Déclaration de Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants, en hommage aux marins français, à Paris le 25 juin 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Patricia Mirallès - Ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants

Circonstance : Cérémonie à l'occasion de la journée des marins

Texte intégral

Madame la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
Mesdames et messieurs les parlementaires, 
Monsieur le chef d'état-major de la Marine, Amiral, 
Monsieur le secrétaire général de la Mer,
Madame la directrice centrale du service de soutien de la flotte, générale,
Monsieur le directeur général des Affaires maritimes, de la Pêche et de l'Aquaculture, 
Amiraux, officiers de marine, officiers mariniers, marins,
Mesdames et messieurs en vos rangs, grades et qualités,


En cette année 2025, déclarée année de la mer, nous voici rassemblés pour célébrer la Journée des marins. Cette journée, qui jusque-là relevait de la seule tradition militaire, s'élargit aujourd'hui à une dimension mondiale : celle de la Journée des gens de mer, portée par l'Organisation maritime internationale chaque 25 juin. Elle rassemble, sous une même bannière, toutes celles et ceux qui vivent et travaillent avec la mer. Et cette convergence est porteuse de sens.

Célébrer les marins, c'est se souvenir que l'histoire de France est indissociable de l'histoire maritime. Depuis les grandes traversées de l'Ancien Régime jusqu'aux théâtres d'opérations les plus contemporains, la mer est un miroir de notre puissance, un espace d'aventure et de souveraineté, une promesse d'ouverture et de liberté, un levier de prospérité aussi.

C'est sur les flots qu'est née une partie de notre destin. C'est par la mer que la France s'est projetée, protégée, élevée. C'est grâce à ses marins qu'elle a affirmé ses choix, porté sa voix, défendu son pavillon.

Depuis quatre siècles, presque, puisque la marine fêtera les quatre cents ans de sa création l'an prochain, nos marins sont les gardiens avancés de la Nation. Une Marine qui, depuis ses origines, incarne la puissance, l'indépendance et la projection de la France.

Des grandes expéditions d'exploration jusqu'aux opérations actuelles de dissuasion, de surveillance ou de secours, la mer a toujours été pour la France un espace stratégique, politique, culturel et humain.

Car la France est un grand pays maritime. Elle est présente sur tous les océans. Elle dispose du deuxième domaine maritime au monde, réparti sur plusieurs continents. Notre patrimoine maritime est immense, et il est à la fois un atout, une richesse et une responsabilité.

Ce patrimoine est fait de ports et de phares, de savoir-faire et de traditions, de chantiers et de légendes. Il est vivant, habité, transmis. Il est aussi vulnérable.

À l'heure où le climat se dérègle, où la biodiversité marine décline, où les tensions géopolitiques se déplacent vers les mers, nous devons plus que jamais protéger la mer.

Protéger sa santé, sa liberté, ses équilibres. Et protéger aussi celles et ceux qui la servent.

Dans l'hommage que nous adressons aujourd'hui à tous les marins, à tous nos blessés, il faut aussi donner sa place à un patrimoine immatériel qui fait l'honneur de la marine autant qu'il garantit son efficacité : l'esprit d'équipage, qui est plus qu'une fraternité d'action.

C'est une promesse silencieuse : celle que, face à l'épreuve, personne ne sera jamais seul. Celle que, derrière chaque uniforme, chaque visage, chaque fonction, il y a une femme ou un homme que l'on ne laissera pas tomber.

Je suis heureuse de constater que désormais cette journée est une incarnation de cet esprit d'équipage, de cet esprit de solidarité indispensable. Une journée pour soutenir les blessés et les familles éprouvées de la Marine nationale. Pour la première fois, cette journée est dédiée aux blessés de la Marine nationale.

C'est un hommage solennel et nécessaire. Car si le grand public admire souvent la silhouette majestueuse d'un bâtiment en mer, ou s'émerveille devant la précision d'une manœuvre, il ignore bien souvent la rudesse, la rigueur, et parfois la violence de la vie de marin.

Naviguer dans la marine de guerre, c'est servir loin des siens, affronter les éléments, composer avec le danger.

Naviguer sur les bâtiments de " la Royale ", c'est parfois être blessé dans sa chair, dans son âme, ou dans sa vie.

Naviguer pour la France, c'est accepter que l'engagement puisse coûter.

Derrière chaque blessure, il y a un nom, une histoire, une vocation. Il y a un camarade qui, un jour, a été frappé par l'imprévu, l'accident ou l'adversité. Il y a un marin dont la vie a basculé - parfois durablement, parfois à jamais.

Être blessé, ce n'est pas un fait divers. C'est un événement intime et collectif, un moment où le service de la France rencontre brutalement la fragilité humaine.

Et ces blessures, qu'elles soient physiques ou invisibles, la République ne les oublie pas. Elle ne les minimise pas. Elle les honore.

Ces blessures, nous ne devons ni les oublier, ni les cacher. Les blessés de la marine sont les visages visibles de notre devoir de solidarité.

Ils nous rappellent que le service de la Nation peut être exigeant jusqu'au sacrifice. Ils nous obligent à reconnaître, à accompagner, à réparer.

Et c'est à vous, marins blessés, que nous voulons dire aujourd'hui : vous n'êtes pas seuls. Vous appartenez à une famille, à une institution, à une Nation qui vous regarde avec respect et reconnaissance.

Cet esprit d'équipage, il ne se commande pas. Il se forge au fil des quarts, dans les embruns, dans la chaleur des machines, dans les longues nuits pleines d'étoiles. Il lie les marins entre eux, au-delà des grades et des fonctions. Il est le ciment silencieux de leur engagement.

Et pour nous, responsables publics, citoyens français, c'est aussi un modèle de solidarité républicaine.

Cet esprit d'équipage est une leçon pour notre pays. Il montre que la solidarité n'est pas un mot, mais un cap, une ligne de conduite, une force collective.

Aujourd'hui, je veux redire la fierté de la République envers ses marins.

Je veux redire la gratitude de la Nation envers ceux qui ont été blessés pour elle.

Et je veux redire à toutes les familles de marins que leur présence, leur patience, leur force silencieuse, sont elles aussi un pilier de notre défense.

Alors en ce 25 juin, tournons-nous vers la mer. Comprenons ce qu'elle nous apporte, ce qu'elle exige de nous, et ce qu'elle attend de notre engagement collectif.

Car défendre la mer, c'est aussi défendre une certaine idée de la France.


Vive les marins.
Vive la République.
Et Vive la France.


Source https://www.defense.gouv.fr, le 9 septembre 2025