Déclarations de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations entre la France et le Brésil et sur la signature d'un accord-cadre de coopération spatiale, Paris le 27 novembre 1997.

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Circonstance : Réunion de la première commission générale franco-brésilienne à Paris le 27 novembre 1997

Texte intégral

Cérémonie d'ouvertue
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Membres des délégations,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire le plaisir que j'éprouve à vous accueillir aujourd'hui en ce Palais des Affaires étrangères, pour procéder à l'ouverture solennelle de la 1ère Commission générale franco-brésilienne.

Vous savez que celle-ci a été créée par le nouvel accord-cadre franco-brésilien de coopération, signé ici-même le 28 mai 1996, à l'occasion de la visite d'Etat en France du président Cardoso, par vous-même, Monsieur le Ministre, et par mon prédécesseur, M. Hervé de Charette.

Un tel outil, qui nous permet de tenir simultanément des consultations politiques, une Commission économique et une Commission culturelle, linguistique, scientifique et technique, manquait jusqu'ici aux relations entre nos deux pays.

C'est pourquoi je forme des vux pour que ce nouveau dispositif, qui nous donner l'occasion - tous les deux ans - de faire le point des actions accomplies et de tracer les grandes lignes des projets à engager pour les deux années suivants, nous permette d'impulser régulièrement un nouvel élan à notre dialogue.

Monsieur le Ministre, notre dialogue politique connaît depuis deux ans un essor sans précédent.

Dès leur première rencontre à New York, en octobre 1995, à l'occasion des cérémonies marquant le 50ème anniversaire des Nations unies, nos deux présidents avaient exprimé avec détermination la nécessité de promouvoir un "nouveau partenariat franco-brésilien".

Je crois pouvoir dire que nous sommes en train de le faire : jamais notre dialogue politique n'avait été aussi intense. Dois-je rappeler la visite d'Etat du président Cardoso en France en mai 96, à laquelle a répondu peu de temps après celle du président Chirac au Brésil ? Les deux présidents se sont d'ailleurs revus très récemment il y a deux jours, en Guyane, lors d'une rencontre hautement symbolique sur le fleuve Oyapock, qui a permis de rappeler à ceux qui l'avaient oublié que la France et le Brésil sont non seulement partenaires, mais également voisins, et que nous partageons avec vous notre plus longue frontière terrestre.

Ce dialogue au plus niveau s'est doublé de contacts réguliers entre les ministres. Nous avons déjà eu un premier contact fort sympathique à New York, dès le mois de septembre dernier.

A ce dialogue politique nourri a correspondu, et tout cela est lié, un essor spectaculaire de notre présence économique au Brésil. Nous sommes devenus en 1996 les deuxièmes investisseurs étrangers en flux au Brésil, ce qui témoigne bien de notre volonté d'accompagner votre pays dans son renouveau, auquel nous croyons réellement, en dépit des turbulences financières internationales qui l'ont affecté ces derniers temps.


Il m'apparaît du reste qu'au-delà des échanges purement commerciaux, soumis à toutes sortes de variations, il convient de nous attacher à travailler sur le moyen terme en multipliant les partenariats industriels dans les secteurs de haute technologie, à l'image de ce qui se fait déjà dans le domaine des hélicoptères entre Eurocopter et Hélibras, ou de ce qui pourrait se faire dans le domaine aéronautique.

C'est pourquoi je me réjouis tout particulièrement de la signature à laquelle nous allons procéder aujourd'hui d'un accord-cadre intergouvernemental en matière de coopération spatiale. Le premier objectif de ce texte est de favoriser le développement de programmes de recherche conjoints dans des domaines de plus en plus variés. Je tiens d'ailleurs à profiter de leur présence ici, aujourd'hui, pour saluer les présidents du CNES et de l'Agence brésilienne de l'Espace et pour les remercier de leur précieuse contribution à la préparation de cet accord. Je forme le voeu que la mise en uvres de cet accord soit également le fait des industriels de nos deux pays et qu'ils puissent bientôt développer grâce à lui d'ambitieux projets communs.


Comme en témoigne ce nouvel accord bilatéral, le "nouveau partenariat franco-brésilien" est donc en deux ans devenu réalité. Mais nous sommes convenus ce jour, Monsieur le Ministre, qu'il nous fallait aller de l'avant et franchir une nouvelle étape, en donnant désormais à ce partenariat une dimension plus globale. Compte tenu de nos convergences de vues sur l'essentiel des dossiers internationaux, le moment semble venu d'agir de manière mieux concertée sur les questions multilatérales.

Dans le domaine politique, je pense tout naturellement aux Nations unies : votre rôle actif dans cette enceinte, mais également votre présence au Conseil de sécurité pour la période 98/99, nous offrent l'opportunité d'une concertation approfondie dans tous les domaines qui sont du ressort des Nations unies, qu'il s'agisse de leur réforme structurelle et financière, des opérations de maintien de la paix, de l'environnement ou des Droits de l'Homme ou l'ensemble des grandes crises dont le Conseil a à s'occuper.

Dans le domaine économique, et compte tenu de l'actualité caractérisée par l'instabilité financière internationale, je crois qu'il nous faut aujourd'hui plus que jamais poursuivre les échanges de vues sur l'ordre du jour du G7, que nous avions engagés avec vous lorsque nous assurions la présidence de ce groupe.

Dans le domaine culturel également, je suis persuadé qu'il existe une grande convergence d'intérêts entre la Francophonie et la Lusophonie, et je crois qu'il serait utile que nos deux pays oeuvrent ensemble à un rapprochement de ces deux grandes familles.

Enfin, acteurs dynamiques dans le cadre de nos intégrations régionales respectives, il nous revient. Français et Brésiliens, de contribuer activement à la préparation et au succès de ce grand rendez-vous international que sera en 1999 le premier Sommet euro-latino-américain au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.

Bien des échéances à venir donc, et bien des domaines de concertation renforcée à approfondir : c'est cette volonté commune de nos deux pays d'affirmer un partenariat global que je voudrais, Monsieur le Ministre, retenir de votre venue en France.

Permettez-moi à présent, cher Collègue et pour conclure, d'adresser en votre nom et en mon nom personnel, mes vux les plus chaleureux à tous les membres de la Commission générale ici présente. A tous, je tiens à souhaiter enthousiasme et efficacité dans leurs travaux.

Je vous remercie par avance.
Relations extérieures, M.Luiz flipe lamprela
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver pour ce déjeuner au Quai d'Orsay. Je me résouis de pouvoir ainsi poursuivre le dialogue que nous avons engagé, Monsieur le ministre, lors de notre entretien de ce matin. Nous avons ouvert ensemble la première Commission générale franco-brésilienne, qui s'est conclue par la signature de cet accord-cadre intergouvernemental de coopération spatiale. Je ne reviendrai pas ici sur ce que j'ai dit ce matin au sujet de la qualité de nos relations et sur notre souhait d'engager à présent un partenariat plus global sur l'ensemble des grands problèmes de la planète. De nos relations, il y a une dimension amicale, culturelle, intellectuelle, une dimension bilatérale et classique, nous cherchons à développer, autant qu'il est possible, toute la dimension économique de nos relations. Nous sommes attentifs aux turbulences qui vous ont frappés récemment, nous pensons que vous avez une grande force en vous pour y résister, un formidable potentiel mais dans ce système économique et mondial, on voit que les éléments de fragilité sont toujours là. Il faut être très vigilant, réagir rapidement, et on ne peut le faire qu'à travers une entente très étroite entre les différents gouvernements responsables parce que ces phénomènes monétaires, comme dans d'autres domaines, ne connaissent évidemment aucune frontière. Ils sont immédiatement planétaires aujourd'hui. Il faut approfondir les échanges entre nous. Sur le plan politique, la concertation est on ne peut meilleure. On en a encore eu très récemment la démonstration au sommet et nous sommes là à nos niveaux pour la poursuivre, pour développer ces différents volets. Nous sommes donc à tous points de vues dans une très bonne période. Il y a en plus cette perspective d'un sommet entre l'Europe et l'Amérique latine. Ce sera un rendez-vous important, ce sera spectaculaire, une chose tellement évidente que l'on se demandera pourquoi cela n'avait pas eu lieu avant. Et, certainement, ce Sommet, par sa puissance symbolique, là aussi donnera lieu à toutes sortes de concrétisations multiples dans les rapports entre les uns et les autres. Bref, je sens que ces relations, toujours bonnes, toujours sympathiques, toujours chaleureuses, intelligentes sont à l'aube de devenir quelque chose de plus, un des éléments structurant de la géopolitique de demain à condition que nous prenions ces relations à ce niveau-là et que nous sachions, dans la vie quotidienne des relations internationales, leur donner la densité, la régularité, la constante nécessaire pour que nous ne puissions pas simplement nous entendre bien, ce qui est déjà le cas, ce que confirme encore cette journée, et le plaisir que nous avons de vous voir ici, mais que nous puissions travailler ensemble sur des vrais sujets, sur des grands sujets. Il faut obtenir des résultats ensemble, devenir une composante régulière de l'ordre des choses dans le monde qui vient. Voilà un vaste programme, la charnière de la Commission et de perspectives plus vastes encore. Encore une fois, je transmets tous mes encouragements et mon soutien à l'ensemble de ceux qui travaillent dans les différents volets de cette commission, je vous redis tout le plaisir que nous avons à vous accueillir ici, et je lève mon verre à l'amitié franco-brésilienne et surtout à ces développements.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 décembre 2001)