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Q - Et jamais un sommet sur les océans n'avait rassemblé autant de chefs d'État. Une mobilisation qui démontre à quel point la situation est critique. Sur place, je retrouve notre journaliste Henri Migout. Bonjour Henri, vous assistez à cet événement pour France Télévisions. J'imagine que de nouvelles mesures de protection devraient être annoncées.
Q - Oui, bonjour Valérie, effectivement, puisque c'est l'ouverture officielle de cette conférence de l'ONU sur les océans. Il en a été question dans le reportage précédemment. On parle beaucoup notamment d'un traité sur la haute mer pour protéger les eaux internationales et qui pourra être adopté de façon éminente. Je suis avec le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Monsieur le Ministre, bonjour. Merci d'avoir accepté notre invitation. Ça a été dit également dans le reportage précédent. La France, parce qu'il y a l'Outre-mer, est le domaine maritime le deuxième plus grand du monde. Est-ce que cette notion-là implique et oblige la France ?
R - Oui, je le crois. Merci pour votre invitation. Si nous sommes ici à Nice pour la plus grande conférence internationale jamais organisée sur la préservation des océans, ce n'est pas un hasard. C'est parce que la France est une puissance maritime, deuxième domaine maritime mondial. Déjà en 1951, le général de Gaulle disait que ce pays est fait de toutes pièces pour jouer un rôle important aujourd'hui et demain pour l'océan. Eh bien nous y sommes.
Q - Alors, il y a eu la semaine dernière une semaine scientifique. Là, on entre dans une semaine plus politique. Au niveau scientifique, le constat, il est partagé. Au niveau politique, ça peut être plus compliqué. Les Américains ne sont pas là. Est-ce que vous êtes optimiste, au début de cette semaine ?
R - Je suis très optimiste parce que je sens l'enthousiasme. Ici, où nous nous trouvons, la Baleine, le lieu que nous avons ouvert en grand pour le public, mais aussi dans l'enceinte des Nations unies, où les engagements se multiplient à l'heure où nous parlons pour protéger l'océan, créer des aires marines protégées, lutter contre la pêche illégale, décarboner le transport maritime. Et oui, le Président de la République l'a dit avec force : la France s'oppose à toute exploitation des grands fonds marins avant qu'ils n'aient été explorés. Parce qu'on ne sait pas ce que recèle ce patrimoine de l'humanité et qu'il nous faut donc faire confiance à la science avant d'aller plus loin et de confier à des intérêts privés, des investissements, des actions qui viendraient compromettre, qui viendraient en quelque sorte dégrader ce patrimoine auquel nous sommes si attachés.
Q - Alors, il y a quelques anniversaires. On est dix ans après l'Accord de Paris, la COP21 qui avait vu des objectifs élevés, mais des résultats un petit peu décevants. Comment faire pour que ce ne soit pas la même chose ici, si on a aussi, par exemple, des Accords de Nice, ce qui risque d'être le cas ?
R - Ah non, je ne peux pas vous laisser dire ça. Parce qu'effectivement, il y a dix ans, c'est la France qui a obtenu le premier grand traité international sur la réduction des gaz à effet de serre. On a appelé ça l'Accord de Paris. Sans l'Accord de Paris, nous ne serions pas dans la situation où nous nous trouvons aujourd'hui, où toute la communauté internationale est engagée sur une trajectoire de réduction de ses émissions pour éviter les déstabilisations profondes que nous connaissons, les conséquences : la Vallée de la Roya tout près d'ici, les inondations dans les Hauts-de-France, les tempêtes, le cyclone Chido à Mayotte. Et ce que nous voulons faire ici à Nice, aujourd'hui, c'est l'équivalent pour l'océan de ce que nous avons fait il y a dix ans pour le climat. Et donc ce plan d'action pour Nice, cet appel d'urgence que nous lançons à toute la planète, il a vocation à donner un rendez-vous à l'humanité pour dans dix ans, pour faire en sorte que nous ayons vraiment pris des actions concrètes pour protéger l'océan, de manière à ce qu'il continue de nous protéger. Parce que l'océan, c'est notre meilleur allié dans la lutte contre le dérèglement climatique. Mais si nous n'y prenons pas garde, il deviendra peut-être notre adversaire avec l'érosion du trait de côte, avec l'augmentation du niveau de la mer.
Q - Un dernier point assez rapidement, Jean-Noël Baron : on est un an exactement après la dissolution de l'Assemblée nationale. La représentation nationale a pris des mesures qui vont à l'encontre de l'écologie. On pense aux ZFE, aux zones à faible émission. Est-ce que ces décisions-là sont de nature à entraver l'action du Président de la République au niveau international, en matière d'écologie ?
R - Vous la voyez, l'action du Président de la République, qui s'était dès 2019 exprimé pour faire bouger les lignes sur l'océan. Eh bien, nous l'avons mis en oeuvre. Comment ? Avec la diplomatie française. Une diplomatie bleue, qui s'est déployée depuis plusieurs années et avec beaucoup d'intensité ces derniers mois, pour que nous puissions, vous en parliez dans vos introductions, réunir les 60 ratifications nécessaires à l'entrée en vigueur de ce traité sur la haute mer. Ce traité qui va permettre de protéger 50% de la surface de la planète couverte par les océans, qui aujourd'hui n'est couverte par aucune loi et aucune régulation.
Q - Merci beaucoup Jean-Noël Baron. Et donc, cette conférence de l'ONU sur l'océan va durer encore trois jours.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2025