Texte intégral
Je suis aujourd'hui présente au Conseil des ministres de l'Environnement de l'Union européenne. Une journée qui sera consacrée à des sujets stratégiques.
Je pense d'abord à l'économie circulaire avec l'orientation générale qui sera adoptée sur les véhicules hors d'usage. Une orientation qui marque la manière dont on veut avancer sur l'économie circulaire, notamment en reconnaissant une clause miroir sur l'utilisation du plastique recyclé et qui fixe des niveaux d'ambition qui sont susceptibles de créer de véritables filières qui créent des emplois et qui soutiennent notre activité économique tout en réduisant l'impact environnemental de nos productions. C'est dans cet esprit que je souhaite qu'on continue à avancer, notamment dans la perspective d'une législation sur l'économie circulaire.
Deuxième élément, la préparation de la COP 30 à Belém, occasion pour laquelle l'Union européenne devra proposer un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2035. L'Union européenne doit continuer à assumer son rôle de leadership climatique, comme elle l'a fait toutes ces dernières années, en particulier à l'occasion de ce dixième anniversaire de l'Accord de Paris. Ce leadership climatique est essentiel pour protéger les Européens et les Européennes contre l'impact du dérèglement climatique. Il est également essentiel pour installer les nouvelles filières industrielles dont nous avons besoin pour transformer notre économie et donc pour coupler emplois et combat contre le dérèglement climatique. Je me réjouis que l'on ait à l'occasion du déjeuner un point sur une stratégie industrielle en lien avec nos politiques écologiques. C'est évidemment un élément essentiel si on veut avoir un objectif 2040 dans notre loi climat qui soit crédible et qui nous permette de donner des trajectoires et des incitations très claires à nos filières industrielles pour être au rendez-vous de la décarbonation d'ici 2040.
Troisième élément, la lutte contre les pollutions plastiques avec les résultats de la négociation des COP autour de la réduction des pollutions chimiques en lien avec les protocoles de Rotterdam, Bâle et de Stockholm avec là aussi de bonnes avancées qui pourront nous permettre de nourrir l'approche que nous retiendrons dans la directive REACH. Je salue ces avancées avec un meilleur contrôle international, la réduction de certains polluants chimiques et nous devons continuer dans ce sens.
Quatrième élément, c'est la stratégie résilience de l'eau. C'est une stratégie qui pose bien les termes du débat et qui est très en lien et très cohérente avec la politique de résilience de l'eau française, c'est-à-dire d'un côté la dimension quantitative qui reprend les grands éléments que nous portons dans le cadre du plan eau : sobriété hydrique, réutilisation renforcée des eaux grises, et puis de l'autre côté la question de la qualité de l'eau, la réduction de la pollution, des pollutions persistantes présentent dans notre environnement, qui mettent à risque l'accès à une eau potable en quantité, en particulier dans le contexte du dérèglement climatique où les sécheresses peuvent concentrer les polluants chimiques dans nos eaux de surface et nos eaux souterraines.
Enfin, dernier élément, c'est évidemment les résultats de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan que la France a co-organisée à Nice avec le Costa Rica. Une conférence qui a montré que l'écologie, la géopolitique et le multilatéralisme avaient encore beaucoup d'avenir, avec des résultats exceptionnels. Je pense notamment à la ratification du traité sur la haute mer, qui est plus que probable d'ici fin septembre. C'est un traité qui traînait depuis une vingtaine d'années. Aujourd'hui, grâce à la mobilisation du président de la République et de la diplomatie française, nous y sommes arrivés. Cela permettra d'ouvrir tout un set de négociations pour installer sur 65 % des mers et des océans de la planète, des zones de protection, des aires marines protégées. Deuxième élément, des avancées sur la pêche illégale, non reportée et non régulée. Troisième élément, la coalition pour un traité plastique ambitieux que j'ai réunie. 96 pays autour de cet objectif à la veille d'une négociation à Genève. Ce sera difficile, mais on envoie un clair signal à ceux qui voudraient battre en brèche l'importance de ce traité, le fait qu'on ne va pas prendre en compte le sujet de la production de la consommation numérique alors qu'il est clé pour lutter contre la pollution. La mobilisation en faveur d'un moratoire pour l'exploitation minière des fonds marins, je le dis très clairement ici, je continuerai à me battre pour ce moratoire à un moment où l'évidence scientifique est très claire. Certes, nous ne savons pas tout, mais le peu que nous savons nous incite très clairement à mettre en place ce moratoire tant les conséquences sur la capture carbone, sur la biodiversité, sont majeures pour nos océans. Donc, nous ne pouvons pas dire que nous savions pas. Enfin, dernier élément, c'est l'approfondissement et l'extension des aires marines protégées. D'abord en France, pour le dire très rapidement, 78 % de nos eaux territoriales seront d'ici fin 2026 en aires marines protégées. Nous sommes très au-delà des objectifs et des engagements de Montréal, plus de 14 % en zone de protection forte, plus de 10 % en zone de protection stricte, et un plan de protection des fonds marins qui concerne plus spécifiquement nos eaux hexagonales. Cette ambition, on l'a portée aussi au niveau diplomatique pour obtenir d'autres pays des engagements d'extension, d'approfondissement de leurs aires marines protégées. Nous faisons le constat aujourd'hui que, suite aux annonces faites ensemble des pays qui étaient représentés à la conférence des Nations Unies sur les océans, nous avons 30 % d'augmentation de la protection des eaux territoriales dans le monde, ce qui est un résultat exceptionnel. Nous allons continuer à appuyer dans cette direction, dans les échéances qui sont devant nous sur les négociations environnementales.
Question : What reassurances have you received from the Commission on the 2040 target ? And are you now ready to support a 90% emissions cut ?
Agnès PANNIER-RUNACHER : At that point, we have not yet finalized our position as a French government, but we carry on seeing we need consistency in our policies that is, to have a fully-fledged approach with an ambitious target and with trade, industrial, state aid, and energy policies that are enablers to reach this target. The companies, they want to decarbonize, but they want to decarbonize with a level playing field that is warranted, and they want to decarbonize with clear incentives that are not counterproductive. So this is exactly what is at stake, and this is what we will push for. And I believe that we have an understanding not only from the European Commission, but from most countries at the European level.
Question : Are you in favor of international Article 6 credits to contribute towards that ?
Agnès PANNIER-RUNACHER : Yes, of course, because Article 6 is clearly a Paris Agreement element, so it is within the Paris Agreement. We need high-integrity carbon credits, and that's why it is important to have the trust of the governments to ensure that it is high-integrity credit. But it is also a way to build bridges with developing countries that don't have the means to reduce their CO2 emissions, and to have these strategic partnerships. On top of that, in a context in which natural carbon sinks may decrease because of climate change and not because of policies or decisions we will be taking, we need also to find ways and means to compensate this natural diminution of carbon sinks. That's why Article 6, I believe, is a very interesting tool. It is a tool among others. It will not save us from doing effort and decarbonizing. It could be used for a few percent of our objective.
Question : And the NDC target, do you think that should be set halfway between 2030 and 2040, between 55 and 90 percent ?
Agnès PANNIER-RUNACHER : So, you are mentioning a linear approach. I believe that should be a fair and scientific way, but this is still in discussion, as I already mentioned.
Source https://ue.delegfrance.org, le 18 juin 2025