Déclaration de Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire, sur la situation des marchés agricoles, la PAC et le renouvellement des générations d'agriculteurs, à Luxembourg le 27 octobre 2025.

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  • Annie Genevard - Ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire

Circonstance : Arrivée au Conseil Agriculture et pêche

Texte intégral

Bonjour à tous. La France abordera aujourd'hui trois sujets prioritaires et sujets de préoccupation.

Tout d'abord, la situation des marchés. Trois filières nous préoccupent particulièrement. D'abord la filière viticole, qui est confrontée à des problèmes conjoncturels. C'est évidemment les droits de douane et les difficultés liées à l'exportation. C'est aussi, pour la France, les incendies violents qui ont secoué certaines régions viticoles. En matière de marché céréalier, nous sommes également préoccupés par l'effet ciseaux, qui compromet l'équilibre économique des exploitations pour la troisième année consécutive. Le coût de production est très sensiblement supérieur au prix de vente. Évidemment, cela fragilise ce secteur d'excellence. Et puis les filières animales, qui, comme vous le savez, sont touchées par l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse bovine, à l'égard de laquelle nous avons conduit une politique très offensive d'éradication et qui porte ses fruits, comme le montrent les résultats dans les abattoirs.

Le deuxième sujet de cette réunion est évidemment la PAC, avec deux sujets principaux de préoccupation. Tout d'abord, le budget qui, de notre point de vue, est très insuffisant et compromet le succès de cette politique qui fait la fierté de l'Union européenne depuis sa création, avec une baisse pour la France de 18% du budget agricole à euro courant et de 30 % à euro constant. L'autre sujet de préoccupation, c'est la décommunautarisation de la politique agricole, qui, très franchement, n'est pas une évolution de la PAC, mais une révolution de la PAC. Parce que ce qui a fait la force de la politique agricole européenne, c'est précisément son caractère commun pour affronter les enjeux d'avenir, et ils sont nombreux.

Et la troisième priorité que nous évoquons, c'est évidemment le renouvellement des générations. C'est, je crois, un enjeu qui se présente à de très nombreux États membres, pour ne pas dire tous. C'est toute une génération qui va, dans les prochaines années, partir à la retraite. Et des enjeux de sécurité alimentaire, de souveraineté alimentaire, sont évidemment intimement liés à la question du renouvellement des générations. C'est la raison pour laquelle nous l'avons placée en haut de nos priorités, tout comme le commissaire HANSEN d'ailleurs.


Question : Est-ce que vous envisagez de demander l'activation de la réserve agricole pour les deux problématiques de marchandise et de [inaudible] ?

Annie GENEVARD : Alors, la réserve de crise, en ce qui concerne le secteur viticole, a déjà été demandée. Nous devons fournir quelques éléments complémentaires que je donnerai au commissaire HANSEN, qui vient demain à Paris et que je rencontrerai avec le Premier ministre. Pour les deux autres sujets ça n'est pas exclu, mais nous verrons.

Question : La Présidence veut discuter de la durabilité dans la PAC, mais avec les préoccupations sur le budget que vous avez expliquées, est-ce que c'est réaliste d'avoir cette discussion ?

Annie GENEVARD : Vous savez bien que la conditionnalité des aides de la PAC est une orientation très forte qui a été donnée ces dernières années et sur laquelle nous n'envisageons pas de revenir. Tout ce qui peut figurer dans la PAC, c'est-à-dire ce qui est sauvegardé, « ring-fenced », me paraît souhaitable. Plus on mettra les politiques dans la partie commune de la politique agricole, et en particulier les politiques environnementales, qui peuvent être corrigées, qui peuvent être simplifiées, mais aujourd'hui on ne reviendra pas en arrière. Je crois que cette conditionnalité environnementale est nécessaire. Il faut qu'elle soit bien comprise. C'est pour cela qu'il faut des politiques incitatives plutôt que coercitives. Je pense que la dimension communautaire de la politique agricole a toute son importance.


Source https://ue.delegfrance.org, le 29 octobre 2025