Texte intégral
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Bonjour à tous, bonjour Aurore BERGÉ.
AURORE BERGÉ
Bonjour.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci d'être avec nous ce matin. On va revenir sur les propositions du Premier ministre. Mais d'abord, un point de méthode. Est-ce que vous sauriez me dire ce qu'est cet objet ?
AURORE BERGÉ
A priori, sans trop me tromper, un téléphone portable.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et est-ce que, même en vacances, vous vous en êtes servi, par exemple, si le Premier ministre vous avait appelé ?
AURORE BERGÉ
Je ne veux pas rentrer dans la polémique.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Mais vous voyez venir ?
AURORE BERGÉ
Ce n'est pas la question qui est posée. Je pense que la question qui est posée, c'est : est-ce qu'on est tous d'accord pour revenir autour de la table ?
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Pourquoi le Premier ministre ? Pour expliquer le fait qu'il n'y a pas eu de négociation cet été. C'est la question. Indique qu'en fait, les oppositions n'étaient pas joignables, et que donc, ils étaient en vacances, il a évité…
AURORE BERGÉ
Ce qui compte, c'est qu'aujourd'hui, on a la nécessité de revenir toutes et tous autour de la table. Soit, on se dit : peu importe, ce débat n'existe pas, ce débat n'est pas grave, ce débat n'est pas important. Ce débat, il est essentiel. Ce débat, il est sur le surendettement de notre pays, il est sur la dépense publique.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Les oppositions ne disent pas l'inverse.
AURORE BERGÉ
Il est sur la capacité qu'on a à sortir du surendettement.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Marine LE PEN dit : "On a écrit une lettre en juillet, il ne nous a pas répondus". Raphaël GLUCKSMANN, à votre place, hier, dit : "On a eu des contacts en juillet et en août, plus rien." Est-ce que c'est une façon de considérer, d'une certaine façon, ces partenaires à qui on demande un vote pour ?
AURORE BERGÉ
Ce qui est essentiel, c'est qu'encore une fois, on puisse aujourd'hui et maintenant se dire : "Et-ce qu'on est d'accord pour que ce débat existe ? Et avant même que le débat existe, est-ce qu'on est d'accord sur le constat ?" Moi, ce qui me frappe, ça me frappait aussi pendant le débat sur les retraites, c'est qu'on n'arrive même plus à se mettre d'accord sur la réalité des faits, la réalité des chiffres, les éléments de constat. Or, les Français, ils sont lucides face à ces éléments de constat. Ils voient bien que sur la question de la dépense publique, du déficit, de la dette, on ne peut pas continuer de la même manière qu'on a la nécessité, à un moment, de sortir d'une logique qu'on considérait, qui est une forme d'argent magique. Ce n'est pas de l'argent magique, c'est l'impôt des Français, c'est de l'argent public, et c'est la nécessité de sortir de cette spirale.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et le Premier ministre l'a rappelé hier. Il s'est dit prêt à toutes les négociations nécessaires, mais à la condition, d'abord, de s'entendre sur le constat. Il recevra tous les partis politiques à partir de lundi. Certains disent trop tard. Quelles concessions sont réellement possibles ?
AURORE BERGÉ
Déjà, j'espère que tout le monde sera autour de la table et que tout le monde acceptera. Personne ne boycottera le fait qu'on arrive déjà à se parler dans la même pièce. Je pense aussi à un enjeu de respect vis-à-vis des Français, vis-à-vis du Parlement, qui me paraît absolument essentiel. Ensuite, est-ce qu'on peut se mettre d'accord sur un constat ? Le constat, il est sans appel. Il est sans appel sur la nécessité de sortir de cette logique de surendettement. Et puis, on aura un vote le 8.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Est-ce qu'on touche aujourd'hui aux jours fériés, Aurore BERGÉ ?
AURORE BERGÉ
Mais le 8, la question, elle n'est pas là. Le 8, elle n'est pas : est-ce qu'on est pour ou contre la suppression des jours fériés ? Elle n'est pas sur la précision du temps.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Pour autant, quand j'ai lu Figaro magazine ce matin, Bruno RETAILLEAU qui donne une interview : "Ils travaillaient plus pour gagner rien, ce n'est pas acceptable. Je suis contre cette suppression qui alimenterait la colère."
AURORE BERGÉ
Mais on l'a dit aussi chez Renaissance. On a dit aussi qu'il y avait parfois des points de nuance, de différence par rapport au plan. Et de toute façon, le Premier ministre aussi, lui-même, a dit, ce n'est pas tout le plan à 100 %, parce que de toute façon, il y a la nécessité de trouver un compromis et de bâtir ce compromis à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'on est suffisamment mature démocratiquement pour se dire qu'on sait bâtir des compromis dans le pays ? On l'a fait sur un certain nombre de textes.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Est-ce qu'il n'y a pas une inversion dans la priorité ? C'est-à-dire, d'abord, on dit ; "On est d'accord", et puis ensuite, on discute." Même dans votre camp, il y a des membres du Gouvernement qui disent : "Il y a eu une inversion."
AURORE BERGÉ
Non, je ne pense pas. Je pense que, un, est-ce qu'on est d'accord sur le constat ? Ce serait assez sidérant qu'on ne soit pas en capacité d'être d'accord sur le constat. S'il y a quelqu'un qui vient ici, devant vous, et qui vous dit qu'il n'y a pas de problème avec la dette, qu'il n'y a pas de problème avec la dépense publique, qu'on peut toujours dépenser plus.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Je n'entends personne le dire.
AURORE BERGÉ
Moi, j'entends toujours des gens qui disent : "On peut dépenser plus". Et dans les débats budgétaires, ça arrive assez souvent.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et comment la dette est reconnue.
AURORE BERGÉ
Qu'on peut augmenter de manière insupportable la question de la fiscalité. Non, en fait, il y a des choses sur lesquelles, à un moment, il va falloir qu'on assume, d'être tous un minimum raisonnable. Parce que la question qui est posée le 8, c'est celle-ci : est-ce qu'on a le sens des responsabilités, le sens de l'État, le respect des Français ? Parce que, quelle que soit la réponse apportée le 8, les questions, elles vont rester. Elles y seront encore le 9, le 10, dans les mois qui viennent, sur ce budget et sur les autres. Parce que c'est quelque chose de plus large, qu'il va falloir repenser sur notre modèle.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Si le Gouvernement tombe, ce qui est à la plus forte probabilité aujourd'hui, le 8 septembre, faudra-t-il tenter quelque chose de nouveau, c'est-à-dire nommer un Premier ministre issu de la gauche ?
AURORE BERGÉ
Déjà, pour l'instant, moi, je suis membre d'un Gouvernement qui est au travail.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et le 9 septembre, on fait quoi ?
AURORE BERGÉ
Déjà, moi, j'attends le 8. Et je ne considère pas, par principe, que ce serait perdu, sinon je ferais autre chose et je ne serais pas devant vous ce matin. Et je pense qu'on peut convaincre les Français d'abord, les Français, de la nécessité qu'on a de continuer à réformer.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ce ne sont pas les Français qui vont voter dans l'hémicycle le 8 septembre.
AURORE BERGÉ
Oui, mais les parlementaires sont supposés aussi les représenter. Et donc, pendant les dix jours qui nous restent, pendant les dix jours qui viennent avant le vote, c'est aux Français que je m'adresse. Et aux Français que je dis que oui, le plan qui a été présenté, évidemment, est discutable, amendable, et qu'évidemment, on doit pouvoir bâtir des compromis.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Mais il faut se mettre d'accord.
AURORE BERGÉ
Mais je dis aux parlementaires qui sont supposés les représenter : est-ce que les questions qui sont posées le 8 vont disparaître le 8 au soir si le Gouvernement était renversé ?
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
On vous entend, vous l'avez dit plusieurs fois. Le Premier ministre n'est pas pour la dissolution, ça ne réglerait rien, dit-il, comme Gabriel ATTAL, d'ailleurs. Il y en a un qui n'est pas tout à fait du même avis : c'est Édouard PHILIPPE. Lui, pense, il l'a dit hier, qu'elle paraît inéluctable, cette dissolution. Est-ce que vous comprenez ce point de vue ?
AURORE BERGÉ
Je ne crois pas qu'il ait dit qu'elle était souhaitable.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Elle paraissait inéluctable.
AURORE BERGÉ
Et d'ailleurs, le Président de la République lui-même a dit qu'il ne souhaitait pas, par principe, qu'il y ait une nouvelle dissolution.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Qu'est-ce que ça pourrait changer ?
AURORE BERGÉ
Le risque, il n'est pas sur la dissolution. Le risque, il est sur l'impasse dans laquelle on saurait si le Gouvernement venait à être renversé le 8, et qu'à la fin, nous soyons à nouveau dans l'impasse de constituer un budget. Alors, à un moment, comment on fait ? Comment on fait avec cette assemblée ? Moi, je crois que cette assemblée doit réussir à fonctionner, parce que c'est celle que les Français ont choisie. Ils ont choisi une assemblée qui n'a jamais, sans doute, autant ressembler à la France, mais ressembler à la France dans ses nuances, dans ses fractures, dans ses colères. Mais est-ce que, pour autant, on arrive à dessiner un chemin et à travailler ?
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Mais en même temps, c'est extrêmement compliqué.
AURORE BERGÉ
On l'a réussi sur le précédent budget, et on doit réussir dans le budget qui vient.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Quelle est la part de responsabilité du Président de la République ? Si on regarde, en deux ans, si François BAYROU tombe le 8 septembre, il aura nommé cinq Premiers ministres en deux ans. Comment ne pas penser qu'il a une part de responsabilité ?
AURORE BERGÉ
Je crois que la responsabilité, elle est collective. C'est-à-dire que si l'assemblée n'est jamais en capacité de se mettre d'accord, à un moment, il y a un constat d'échec, et donc, la nécessité de renommer. Et quand vous avez un Gouvernement qui est censuré, vous n'avez pas d'autres choix que de nommer un nouveau Gouvernement. Mais moi, ce qui me surprend quand même dans le débat qui est le nôtre, et ce n'est pas la première fois qu'on parle de la question de la dépense publique, de la dette, du rapport à l'argent public qui doit être le nôtre, c'est qu'on va devoir poser sur la table la question du modèle qui est le nôtre, du modèle de financement, pas uniquement dans ce budget.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et ce sera au cœur de la campagne présidentielle également ?
AURORE BERGÉ
Mais ce sera au cœur du budget qu'on doit construire pour les Français maintenant, des deux ans qui nous restent avant la campagne présidentielle, et ensuite du débat que nous aurons en 2027. Mais ce débat ne va pas s'évaporer par magie parce que ce Gouvernement tomberait.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Dernière question, Aurore BERGÉ, 10 septembre. Est-ce que vous craignez ce mouvement "bloquons tout" et des éventuels débordements ?
AURORE BERGÉ
J'espère que le mouvement... Déjà, c'est légitime de pouvoir manifester, de faire grève. Moi, ce qui me surprend, c'est toujours quand on appelle au blocage, parce que je pense que notre pays a besoin de tout, sauf d'être bloqué. Les gens ont besoin de continuer à bosser, que les gens ont besoin d'être bien rémunérés pour leur travail, que les services publics doivent tourner.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
C'est parfois le dernier ressort quand on a l'impression de ne pas être entendu.
AURORE BERGÉ
C'est plutôt ça qui est attendu, je crois, dans un pays. C'est que les choses avancent, que les gens soient mieux protégés, que ça tourne, en fait. Donc, moi, c'est ça qui m'interpelle. Après, je vois qu'il y a une tentative assez nette de récupération du mouvement de la part de la France Insoumise. On voit bien cette volonté de toujours attiser les colères. On verra si, d'ailleurs, les Français ont envie d'être récupérés par l'extrême-gauche. Je n'en suis pas certaine.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2025