Déclaration de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur la reconnaissance par la France de l'État de Palestine, à New York le 28 juillet 2025.

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Circonstance : Conférence internationale de haut niveau des Nations unies sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en oeuvre de la solution à deux Etats

Texte intégral

Mesdames et messieurs,

Je me réjouis d'ouvrir, aux côtés de mon collègue saoudien, les travaux de cette conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en oeuvre de la solution à deux États, à travers la tenue de cette première session consacrée à la restitution des groupes de travail thématiques.

80 ans après la création des Nations unies, nous ne pouvons accepter que des civils, des femmes et des enfants soient pris pour cible lorsqu'ils se pressent dans des distributions alimentaires. C'est inacceptable. Votre présence en nombre aujourd'hui témoigne du consensus et de la mobilisation de la communauté internationale autour de l'appel à la fin de la guerre à Gaza.

La conférence de New York, et ce sera mon deuxième message, doit constituer une étape décisive et transformative pour la mise en oeuvre de la solution à deux États. Nous devons travailler aux voies et aux moyens de passer de la fin de la guerre à Gaza à la fin du conflit israélo-palestinien, alors que cette guerre menace la stabilité et la sécurité de la région tout entière. Pour y parvenir, seule une solution politique à deux États permet de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens à vivre en paix et en sécurité. Il n'existe pas d'alternative.

Face à la multiplication des faits accomplis sur le terrain et à l'accélération sans précédent de la politique de colonisation israélienne en Cisjordanie, la perspective d'un État palestinien viable doit être préservée à travers la mise en oeuvre de mesures concrètes. C'est le sens des travaux des huit groupes de travail constitués dans le cadre de cette conférence. Ces groupes sont la force motrice de notre initiative diplomatique. Leurs travaux, qui vont être restitués au cours de cette matinée, visent à identifier des contributions concrètes pour matérialiser la solution à deux États dans l'ensemble des dimensions politique, sécuritaire, économique et humanitaire du conflit israélo-palestinien. Les 17 coprésidents des groupes de travail ont mené un travail approfondi, fruit d'un large processus de consultation des États membres des Nations unies qui se sont mobilisés, mais aussi d'organisations internationales, d'ONG de la société civile. Soyez-en toutes et tous remerciés.

Troisième et dernier message, c'est que nous avons, à travers ce processus de New York, enclenché une dynamique inédite et inarrêtable en faveur d'une solution politique au Proche-Orient qui commence déjà à porter ses fruits. Dans le cadre de cette conférence, nous sommes parvenus à relancer une dynamique collective en faveur d'une solution politique au conflit israélo-palestinien, qui répond aux considérations de sécurité légitime d'Israël et qui assure à terme la contiguïté et la viabilité de l'État palestinien. Nous avons remis au centre des efforts diplomatiques la reconnaissance de la Palestine, la normalisation et l'intégration régionale d'Israël, la réforme de la gouvernance palestinienne et le désarmement du Hamas. C'est dans le cadre de ce processus que Mahmoud Abbas, dans une lettre remise le mois dernier au Président de la République française et au prince héritier d'Arabie saoudite, a pris des engagements historiques en condamnant clairement les attaques terroristes du 7 octobre, en annonçant la tenue d'élections sous un an, en s'engageant à des réformes favorisant la déradicalisation de la société palestinienne, en affirmant que cet État de Palestine serait démilitarisé. Autre avancée dans ce processus de New York, la France a accueilli le 13 juin à Paris une rencontre inédite des sociétés civiles palestiniennes et israéliennes, qui ont dialogué sur la manière de sortir de cet état de guerre permanent par une solution politique juste et durable au conflit israélo-palestinien.

Face à la poursuite de la guerre et à la tragédie humanitaire à Gaza, nous lançons à travers cette conférence un appel collectif à l'action. Cette guerre qui a trop duré doit cesser. Les armes doivent se taire et laisser place à un cessez-le-feu immédiat et durable. Tous les otages capturés à la suite des attaques barbares du 7 octobre 2023 menées par le Hamas et d'autres groupes terroristes doivent être libérés de façon immédiate, sans condition et dans la dignité. Le calvaire que vivent les populations civiles de Gaza face à la catastrophe humanitaire doit prendre fin.

Mesdames et messieurs les coprésidentes et coprésidents de groupes de travail, les travaux que vous allez nous présenter aujourd'hui serviront de boussole à l'ensemble de la communauté internationale pour tracer un chemin politique irréversible vers la mise en oeuvre de la solution à deux États.

Je vous remercie.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2025