Texte intégral
Votre Altesse, Altesses,
Madame la Ministre de la Culture,
Madame la directrice,
Mesdames et Messieurs,
Hegra : deux syllabes qui portent en elles l'éclat du soleil et la mémoire du désert. Ici, sur la route des caravanes, des nomades se sont arrêtés et ont appris la patience. Dans cette oasis, les Nabatéens ont taillé des rochers pour l'éternité. " Ils aiment passionnément la liberté ", notait déjà Diodore de Sicile. À Hegra, la pierre est devenue un livre et l'horizon une promesse.
Nous savons, avec Mahmoud Darwich, que " sur cette terre, il y a ce qui mérite vie ". La culture en fait partie. Elle n'est pas un luxe ; elle est notre respiration et notre élan vital. Dans un temps où soufflent les vents contraires de l'individualisme, de la violence et du repli, la culture est une boussole. Elle nous aide à orienter nos pas quand les mirages nous égarent. Elle traduit la complexité de l'être humain, la puissance de son imagination et sa force de création.
Face à la brutalisation du monde, la France et l'Arabie saoudite agissent de concert : dans le champ culturel, comme ici à Al-Ula, nos efforts contribuent à favoriser le dialogue entre les peuples, à valoriser l'histoire de l'humanité. Sur le plan diplomatique, nos deux pays portent des initiatives fortes en faveur de la paix. Je pense à la conférence pour la solution des deux États, que nous avons co-présidée à New York la semaine dernière. Cette mobilisation diplomatique, engagée depuis des mois, a permis d'entraîner de nombreux États à notre suite.
C'est ce souffle de paix et de dialogue que porte la Villa Hegra à Al-Ula. Elle est un pont entre le passé et le présent, entre les racines de 1'Arabie saoudite et son éclatante ouverture sur le monde.
La Villa Hegra est conçue pour être un immense caravansérail d'artistes et de curieux. Unique par sa gouvernance franco-saoudienne, elle parle deux langues et une même grammaire : celle de l'hospitalité.
Ici, et dès aujourd'hui, toutes les disciplines artistiques seront représentées, de l'archéologie au cinéma - des secteurs dans lesquels l'expertise française pourra se déployer pour accompagner les ambitions saoudiennes.
Les artistes bénéficieront de conditions uniques pour stimuler la création et le développement de nouveaux projets. Venir en résidence à la Villa Hegra sera une chance formidable : celle de mieux connaître l'Arabie saoudite et la richesse de sa culture.
La Villa Hegra s'inscrira dans l'écosystème culturel du Royaume et de la région. Au-delà, elle rejoindra le réseau des " villas " qui font rayonner la France partout dans le monde depuis le XVIe siècle : à Rome la Villa Médicis, à Madrid la Casa de Velazquez, à Kyoto la Villa Kujoyama, mais aussi la Villa Albertine à travers les États-Unis. Ces lieux de résidence, de création et d'exposition prouvent que l'art est sans limite, que la culture se conquiert et qu'elle s'enrichit de la rencontre avec l'Autre. La Villa Hegra aura une place unique dans ce réseau, grâce à la force de l'engagement saoudien et à l'ambition de sa programmation.
Que la Villa Hegra soit un seuil que l'on franchit pour se nourrir et mieux repartir, lesté d'idées nouvelles et de rencontres fécondes.
Qu'elle soit le symbole vivant de la coopération culturelle puissante tissée entre nos deux pays, entre nos deux peuples : une amitié profonde, réciproque et audacieuse, tournée vers la jeunesse et vers le monde.
Que cette maison soit une rose des vents pour les créateurs et tous les publics, une promesse tenue entre la France et l'Arabie saoudite.
En inaugurant aujourd'hui la Villa Hegra, nous ouvrons un nouveau chapitre de notre partenariat culturel et diplomatique unique, après les concerts donnés à Versailles et avant le lancement du nouvel Institut français d'Arabie saoudite, décidé lors de la visite d'État du Président de la République, en décembre 2024. Je veux saluer l'engagement du prince Badr bin Abdullah Al-Saud et de Jean-Yves Le Drian, qui n'a jamais failli depuis la signature de l'accord entre nos gouvernements le 4 décembre 2021. La Villa Hegra, investissement majeur de l'Arabie saoudite dans la création contemporaine, en est l'aboutissement et la concrétisation.
Revenir à Al-Ula, moins d'un an après la visite d'État du Président de la République, et admirer les progrès accomplis ensemble est un grand motif de satisfaction.
Fellini disait de Balthus, à qui l'on doit la renaissance de la Villa Médicis, qu'il était " le gardien du patrimoine où l'histoire a déposé la culture des hommes ". Désormais, à la Villa Hegra, nous sommes aussi les gardiens de ce patrimoine.
Alors vive la Villa Hegra.
Et vive l'amitié entre l'Arabie saoudite et la France.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2025