Message de Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants, à l'occasion du 80ème anniversaire de la fin de la guerre dans le Pacifique et de la Seconde guerre mondiale, le 2 septembre 2025.

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  • Patricia Mirallès - Ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants

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Le 2 septembre 1945, sur le pont du cuirassé Missouri, un silence grave pesait sur la rade de Tokyo. Quelques signatures, tracées d'une main ferme, mirent fin à la guerre la plus terrible qu'ait connue l'humanité. Le fracas des armes se taisait enfin, et le monde épuisé entrevoyait l'aube d'une paix nouvelle.

En France, cette date demeure souvent oubliée. Pourtant, elle dit beaucoup de ce que fut notre combat. Car l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ne s'arrête pas aux ruines de Berlin.

Elle se prolonge jusque dans les eaux bleues du Pacifique et les forêts d'Indochine, car la France ne s'est jamais réduite à sa part européenne. De 1939 à 1945, notre pays fut aussi une puissance indo-pacifique portant l'étendard de la liberté face à un impérialisme qui ne croyait qu'en la force.

L'histoire de nos libertés s'est écrite en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie qui ont rallié la France Libre dès septembre 1940, avant de servir de points d'appui aux Alliés pour mener les plus importantes batailles aéronavales de l'histoire.

Nous n'oublions pas que ces terres d'Océanie furent aussi le vivier de libérateurs qui, venant de Nouméa, Papeete, Mata Utu, rejoignirent le Bataillon du Pacifique qui s'illustra dans tous les combats de la Libération, de Bir-Hakeim à l'Alsace en passant par l'Italie. 72 Compagnons de la Libération pour rendre à la France sa fierté.

La Nouvelle Calédonie décorée de la Médaille de la Résistance, les trajectoires d'Auguste Bénédig ou de Teriieroo a Teriierooiterai, autant de jalons qui firent du Pacifique le lieu d'une renaissance nationale.

En Indochine, très tôt des résistants français, tels le capitaine de gendarmerie Jean d'Hers, luttèrent au prix de leur vie contre l'occupant japonais de 1940 à 1945. Avant que les commandos parachutés en Extrême-Orient, dont Pierre Messmer, puis le Corps expéditionnaire français préparent, à l'autre bout du monde, la continuation de la libération commencée à Strasbourg.

Alors, sur le pont du Missouri, lorsque la silhouette du général Leclerc se penche sur les actes de capitulation du Japon pour les signer au nom de la France, c'est une France qui sait tout ce qu'elle doit à sa part d'Océanie qui signe la victoire. Une France universelle que ses diversités unissent pour être vraiment elle-même.

Mais cette victoire fut douloureuse et fragile. Douloureuse parce qu'elle se paya de l'anéantissement de deux villes japonaises par les bombes atomiques.

Fragile, car déjà, dans les ruelles de Hanoï, dans les tensions entre Alliés, dans les divisions d'un monde nouveau, s'annonçaient d'autres conflits. Car l'histoire nous enseigne que la fin d'une guerre ne suffit pas toujours à faire naître une paix véritable, et que les conditions d'une paix mal assurée peuvent contenir les germes de conflits futurs.

En ce 80e anniversaire, ce souvenir nous parle avec une force singulière alors que les tensions s'accroissent en Europe, en Asie comme en Océanie. Il nous rappelle que la vocation de la France a toujours été de défendre la liberté, l'égalité et la fraternité face à l'unilatéralisme, à la force brute et à la négation du droit.

A cet égard, cet anniversaire est également porteur d'espoir et tourné vers la paix : 80 ans plus tard, c'est avec le Japon, désormais partenaire d'exception de la France, que nous défendons ces valeurs, dans l'Indopacifique et au-delà. Le souvenir doit aussi être l'occasion de nous tourner vers l'avenir et d'œuvrer inlassablement en faveur de la paix et de la stabilité.

Aujourd'hui, en ce 80ème anniversaire, souvenons-nous de ce jour où s'acheva la Seconde guerre mondiale. Rendons hommage à celles et ceux qui,jusque dans les rizières d'Asie et les lagons du Pacifique, portèrent nos couleurs. A ces combattants qui traversèrent le monde pour que la France reste la France. Et renouvelons l'engagement de la France à rester, toujours, du côté de la liberté et de ceux qui se battent pour elle.


Vive la République. Vive la France.


Source https://www.defense.gouv.fr, le 12 septembre 2025