Texte intégral
Monsieur le ministre, cher Philippe Baptiste,
Monsieur le préfet,
Monsieur le président de la région Centre-Val de Loire, cher François Bonneau,
Monsieur le président du conseil départemental d'Eure-et-Loir,
Monsieur le maire de Hanches,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le recteur
Madame la directrice générale de l'ONISEP,
Monsieur le proviseur,
Mesdames et messieurs les professeurs,
Chers élèves,
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis d'être parmi vous à Hanches dans ce magnifique lycée, aux côtés d'une équipe pédagogique aussi investie, et de vous, chers élèves.
Je sais que cette période peut susciter l'appréhension, mais c'est justement ces temps d'orientation essentiels qui vous permettent, étape après étape, de tracer votre propre voie.
Ma conviction, c'est que l'École ne doit pas se contenter de "distribuer les rôles" : elle doit permettre à chacun de choisir le sien librement.
Dans un monde qui change, bouleversé par les défis écologiques, numériques, démographiques, économiques, il est du devoir de l'École de faire de l'orientation un levier d'égalité, d'émancipation et de réussite.
C'est pourquoi l'orientation ne doit plus être vécue comme une série de cases à cocher, mais comme un cheminement construit, un apprentissage à part entière.
Un projet d'orientation ne se décrète pas à 17 ans, en un claquement de doigts.
Il se construit, s'éprouve, se nourrit.
Il se forge dans la durée, dans l'échange, avec l'aide de l'école, de sa famille, et de tous les acteurs concernés.
L'orientation, c'est aussi un combat, car elle demeure un vecteur puissant de reproduction des inégalités.
Inégalités sociales d'abord.
Dans notre pays, quand on est enfant d'ouvrier, on accède deux fois moins à la seconde générale ou technologique que quand on est enfant de cadre.
Personne ne peut s'y résoudre.
Inégalités territoriales, ensuite.
Là encore, les écarts sont massifs : 75 % des élèves des zones urbaines très denses demandent une seconde générale ou technologique, contre moins de 50 % dans les zones rurales très éloignées.
Cela signifie que l'origine géographique conditionne encore trop l'avenir.
Il ne peut pas, il ne doit pas, y avoir des jeunesses à deux vitesses.
Enfin, les inégalités de genre.
Elles sont toujours bien présentes, et trop souvent invisibles.
Alors que plus de 40 % des filles choisissent la spécialité mathématique en terminale, seules 25 % d'entre elles intègrent des formations menant aux métiers du numérique ou de l'ingénierie.
Ces chiffres n'ont quasiment pas bougé depuis 20 ans.
C'est pourquoi j'ai lancé dès le mois dernier, un plan ambitieux "Filles et maths", première étape de notre action pour lutter contre tous les déterminismes.
Mesdames, messieurs,
Notre réponse doit être à la hauteur.
Nous devons repenser l'orientation, qui ne doit pas être vécue comme un parcours du combattant, mais devenir un véritable parcours éducatif.
Un parcours qui permette à chaque jeune de découvrir ses talents, de rêver grand, de rebondir s'il se trompe, et surtout, de ne jamais se sentir prisonnier de son origine sociale, de son genre ou de son code postal.
Un parcours qui fasse de l'orientation un véritable levier d'ascension sociale et d'épanouissement personnel.
C'est dans cet esprit que je lance aujourd'hui le plan Avenir, un plan d'orientation ambitieux, profondément républicain, et entièrement tourné vers la réussite des élèves.
La première composante de ce plan, c'est qu'il faut d'abord faire de l'orientation un projet collectif, partagé, par l'élève, par l'établissement, par les parents, en lien avec tous les acteurs concernés.
Pour que cette nouvelle approche de l'orientation prenne pleinement corps dans nos établissements, nous devons donner aux équipes pédagogiques les moyens d'agir.
C'est pourquoi, dès la rentrée 2025, chaque établissement pourra s'appuyer sur un ensemble d'indicateurs, pour mieux comprendre les besoins et les parcours de ses élèves, les dynamiques à l'œuvre sur son territoire, afin d'identifier les marges de progrès les plus pertinentes.
Dans chaque établissement, les professeurs principaux devront être les premiers acteurs de l'orientation.
Tous seront formés à commencer, par les 30 000 professeurs principaux de 3ème, dès l'automne 2025.
Dans les lycées volontaires, une expérimentation sera lancée à la rentrée prochaine, où le professeur principal deviendra le référent orientation d'un même groupe d'élèves, qu'il suivra en 1ère et en Terminale.
Mesdames, messieurs,
Il est essentiel que les familles puissent mieux comprendre les ressorts de l'orientation, pour mieux accompagner leur enfant.
Trois leviers seront déployés dès la rentrée :
Un guide pratique sera diffusé pour donner à chaque parent une information claire, accessible et utile, sur les parcours et les choix possibles.
Des rencontres entre parents, élèves et professeurs, dédiées au projet d'orientation, seront mises en place avant les conseils de classe du deuxième trimestre, pour permettre un temps d'échange et de co-construction.
Et parce que beaucoup l'attendaient, nous simplifierons, à partir de la rentrée 2026, les noms de formations des voies professionnelles et technologiques, pour que chacun puisse s'y retrouver, sans jargon ni complexités inutiles.
Mesdames, messieurs,
Je l'ai dit, l'orientation doit être un projet partagé.
Elle doit aussi être un fil rouge de la scolarité de l'élève, dès le collège.
S'orienter, ça s'apprend.
C'est pourquoi de la 5ème à la terminale, chaque élève suivra un parcours progressif pour apprendre à se connaître, pour s'informer et se projeter.
Un programme d'éducation à l'orientation sera dispensé pendant quatre demi-journées obligatoires.
En plus des stages qu'effectuent déjà les élèves durant leur scolarité, ces 4 demi-journées annuelles permettront aux élèves de partir à la découverte des métiers et des formations, avec des visites d'entreprise, des forums, et des rencontres avec des professionnels et modèles inspirants.
L'orientation doit pouvoir sortir des murs de la classe pour devenir une expérience vivante, concrète, et partagée.
Cela, nous le ferons, cher François Bonneau, avec l'aide des Régions qui prendront toute leur place dans ce processus.
Les Régions exerceront pleinement leur mission d'information sur les métiers et les formations, et de mise en réseau des acteurs économiques avec les établissements scolaires.
Leurs représentants participeront aux réunions de rentrée des chefs d'établissements, pour renforcer les liens entre les collèges et lycées, et les services publics régionaux d'orientation.
Un mot maintenant sur la plateforme Avenir(s).
Développée par l'ONISEP en lien avec les Régions, Avenir(s) constituera un outil incontournable de notre politique d'orientation, et sera mise à disposition de tous les établissements dès la rentrée 2025.
Avenir(s) proposera un ensemble de ressources pédagogiques, telles que des vidéos et des contenus interactifs.
Elle référencera les événements organisés par les Régions et les branches professionnelles.
Chaque élève pourra y construire son propre journal de bord de l'orientation.
C'est aussi un outil pensé pour les équipes éducatives, qui disposeront d'un espace dédié pour suivre les élèves et structurer dans le temps une démarche d'orientation.
Avenir(s), cher François Bonneau, c'est notre maison commune.
Le fruit d'un partenariat renforcé entre l'État et les Régions.
Un partenariat au service de l'égalité des chances et de l'émancipation de chacun.
Parcoursup, lui-aussi, se transforme, et continue de s'améliorer.
Cette année, les élèves disposent d'un simulateur de chances pour mieux anticiper les formations qui correspondent à leur profil, et oser des choix plus ambitieux.
La mise en place d'une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques au baccalauréat dès juin 2026, pour les élèves de 1ère, permettra aux lycéens de consolider leurs fondamentaux avant l'arrivée dans l'enseignement supérieur.
Mesdames, messieurs,
Permettre à chaque élève de construire son avenir, c'est aussi garantir que l'accès aux études supérieures ne soit pas réservé aux grandes métropoles.
C'est pourquoi les campus connectés, implantés sur tout le territoire, en lien avec les collectivités, seront pérennisés et renforcés dès la rentrée prochaine.
Par ailleurs, chaque département accueillera une première année d'accès aux études de santé, afin de permettre à tous les étudiants, y compris ceux éloignés des pôles universitaires, de démarrer leur cursus au plus près de chez eux.
La transition vers le post-bac doit être pleinement choisie, et constituer un moment d'émancipation, quel que soit le chemin dans lequel l'élève s'engage.
C'est pourquoi nous porterons une attention particulière à l'année de césure.
En 2025, seuls 9 000 bacheliers ont fait une demande.
C'est pourquoi un groupe de travail rendra des préconisations pour la rendre accessible à toutes et tous, et mieux la valoriser, notamment sous forme de crédits ECTS.
Les bacheliers professionnels bénéficieront également d'un accompagnement pensé pour leur réussite.
D'une part, un soutien renforcé aux apprentissages sera mis en place en BTS.
D'autre part, une expérimentation pour suivre un BTS en trois ans sera lancée à partir de la rentrée 2026, avec une année de propédeutique.
Et pour ouvrir les portes des écoles d'ingénieurs à tous les talents, des classes préparatoires dédiées aux bacheliers professionnels seront accessibles en trois ans, dans chaque académie, avec une première année pour consolider ses acquis.
Pour celles et ceux qui hésitent entre plusieurs formations, et qui souhaitent prendre le temps de mûrir leur projet, le dispositif Paréo, accessible via Parcoursup, offre une année de consolidation des apprentissages et de réflexion.
Ce dispositif sera progressivement renforcé : il passera de 22 à 45 universités d'ici la rentrée 2027.
Il affiche d'excellents résultats : 86% des diplômés PaRéO valident ensuite leur première année d'études supérieures.
Avec toutes ces mesures, l'objectif est que chacun puisse trouver sa voie en progressant à son rythme.
Mesdames, messieurs,
Enfin, il nous faut aussi mieux articuler les ambitions des élèves avec les besoins du pays.
Sur ce sujet crucial, l'Etat et les régions, continueront de travailler à l'adaptation de la carte des formations, pour favoriser la meilleure insertion possible.
Cette action s'inscrit dans la continuité de la réforme du lycée professionnel, que j'avais initié lorsque j'étais Première ministre.
Dans un monde en profonde mutation, et alors que la France manque chaque année de 20 000 ingénieurs et 60 000 techniciennes et techniciens, nous devons donner toute leur place aux métiers d'avenir, notamment dans les filières d'avenir scientifiques, technologiques, et industrielles.
Afin de susciter davantage vocations, le programme de Sciences Numériques et Technologiques sera rénové pour l'ensemble des secondes générales et technologiques dès 2026.
La filière STI2D sera elle aussi repensée, pour mieux répondre aux aspirations des élèves de Première et de Terminale et aux attentes des métiers de demain.
Parce que les stéréotypes ont la vie dure, des rencontres régulières avec des rôles modèles féminins seront organisées de la 3e à la Terminale, grâce à la mobilisation d'associations, d'étudiantes et de professionnelles.
Mesdames, messieurs,
Nous lançons aujourd'hui une réforme ambitieuse, avec un principe simple : l'orientation, c'est permettre à chacun de choisir son avenir.
C'est un engagement collectif, entre l'État, les Régions, les élèves et les familles et les équipes éducatives.
Parce que bien orienter, c'est former une jeunesse libre, éclairée, ambitieuse.
Source https://www.education.gouv.fr, le 10 juin 2025