Déclaration de M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué, chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger, en réponse à deux questions sur les tensions avec l'Algérie, à l'Assemblée nationale le 8 juillet 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Laurent Saint-Martin - Ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger

Circonstance : Questions au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Monsieur le député [Guillaume] Bigot,

La question est trop sérieuse pour savoir s'il est question d'exiger le silence de qui que ce soit. Il n'y a aucun silence demandé. Il y a une intelligence collective que nous vous demandons de comprendre pour que la diplomatie puisse, en effet, être la plus efficace possible, au service de tous nos compatriotes partout dans le monde. Et oui, Monsieur le Député, ce n'est pas à coups de menton et à coups de déclamation que nous libérerons nos compatriotes, que ce soit ceux emprisonnés en Algérie, ceux emprisonnés en Iran, ou tous ceux, évidemment, que nous accompagnons et que nous défendons tous les jours avec les services diplomatiques, pour exiger leur libération.

Permettez-moi, à travers votre question, de rappeler effectivement le contexte. Ce pourquoi, effectivement, nous sommes dans une situation gelée et de façon grave entre la France et l'Algérie, notamment depuis l'expulsion de 12 agents de notre ambassade qui a eu lieu mi-avril et depuis la demande de départ immédiat pour nos agents en mission courte. Aujourd'hui, c'est l'attitude des autorités algériennes qui nous empêche justement de respecter les échanges qui ont pu avoir lieu, notamment avec le chef de l'Etat au mois de mai. Mais je vous le répète, Monsieur le Député, la diplomatie est au travail chaque jour.

La diplomatie ne perd jamais de vue sa priorité : la protection de tous nos ressortissants. C'est le cas de Boualem Sansal, bien sûr. C'est le cas de Christophe Gleizes - merci de l'avoir également mentionné. Et permettez-moi, à travers votre question, d'avoir chaque jour une pensée pour nos compatriotes emprisonnés en Iran, et notamment Cécile Kohler et Jacques Paris, qui eux le sont depuis maintenant plus de trois ans. Nous ne les oublions pas et nous faisons tout pour obtenir, à tous, leur libération immédiate.


Monsieur le député [Olivier Fayssat],

Il y a environ deux semaines, votre groupe retirait avec responsabilité votre proposition de résolution concernant la dénonciation des accords de 1968. Et vous l'aviez fait à dessein. Vous l'aviez fait justement, et je me souviens des mots de votre président de groupe, Eric Ciotti, pour laisser toute sa chance à la diplomatie de poursuivre un travail qui ne se règle pas en quelques jours pour assurer la libération, que nous exigeons depuis le premier jour, de Boualem Sansal, emprisonné, comme vous l'avez dit, dans des conditions inadmissibles, arbitraires et avec un état de santé qui ne permet pas son maintien en détention. Aujourd'hui, vous nous refaites le coup de la soumission. Vous nous refaites le coup de ce qui avait prévalu au dépôt de cette proposition de résolution. Mais en quoi cette proposition de résolution et en quoi votre discours aujourd'hui garantit-il la libération de Boualem Sansal ? En rien. Et vous le savez très bien, Monsieur le Député. Alors, laissez la diplomatie française faire son travail comme elle le fait depuis le premier jour.

Oui, la diplomatie française, évidemment, a pris des mesures de rétorsion vis-à-vis du pouvoir algérien. Bien sûr que nous continuons à exiger sa libération de façon très claire. Bien sûr que nous poursuivons un dialogue pour s'en assurer. Mais cela ne se règle pas, ni dans ce micro, ni à travers une proposition de résolution. Je croyais que vous l'aviez compris il y a 15 jours. Je l'avais salué à ce même micro. Mais je vois que malheureusement, dans votre groupe, le naturel revient au galop.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2025