Déclarations à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le rapatriement des Français résidant en Israël et en Iran, Orly le 22 juin 2025.

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160 de nos ressortissants qui étaient en Israël ont pu bénéficier de l'un des vols que le ministère de l'Europe et des affaires étrangères a affrétés pour faciliter leur retour. C'est un vol qui est parti d'Amman en Jordanie. Un autre vol partira demain à partir d'Amman à 16h. Un troisième partira mardi, à 18h, pour permettre à nos ressortissants, qui se trouvent aujourd'hui dans des situations parfois extrêmement compliquées, pour des raisons de santé, pour des raisons familiales, en Israël, de pouvoir regagner le territoire national.

Et puis au-delà de ça, à la suite du Conseil de défense et de sécurité nationale et à la demande du Président, avec Sébastien Lecornu, nous mobilisons des moyens de transport militaire, et en particulier les avions A400M, qui pourront acheminer nos ressortissants depuis Tel-Aviv, depuis Israël, jusqu'à Chypre, avec des rotations qui pourront démarrer dès lors que nous aurons obtenu l'autorisation des autorités israéliennes.

Je veux évidemment remercier pour leur mobilisation les agents du ministère des affaires étrangères en Israël, en Iran bien sûr, mais également à Paris, au Centre de crise et de soutien, qui se sont beaucoup mobilisés pour répondre aux près de 5.000 appels qu'ils ont reçus, et aussi pour contribuer à orienter nos compatriotes vers ces vols que nous affrétons, puisqu'il faut qu'ils aient les horaires, il faut qu'ils sachent comment s'y rendre, et qu'ils vont continuer à se mobiliser pour accompagner le déploiement de ces avions militaires, facilitant le retour sur le territoire national des ressortissants français.

Par ailleurs, nous explorons d'autres options qui pourraient être mises en œuvre dans les prochains jours, notamment par la voie maritime. C'est à ce stade une hypothèse qui est en cours d'élaboration.

Je veux enfin avoir une pensée particulière pour deux de nos compatriotes, Jacques Paris et Cécile Kohler, détenus depuis plus de trois ans maintenant en Iran, dans des conditions indignes, assimilables à de la torture. Deux otages dont nous demandons la libération immédiate, je viens de le faire à l'instant, lors d'un entretien avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères iranien, après que le Président de la République l'ait fait à son niveau avec le Président iranien, un peu plus tôt dans la journée.


Q - Certains se plaignent quand même d'avoir été un peu livrés à eux-mêmes pour gagner la frontière Israël-Jordanie.

R - Nous mettons tout en œuvre pour apporter une réponse à chacun. L'objectif de ce vol, et je veux saluer la contribution de la députée, du ministre délégué en charge des Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin, de toutes les équipes, pour que nous puissions parvenir à faire rentrer ces personnes. C'est-à-dire, pouvoir en particulier permettre aux plus fragiles d'avoir une solution le plus rapidement possible. Alors il se trouve que nous avons déjà connu des situations comme celle-là par le passé, mais que dans la période que nous vivons, ce qui est particulier, c'est que l'espace aérien israélien est fermé. Ce qui suppose, pour que nos compatriotes puissent regagner le territoire national, qu'ils puissent parvenir jusqu'aux aéroports en Jordanie ou en Egypte. Pour certains, c'est par leurs propres moyens, jusqu'aux points de passage aux frontières, à partir desquels ils sont pris en charge, que ce soit côté égyptien ou que ce soit côté jordanien. Mais certains de nos compatriotes ne peuvent en réalité pas se déplacer pour des raisons de santé, pour des raisons de handicap. C'est la raison pour laquelle ils auront priorité dans le cadre de ces vols militaires qui vont commencer à faire des rotations vers Chypre, dès que les autorisations auront été octroyées par le gouvernement israélien.

Q - Combien de ressortissants reste-t-il sur place ? De ressortissants français en Israël ?

R - Alors des ressortissants français en Israël, il y en a 250.000.

Q - Qu'il reste sur place et qui sont bloqués ?

R - Vous m'avez demandé le nombre de ressortissants français en Israël, je vous réponds : c'est 250.000. Il y a aujourd'hui plusieurs centaines de Français qui ont signalé leur souhait de pouvoir rentrer. Et avec les vols civils, les liaisons aériennes civiles que j'évoquais tout à l'heure, un vol au départ d'Amman demain à 16h, un autre mardi au départ d'Amman à 18h, puis les rotations des avions militaires, nous serons en capacité de permettre à celles et ceux qui souhaitent rentrer de le faire tous, en fonction de leurs capacités et de leurs moyens.

Q - Et qu'en est-il des ressortissants français qui sont en Iran ? Qu'est-ce qui est prévu pour eux ?

R - Dans le cas de l'Iran, la situation est tout à fait différente. La communauté française en Iran, c'est à peu près un millier de personnes avec, nous l'avons constaté depuis une semaine, un peu plus d'une centaine de personnes qui s'y trouvaient au moment où les opérations israéliennes ont commencé le vendredi 13 juin sur le territoire iranien, alors même que nous avons depuis des mois appelé tous nos ressortissants à ne pas se rendre en Iran et à ceux qui étaient de passage à quitter le territoire. Donc l'équipe de l'Ambassade s'est attachée à contacter ces ressortissants, en leur demandant de bien nous faire connaître leurs coordonnées par le fil d'Ariane, de manière à pouvoir les accompagner vers la sortie du territoire iranien, dont l'espace aérien est lui aussi fermé, vers l'Arménie notamment, et éventuellement vers la Turquie. Ce sont donc plusieurs dizaines de Français, il est difficile d'en avoir le nombre exact, qui ont pu quitter l'Iran à ce jour, par la frontière arménienne. Là encore, comme nous l'avons fait à la frontière jordanienne et à la frontière égyptienne pour nos ressortissants d'Israël, ils sont pris en charge par une équipe du ministère des affaires étrangères qui est à la frontière pour faciliter les démarches, et puis ensuite orienter vers les grandes villes - et s'agissant de l'Arménie, vers Erevan - pour que là, ils puissent trouver un vol qui les ramène jusqu'en France.

Q - Vous allez prévoir des vols aussi pour eux sur place, comme les vols qui ont été organisés aujourd'hui ?

R - L'espace aérien iranien n'est pas ouvert à ce type de vol. Et nous allons, dans le cas israélien, solliciter l'autorisation du gouvernement pour pouvoir poser les avions militaires A400M.

Q - Il n'y a qu'une centaine de Français en danger en Iran, si je vous ai bien compris. Même moins que ça, d'ailleurs.

R - Non, ce que je vous ai dit, c'est qu'il y avait un peu plus d'une centaine de Français de passage en Iran qui s'étaient recensés. Plusieurs dizaines qui avaient déjà quitté le territoire, et nous continuons d'accompagner, même si cela se fait dans des conditions très dégradées, ceux qui le souhaitent à quitter le territoire iranien, en les orientant vers des moyens de transport sûrs, leur permettant de gagner la frontière arménienne, ou éventuellement la frontière turque, où ils sont pris en charge et orientés vers les aéroports des grandes villes.

Q - On a eu plusieurs personnes qui ont remercié Mme [Caroline] Yadan. Je voudrais savoir quel était son rôle, finalement, dans le rapatriement de ces personnes ?

R - Comme députée des Français de l'étranger, elle a recensé un certain nombre de demandes, et en lien avec l'équipe de l'ambassade, a permis à ces Françaises et ces Français qui s'étaient manifestées à elles de bénéficier des places dans ce vol affrété par le ministère des affaires étrangères.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juin 2025