Texte intégral
(...), avec plus de 100.000 participants. C'était 7 000 participants à Lisbonne il y a trois ans et c'était 4.000 participants en 2017 à New York, pour la première édition de cette conférence. Il y a donc bien quelque chose de majeur qui est en train de se produire.
Une mobilisation d'abord, une prise de conscience de la nécessité de préserver l'océan pour qu'il nous protège. Conscience que l'océan est notre meilleur allié dans la lutte contre le dérèglement climatique, mais qu'il est aujourd'hui en danger et qu'il faut agir. Et puis des engagements très importants qui sont en train d'être annoncés dans les bâtiments que vous voyez derrière moi, au sein de cette conférence des Nations unies, à commencer par l'entrée en vigueur du traité sur la haute mer, le traité dit BBNJ, qui va permettre de protéger la haute mer, tout ce qui ne concerne pas les juridictions nationales, qui couvre 50% de la planète et qui jusqu'à présent était un Far West sans aucune forme de régulation. C'est vraiment un tour de force de la diplomatie française que d'avoir permis cette entrée en vigueur d'ici la fin de l'année. Parce qu'il nous aura fallu deux ans pour rassembler les 60 signatures, alors que la dernière fois qu'on a pris un traité pour protéger l'océan, c'était en 1992 et il a fallu 12 ans pour rassembler ces signatures.
Il y aura évidemment des engagements pris pour la décarbonation du transport maritime, pour la science de l'océan avec la création d'une organisation internationale, pour la finance de l'océan avec un sommet qui s'est tenu à Monaco, qui s'est terminé hier avec là encore des engagements historiques.
Et puis, s'agissant des domaines maritimes, des très nombreux pays qui se retrouvent ici à Nice, des engagements là aussi très importants. La France va annoncer une extension très significative, historique, du périmètre des aires marines protégées sur notre domaine national. Une annonce qui sera accompagnée par celle de beaucoup d'autres pays. On aura donc, si je puis dire, couvert le spectre, puisqu'avec la protection des aires marines dans notre domaine national, ainsi que dans la haute mer, qui n'appartient à aucun domaine national, nous aurons fait oeuvre utile pour la préservation de l'océan.
Q - Ce matin, le Président de la République a semblé hausser le ton, encore une fois, face à Donald Trump, sans jamais vraiment le citer, mais en disant, je cite, "le Groenland, l'Antarctique, les abysses ne sont pas à vendre", à peu de plus près. C'est une stratégie assumée, ça, de la France et de la diplomatie française, de hausser le ton face au président américain ?
R - La diplomatie française est une diplomatie bleue, qui est très intransigeante sur la préservation de l'océan, et en particulier contre l'exploitation des grands fonds marins. Nous avons été à l'origine d'une coalition de plus de 30 pays qui ont affirmé avec force, et depuis longtemps, qu'ils soutiennent un moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins, tant que l'exploration de ces grands fonds n'aura pas été faite sur le plan scientifique. Et c'est ce qu'a rappelé le Président de la République avec force tout à l'heure. Nous ne pouvons pas accepter d'exploiter ces grands fonds, qui sont des trésors méconnus, avant que nous ayons laissé la science faire son travail. Et quelles que soient les prises de position des uns et des autres, nous ne varierons pas, puisque nous fondons notre effort dans la lutte contre le dérèglement climatique sur la science. Nous aurons d'ailleurs, je crois, aujourd'hui ou demain, une grande manifestation à ce sujet pour réaffirmer qu'on ne touche pas aux grands fonds marins, puisqu'ils appartiennent à la planète, à l'humanité tout entière, et qu'il est hors de question que nous laissions des acteurs privés pouvoir se saisir de ces trésors méconnus.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous condamnez l'interception par Israël d'une flottille d'humanitaires et de parlementaires qui se dirigeait vers Gaza ?
R - Nous nous sommes exprimés très clairement sur ce sujet. Nous avons six ressortissants français à bord de ce voilier. Nous avons pris l'attache avec les autorités israéliennes en amont, pour prévenir tout incident. Nous avions d'ailleurs alerté les membres de cet équipage, ou en tout cas les ressortissants français, sur les risques auxquels ils s'exposaient. Depuis l'arraisonnement de ce navire par les autorités israéliennes, nous avons demandé à pouvoir exercer ce que l'on appelle la protection consulaire, c'est-à-dire la protection par les agents du consulat français sur place vis-à-vis de nos ressortissants. Nous souhaitons pouvoir entrer en contact avec eux dès qu'ils rentreront sur le territoire israélien pour pouvoir leur permettre de rentrer dès que possible sur le territoire national.
Q - Vous la qualifiez d'illégale, cette interception, comme beaucoup d'ONG aujourd'hui ?
R - Ce que je viens de vous dire, c'est que nous avons à la fois alerté très en amont les participants à cette flottille des risques auxquels ils s'exposaient, mais que nous avons tenu un discours très clair aux autorités israéliennes pour éviter tout incident, et leur annoncer par avance ce que nous avons fait depuis, c'est-à-dire exprimer notre volonté d'exercer notre protection consulaire.
Q - Mais comment vous la qualifiez, pardon, cette interception, alors qu'elle s'est déroulée, selon toute vraisemblance, dans les eaux internationales ?
R - Selon toute vraisemblance, comme ce sont les termes que vous venez d'utiliser, lorsque nous aurons établi la licéité ou non de cette interception ou cet arraisonnement, nous la qualifierons.
Q - Juste, rapidement, est-ce que vous craignez que ces parlementaires, humanitaires, soient poursuivis en justice, peut-être emprisonnés ?
R - Je souhaite en tout cas qu'ils puissent rentrer au plus vite sur le territoire national, et les agents de notre poste sur place sont pleinement mobilisés pour exercer leur mission, la mission de protection consulaire vis-à-vis de tous nos ressortissants, et en particulier de ces six ressortissants-là.
Q - Vous n'avez pas de leurs nouvelles pour l'instant ?
R - Dès qu'ils mettront le pied sur le territoire israélien, nous souhaitons pouvoir être en contact avec eux.
Q - À votre connaissance, le Président Macron et le Premier ministre Netanyahou se sont entretenus, dernièrement, sur ce sujet ?
R - comme vous le voyez, nous sommes très occupés par une conférence majeure qui concerne l'avenir de l'océan. Je n'ai pas eu l'occasion ce matin de m'entretenir avec le Président de la République qui était à la tribune des Nations unies, mais nous avons, comme je vous l'ai dit, des échanges réguliers avec les autorités israéliennes. Nous en avons eu en amont, nous en avons eu dès le moment de l'interception, et nous allons continuer à en avoir.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2025