Texte intégral
Madame la députée Caroline Yadan,
Face à l'escalade militaire au Proche-Orient, notre priorité c'est la sécurité de nos ressortissants et de nos agents. Et je veux avoir une pensée pour nos agents à Tel Aviv, à Jérusalem, à Téhéran, qui exercent leur mission, aux côtés de nos compatriotes, dans des conditions extrêmement difficiles et tendues.
Il y a des pays qui ont décidé d'évacuer leurs agents. Ce n'est pas le choix que nous avons fait à ce stade. Nos agents sont à leur poste. C'est leur honneur. Ils restent aux côtés des communautés françaises.
Ceci étant dit, vendredi, nous avons pris contact avec nos ressortissants en Israël pour leur transmettre les consignes de sécurité et nous avons appelé les Français de passage en Israël à s'inscrire sur le fil d'Ariane pour pouvoir être informés en temps réel de ces consignes. Nous avons ouvert une ligne téléphonique accessible 7j/7, 24h/24. Nous avons ouvert une cellule d'écoute psychologique au service de nos ressortissants. Et nous avons réuni hier les chefs d'îlots, c'est-à-dire les Françaises et les Français responsables en Israël de la sécurité d'une partie du territoire. Ce matin, j'ai réuni les ambassades des pays concernés et les services de l'Etat au centre de crise et de soutien du ministère des affaires étrangères, et j'ai décidé de renforcer les effectifs de la cellule d'écoute - ou en tout cas, de la ligne téléphonique d'urgence - pour améliorer les conditions de prise en charge.
J'ai décidé que nous puissions clarifier les voies de sortie terrestre d'Israël vers la Jordanie - au nord, vers Amman, ou au sud, vers Aqaba - ou en Egypte, vers Charm el-Cheikh, où les ressortissants qui le peuvent et qui le souhaitent peuvent prendre des billets d'avion et regagner le territoire national.
Nous avons malheureusement connu des situations similaires par le passé. Soyez assurée que nos agents sont pleinement mobilisés pour apporter une réponse adaptée à chacun.
Madame la députée [Alma Dufour],
La première de toutes les choses, c'est que nous n'avons ni soutenu ni participé à ces opérations israéliennes. Et depuis les premières heures, nous appelons à la retenue, à la désescalade, à la préservation des civils, à l'arrêt des frappes de toutes parts. Parce que nous considérons qu'il n'y a pas de solution militaire au problème du nucléaire iranien. Ce n'est déclaration qui date d'hier ou d'avant-hier ; nous le disons depuis des mois et des années, avec régularité et constance.
Maintenant, Madame la Députée, vous vous faites l'avocat du régime iranien. Faut-il rappeler, Madame la Députée, que le régime iranien dispose de capacités nucléaires et balistiques susceptibles de toucher le territoire européen ? Faut-il rappeler que le régime iranien a soutenu tous les groupes terroristes, qu'il s'est félicité de l'attentat du 7 octobre suite auquel 50 de nos compatriotes ont perdu la vie ? Faut-il rappeler que le régime iranien a livré des centaines de missiles et des milliers de drones à la Russie qui, encore hier soir, a agressé l'Ukraine avec une violence et une cruauté sans limite ? Faut-il rappeler que le régime iranien retient otage nos deux compatriotes, Cécile Kohler et Jacques Paris, dans des conditions indignes, assimilables à de la torture ?
Tout cela, Madame la Députée, on peut très bien le dire tout en ne détournant pas le regard de ce qu'il se passe à Gaza. Il y a eu aujourd'hui 51 Palestiniens affamés, cherchant à venir s'approvisionner en aide alimentaire, qui ont été tués par les tirs des forces israéliennes. C'est inadmissible, c'est inqualifiable et nous continuerons de le dénoncer.
Monsieur le député Pierre Pribetich,
La voix de la France, elle est claire, elle est forte : c'est la paix et la sécurité pour tous. Et cette position, elle repose sur un double refus.
Le refus de voir Gaza occupée, la Cisjordanie colonisée, le Hamas continuer à détenir les otages dans les tunnels de Gaza, et l'aide humanitaire bloquée à l'entrée de Gaza avec une population affamée. Et c'est pourquoi, même si nous avons dû la reporter pour des raisons logistiques et sécuritaires, nous restons déterminés à tenir cette conférence pour la solution à deux États, qui a enclenché une dynamique désormais inarrêtable qui va nous conduire à reconnaître l'État de Palestine.
Le deuxième refus, c'est celui d'un Iran nucléaire qui fait, comme vous l'avez dit, peser un danger existentiel sur Israël, la région, mais aussi sur l'Europe. Mais c'est un problème que l'on ne peut régler que par la négociation, comme nous l'avons fait, vous l'avez dit, sous l'autorité du président Hollande il y a dix ans, en étant plus exigeants que nos partenaires américains et en obtenant des concessions significatives de l'Iran. Un accord qui, c'est vrai, a été fragilisé quelques années plus tard, lorsque les États-Unis s'en sont retirés. Mais force est de constater que la négociation reste encore aujourd'hui la seule manière d'aboutir à un retour en arrière du programme nucléaire et balistique iranien.
C'est pourquoi nous appelons à la retenue, à la désescalade et à l'arrêt des frappes des deux côtés, que nous appelons au retour à la négociation. C'est ce que j'ai dit à mon collègue iranien. C'est ce que j'ai redit à mon collègue israélien. C'est ce que j'ai dit à mon collègue américain.
Et je leur ai dit aussi que, de la même manière qu'il y a dix ans ce sont les Français, les Allemands et les Britanniques qui avaient trouvé la solution, nous nous tenons prêts à apporter notre compétence, notre expérience et notre constance pour mener ces discussions avec les parties prenantes.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juin 2025