Texte intégral
Monsieur le ministre,
Monsieur le maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il est des noms qui résonnent étrangement dans nos mémoires : le Vésuve, l'Etna, le Tambora, le Krakatoa, la Montagne Pelée : Il est des noms qui évoquent à la fois la crainte devant une nature immaîtrisable et la fascination devant le déchaînement des forces, auquel on va jusqu'à prêter des intentions divines ou maléfiques.
Un volcan qui s'embrase, c'est un imaginaire qui s'enflamme. Ne dit-on pas d'un volcan qu'il se réveille, comme s'il était un géant endormi ? La Montagne Pelée qui rasa Saint-Pierre le 8 mai 1902, ne l'appelle-t-on pas la Pelée, comme si elle était une maîtresse vengeresse ? Comme si on avait du mal à admettre, dans les récits et les croyances populaires, qu'une ville comme Saint-Pierre puisse être anéantie de cette manière, sans que l'on puisse crier à l'injustice, sans que l'on puisse s'adresser à quiconque, sans que l'on puisse imputer l'horreur à qui que ce soit.
L'horreur, c'est bien ce qui eut lieu le 8 mai 1902 lorsque, un peu avant 8 heures du matin, alors que la ville s'éveillait, l'éruption de la Montagne Pelée brûla vifs 28 000 habitants, pris au piège d'une nuée ardente, et lorsque, quatre mois après, un millier de personnes revenus bien vite de leur exode trouvèrent également la mort au Morne Rouge et à l'Ajoupa-Bouillon. Patrick CHAMOISEAU l'a décrit dans Texaco. Ces phrases sont belles, elles disent l'horreur : " le grondement avait défait le monde. Les femmes hurlaient, mains en grappe à la tête. Les bougres rentraient le cou. A l'horizon, s'enroulait une nuit qui défiait le soleil ".
La Montagne Pelée, triste record, est devenue en quelques mois le troisième volcan le plus meurtrier au monde.
C'est au souvenir que nous invitent les célébrations que j'ai le plaisir d'ouvrir avec vous aujourd'hui officiellement. Au souvenir de tous ceux qui, de toutes origines, de toutes conditions, périrent en ces lieux, et au souvenir de ce que fut Saint-Pierre. La ville était florissante, brillante, fascinante. Centre économique, dont l'activité reposait sur l'industrie et le commerce du rhum, mais également centre politique et culturel. La vie politique républicaine était intense. La presse y avait son rôle. Les élections étaient animées et passionnées. Saint-Pierre, fortement peuplée, était aussi très conviviale. On se regroupait dans des associations, dans des cercles ou dans des activités de loisir. Les Pierrotines et les Pierrotins étaient pleins d'entrain. Les fêtes étaient nombreuses, le carnaval était pour tous un rendez-vous attendu. Celles qui marqueront la commémoration de la Montagne Pelée raviveront le souvenir de cette cité qu'on avait l'habitude d'appeler " la ville du carnaval et de la caricature ".
Il fallait que cette commémoration ait une dimension à la mesure de l'histoire. J'ai souhaité que l'Etat soutienne pleinement les initiatives de la mairie de Saint-Pierre afin que cette célébration soit, en France, un événement marquant de l'année 2002, une cérémonie nationale où l'ensemble du pays soit engagé.
C'est pourquoi les ministères du tourisme, de la culture et de la communication, de la jeunesse et des sports, de l'Education nationale, et de la recherche, et bien sûr le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer se sont tous mobilisés, ainsi que les services de l'Etat sur place conduits par le Préfet de la Martinique. Le soutien ainsi apporté à l'ensemble de la célébration permettra, j'en suis sûr, de donner à celle-ci tout le relief et tout le rayonnement qu'elle mérite. Avec les Martiniquais, c'est ainsi toute la Nation qui se souvient. Et avec les Français, de nombreux pays qui à l'époque avaient marqué leur solidarité envers Saint-Pierre.
L'éruption de la Montagne Pelée et la destruction de Saint-Pierre a été un événement d'importance internationale. Une solidarité universelle s'est manifestée à cette occasion. Solidarité des Martiniquais d'abord, mais aussi de la Guadeloupe et de la Guyane, où des comités se formèrent afin de porter secours et aide aux sinistrés. Solidarité dans l'hexagone également, d'où partirent nombre de témoignages de sympathie et où furent organisées des souscriptions publiques. Solidarité de l'étranger enfin : les Etats-Unis dépêchèrent rapidement des secours, et en Europe, ou encore à Jérusalem, à Tunis, des fonds furent collectés pour aider à la reconstruction de Saint-Pierre.
Cette sensibilité de l'opinion mondiale à l'horreur de cette tragédie est sans précédent. A Saint-Pierre dévastée par la Pelée, s'est manifesté un mouvement de solidarité qui doit être tenu pour l'une des premières actions humanitaires internationales et qui dépassa largement les clivages historiques entre les nations, les rapports de force, les luttes impérialistes. L'événement a valeur d'exemple, et la commémoration nous rappelle aujourd'hui l'exigence d'humanité qui, quelles que soient les circonstances, doit nous habiter.
Les célébrations seront nombreuses, jusqu'au 30 août puisque nous avons souhaité que l'on rende hommage à toutes les victimes de la Montagne Pelée, à Saint-Pierre mais aussi au Morne Rouge et à l'Ajoupa Bouillon. Je salue les membres du comité de pilotage, qui ont fait preuve dans l'organisation de cet événement de conviction, de dynamisme et d'imagination. Le rectorat, l'archevêché, les institutions consulaires et touristiques, RFO, et toutes les associations locales ont eu depuis deux ans un rôle essentiel. Je les en remercie.
Certaines manifestations seront particulièrement marquantes. Je ne peux toutes les mentionner. Je me réjouis que les célébrations s'ouvrent aujourd'hui par une parade nautique associant toutes les communes du Nord, et au-delà, toute la Martinique et la Caraïbe et que la journée se termine par un concert avec Kassav et leurs invités. La commémoration doit associer l'invitation au souvenir et la fête populaire. Cette joie partagée, c'est aussi la meilleure façon de se rappeler ce qu'était Saint-Pierre au début du siècle.
Le 10 février, le Belem, navire rescapé parce qu'il avait mouillé l'ancre au Robert, quittera le port de Nantes pour traverser l'Atlantique et rejoindre Saint-Pierre le 8 mai. C'est tout un symbole : celui de la renaissance de Saint-Pierre, mais aussi celui des liens, que je souhaite toujours plus dense, entre les Antilles et l'hexagone. Des expositions ponctueront également la commémoration : une consacrée à Lafcadio Hearn et Fulconis, témoins de la vie populaire de Saint-Pierre et une sur les villes disparues, Pompéi et Saint-Pierre, organisées conjointement par le Museum d'Histoire naturelle de Paris et le Musée de Naples et de Pompéi. J'ajoute qu'un colloque se tiendra à Saint-Pierre et à Fort-de-France. Il réunira des écrivains et des chercheurs qui débattront ensemble des représentations de la catastrophe dans la littérature pierrotine. C'est un domaine qui a été peu exploré et je me réjouis que cette commémoration soit l'occasion d'une telle recherche.
Cette commémoration, je veux le souligner, se prolongera dans toute la France, à Paris particulièrement. Les Pierrotines et les Pierrotins qui vivent dans notre capitale se réuniront au secrétariat d'Etat à l'outre-mer pour lancer dans l'hexagone les célébrations qui rendent hommage à Saint-Pierre disparue. La reprise à Paris de l'exposition consacrée à Pompéi et à Saint-Pierre en sera un des moments forts.
Saint-Pierre était un joyau. Mais l'évocation de cette splendeur passée n'est en rien nostalgie. Cette célébration n'est pas une manière de revivre la tragédie passée : nous ne voulons pas nous atermoyer et nous complaire dans la douleur. L'éruption de la Montagne Pelée fut un événement dramatique - dramatique et fondateur : car la Martinique d'aujourd'hui est née dans cette tragédie. La géographie de l'île en a été modifiée, s'organisant sur des équilibres nouveaux. C'est une nouvelle histoire qui s'est ouvert depuis, et dont nous voulons aujourd'hui ressaisir l'origine.
Nous évoquons le passé prestigieux parce qu'il nous ouvre l'avenir : des ressources, Saint-Pierre et la Martinique toute entière n'en manquent pas. A nous de les mettre en valeur, à nous d'associer les énergies et les talents. Nous avons ici les moyens d'un développement durable, équilibré et solidaire. Saint-Pierre aujourd'hui est riche de ce qui hier la détruisit : car son atout, c'est la Pelée.
Elle est d'abord la chance d'un rayonnement international. L'histoire de Saint-Pierre, je l'ai rappelé, est mondialement connue. Les célébrations qui débutent aujourd'hui attirent d'ores et déjà les regards. A cette renommée, le Centre de découverte des sciences de la terre, qui sera bientôt construit, contribuera certainement. Il nous rappelle, comme le fera le colloque organisé par l'Institut de Physique du Globe, le 13 mai, que l'éruption de la Montagne Pelée il y a un siècle fut le départ de la volcanologie moderne, qui permet aujourd'hui la prévention des risques et la protection des populations.
Le tourisme, enfin, a vocation ici-même à se développer rapidement. Un tourisme vert, parce que le site est exceptionnel et qu'il est susceptible d'attirer ceux qui aiment se promener ou randonner, mais aussi un tourisme culturel, auquel la restauration des vieilles pierres doit donner un nouvel élan.
J'évoquais en commençant les peurs, les superstitions, les sourdes angoisses que le volcan suscite. Ici, à Saint-Pierre, ces nombreuses célébrations, ces fêtes où la population se rassemblera, doivent y mettre fin. La commémoration que Pierrotines et Pierrotins, Martiniquaises et Martiniquais désirent, n'est pas un deuil, elle en marque, après un siècle, la sortie. Elle n'est pas un recueillement douloureux, elle est la promesse d'une renaissance. Je souhaite que Saint-Pierre ne vive pas dans l'ombre de son volcan, mais avec lui. Et c'est en vivant avec lui que la ville et ses habitants rendront le plus bel hommage, aujourd'hui, à toutes celles et à tous ceux qui périrent, un 8 mai 1902.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 20 février 2002)
Monsieur le maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il est des noms qui résonnent étrangement dans nos mémoires : le Vésuve, l'Etna, le Tambora, le Krakatoa, la Montagne Pelée : Il est des noms qui évoquent à la fois la crainte devant une nature immaîtrisable et la fascination devant le déchaînement des forces, auquel on va jusqu'à prêter des intentions divines ou maléfiques.
Un volcan qui s'embrase, c'est un imaginaire qui s'enflamme. Ne dit-on pas d'un volcan qu'il se réveille, comme s'il était un géant endormi ? La Montagne Pelée qui rasa Saint-Pierre le 8 mai 1902, ne l'appelle-t-on pas la Pelée, comme si elle était une maîtresse vengeresse ? Comme si on avait du mal à admettre, dans les récits et les croyances populaires, qu'une ville comme Saint-Pierre puisse être anéantie de cette manière, sans que l'on puisse crier à l'injustice, sans que l'on puisse s'adresser à quiconque, sans que l'on puisse imputer l'horreur à qui que ce soit.
L'horreur, c'est bien ce qui eut lieu le 8 mai 1902 lorsque, un peu avant 8 heures du matin, alors que la ville s'éveillait, l'éruption de la Montagne Pelée brûla vifs 28 000 habitants, pris au piège d'une nuée ardente, et lorsque, quatre mois après, un millier de personnes revenus bien vite de leur exode trouvèrent également la mort au Morne Rouge et à l'Ajoupa-Bouillon. Patrick CHAMOISEAU l'a décrit dans Texaco. Ces phrases sont belles, elles disent l'horreur : " le grondement avait défait le monde. Les femmes hurlaient, mains en grappe à la tête. Les bougres rentraient le cou. A l'horizon, s'enroulait une nuit qui défiait le soleil ".
La Montagne Pelée, triste record, est devenue en quelques mois le troisième volcan le plus meurtrier au monde.
C'est au souvenir que nous invitent les célébrations que j'ai le plaisir d'ouvrir avec vous aujourd'hui officiellement. Au souvenir de tous ceux qui, de toutes origines, de toutes conditions, périrent en ces lieux, et au souvenir de ce que fut Saint-Pierre. La ville était florissante, brillante, fascinante. Centre économique, dont l'activité reposait sur l'industrie et le commerce du rhum, mais également centre politique et culturel. La vie politique républicaine était intense. La presse y avait son rôle. Les élections étaient animées et passionnées. Saint-Pierre, fortement peuplée, était aussi très conviviale. On se regroupait dans des associations, dans des cercles ou dans des activités de loisir. Les Pierrotines et les Pierrotins étaient pleins d'entrain. Les fêtes étaient nombreuses, le carnaval était pour tous un rendez-vous attendu. Celles qui marqueront la commémoration de la Montagne Pelée raviveront le souvenir de cette cité qu'on avait l'habitude d'appeler " la ville du carnaval et de la caricature ".
Il fallait que cette commémoration ait une dimension à la mesure de l'histoire. J'ai souhaité que l'Etat soutienne pleinement les initiatives de la mairie de Saint-Pierre afin que cette célébration soit, en France, un événement marquant de l'année 2002, une cérémonie nationale où l'ensemble du pays soit engagé.
C'est pourquoi les ministères du tourisme, de la culture et de la communication, de la jeunesse et des sports, de l'Education nationale, et de la recherche, et bien sûr le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer se sont tous mobilisés, ainsi que les services de l'Etat sur place conduits par le Préfet de la Martinique. Le soutien ainsi apporté à l'ensemble de la célébration permettra, j'en suis sûr, de donner à celle-ci tout le relief et tout le rayonnement qu'elle mérite. Avec les Martiniquais, c'est ainsi toute la Nation qui se souvient. Et avec les Français, de nombreux pays qui à l'époque avaient marqué leur solidarité envers Saint-Pierre.
L'éruption de la Montagne Pelée et la destruction de Saint-Pierre a été un événement d'importance internationale. Une solidarité universelle s'est manifestée à cette occasion. Solidarité des Martiniquais d'abord, mais aussi de la Guadeloupe et de la Guyane, où des comités se formèrent afin de porter secours et aide aux sinistrés. Solidarité dans l'hexagone également, d'où partirent nombre de témoignages de sympathie et où furent organisées des souscriptions publiques. Solidarité de l'étranger enfin : les Etats-Unis dépêchèrent rapidement des secours, et en Europe, ou encore à Jérusalem, à Tunis, des fonds furent collectés pour aider à la reconstruction de Saint-Pierre.
Cette sensibilité de l'opinion mondiale à l'horreur de cette tragédie est sans précédent. A Saint-Pierre dévastée par la Pelée, s'est manifesté un mouvement de solidarité qui doit être tenu pour l'une des premières actions humanitaires internationales et qui dépassa largement les clivages historiques entre les nations, les rapports de force, les luttes impérialistes. L'événement a valeur d'exemple, et la commémoration nous rappelle aujourd'hui l'exigence d'humanité qui, quelles que soient les circonstances, doit nous habiter.
Les célébrations seront nombreuses, jusqu'au 30 août puisque nous avons souhaité que l'on rende hommage à toutes les victimes de la Montagne Pelée, à Saint-Pierre mais aussi au Morne Rouge et à l'Ajoupa Bouillon. Je salue les membres du comité de pilotage, qui ont fait preuve dans l'organisation de cet événement de conviction, de dynamisme et d'imagination. Le rectorat, l'archevêché, les institutions consulaires et touristiques, RFO, et toutes les associations locales ont eu depuis deux ans un rôle essentiel. Je les en remercie.
Certaines manifestations seront particulièrement marquantes. Je ne peux toutes les mentionner. Je me réjouis que les célébrations s'ouvrent aujourd'hui par une parade nautique associant toutes les communes du Nord, et au-delà, toute la Martinique et la Caraïbe et que la journée se termine par un concert avec Kassav et leurs invités. La commémoration doit associer l'invitation au souvenir et la fête populaire. Cette joie partagée, c'est aussi la meilleure façon de se rappeler ce qu'était Saint-Pierre au début du siècle.
Le 10 février, le Belem, navire rescapé parce qu'il avait mouillé l'ancre au Robert, quittera le port de Nantes pour traverser l'Atlantique et rejoindre Saint-Pierre le 8 mai. C'est tout un symbole : celui de la renaissance de Saint-Pierre, mais aussi celui des liens, que je souhaite toujours plus dense, entre les Antilles et l'hexagone. Des expositions ponctueront également la commémoration : une consacrée à Lafcadio Hearn et Fulconis, témoins de la vie populaire de Saint-Pierre et une sur les villes disparues, Pompéi et Saint-Pierre, organisées conjointement par le Museum d'Histoire naturelle de Paris et le Musée de Naples et de Pompéi. J'ajoute qu'un colloque se tiendra à Saint-Pierre et à Fort-de-France. Il réunira des écrivains et des chercheurs qui débattront ensemble des représentations de la catastrophe dans la littérature pierrotine. C'est un domaine qui a été peu exploré et je me réjouis que cette commémoration soit l'occasion d'une telle recherche.
Cette commémoration, je veux le souligner, se prolongera dans toute la France, à Paris particulièrement. Les Pierrotines et les Pierrotins qui vivent dans notre capitale se réuniront au secrétariat d'Etat à l'outre-mer pour lancer dans l'hexagone les célébrations qui rendent hommage à Saint-Pierre disparue. La reprise à Paris de l'exposition consacrée à Pompéi et à Saint-Pierre en sera un des moments forts.
Saint-Pierre était un joyau. Mais l'évocation de cette splendeur passée n'est en rien nostalgie. Cette célébration n'est pas une manière de revivre la tragédie passée : nous ne voulons pas nous atermoyer et nous complaire dans la douleur. L'éruption de la Montagne Pelée fut un événement dramatique - dramatique et fondateur : car la Martinique d'aujourd'hui est née dans cette tragédie. La géographie de l'île en a été modifiée, s'organisant sur des équilibres nouveaux. C'est une nouvelle histoire qui s'est ouvert depuis, et dont nous voulons aujourd'hui ressaisir l'origine.
Nous évoquons le passé prestigieux parce qu'il nous ouvre l'avenir : des ressources, Saint-Pierre et la Martinique toute entière n'en manquent pas. A nous de les mettre en valeur, à nous d'associer les énergies et les talents. Nous avons ici les moyens d'un développement durable, équilibré et solidaire. Saint-Pierre aujourd'hui est riche de ce qui hier la détruisit : car son atout, c'est la Pelée.
Elle est d'abord la chance d'un rayonnement international. L'histoire de Saint-Pierre, je l'ai rappelé, est mondialement connue. Les célébrations qui débutent aujourd'hui attirent d'ores et déjà les regards. A cette renommée, le Centre de découverte des sciences de la terre, qui sera bientôt construit, contribuera certainement. Il nous rappelle, comme le fera le colloque organisé par l'Institut de Physique du Globe, le 13 mai, que l'éruption de la Montagne Pelée il y a un siècle fut le départ de la volcanologie moderne, qui permet aujourd'hui la prévention des risques et la protection des populations.
Le tourisme, enfin, a vocation ici-même à se développer rapidement. Un tourisme vert, parce que le site est exceptionnel et qu'il est susceptible d'attirer ceux qui aiment se promener ou randonner, mais aussi un tourisme culturel, auquel la restauration des vieilles pierres doit donner un nouvel élan.
J'évoquais en commençant les peurs, les superstitions, les sourdes angoisses que le volcan suscite. Ici, à Saint-Pierre, ces nombreuses célébrations, ces fêtes où la population se rassemblera, doivent y mettre fin. La commémoration que Pierrotines et Pierrotins, Martiniquaises et Martiniquais désirent, n'est pas un deuil, elle en marque, après un siècle, la sortie. Elle n'est pas un recueillement douloureux, elle est la promesse d'une renaissance. Je souhaite que Saint-Pierre ne vive pas dans l'ombre de son volcan, mais avec lui. Et c'est en vivant avec lui que la ville et ses habitants rendront le plus bel hommage, aujourd'hui, à toutes celles et à tous ceux qui périrent, un 8 mai 1902.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 20 février 2002)