Déclaration de M. Benjamin Haddad, ministre délégué, chargé de l'Europe, en réponse à deux questions d'actualité sur le conflit entre l'Iran et Israël, au Sénat le 25 juin 2025.

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Circonstance : Questions d'actualité au Gouvernement, en séance publique, au Sénat

Texte intégral

Madame la sénatrice Patricia Schillinger,

Voilà trois ans que nos compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris sont retenus otages de la République islamique d'Iran, dans des conditions indignes et inacceptables, qui relèvent de la torture au regard du droit international.

Vous le savez, leur libération est une priorité pour la diplomatie française et, au vu des tensions dans la région, le Président de la République a eu l'occasion de le rappeler en des termes très clairs à son homologue iranien, au téléphone, dans les derniers jours. À la suite de la frappe israélienne sur la prison d'Evin que vous avez mentionnée, le ministre [de l'Europe et] des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s'est entretenu avec son homologue iranien pour s'enquérir du sort de nos compatriotes, pour exiger un accès consulaire et pour rappeler, encore une fois en des termes très clairs, l'exigence de leur libération immédiate et inconditionnelle.

Nous avons obtenu l'assurance que nos compatriotes, Cécile et Jacques, n'ont pas été blessés dans ces frappes.

Je voudrais, dans ce moment, avoir une pensée particulière pour leurs familles, qui vivent un véritable calvaire du fait de la République islamique d'Iran et, à cet égard, saluer le travail de nos diplomates, de nos personnels consulaires, du centre de crise et de soutien, qui accompagnent quotidiennement les familles dans cette épreuve.

Madame la Sénatrice,

La politique d'otage d'État de la République islamique d'Iran est une violation du droit international. Nous la condamnons dans les termes les plus fermes. C'est la raison pour laquelle la France a déposé une requête au mois de mai auprès de la Cour internationale de justice pour faire observer et condamner la violation par l'Iran de la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires.

Nous continuerons à nous mobiliser quotidiennement pour assurer la sécurité et surtout la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, pour qu'ils puissent retrouver notre pays et leurs proches.

Merci beaucoup.


Madame la sénatrice [Olivia] Richard,

Sur ce sujet si grave, la voix et la position de la France ont toujours été claires et constantes. Claires et constantes pour dénoncer les activités déstabilisatrices du régime iranien, qui ne peut pas et ne doit pas se doter de l'arme nucléaire. Et on a vu, révélé par l'AIEA, les dernières violations du Traité de non-prolifération par l'Iran. Le régime iranien qui développe son programme de missiles balistiques, qui pourraient frapper Israël, qui est menacé par l'Iran directement. L'Iran dit vouloir menacer, détruire Israël, mais aussi les pays européens, dont la France. L'Iran qui soutient le terrorisme à travers la région, que ce soit le Hamas, responsable des attentats barbares du 7 octobre, que ce soit le Hezbollah qui a entraîné le Liban dans une guerre dévastatrice, ou encore les Houthis au Yémen qui déstabilisent la région. L'Iran, dont les missiles et les drones sont utilisés quotidiennement par la Russie dans sa guerre d'agression contre les civils ukrainiens, et qui continue d'emprisonner de façon indigne et inacceptable nos compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris depuis aujourd'hui trois ans.

La voix de la France a toujours été claire et constante pour protéger nos ressortissants à travers la région. Et je vous remercie de ce que vous avez dit pour la mobilisation de nos personnels diplomatiques et consulaires, pour l'action quotidienne, jour et nuit, du centre de crise. Et nous avons aujourd'hui plus de 1.000 ressortissants français qui ont été sortis d'Israël par la mobilisation des A400M dans les derniers jours. Et nous continuerons bien sûr à nous mobiliser pour le rapatriement de tous nos ressortissants.

Une action et une voix constante et claire aussi, pour appeler partout à la diplomatie, au respect du droit international et au multilatéralisme. Car, Madame la Sénatrice, il n'y a pas de solution durable au problème nucléaire iranien uniquement par la voie militaire. C'est la voix qu'a toujours porté la France, déjà à l'époque de la négociation du JCPOA, l'accord nucléaire iranien de 2015, qui a été dénoncé, on le sait, par l'administration Trump lors de son premier mandat. Et alors que le fragile cessez-le-feu commence à prendre effet, nous appelons toutes les parties à se remettre autour de la table des négociations pour pouvoir trouver une solution diplomatique durable et un cadre de sécurité qui protégera nos partenaires de la région. C'est la voix que continuera à porter la France avec ses partenaires européens.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juin 2025