Déclaration de M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie, sur la filière spatiale, à Vernon le 13 juin 2025.

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Intervenant(s) : 
  • Marc Ferracci - Ministre chargé de l'industrie et de l'énergie

Circonstance : Déplacement dans l'Eure sur le site MaiaFactory de MaiaSpace

Texte intégral

Messieurs les ministres, cher Éric LOMBARD, cher Sébastien LECORNU, cher Philippe BAPTISTE,
Monsieur le préfet de l'Eure [Charles GIUSTI],
Monsieur le président du Conseil Régional de Normandie [Hervé MORIN],
Monsieur le président du Conseil Départemental [Alexandre RASSAËRT],
Madame et Messieurs les élus,
Monsieur le Maire de Vernon [François OUZILLEAU],
Monsieur le président directeur général d'Ariane Groupe, cher Martin SION,
Monsieur le président de MaiaSpace, cher Yohann LEROY,
Mesdames et Messieurs,


Ce que vous écrivez ici, ce n'est pas une page d'histoire. C'est un nouveau chapitre du destin industriel français.

La filière spatiale est un pilier stratégique et un levier économique. Rien de moins. Et je veux le dire clairement : l'accès autonome à l'espace n'est pas un luxe. Dans l'espace, comme sur Terre, qui dépend, abdique. Qui lance, décide.

Vous le savez, l'odyssée française est ancrée dans la vision d'un homme d'État qui voit une France souveraine jusque dans l'espace. Elle prend son envol en 1965, avec Astérix, quand la France devient la troisième puissance spatiale au monde. Elle s'européanise en 1975, à Paris, avec la fondation de l'European Space Agency. Et aujourd'hui encore, elle vit à travers des visages qui inspirent.

Avec Thomas PESQUET, Sophie ADENOT, Arnaud PROST, c'est toute une génération qui porte haut nos ambitions pour le spatial.

Mais il faut être lucide : cette histoire, aussi belle soit-elle, ne nous garantit rien. La compétition internationale s'intensifie, les modèles changent, et nos certitudes vacillent. Sous l'impulsion de SpaceX, le renouveau du spatial mondial est en marche. Réduction des coûts, gain de performance, accélération des cycles : voilà le triptyque de la nouvelle conquête. Dans cette course, notre industrie du spatial doit pas se laisser dépasser, car le peloton de tête reste à dessiner.

MaiaSpace montre une voie audacieuse pour y arriver : de l'ingéniosité, de l'ambition, et un esprit de conquête. Une start-up dont le centre de gravité est l'avenir de la France et de l'Europe.

[Ingéniosité]

Votre odyssée, c'est un condensé d'audace et d'efficacité. En trois ans, vous avez conçu, fabriqué et testé la quasi-totalité des sous-systèmes de votre futur lanceur. En trois ans, vous êtes passés de quelques ingénieurs à 300 experts. 300 talents. 300 raisons d'être fiers. L'histoire grecque nous rappelle qu'il a suffi de 300 hommes déterminés pour arrêter une marée perse qui semblait infinie. Cette fierté, je la ressens pleinement. Votre ingéniosité fait rayonner le spatial français. Vous prouvez que nos écoles forment des esprits brillants, et que ces esprits choisissent la France pour concrétiser leurs projets. Et ce choix, vous l'avez fait ici, à Vernon —un territoire que je sais cher au ministre des Armées, Sébastien LECORNU. Ici, je compte sur vous pour faire vivre, durablement, le spatial en France.

[Ambition : un nouveau modèle industriel]

Ce projet n'est pas qu'une réussite technique. C'est aussi le symbole d'un nouveau modèle industriel. C'est une démonstration de ce que peut être la nouvelle France productive.

Dans cette aventure, l'État a pleinement assumé son rôle. Dans le sillage du programme spatial initié par le Général de Gaulle, France 2030 a pris le relais avec une ambition claire : rapprocher le futur du spatial.

Comment ? En définissant des priorités industrielles, en fixant des objectifs technologiques audacieux, et en assumant des choix forts – comme celui de développer un lanceur réutilisable, pilier de notre souveraineté d'accès à l'espace.

Aujourd'hui, avec MaiaSpace, nous voyons les fruits concrets de cette stratégie : une ambition qui ne reste pas lettre morte, mais qui se traduit en usines, en technologies, en emplois. Et permettez-moi de le dire avec gravité et fierté : c'est aussi cela, le sens de ma mission comme ministre de l'Industrie.

Les objectifs de France 2030 en matière spatiale nous donnent un plan. C'est une boussole industrielle, et c'est un motif profond de fierté nationale – et personnelle.

[Esprit de conquête]

Enfin, MaiaSpace, c'est l'esprit de conquête.

Ce que vous proposez, ce n'est pas un concept, c'est un produit. Pensé pour durer, pensé pour voler, pensé pour gagner. Avec le soutien de l'État et de France 2030, vous avez posé des fondations solides. À vous désormais de relever les défis, d'élever les ambitions, de bâtir un socle technologique à la hauteur de la France — et de l'Europe. Un lanceur réutilisable, souverain, compétitif : voilà ce que nous attendons. Vous entrez dans la course avec des atouts. Et avec cette part d'aventure, sans laquelle rien de grand ne s'écrit.

[Conclusion]

Mesdames et Messieurs,

L'odyssée spatiale de la France se réinvente et continue. C'est une chance pour notre filière, pour Vernon et pour la France.


Source https://www.economie.gouv.fr, le 16 juin 2025