Communiqué du ministère des relations extérieures en date du 25 mai 1984 sur le désarmement.

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Désarmement : réflexions françaises au sujet de la prise de position commune des six chefs d'Etat et de gouvernement sur le désarmement

 Note d'actualité du ministère des relations extérieures
- La déclaration commune de six chefs d'Etat et de gouvernement lançant un appel au gel des armes nucléaires (Inde, Mexique, Tanzanie, Grèce, Suède, Argentine) publiée le 22 mai fait l'objet de la part de la France d'une étude très attentive. Celle-ci est justifiée non seulement par l'ampleur des problèmes évoqués mais également la personnalité des auteurs de cette prise de position et le rôle que les Etats en cause jouent au sein de la Communauté internationale.

- Les problèmes de la sécurité internationale ne peuvent être considérés isolément les uns des autres. Aussi bien la France a noté le rappel dans la déclaration du lien entre le désordre économique mondial, l'insécurité des Etats et les dimensions acquises par la course aux armements. Ce point avait été particulièrement souligné par le Président de la République lors de son intervention le 28 septembre dernier à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies.

- La France comprend le souci exprimé par les auteurs de la Déclaration de déployer les efforts les plus grands en vue d'éviter le déclenchement de la guerre nucléaire. Pour elle, le but est, bien sûr, de prévenir la guerre nucléaire, mais aussi d'empêcher la guerre quelle qu'elle soit. A cet égard, aucun facteur de danger n'est plus préoccupant à ses yeux que le maintien ou l'accentuation de déséquilibres. Rien n'est plus nécessaire pour elle que de travailler au rétablissement et au maintien des équilibres, par tous les moyens, et en premier lieu par la négociation.
Celle-ci doit permettre d'aménager progressivement les équilibres, au niveau le plus bas possible, par des accords vérifiables. C'est pourquoi elle souhaite la reprise des négociations entre les deux puissances nucléaires les plus armées. S'agissant du gel, la France a rappelé à différentes reprises, notamment en réponse à la proposition soviétique du 21 juin 1983, qu'une telle mesure aboutirait à figer les déséquilibres existants. Ce gel pourrait être utilisé par un Etat pour tenter de consolider à son profit le statu quo et la situation qui en résulterait ne saurait être considérée comme une incitation à la négociation en vue des réductions substantielles et vérifiables entre les deux principales puissances nucléaires.

- D'autre part, la France ne voit pas en quoi le gel proposé aux autres puissances nucléaires, dont le niveau des forces est sans commune mesure avec celles des deux principales puissances, pourrait contribuer à la reprise et au progrès ultérieur des négociations interrompues. Elle estime que cette mesure aurait plus probablement un effet contraire.

- Enfin, s'agissant d'une participation éventuelle de la France au désarmement nucléaire, le Président de la République a rappelé dans son intervention à New York précitée, les conditions qui lui permettraient le cas échéant de la décider : réduction des arsenaux des deux super-puissances à des niveaux tels que l'on puisse considérer que l'écart entre les potentiels ait changé de nature ; limitation quantitative et qualitative des systèmes stratégiques défensifs ; progrès significatifs dans la réduction des déséquilibres conventionnels en Europe et la disparition de toute menace chimique.