leur entrée en fonction.

Et aussi que nous suivions davantage leur parcours de formation tout au long de leur carrière.

Nous allons donc relancer rapidement une concertation sur la réforme du recrutement par concours des métiers de l'enseignement en vue d'une entrée en vigueur à la rentrée 2026.

S'agissant de la formation continue, et plus globalement des parcours de carrière, des propositions vous seront faites dans les prochaines semaines, dans la perspective de l'ouverture de l'agenda social.

Mesdames, messieurs,

Voici en quelques mots ce que je souhaitais aujourd'hui partager avec vous.

Je n'ignore rien des interrogations et des débats que tous ces sujets peuvent soulever.

Je sais aussi que vous aurez à cœur de les exprimer aujourd'hui, comme vous le faites à chaque fois avec sérieux et exigence.

Et je m'engage, comme toujours, à les entendre et à y répondre avec la même volonté de dialogue.

Nous allons maintenant ouvrir la discussion.

Pour commencer, je vais donner la parole à la FSU, qui s'exprimera au nom de l'intersyndicale, puis en son propre nom.

Je vous remercie.


Source : Service de presse du ministère de l'éducation nationale, le 15 mai 2025