Déclaration de M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie, sur le Pacte pour une industrie propre, à Bruxelles le 22 mai 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Marc Ferracci - Ministre chargé de l'industrie et de l'énergie

Circonstance : Arrivée au Conseil "Compétitivité" (marché intérieur et industrie)

Texte intégral

Bonjour, je suis Marc Ferracci, ministre français de l'Industrie et de l'Énergie. Je suis très content d'être aujourd'hui à Bruxelles pour ce Conseil Compétitivité dont l'objectif doit être d'accélérer et d'intensifier ce véritable tournant pro-industrie qu'est le Clean Industrial Deal. Un certain nombre de propositions ont été portées depuis maintenant un certain nombre de mois pour ce Clean Industrial Deal. Des annonces ont été faites, des avancées de la part de la Commission avec un plan acier en mars, avec un dialogue stratégique sur la chimie, avec un plan d'urgence aussi pour le secteur automobile.

Maintenant, nous devons mettre en œuvre toutes ces mesures dans des délais très brefs, et nous devons d'autant plus les mettre en œuvre, qu'on le voit, la crise en Europe, et en particulier la crise de secteurs comme la sidérurgie, s'approfondit. Nous avons des annonces du côté d'Arcelor, par exemple en France, qui sont préoccupantes, et donc il nous faut accélérer. C'est ce que je vais porter comme message.

Accélérer, ça veut dire obtenir des mesures de protection pour un certain nombre de filières, notamment la filière sidérurgique. C'est obtenir notamment une clause de sauvegarde à partir du début de l'année 2026 qui soit plus impactante, pour éviter les surcapacités qui proviennent notamment d'Asie et notamment de Chine en matière d'acier. C'est avancer également sur la révision du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, du CBAM. Nous pensons qu'il doit être rendu plus efficace. Là aussi, la révision doit intervenir au deuxième semestre 2025.

Donc on a besoin d'aller vite, on a besoin d'être ambitieux et peut-être encore plus ambitieux que ne le sont certaines propositions qui ont été faites. C'est le message que je porterai. C'est très important d'assumer cette ambition parce que le contexte des droits de douane américains renforce encore l'urgence et la nécessité d'agir.

C'est la raison pour laquelle nous avons porté, avec la France, un message volontariste. Nous avons aujourd'hui des investissements qui dépendent des mesures qui seront prises, qui seront annoncées ici à Bruxelles, des investissements notamment dans la sidérurgie. Arcelor a annoncé qu'il confirmait des investissements dans la décarbonation qui garantissent le maintien des emplois si l'on prend des mesures ambitieuses, notamment en matière de protection commerciale et de soutien à nos industries.

Donc il y a un lien très direct entre ce qui se décide ici à Bruxelles et ce qui va se passer sur le terrain. Il y a des emplois qui dépendent des discussions que nous allons avoir, et c'est le message que je vais porter en soutien notamment aux salariés d'Arcelor, leur dire qu'on va se battre ici comme en France pour que les résultats que l'on obtienne bénéficient à notre souveraineté industrielle et bénéficient, finalement, à l'emploi.


Question : Une question peut-être sur un dossier qui n'est peut-être pas directement dans votre scope, mais tout de même, le CS3D. Le Président dit qu'il faudrait s'en débarrasser. La Commission a proposé des allègements des règles, de reporter aussi. Est-ce que, pour la France, ce n'est pas assez ce qu'elle a proposé ?

Marc FERRACCI : Moi, vous savez, je me tiens à ce que dit le président de la République. Il y a un principe de hiérarchie institutionnelle qui est assez clair dans notre Ve République, et effectivement, à ce stade, la position qui a été exprimée par le Président constitue notre position.

Question : Une question sur le nucléaire. Est-ce que vous confirmez qu'il y a eu un accord avec les Allemands, notamment pour avancer au niveau européen ensemble ? Et qu'attendez-vous d'un tel changement de position ?

Marc FERRACCI : Il y a des discussions. Pour l'instant, nous sommes en train de discuter. Mon homologue, Katherina REICHE, a été nommée il y a quelques semaines. J'ai déjà eu un échange avec elle il y a quelques jours à Varsovie. Nous allons sans doute nous croiser aujourd'hui, et je pense que nous aurons l'occasion de beaucoup échanger dans les prochaines semaines. Il y a un espoir très fort, de notre part, que l'on aille vers une approche plus pragmatique en matière de mix énergétique, une approche qui respecte la stratégie de chaque pays, le mix énergétique et les orientations en matière de politique énergétique de chaque pays. Vous savez, en France, nous avons fait le choix d'avoir des énergies renouvelables et du nucléaire. L'Allemagne a fait d'autres choix. Je pense que ces approches sont compatibles, et que ce qui doit prévaloir à la fin, c'est un principe très clair, très simple, qui est dans la feuille de route de la Commission, qui est rappelé à chaque Conseil Compétitivité ou à chaque Conseil Énergie : c'est la neutralité technologique. La neutralité technologique, ça signifie que le nucléaire doit être traité comme le sont les énergies renouvelables. C'est la position que nous portons. Je pense qu'effectivement, il y a probablement des voies de passage avec le gouvernement allemand, mais je ne vais pas préempter les discussions que nous allons avoir avec eux.

Question (en anglais) : Le changement de position de l'Allemagne sur le nucléaire aurait-il un impact sur le cadre financier pluriannuel (CFP), sur les aides d'État, ou sur d'autres grandes décisions au niveau de l'UE ?

Marc FERRACCI : C'est mon espoir. Sur tous les aspects. Le soutien financier au nucléaire et le soutien financier à l'hydrogène produit à partir d'énergie bas-carbone, et en particulier d'électricité nucléaire. Je pense que nous devons à nouveau appliquer très clairement ce principe fondamental de neutralité technologique.


Source https://ue.delegfrance.org, le 26 mai 2025